Chapitre VII. Paul de Tarse, apôtre du Dieu Bon. Entre temps, en effet, un curi
Chapitre VII. Paul de Tarse, apôtre du Dieu Bon. Entre temps, en effet, un curieux personnage s'était mis à prêcher en Syrie et en Asie mineure une doctrine nouvelle qui puisait ses éléments essentiels dans diverses religions et doctrines du temps, notamment dans la gnose qui était issue de la conjonction des johannites et des simoniens (1). De la jeunesse de cet illuminé, nommé Shaoul ou Paul, on ne sait pas grand chose. Il naquit sans doute à Tarse, en Cilicie, au début de notre ère, dans une famille pharisienne de la Diaspora relevant de la tribu de Benjamin. C'est du moins ce qui résulte de plusieurs passages des épîtres qui lui seront attribuées et aucun élément sérieux ne les contredit. Ôn a cependant cité d'autres villes comme lieux possibles de sa naissance . Une tradition le faisait notamment naître à Giscala, en Galilée, et certains de ses adversaires auraient prétendu qu'il n'était pas juif, mais grec (2). Tout cela est fortement sujet à caution. Aucun crédit ne peut certainement non plus être accordé aux thèses qui l'identifient à l'un ou l'autre prince hérodien, thèses qui ne reposent que sur des éléments vraiment peu consistants. Le plus vraisemblable, est que Paul naquit réellement à Tarse ou qu'il y passa en tout cas une grande partie de son enfance et qu'il était le fils d'un romain et d'une juive de la Diaspora. Cela expliquerait notamment qu'il ait pu se dire tantôt citoyen romain, tantôt juif. On sait que, pour les lois juives, est juif tout enfant de mère juive. D'autre part, la Cilicie, dont Tarse était le chef-lieu, était province romaine depuis 100 avant notre ère. Des Romains s'y étaient établis et certains d'entre eux ou leurs enfants y avaient épousé des habitants du pays, autochtones ou immigrés eux--mêmes. Ce fut sans soute le cas du père de Paul. cela expliquerait aussi qu'à la fin de l'Epître aux Romains, Paul salue toute une série de personnes, dont il qualifie certains de "parents" à lui et que ces derniers portent presque tous des noms latins : ce seraient des membres de la famille de son père. Il peut seulement paraitre assez étonnant, dans cette hypothèse, que Paul ne se donne jamais que ce nom seul, puisque la plupart des citoyens romains portaient trois noms. C'est par son nom complet notamment qu'il aurait dû normalement faire débuter ses épitres, surtout celle qui est adressée à des romains. Or, elles commencent presque toutes simplement par les mots: "Paul, apôtre de Chrêstos... " (telles du moins qu'elles doivent être reconstituées, comme on le verra plus loin). Il faut néanmoins observer aussi que cet usage n'était pas absolument général (3) . Certains homines novi notamment, c'est à dire des citoyens romains d'origine plébéienne ou originaires de nations alliées ayant réussi une belle carriere, ne portaient pas de cognomen, de "surnom". Ç'avait été le cas notamment du célèbre Caius Marius, le rival de Sylla, l'oncle de Jules César. D'autre part, le légendaire Simon le Mage, auquel ont été parfois prêtés des faits et des opinions qui furent celles de Paul (4), aurait eu pour père un nommé Antoine et pour mère une Rachel. Si c'étaient là réellement les parents de Paul, comme cela paraît assez probable le nom latin complet de ce dernier a pu être Saulus Antonius Paulus, c'est à dire, en araméen, Shaoul Zéir Bar Antonios, en hébreu Shaoul Catane ben Antonios, en grec Savlos Antôniou ho Mikros. Suivant une tradition, ce Paul, qui se serait appelé d'abord Savlos ou Shaoul, serait allé dans sa jeunesse à Jérusalem, où il aurait été l'élève du célèbre rabbi Gamaliel, membre influent du Sanhédrin réputé pour sa sagesse; mais cette tradition n'est guerre solide. D'après les Actes des apôtres, il aurait alors persécuté quelque temps les adeptes de la Nouvelle Alliance, pour se rallier ensuite à eux après avoir aperçu Jésus en personne, lequel lui serait apparu alors qu'il se rendait de Jérusalem à Damas (5). Mais cette présentation des faits, une fois de plus, a surtout pour but de montrer, contre toute évidence, comme déjà réalisée dès avant l'an 40 l'unification de diverses hérésies israélites qui, en réalité, s'affrontaient encore. à cette époque, non seulement à l'orthodoxie, mais aussi entre elles, comme on l'a vu aux chapitres précédents. Ce n'est en réalité qu'à partir d'un séjour que Paul effectua en effet à Damas ou aux environs, sans doute peu avant 40 (6), qu'on peut, à grand peine, retracer sa carrière. Il eut, semble-t-il, dans cette région une vision mystique qui lui révéla comment réaliser la syncrétisation de diverses doctrines qui avaient alors cours tant dans les contrées où les Juifs étaient dispersés qu'en Samarie. Il est fait allusion à cette vision, non seulement dans les Actes des Apôtres (à trois reprises), mais encore dans les Epîtres, qui en relatent d'ailleurs plusieurs autres, d'intensité moindre semble-t-il. De quelle nature ces visions étaient elles ? Hallucinations provoquées par l'absorption ou la fumigation d'herbes stupefiantes, crises de paranoïa, matérialisations spirites, communications avec l'âme ou le "périsprit" du rabbi Jésus mis à mort quelques années auparavant ? Toutes ces hypothèses ont été avancées, soit séparément, soit en combinaison l'une avec d'autres (7) . On a aussi supposé que, lors de son "illumination", Paul aurait été frappé par la foudre, ce qui expliquerait sa chute de cheval et sa cécité temporaire pendant deux ou trois jours (Actes IX, B-9; XXII, 6-11). On s'abstiendra de se prononcer formellement à ce sujet, encore que la première de toutes ces hypothèses paraisse la plus vraisemblable, tandis que la quatrième est en tout cas à exclure, même par ceux qui croiraient à la possibilité de communiquer avec les âmes des morts, puisque le fils de Dieu dont Paul se fera l'apôtre était certainement, tout le présent ouvrage le démontre, différent de l'homme Jésus, dit le Nazaréen, dont il a été question aux chapitres II et III. On observera seulement que le processus psychologique de Paul fut en l'occurrence à peu près identique à celui, quelques siècles plus tard, de Mahomet, qui devait, lui aussi, prétendre avoir reçu tout d'abord des révélations de l'archange Gabriel, puis s'être trouvé en communication fréquente avec Dieu directement : on sait que c'est ainsi qu'il aurait composé le Coran. De même est-ce à la suite de révélations du Dieu Christos que Paul prétendra accomplir certaines missions ou préciser divers points de l'évangile qu'il se mit à prêcher après sa "vision". Paul parait en tout cas avoir estimé en outre que la doctrine nouvelle qu'il tira des enseignements de Jean le Baptiseur et de Philippe devait être universelle et non être répandue uniquement en Asie. Etant citoyen romain, ce qui lui permettait de circuler faciitement dans tout l'Empire, il était particulièrement apte à mener à bien pareil apostolat. Il se mit donc à voyager, seul ou accompagné d'adeptes, tels Barnabé, Luc, Silas, Timothée ou Philémon, et à prêcher dans presque tout le monde romain l'évangile qu'il avait élaboré principalement à partir des religions de salut ayant cours en Syrie, en particulier de la religion simonienne dont Jean l'Immergeur, alias Dosithée, avait été le prophète et qui avait, semble-t-il, été mise au point par Philippe le diacre. Jean avait prophétisé notamment, nous le savons, la venue d'un Paraclet, qui devait lui-même préparer le règne sur Terre du Dieu d'Israël. Paul déclara hardiment que ce médiateur était descendu sur la Terre peu après l'exécution de Dosithée. Après avoir traversé les sept cieux, il était allé jusqu'aux enfers (Caper-Nahoum, nom hébreu ou araméen, peut être traduit de deux façons: "Fond du Cosmos" ou "Bourg du Consolateur" ) (8), où il était notamment apparu à Jean (9). Il avait ensuite, remonté sur terre, prêché quelque temps, puis été victime d'une conspiration des puissances du mal, jugé par elles et mis à mort. Mais il était réapparu à ses disciples et, après leur avoir enseigné comment ils pouvaient être "sauvés", c'est à dire participer pour l'éternité à la nature divine, il était remonté au Ciel, où il avait reçu de Chrîstos, son Père, le nom de Jésus, c'est à dire "Dieu Sauveur". Ce Jésus lui était ensuite apparu, à lui Paul, et il lui avait enjoint de répandre partout ces "bonnes nouvelles". Selon Paul, ce Paraclet, ce Dieu Sauveur, n'était autre d'ailleurs que le propre fils du Dieu bon. Dans un passage probablement authentique de son Épître aux Romains, il dit tout à fait explicitement qu'il annonce l'Evangile du Fils de Dieu (I-9) et cette affirmation revient à plusieurs reprises, sous différentes formes, dans ses autres épîtres. Quant à la Divinité elle-même, Paul lui donnait le nom grec de Chrîstos, ce qui veut dire "bon, délicieux, secourable". Il y a lieu de se rappeler, à ce propos, que plusieurs dieux païens étaient de même qualifiés de "bon". En Egypte notamment, le dieu Osiris était surnommé Ouen Nofer, l'Etre bon (10), cependant qu'un autre dieu, Sérapis (dont le culte, inauguré par les pharaons lagides, était un syncrétisme d'antiques mythologies grecques et locales) était Chrîstos. De même, chez les uploads/Religion/ paolo-secondo-andre-wautier.pdf
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- Publié le Nov 17, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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