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9 Les deux lettres adressées à Timothée et celle à Tite appartiennent à une série d’écrits pauliniens connus sous l’appellation d’épîtres pastorales. Pourquoi les désigne‑t‑on ainsi ? Parce qu’elles ont pour destinataires Timothée et Tite, deux fils spirituels chéris de Paul qui exerçaient des fonctions pastorales. En effet, Timothée était responsable de l’Église d’Éphèse, alors que Tite dirigeait celles de l’île de Crète. Conjointement à celle destinée à Philémon, les épîtres pastorales constituent les seules lettres que Paul ait adressées à un particulier. Les épîtres pastorales nous livrent le cœur de l’apôtre bien‑aimé. Elles nous révèlent un nouvel aspect de sa personne, que taisent ses autres épîtres, en nous faisant état des relations personnelles qu’il entretenait avec ses intimes. Les dernières de sa plume, ces lettres sont les seules à nous informer des ultimes années de son ministère, suite à sa libération après son premier emprisonnement à Rome relaté dans le livre des Actes. Elles nous amènent à la victorieuse conclusion de sa vie, où l’apôtre a déclaré : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi » (2 Ti 4.7). Introduction aux épîtres pastorales 1 Timothée 10 Les épîtres pastorales tirent également leur importance du fait qu’elles constituent une précieuse mine d’informations sur des questions pratiques relatives à la vie et à l’organisation de l’Église. En effet, Paul n’a‑t‑il pas précisément écrit 1 Timothée afin que son protégé sache « comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité » (1 Ti 3.15) ? Parmi les questions qui y sont abordées, nous trouvons l’adoration en public, la sélection et les qualités requises des dirigeants spirituels, la vie privée et le ministère public du pasteur, la manière de confronter le péché dans l’Église, le rôle des femmes, le soin des veuves et la gestion financière. En plus d’abonder en informations pratiques, les épîtres pastorales enseignent également, comme nous le verrons par la suite, d’importantes vérités doctrinales sur l’Écriture, le salut et le Sauveur. La paternité de l’épître Avant la montée de la grande critique destructrice du xixe siècle, personne au sein de l’Église n’aurait eu l’idée de contester la paternité paulinienne des épîtres pastorales (à l’exception des hérétiques déclarés comme Marcion). En fait, le témoignage que rend l’Église primitive de la paternité paulinienne des épîtres pastorales est aussi probant que celui afférent à tout autre de ses écrits inspirés, sauf Romains et 1 Corinthiens. Maints pères de l’Église du iie siècle (notamment Ignace, Polycarpe et Clément de Rome) font effectivement mention d’elles dans leurs écrits. Sans compter qu’elles figurent dans le fragment de Muratori, liste de livres canoniques datant de la fin du iie siècle. Au iiie siècle, des auteurs tels qu’Origène, Clément d’Alexandrie et Tertullien citent des passages tirés de ces épîtres en les attribuant à Paul. Même Eusèbe, historien ecclésiastique, dont les écrits remontent au début du ive siècle, reconnaît les épîtres pastorales comme faisant partie des authentiques épîtres pauliniennes. (Pour obtenir une liste exhaustive des preuves historiques en faveur de l’authenticité des épîtres pastorales, voir William Hendricksen, New Testament Commentary: Exposition of the Pastoral Epistles, Grand Rapids : Baker, 1981, p. 29‑33 ; Homer A. Kent, fils, Les épîtres pastorales, Trois-Rivières [Québec] : Éditions IMPACT, 1981, p. 25‑35.) Par contre, en dépit du témoignage convaincant des épîtres elles‑mêmes (voir 1 Ti 1.1 ; 2 Ti 1.1 ; Tit 1.1) et des preuves produites par l’Église primitive, de nombreux critiques contemporains nient que 11 Paul a écrit les épîtres pastorales. Ils en prêtent la paternité à un de ses dévoués adeptes, qui les aurait rédigées au iie siècle en employant peut‑être certains extraits authentiques des écrits de l’apôtre. La suite présente les cinq points sur lesquels ils fondent leurs allégations. Premièrement, ils prétendent que les références historiques contenues dans les épîtres pastorales ne correspondent pas à la chronologie de la vie de Paul telle que décrite dans le livre des Actes. En cela, ils n’ont pas tort. Même ceux qui défendent la paternité paulinienne le reconnaissent volontiers. Toutefois, pour que les critiques puissent établir par cet argument que Paul n’est réellement pas l’auteur des épîtres pastorales, il leur faudrait prouver que l’apôtre n’a jamais été relâché après son emprisonnement à Rome, dont il est question à la fin du livre des Actes. Or, étant donné que ce livre ne fait aucune mention de l’exécution de Paul, il s’agit sans contredit d’un argument du silence. Quant au point de vue selon lequel Paul aurait été remis en liberté après son premier emprisonnement à Rome, le reste du Nouveau Testament et la tradition l’étayent pleinement. Le livre narratif des Actes indique clairement qu’aucun chef d’accusation valable n’a été retenu contre Paul, fait qu’ont reconnu et le proconsul romain Festus (Ac 25.14‑21) et Hérode Agrippa (Ac 26.32). Compte tenu de cela, « il est raisonnable de penser qu’en suivant son cours normal la justice romaine aura conduit à sa libération » (Donald Guthrie, New Testament Introduction, Downers Grove [Illinois] : InterVarsity, 1990, p. 623). Dans les épîtres qu’il a rédigées lors de son premier emprisonnement, Paul a d’ailleurs exprimé l’assurance qu’il avait de retrouver la liberté (Ph 1.19,25,26 ; 2.24 ; Phm 22), en contraste marqué avec l’attente de son imminente exécution lors de sa seconde incarcération (2 Ti 4.6). Par ailleurs, nombreux sont ceux de l’Église primitive qui croient que l’apôtre s’est bel et bien rendu en Espagne (voir Ro 15.28). Prenons l’exemple de Clément de Rome, qui écrira ceci aux Corinthiens une trentaine d’années après la mort de Paul : « devenu un héraut en Orient et en Occident, il a reçu pour sa foi une gloire éclatante. Après avoir enseigné la justice au monde entier, atteint les bornes de l’Occident, accompli son martyre devant ceux qui gouvernent » (Épître aux Corinthiens de Clément de Rome, de « Les Pères Apostoliques », Paris : Librairie Alphonse Picard et Fils, 1909, p. 17). Précisons que « les bornes de l’Occident » ne désignent pas alors la ville de Rome, soit le cœur de l’Empire, mais bien sa frontière occidentale en Espagne (voir Homer A. Kuen, Introduction au Nouveau Testament : Introduction aux épîtres pastorales 1 Timothée 12 Les Lettres de Paul, Saint‑Légier [Suisse] : Éditions Emmaüs, 1982, p. 346). Or, sans la remise en liberté de Paul, cette visite en sol espagnol n’aurait pu avoir lieu. Après sa libération, l’apôtre œuvrera pendant quelques années avant d’être ramené derrière les barreaux (probablement en raison de la vague de persécutions instiguée par Néron), puis mis à mort. C’est justement au cours de cette période de liberté entre ses deux emprisonnements à Rome qu’auront lieu les événements dont il est question dans les épîtres pastorales. Deuxièmement, les critiques croient fermement que les hérésies mentionnées dans ces lettres concordent avec l’irruption du gnosticisme au iie siècle. Or, bien qu’il existe des similarités entre l’hérésie dénoncée dans les épîtres pastorales et le gnosticisme, les caractéristiques qui les différencient sont tout aussi importantes. Contrairement aux gnostiques du iie siècle, les faux enseignants se trouvent toujours alors au sein de l’Église. De plus, à l’opposé du gnosticisme du iie siècle, l’hérésie qu’ils propagent comporte des éléments empruntés au judaïsme (1 Ti 1.7 ; Tit 1.10,14 ; 3.9). Il est vrai que dans 1 Timothée 4.1 à 5 Paul s’insurge contre l’ascétisme et que les gnostiques de l’époque sont ascètes. Toutefois, ce ne sont pas les gnostiques qui ont inventé l’ascétisme, contre lequel Paul a également fait une mise en garde dans Colossiens 2.20 à 23. S’il est vrai que les gnostiques en sont venus à nier la résurrection corporelle, erreur que l’apôtre exposera dans 2 Timothée 2.18, il est aussi vrai qu’il y en a qui la nient depuis le début, puisque Paul les a réprimandés dans 1 Corinthiens 15. Bref, aucune des hérésies dénoncées dans les épîtres pastorales n’existait déjà du vivant de l’apôtre. Les critiques amènent aussi comme argument que l’Église décrite dans les épîtres pastorales est trop bien structurée pour dater du ier siècle. Ils insistent pour dire que dans ces épîtres l’Église adopte un modèle organisationnel qui ne verra le jour qu’au iie siècle. Ils sont d’avis que Timothée et Tite correspondent aux évêques du iie siècle, qui auront alors sous leur autorité des anciens et des diacres. En contraste, les dirigeants spirituels néotestamentaires ne se composent que d’anciens et de diacres, ce qui prouve selon eux que la rédaction des épîtres pastorales est ultérieure à l’achèvement du Nouveau Testament. Nous remarquerons, cependant, que cet argument va à l’encontre de Tite 1.5 et 7, où les termes presbuteros (ancien) et episkopos (évêque) désignent la même personne. Certains prétendent également, à tort, que Paul ne s’intéresse 13 pas à l’aspect organisationnel de l’Église. Or, Luc indique dans Actes 14.23 qu’au cours de leur premier voyage missionnaire Paul et Barnabas ont désigné des évêques et des diacres (Ph 1.1). Un autre fait qui nous porte à « réfuter la datation du iie siècle, c’est que uploads/Religion/ introduction-aux-epitres-pastorales.pdf

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  • Publié le Nov 26, 2022
  • Catégorie Religion
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