L’intimité avec Dieu Gilles Férant les petits traités spirituels Renouveau et c

L’intimité avec Dieu Gilles Férant les petits traités spirituels Renouveau et charismes 11 Avant-propos Quand on pratique la prière d’oraison et la prière de louange, et que l’on lit à la fois l’Écriture Sainte et les auteurs mystiques du Carmel, on découvre un fil conducteur qui relie l’expérience spirituelle d’aujourd’hui et l’héritage spirituel, à savoir l’intimité avec Dieu ou une union progressive avec Dieu. Ce terme d’intimité évoque la relation entre deux êtres. Dans la Bible comme chez les mystiques, on découvre cette proximité entre Dieu et l’homme sous la forme d’une rencontre privilégiée. Le discours sur Dieu qui en découle n’est pas tant un système sur la preuve de Dieu qu’un témoignage sur Dieu qui se révèle. Sur ce Dieu qui se révèle dans le silence ou la louange, on a cherché à mettre des mots pour dire sa présence. À en croire 12 l’Écriture Sainte et les mystiques, la présence de Dieu est aussi discrète qu’une brise légère, une flamme, mais aussi manifeste qu’un fleuve. Quand Dieu se révèle à l’orant, la dépendance à l’égard de Dieu devient de plus en plus évidente. Plus Dieu se révèle, plus il se fait désirer dans l’âme du priant. Le désir de Dieu devient alors le principe de toute recherche de Dieu au plus profond de notre âme dans l’espace que l’on appelle le cœur. Le cœur tout brûlant des disciples d’Emmaüs est une expérience d’intimité avec Dieu, par la médiation du Verbe de Dieu s’adressant à leur intelligence tout d’abord (« Esprits sans intelligence », Lc 24, 25), puis à leur volonté (« Reste avec nous », Lc 24, 29) et enfin à leur mémoire (« Alors leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent, puis il leur devint invisible. » Lc 24, 31). On s’aperçoit que, chez ceux dont le cœur est tout brûlant, un langage se développe pour parler de cette intimité avec Dieu avec la médiation du Verbe de Dieu. Le seul mot jardin évoque chez les mystiques, non seulement la beauté, mais surtout un espace intérieur où l’âme va devenir le lieu de la rencontre avec Dieu. Les différentes impressions de Dieu dans l’âme deviennent comme des parfums pour la mémoire, que l’on souhaite respirer de façon continue. Qui n’a pas rêvé de sentir une variété de parfums pour les apprécier chacun à sa juste 13 valeur ? Lorsque l’âme est visitée par Dieu, il y a cette variété de parfums de l’amour comme les sept parfums du jardin de la bien-aimée du Cantique des Cantiques (4, 13-14). Comme il est difficile de formuler les états de l’âme quand elle se sent aimée de Dieu et qu’elle aime Dieu, on a recourt à des images et des métaphores pour dire sa dépendance à l’égard de Dieu. Ainsi, l’Écriture Sainte et les auteurs mystiques vont converger dans leur langage pour dire comment l’âme devient dépendante de Dieu quand celui-ci est l’être le plus aimé. Il n’est pas étonnant, alors, que Dieu devienne Celui dont on parle en des termes amoureux dans l’intimité de notre âme appelée le cœur profond. L’âme se considérera comme la bien-aimée, la fiancée de Dieu. Saint Jean-Baptiste et saint Jean l’évangéliste déclarent que le Christ est comme l’Époux qui vient à la rencontre de son Épouse, l’Église. Parler au cœur (intelligence, volonté, mémoire) est le privilège de celui qui aime et se sent aimé. Ainsi, quand notre âme et l’Église deviennent l’épousée ou la fiancée, elles reçoivent le privilège de l’amour de Dieu qui nous attire de façon continue dans l’oraison et la louange. Que nous n’ayons pas honte de nous présenter comme des intimes de Dieu, pour signifier que Dieu se rencontre au plus profond d’un cœur brûlant où toutes ses facultés sont illuminées, 14 purifiées et unies au chemin, à la vérité et à la vie qu’est le Verbe de Dieu. Notre expérience de l’oraison et de la louange nous dit que c’est l’Esprit Saint qui nous transforme en intimes de Dieu. Il n’est pas étonnant alors que les mots utilisés par les mystiques pour parler de la prière d’oraison nous parlent aussi dans notre prière de louange. On dira qu’il y a une similitude de ce qui se passe dans l’âme pour celui qui pratique l’oraison comme pour celui qui pratique la louange. On s’aperçoit qu’à travers ces deux formes de prière, une intimité avec Dieu se met en place. Il y a dans ces deux formes de prière une union progressive à Dieu. Tout autant que dans l’oraison, la louange contient ses temps d’illumination, de purification et d’union. La Croix n’est pas exempte dans la prière de louange comme dans la prière d’oraison. L’union au Christ dans sa Passion comme dans sa Résurrection reste un point central de la vie spirituelle, à partir de l’oraison comme de la louange. À celui qui voit dans la louange une prière exubérante, je dis que la joie de croire ne peut se cacher. C’est sûr, les mystiques parlent d’une joie profonde de croire sans manifestation extérieure. Pour autant, devons- nous blâmer ceux qui croient en le manifestant dans une louange joyeuse ? Ceux qui manifestent cette joie de croire doivent-ils ignorer l’expérience silencieuse de l’intimité avec Dieu ? Ce livre 15 voudrait tout simplement, en regardant l’Écriture Sainte et des auteurs mystiques, nous convaincre que Dieu se rencontre tout autant dans le silence que dans la louange, à condition de se laisser aimer par Dieu, ce qui est plus difficile que d’aimer Dieu, mais conforme à la Révélation qui nous dit que Dieu nous a aimés le premier. Je vous propose, en parcourant ce livre, de découvrir qu’en nous laissant aimer par Dieu, nous devenons des intimes de Dieu. Plaise à Dieu de faire de vous des intimes de Dieu pour vous laisser aimer par Lui afin d’aimer les autres comme Il nous aime. 23 Chapitre I L’intimité avec Dieu du prophète Élie Vainqueur des prophètes de Baal grâce à l’holocauste divin consumé par le feu du Seigneur et les ayant éliminés (1 R 18, 38-40), Élie est menacé de mort par la reine Jézabel. L’esprit d’intimidation de la reine prête à se venger va engendrer la peur en Élie et le pousser à la fuite. « Jézabel envoya un messager à Élie pour lui dire : Que les dieux me fassent ceci et encore cela si demain, à la même heure, je n’ai pas fait de ta vie ce que tu as fait de la leur. » Voyant cela (une autre traduction dit : ayant peur), « Élie se leva et partit pour sauver sa vie » (1 R 19, 2-3). Dans l’exemple d’Élie, nous pouvons distinguer sept étapes dans la construction de l’homme intérieur, allant de la fuite dans la phase descendante à l’envoi en mission dans la phase ascendante. 24 1. La fuite (1 R 19, 3) La peur devant un danger immédiat engendre la fuite. C’est la tentation que nous avons devant ceux qui nous intimident par leur pouvoir de mort et de vie. Le vainqueur avec un cœur de champion devient vite un perdant quand il choisit de refuser l’affrontement. Chez Élie, la certitude de la victoire avec Dieu dans l’holocauste se transforme en crainte de la défaite dans un affrontement humain. L’évaluation de nos seules forces devant celles de l’autre nous dissuade de mener un combat quand Dieu semble absent. Élie fait le choix de la solitude en se séparant de son serviteur et en se rendant au désert pour être introuvable. Le désert est un lieu de solitude et de combat spirituel. Élie peut s’interroger sur Dieu et se dire à lui-même : « Où est-il, ton Dieu ? » Le silence de Dieu est une épreuve de la foi. Il faudra du temps pour découvrir que Dieu est proche, mais discret. Cette discrétion de Dieu, surtout après le signe d’une présence efficace, pousse Élie à se demander à quoi bon vivre si l’adversaire devient plus fort quand Dieu se fait vraiment trop discret. Isolé des hommes et de Dieu, Élie descend dans les profondeurs sombres de l’homme intérieur où le désir de mourir serait, semble-t-il, la seule réponse possible pour échapper à la souffrance et à l’échec après son triomphe. 25 2. Le désir de mourir (1 R 19, 4) « Je n’en peux plus ! Maintenant, Seigneur, prends ma vie, car je ne vaux pas mieux que mes pères. » Tout d’abord, il y a l’épuisement : « Je n’en peux plus » de ne pas avoir de réponse de Dieu quant à son absence dans l’épreuve. « À quoi bon vivre quand nous ne voyons pas de solution devant l’adversaire ? » se demande Élie. La mort arrêterait la douleur et lui enlèverait la responsabilité de ses actes. Dieu lui demandait-il de tuer les prophètes de Baal après la victoire de l’holocauste ? Était-ce la bonne décision ? Avait-il mesuré les conséquences de son ordre : « Saisissez les prophètes de Baal ! Que pas un n’échappe ! » (1 R 18, uploads/Religion/ l-x27-intimite-avec-dieu-gilles-ferant.pdf

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  • Publié le Apv 07, 2022
  • Catégorie Religion
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