Du même auteur Le Livre de l'épreuve Fayard, 1881 Le Livre des secrets Deux Océ

Du même auteur Le Livre de l'épreuve Fayard, 1881 Le Livre des secrets Deux Océans, 1985 Le Livre divin Albin Miche!, 1990 Le Livre des oiseaux Aibin Michel, 1996 Farid-ud-Din ‘Attor Le mémorial des saints Traduit d'après le ouigour par À. Pavet de Courteilie introduction de Eva de Vitray-Meverooitch Éditions du Seuil ISBN 2-02-004468-4. © ÉDITIONS DU SEUIL, 1976. La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductionsdestinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproductionintégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentementde l'auteur eu de ses ayants cause,est illicite t constitue unecontrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Introduction Untémoîgnage : celui d'hommes et de femmes qui, dès les débuts de l'Islam et pendant dessiècles, se vouèrent à la pratique de vertus héroïques; une interpellation : celle que la sainteté, d'où qu'ellevienne, adresse à chacun,et avec ici une force d'autant plus grande qu'elle exige un certain décentrementspirituel; une prise de conscience aiguë, enfin, d'une autre dimension de l'être, rejoignant, à un niveau beaucoup plus élevé, les découvertes de la psychologie des profondeurs — tels sont peut-être les aspects les plus actuels du message du Mémorial des saints. En dépit du goût pour le miraculeux, de la complaisance quelque peu naïve à l'égard du prodige, caractéristiques du genre, cette « Légende dorée » musulmane du xm° siècle traduit de façon émouvante une profonde soif de Absolu —le chawg, ce désir essentiel de la Face de Dieu, premier pas surle sentier que les soufis dont nous parle ’Attar vont s'efforcer de suivre. Qu'est-ce donc que le Tasawwuf, que les Occidentaux appellent soufisme? Les traités en ont multiplié les définitions, tout en précisant qu'aucune d'elles n'en épuise le donné, caril est autant de « chemins » qu'il est de pèlerins; chacun ne peut percevoir qu'un reflet de la Vérité suprême. Ainsi, des aveugles à qui l'on présente un animal inconnu d'eux — l'éléphant — s'imagineront,l'un pouravoir tâté sa trompe, qu'il s'agit d'un tuyau,l'autre, ayant palpé sa jambe, que c'est un pilier, un autre encore, ayant posé sa main sur son dos. concluera que c'est un trône! Aussiles explications mettront-elles l'accent surtelle ou 1. Cf. Djaläl-od-Din Rümi, Marhnawt, m1, 1259 sg. 8 Le mémorial des saints telle qualité requise du disciple: détachement, pureté du cœur, où sur Ja vision des choses qu'il convient d'acquérir. Le soufisme, à dit un mystique célèbre, c'est « le renoncement à tous les plaisirs égoistes ! ». Un autre?: « Le soufismme est une essence sans forme. » Et le grand Shibli décrit l'adepte spirituel comme « celui qui ne voit dans les deux mondes ren d'autre que Dieu ? 5. Peut-être pouvons-nous simplement définir le soufisme comme l'inté- nionisation vêcue de l'islam. S'il est, en effet, indéniable que la mystique est un langage universel, il n'est pas moins vrai que chaque grande tradition religieuse possède sa propre expérience et son expression personnelle. Le mysiicisme musulman tra- duit l'attitude fondamentale qui s'appuie sur la Révélation coranique : l'Unité, at-Tawhid. Unité de Dieu. auquel rien ne doit être associé, ni méfaphysiquement, ni psycholo- giquement. Lorsque par miséricorde I $e fait connaitre, ce sera par une Révélation, elle aussi unique. et dont seules des réflexions irop humaines, en fa formulant de façons différentes selon les peuples ei les époques, ont aïtéré la pureté originelle. Reflet terrestre de celte unité divine, la Communauté des croyants embrasse tous ceux qui, sans distinction de races, de castes, de nationalié ou de dénomination confessionnelle, atiesient cetie Unité; et, ce faisant, Hs font acte d'islém, c'est-à-dire de remise à Dieu {on sait que c'est là le sens du mot « Islam», qui se rattache à une racine signifiant la paix et se définit comme ce qui, à la fois, provient de la paix et confère celle-ci). Par aüleurs, la méditation du Qor'ân, que le fidèle doit lire comme une Parole révélée à l'instant à luiméme., aura pour fin de lui faire aticindre une unité intérieure: les soufis ont très souvent parlé de la nécessité de parvenir à une intégration de toutes les puissances de fa psyché* LU CE Hujwiri, Kashfol Mahjüb. traduction anglaise par R, À. Nichol- son, p. JO sg. 2. Hhid. 3. hit 4, CP E. de Vivray-Meyerovich, Myctique et Poëvie en Islam, Desclèe dé Brouwer. p. FÉdTS Le mémorial des saints 9 Cette langue du Qorân, dont nulle iraduchion ne peut rendrela puissance incantaioire. constitue le seul miracle {ijéz} revendiqué par la religion musulmane. Nous trou- vons, dans {e Mémorial des saints, la mise au diapason de ses résonances les plus profondes. C'est ainsi qu'un maitre y déclare que la lecture du Livre sacré agit sur le cœur même qui ne le comprend pas, à ta façon d'un remède dont le malade ignore la nature —ayant, toutefois, une action plus efficace quand on en pénètre le sers. Toutes les « aventures » rapportées rar le Mémorial commencent par une nouvelle orientation de l'âme qui s'éveille du sommeil de l'indifférence et de Foublii, Alors, dit Fun des plus grands poètes mystiques de l'Islam: « Dans le cœur passe une image: " Reitourne vers ta Source. ” Le cœur s'enfuit de tous côtés, loin du monde des couleurs et des parfums, en criant: “ Où donc est la Source? ” et en déchirant ses vêtements par amour ?. » L'âme aspire désormais à se connaître dans sa vérité supraconsciente, car « celui qui se connaît connaît son Seigneur », sclon unc célèbre tradition prophétique méditée par tous les soufis. Mais comment pourrait-elle se voir dans un miroir oxydé par la rouille du péché, troublé par la volubihité du mental? C'est alors que va débuter T'ascèse; dont de Mémérial retrace tant d'exemples d'austérité non sans un penchant à l'exagération cher à l'hagiographe, mais d'où n'est pas exclu ce solide bon sens auquel nous a habitués une sai Thérèse d'Avila. Telles ces paroles adressées par le grand Hassan Basri à un disciple qui poussait des gémissements chaque fois qu'ils récitaient ensemble le Qor'ân: « Crier comme cela n'est la plupart du temps que l'œuvre de Satan *. » Dans l'hisioire de la mystique musulmane, {e Mémorial porte l'empreinte brûlante d'une recherche de la Présence 1. Mémorial, D. 42. 2. Dialéi-cd-Din Rümi Odes mreriques. traduction par E. de Vitray- . Meverovitch, Khncksieck. p 31-32 (Ode 18}. 3. Mémoriai, p. 43. 15 Le mémorial des saints divine par l'abandon de tout le créé: « L'univers de l'Amour, dit ‘Atlar dans le Zivre divin, n'a que trois chemins : le Feu,les Larmes et le Sang» Dans le préface du Mémorial, ‘Attar explique pourquoi il a COMPOSÉ cette anthologie, C'est, dit-il, parce qu'aprèsle Qor'ân et les Hadith (traditions du Prophète Mohammed}, nen ne surpasse les paroles des saints, et que plusieurs raisons lincitaient à le faire : 1} $es frères en region le lui ont demandé: 2) 1 espérait que certains de ses lecteurs béniraient l'auteur; 3} H croit que les paroles des saints sont utiles même pour ceux qui ne penvent les mettre en pratique, parce qu'elles renforcent les aspirations et combattent la vanité: 4) Djonayd a dit : « Leurs paroles sont l'une des armées du Dieu Tout- Puissant par lesquelles I conforte et raffermt le disciple si son cœur est triste »: $} Selon le Pronhèie, « la Miséricorde descend sur les pieux »: 6} ‘Altar espère que l'influence bénie des saints fui sera accordée: 7} Il a réunt teurs dits dans l'espoir de leur ressembler; 8} Le Qor'ë ânet les Hadith ne peuvent être compris que par ceux qui savent la langue arabe: or, ces paroles en sont le commentaire et elles sont accessibles aux lecteurs qui ne savent que le Persan: 9} Une parole de Vérité {sukhun-i Hagq} peut avoir un immense effet: 10} Seutes, les paroles spirituelles plaisent à ‘Attar : il a voulu faire partager ces délices à ses contemporains: }1} Dés son enfance, 1 a éprouvé de Finclination pour les soufis: F2} À son époque. les saints sont oubliés : *Atiar souhaite y remédier; 13) Les paroles des saints disposent les hommes à renoncer au monde, à méditer sur la vie future, à aimer Dieu et se préparer à leur dernier voyage. « On peut dire, écrit ’Aitar, qu'il n'y a pas dans la création un meilleur livre que celui-ci, car ces mots sont un commen- taire du Qoran ei des Traditions, qui sont les meilleures des paroles... Quiconque les Lit convenablement percevra quel amour a dù se trouver dans les âmes d'hommes qui ont effectué de telles actions et dit de telles paroles. » 14) Enfin. ‘Attar espère obtenir dans l'au-delà l'intercession des saints, ei être pardonné, comme le chien des Sept Le mémorial des saints li Dormants ! qui, bien que n'étant que chair et os, sera admis au Paradis. Les lignes qui précèdent permettent d'entrevoir quelaues- uns des traits de ‘Atiar: sa piélé, son humilité, sa tendresse. C'était en effet un homme profondément reli- gieux, menant une vie austère, méprisant les richesses. Il ne trouvait pas d'opposition entre uploads/Religion/ le-memorial-des-saints-oc.pdf

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  • Publié le Nov 14, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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