«Je suis la Nature, mère des choses, maîtresse de tous les éléments, origine et

«Je suis la Nature, mère des choses, maîtresse de tous les éléments, origine et principe des siècles, divinité suprême, reine des Mânes, première entre les habitants du ciel, type uniforme des dieux et des déesses. C’est moi dont la volonté gouverne les voûtes lumineuses du ciel, les souffles salubres de l’océan, le silence lugubre des enfers. Puissance unique, je suis par l’univers entier adorée sous plusieurs formes, avec des cérémonies diverses, avec mille noms différents. Les phrygiens, premiers nés sur terre, m’appellent la déesse-mère de Pessinonte ; les Athéniens autochtones me nom- ment Minerve la Cécropienne ; chez les habitants de l’île de Chypre, je suis Vénus de Paphos ; chez les Crétois armés de l’arc, je suis Diane Dictynna ; chez les Siciliens qui parlent trois langues, Proserpine la Strygienne ; chez les habitants d’Eleusis, l’antique Cérès. Les uns m’appellent Junon, d’autres Bellone;ceux-ci Hécate, ceux-là la déesse Ramonte. Mais ceux qui, les premiers, sont éclairés par les rayons du soleil naissant, les peuples d’Ethiopie, de l’Asie et les Egyptiens, puissants par leur antique savoir, ceux-là me rendent mon véritable culte et m’appellent de mon vrai nom : la reine Isis.» Apulée «Metamorphoses XI» Et si Apulée n’avait pas vécu au IIème siècle avant notre ère, il aurait pu rajouter «et les chrétiens me nomment la vierge Marie...» Les Vierges Noires sont issues de la civilisation du moyen-âge, des XIIeme et XIIIeme siècles. Cette civilisation est issue d’un effort conscient de différents hommes, qui l’ont conduite à son apogée. Une petite élite connaissait les secrets qui lui ont permis de faire progresser la culture de ce temps. La vierge Marie prend une place démesurée, Saint Bernard étant le premier à lui donner cette place. Tous les monastères cisterciens sont dédiés à Notre-Dame, toutes les cathédrales gothiques sont consacrées à Notre-Dame, les ordres cisterciens et templiers sont voués à la vierge... Le culte marial est la renaissance du culte primordial à la grande déesse...Comme pour saint Michel, elle ne représente pas une personne, mais incarne un principe, un archétype, un symbole. Donc il faudra faire appel à la symbolique pour en expliquer le sens, occulte mais universel. VIERGES NOIRES Tout d’abord, il faut bien savoir que les vierges noires authentiques ne sont pas nombreuses : à peine une qua- rantaine, pour celles qui sont parvenues jusqu’à nous. Elles ont toujours treize caractéristiques communes : 1 - Elles sont réalisées aux XIIeme et XIIIeme siècles. C’est l’apogée de la civilisation du haut moyen-âge 2 - Elles sont toujours représentées en majesté La vierge est assise en une pose aristocratique et princière, mais son siège n’est qu’une cathèdre(siège assez sobre, sans dossier ou avec un dossier court) Dans les représentations antiques, Isis était-elle aussi assise sur ce genre de siège. Les grandes églises de l’époque sont appelées cathédrales depuis la même étymologie (latin: cathedra=siège) et de plus, sont des cathédrales «Notre-Dame»... 3 - le visage ne reflète aucune tendresse, ni compassion Il est noble, souverain, hiératique... 4 - Le visage de Jésus est moins soigné. Comme si le plus important était la représentation de la mère... L’exercice des cultes des religions antiques s’accompagnait, pour certaines d’entre-elles, de ce que l’on appelait les «mystères». Au cours de cérémonies secrètes, l’initiation était conférée au «myste» qu’après l’avoir éprouvé de différentes façons (terre, air, eau, feu) afin de s’assurer de sa force de caractère et de ses facultés spirituelles. L’enseignement n’était prodigué que la nuit, au cœur des temples ou dans les cryptes, où des souterrains obscurs figuraient les méandres dans lesquels l’âme serait projetée après la mort. La nuit symbolisait de ce fait la mort, non seulement au sens physique, mais aussi la mort au monde profane. Vierges mères et déesses noires étaient les maîtresses de l’initiation. La symbolique est double : mort puis renaissance à l’état d’initié. Les deux aspects sont complémentaires d’une même réalité ésotéri- que qui veut que les ténèbres (ignorance) naisse la lumière (connais- sance). C’est pourquoi il a fallu que le christ naisse la nuit de Noël à minuit, c’est à dire à l’heure la plus noire de la nuit la plus longue, au sein d’une grotte (image terre-mère) et non d’une crèche comme cela est improprement traduit. L’enfant ne représente pas seulement Jésus, mais le «myste», qui, par l’initiation, devient le fils de la vierge noire. C’est pourquoi il est noir comme elle. Il est son enfant, par la connais- sance des mystères et figure dans son giron pour faire comprendre littéralement qu’il sort des entrailles de sa mère comme des entrailles de la terre (voir le «je vous salue Marie). Elle le tient dans un geste protecteur qui n’est pas sans rappeler certaines représentations égyptiennes où le pharaon est accompagné de sa divinité tutélaire. Il n’y a pas de sentimentalité exprimée dans ce couple car ce n’est pas une scène familiale. Les liens qui les unissent sont ceux de l’esprit, non ceux de chair. 5 - Les vêtements sont bleu, blanc, rouge avec des garnitures dorées Ne pas oublier que pour les artisans du moyen-âge, les couleurs ne sont pas choisies au hasard, chacune ayant un impact symbolique. Dans les opérations alchimiques, la matière première (materiae prima)se transforme en se colorant de diverses façons. Trois couleurs dominent...oeuvre au noir, oeuvre au blanc et oeuvre au rouge. Le bleu nuit est assimilé au noir (putréfaction), le blanc, phase suivante (purification) et le rouge (rubification, action du feu secret). A la couleur dorée correspond la transmutation des métaux vulgaires en or (symbole de la perfection initia- tique). De nombreux autres symboles alchimiques sont liés aux vierges noires, comme le «lait de la vierge» (eau mercurielle) et nous retrouvons là saint Bernard avec l’allégorie de la lactation (il but au sein d’une vierge noire trois gouttes de lait). Souvent la robe de la vierge est décorée de losanges formant un réseau de mailles de filet. Lors de la phase «coagula», la matière prend la forme d’une pâte feuilletée (galette des rois) sur la surface de laquelle apparaît un quadrillage en forme de losanges. 6 - Elles ont toutes les mêmes dimensions Les différences étant dues à des détails comme la hauteur de la coiffe ou du socle. 70 cm de haut, 30 cm de large et 30 cm de profondeur à la base. La statue est donc réalisée dans une proportion de 7 à 3, deux des nombres chargés d’une signification particulièrement sacrée pour les anciens. 3 évoque les diverses trinités : triades druidiques et templières, les 3 aspects de la matière, tandis que le 7, autre nombre premier, correspond par exemple à la durée de la création, les merveilles du monde, le trivium et quadrivium enseignés dans les abbayes. Souvent les mains sont démesurées. La main a toujours été magi- que car elle représente le 5 qui est le milieu dans la série de 1 à 10. Il est l’union des inégaux, la somme du 3 qui est le principe mascu- lin et du 2, principe féminin. La main marque donc la réconciliation entre ces deux principes contraires et complémentaires. Pour la plupart des anciens récits sacrés de l’humanité, tout, dans l’univers, naissait de la rencontre d’un principe masculin et d’un féminin. Ainsi la terre vierge fût fécondée par les rayons du soleil et c’est grâce à cette action bienfaisante qu’elle a pu donner la vie. Dès lors, les anciens ont fait de la terre, la grande déesse, la représentation symbolique du grand principe féminin, et du soleil, le principe masculin. C’est pourquoi dans toutes les religions où l’on vénère une déesse-terre, un culte solaire lui est toujours associé. Dans le cas des vierges noires, cette présence solaire apparaît parfois de manière indirecte et subtile : par exemple, la vierge se trouve directement placée dans un lieu autrefois consacré à Belen (équivalent celtique d’Apollon). Ou bien la présence d’un taureau dans la légende de la découverte miraculeuse de la statue. Le taureau est l’animal viril et solaire par excellence. Parfois il est remplacé par d’autres animaux ayant cependant la même valeur symbolique (cerf, lion...). Même indication solaire qui a attribué la fabrication de certaines statues à saint Luc (emblème : le taureau...) 7 - Le lieu où elles étaient placées était connu depuis l’antiquité On y célébrait la terre-mère (proximité d’une source, un puits, un arbre sacré ou une pierre). Ce sont des lieux bénis par la nature où l’homme, averti par la science «magique» de ses initiés, va se rendre pour y recevoir des bienfaits tant physiques que spirituels. Sans doute devait-il aider par une discipline sous forme de marches, de danses incantatoires, de rondes... Ces lieux sont placés sur les veines de forces telluriques que l’homme a sacralisées. Ces forces peuvent s’asso- cier aux courants hydrographiques. Le tracé de ces lignes sur la carte de France reproduit un quadrillage de lignes qui s’entrecroisent, répétant l’implantation des vierges noires. (En terre gauloise et en Galice, on retrou- vera deux caps : Finistère et Finisterre, marquant la fin de deux veines telluriques soulignées (j’allais mettre soignées...) par l’implantation de menhirs uploads/Religion/ vierges-noires.pdf

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  • Publié le Mai 22, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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