LE ROSAIRE ET LA SAINTETÉ par le R. P. E D O U A R D H U G O N DES FRÈRES PRÊCH
LE ROSAIRE ET LA SAINTETÉ par le R. P. E D O U A R D H U G O N DES FRÈRES PRÊCHEURS P . L E T H Ì E L L E U X 3 0 , R U E C A S S E T T E P A R I S F R A N C E L E S É D I T I O N S D U L É V R I E R AV. N.-D. DE GRÂCE, MONTRÉAL 9 5 , AVENUE EMPRESS, OTTAWA C A N A D A 1948 Biblio!èque Saint Libère http://www.liberius.net © Bibliothèque Saint Libère 2009. Toute reproduction à but non lucratif est autorisée. LE R O S A I R E ET LA SAINTETE APPROBATION Nous avons lu*, par ordre du T. R. P. Provincial, un travail du R. P. Edouard Hugon portant ce titre : « Le Rosaire et la sainteté ». C'est une étude sérieuse dans sa brièveté, avec «de belles et hautes idées doctrinales, et une description inté- ressante et presque neuve des richesses de grâces renfermées •dans le Rosaire. Les âmes pieuses et les prédicateurs eux-mêmes le liront utilement et y trouveront une ample nourriture. Poitiers, le 19 juillet 1900. Fr. Denys MÉZARD des Fr. Prêcheurs Fr. Henri DESQUEYROJS des Fr. Prêcheurs I M P R I M A T U R Fr. Joseph-Amb. LABORÉ Prov. provincias Occit. Lugdunensis IMPRIMATUR Parisiis, die 9 Augusti 1900 E. T H O M A S Vic. gén. AVANT-PROPOS VUE D'ENSEMBLE SUR LES GRANDEURS DU R O S A I R E Le prophète Isaïe nous invite à faire con- naître aux peuples les inventions de Dieu. Notas facite in populis adinventiones ejus x. Les inven- tions de Dieu ! Le langage humain est parfois impuissant à célébrer les chefs-d'œuvre du génie, mais, quand il s'agit des inventions divines, l'en- thousiasme demeure muet, un glaive froid va jus- qu'à l'âme : on admire et on se tait. Parmi ces inventions, il en est trois ineffables : l'Incarnation* la Maternité divine, l'Eucharistie. L'Ho m m e- Dieu, la Mère de Dieu, le Saint-Sacrement : de- vant ces trois merveilles, l'intelligence anéantie ne peut que s'écrier : Silence ! le divin est là ! Après les inventions de Dieu il y a celles de Marie. Elles sont toutes sublimes, car ce sont des inventions d'amour ; elles sont innombrables, car elles s'étendent à toutes les époques et à tous les pays. Entre toutes, l'une des plus excellentes est assurément le Rosaire. C'est par l'Ordre de Saint- Dominique et par la France qu'elle fut livrée à l'univers entier, et, dès qu'elle fut connue, le Xllle siècle put entonner l'hosanna d'un radieux avenir. 1. Is. XII, 4. 8 U E R O S A I R E E T ~LA S A I N T E T É Il y a dans l'institution du Rosaire plus qu'une œuvre de génie, nous y trouvons cette sagesse sur- naturelle que les théologiens admirent dans l'insti- tution des Sacrements. Bien loin de nous la pensée d'égaler le Rosaire aux Sacrements, mais il est permis de constater à ce sujet plus d'une frappante analogie. Les Sacre- ments sont en parfaite harmonie avec la nature hu- maine, qui est à la fois sensible et spirituelle. Vou- loir appliquer l'homme à des actes purement in- tellectuels serait le sevrer en quelque sorte d'un lait indispensable à sa félicité. Sa religion et son culte ont besoin d'un aliment extérieur ; ses Sacre- ments doivent être, comme lui-même, composés d'une âme et d'un corps. Les Sacrements ont un corps, car ils sont des signes sensibles ; ils ont une âme, car ils contiennent la vertu invisible du Très- Haut. Quelques paroles sont prononcées : soudain le signe est envahi par la majesté divine ; Dieu passe dans les Sacrements, puisque la grâce y passe, et en même temps que la grâce a touché l'âme, l'âme a touché Dieu. De même la véritable prière est celle qui em- brasse l'homme tout entier. Or le Rosaire a une âme et un corps : le corps, c'est la prière vocale ; l'âme, c'est la pensée du mystère, c'est la vertu céleste qui en découle. Comme les Sacrements, le Rosaire a sa matière et sa forme ; par son côté sensible il représente l'Humanité sainte du Sau- veur, et parle à notre nature corporelle ; par sa vertu invisible et ses sublimes mystères, il repré- LE ROSAIRE ET LA SAITsTTETÉ 9 sente la divinité du Christ, et s'adresse à notre nature supérieure, par laquelle nous touchons à l'ange et à Dieu. Dans les Sacrements le signe sensible et la vertu des paroles forment un seul tout, comme dans le Christ la nature humaine et la nature divine s'unissent en une seule personne ; dans le Rosaire la prière vocale et la pensée du mystère forment un tout indivisible. Séparer la forme de la matière, c'est détruire le Sacrement ; séparer le m y stère de la ré citât i o n, c'est d étruire l'es- sence du Rosaire. Les Sacrements sont comme le prolongement et la suite de l'Incarnation ; ce sont, pour ainsi dire, des reliques de N otre-Seigneur. Dans les Sacrements Jésus passe pour bénir et sauver ; il laisse échapper, comme autrefois, cette vertu qui guérit : Virtus de illo exibat et sanabat omnes \ Dans le Rosaire il y a aussi Jésus qui passe. En énonçant chaque mystère, on pourrait dire : Le Fils de David va passer. Jésus, fils de David, ayez pitié de moi. Les Sacrements sont les symboles extérieurs qui distinguent les chrétiens des infidèles ; le Rosaire est la dévotion distinctive des vrais catho- liques. Les Sacrements sont les liens suaves et forts qui unissent les enfants du Christ ; par la participation aux mêmes Sacrements, les fidèles montrent qu'ils communient à la même foi, à la I. Luc, VI, 19. 1 0 LE ROSATRE ET LA SAINTETÉ même espérance, au même amour ; par le Rosaire les chevaliers de Marie s'unissent de tous les points de la terre et confondent leurs voix dans le même amour et la même espérance. Le Rosaire est comme Vétendard que Dieu lève sur les nations Pour les rassembler des quatre coins de l'univers. Elevabit signum in nationibus... et... colliget a qua- tuor plagis terrae 1. // serait facile de poursuivre ce parallèle entre les Sacrements, invention de Jésus, et le Rosaire, invention de Marie. Nous le résumons en quelques mots : L'homme a besoin du sensible ; les Sacre- ments et le Rosaire sont les signes qui élèvent l'âme jusqu'aux sommets d'où elle contemple les horizons célestes, Dieu, l'éternité. L'homme veut se nourrir du spirituel ; les Sacrements et le Ro- saire lui en facilitent l'intelligence. L'homme a soif de l'infini ; les Sacrements et le Rosaire lui don- nent Dieu. Mais ce n'est là qu'un point de vue praticulier; le Rosaire a une étendue en quelque sorte illi- mitée. L'homme touche au temps par son corps et ses faiblesses ; par les sommets de son âme, par sa destinée surnaturelle, il touche à l'éternité. Eh bien ! le Rosaire est assez vaste pour embrasser le temps et l'éternité elle-même. Il enchâsse tous les temps, puisqu'il contient ces insondables mys- tères qui sont le point central de tous les siècles 1. Is., XI, 12. LE ROSAIRE ET LA SAINTETÉ 1 1 et dont la réalisation constitue ce que saint Paul appelle la plénitude des temps, plenitudo tempo- ris 1. // embrasse Véternité. En effet, le Rosaire commence au ciel et dans Véternité par le mystère de l'Incarnation, il se termine au ciel et dans Véter- nité par les mystères de VAscension de Jésus et du Couronnement de Marie. Nous le commençons sur le cœur de l'adorable Trinité, nous le termi- nons sur le cœur de la Sainte Vierge. Du ciel au ciel, de l'éternité à l'éternité, voilà les étendues du Rosaire. Par là même, le Rosaire est le résumé de tout le christianisme. Le dogme tout entier se ramène au Rosaire. Le traité des Personnes divines* et celui de l'Incarnation, nous les rencontrons dès le premier mystère ; le traité des Sacrements, nous l'avons déjà effleuré ; quant au traité de l'Eucha- ristie, tout le monde sait que le Rosaire est, comme le Saint-Sacrement et la Sainte Messe, le mémo- rial de la vie, de la passion, de la mort, et de la résurrection de Notre-Seigneur. Le traité des fins dernières est contenu d'une manière saisissante et pratique dans les Mystères glorieux. Le Rosaire, c'est donc la théologie, mais la théologie qui prie, qui adore, qui dit par chacun de ses dogmes : Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit; La morale, qui traite des péchés et des vertus, se ramène à notre grande dévotion. On n'apprécie bien la malice infinie du péché mortel que lors- 1. GaL< IV, 4. 1 2 L E R O S A I R E E T L A S uploads/Religion/ le-rosaire-et-la-saintete-hugon-edouard-o-p-pdf.pdf
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- Publié le Mar 13, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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