EHESS Le Sacrifice animal au regard des textes islamiques canoniques Author(s):
EHESS Le Sacrifice animal au regard des textes islamiques canoniques Author(s): Constant Hamès Source: Archives de sciences sociales des religions, 43e Année, No. 101 (Jan. - Mar., 1998), pp. 5-25 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30127820 . Accessed: 11/05/2014 19:51 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. . 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Parmi ces pratiques, l'immolation, par les familles musulmanes, d'un ani- mal, g6ndralement d'un mouton, lors de leur << grande fte >> (al-cid al-kabir), a provoqu6, t ses d6buts (fin des anndes 1980), en France, quelques remous parmi des groupes de d6fense ou de protection des animaux, ainsi que des r6clamations portant sur la r6glementation v6t6rinaire et commerciale de la vente et de la mise t mort de ces animaux (Brisebarre, 1989). Mais au-deld du caractbre exceptionnel de ce que l'islam appelle <<la fete du sacrifice >>, la meme attitude musulmane <sacrificatrice se manifeste face h la consommation quotidienne de viande animale qui est d6clar6e licite (ha- 181) seulement si la bate a 6t6 6gorg6e selon le rituel prescrit par la religion (Benkheira, 1995). Laissant ici de c6t6 les analyses sur la signification et les fonctions so- ciales, voire politiques, de l'inscription de pareilles pratiques dans l'espace social frangais ou europ6en, nous voudrions plus g6n6riquement nous inter- roger sur la port6e anthropologique du sacrifice en milieu musulman et re- tourner, pour ce faire, aux textes islamiques 16gislatifs ou 16gaux en matibre d'offrande, de sacrifice et de mise A mort rituelle d'animaux. (1) Ce texte, r6dig6 en 1993, pour une publication collective qui a tard6, a 6t6 16gbrement remani6. Il a 6t6 6labor6 dans le cadre du programme de recherches MRT: Le sacrifice musul- man : espaces et temps d'un rituel, sous la responsabilit6 d'Anne-Marie BRISEBARRE et Altan GOKALP, 1990-1992; voir, sous le meme titre, le rapport en date de mai 1993, 391 p. (Ministbre de l'Enseignement Supdrieur et de la Recherche, Action concertde <<Anthropologie >>). 5 This content downloaded from 105.158.223.133 on Sun, 11 May 2014 19:51:18 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS Par textes islamiques, nous entendons d'abord les textes du Coran et des traditions rapport6es au sujet du fondateur de l'islam (hadith, sunna) puis certains ouvrages d'ex6ghse (tafsfr) et de 16gislation religieuse (fiqh). Dans ces derniers domaines, nous avons effectu6 des choix en direction de l'6cole juridique malikite, de laquelle relbvent surtout les musulmans en France et d'un trait6 de droit musulman comparatif d'Ibn Rushd (XIIe sibcle)(2). Compte tenu de la diversit6, aujourd'hui, de la pr6sence musulmane en Europe de l'Ouest, il faudrait 61argir les investigations en direction des autres 6coles de 16gislation mais 6galement du shicisme. 1. LE VOCABULAIRE ARABE ET ISLAMIQUE DE LA NOTION DE SACRIFICE Le vocabulaire arabe des textes islamiques connotant la notion de sacrifice n'est pas unifi6 linguistiquement. Les diff6rentes racines qui en rendent compte ont en commun, dis le d6part ou aprbs 6volution, la signification d'6- gorgement et de sang vers6. Appara"it ainsi, linguistiquement et au premier abord, non pas tant l'id6e de l'offrande d'un sacrifice que la modalit6 san- glante de l'immolation d'un animal (3). Au moment de son instauration, au VIIe sibcle, l'islam a pris en compte des pratiques qui avaient cours dans la soci6t6 d'alors. Les 61eveurs b6douins (2) L'ouvrage de droit (voir la bibliographie) d'IBN RUSHD, alias AVERROtS (1126-1198), conna"it depuis plusieurs anndes un regain d'6dition et de vente important. Les lecteurs europ6ens, g la suite de Renan, ont trop souvent fait une lecture rationaliste r6ductrice de l'oeuvre philo- sophique d'Averrobs, en croyant voir chez lui une opposition entre rationalisme et doctrines religieuses. Son ouvrage de droit comparatif, par lequel il est surtout connu dans le monde musulman et dont il dit lui-mime avoir mis vingt ans i le r6diger, illustre parfaitement sa po- sition. Son objectif est d'asseoir les articles de la loi islamique sur des bases intellectuelles m6thodiques et solides. Visiblement 6crit en r6action contre l'accumulation juridique purement drudite de son temps (le malikisme almoravide), son trait6 se veut un module de pens6e et de m6thode dont pourront se servir les 6tudiants en droit pour se former l'esprit. Une tate bien faite plut8t qu'une tate bien pleine rdsume fort bien l'intention pddagogique de ce traitd qui consiste i relever, au cas par cas, l'accord ou le d6saccord existant entre les opinions des docteurs de la loi puis i mettre i jour les raisonnements qui les expliquent, en se r6f6rant toujours, en premibre et en dernibre instance, aux deux sources du Coran et de la sunna, y compris pour constater leur silence ou leurs ambiguit6s. Ii n'en existe qu'une seule traduction frangaise trbs partielle: IBN RUSHD al-Hafid, Bidayat al-Moudjtahid. Manuel de l'interprkte des lois et traiti complet du juriste. Livre des &changes, thdorie gindrale des contrats et obligations des diffrrents contrats (traduit par, A. Lai'mche), Alger, Minerva, 1940, 241 p. Voir Robert BRUNSCHVIG, SAverrobs juriste >>, Etudes d'islamologie. Droit musulman, tome 2, Maisonneuve et Larose, 1976, pp. 167-200. (3) I1 semble que l'institutionnalisation islamique de l'immolation animale ait occult6, sinon l61imin6 (?) certaines pratiques d'offrandes non sanglantes. C'est ce que pourrait sugg6rer, par exemple, le Qardbin wa dh-dhaba'ih (Offrandes et immolations sanglantes) de Abfi Zayd AL- BALKHi (m. 934), cit6 par IBN AN-NADiM dans son Fihrist, Leipsig, Editions Fliigel,, 1871-2, 2 vol. Cependant, il faut, dans ce contexte d'offrande et de don 4 titre religieux, faire une place i part B une institution islamique qui a eu une importance historique consid6rable, avant de connaitre une phase de profond d6clin, la donation pieuse de mainmorte (habas ou waqf) qui destinait un bien, devenu inali6nable, (animal, mobilier, foncier, immobilier) i une personne ou i une institution religieuses. Voir Christian DlCOBERT, Le Mendiant et le combattant. L'insti- tution de l'islam, Seuil, 1991. Voir aussi la note 6. 6 This content downloaded from 105.158.223.133 on Sun, 11 May 2014 19:51:18 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions LE SACRIFICE ANIMAL d'Arabie avaient, par exemple, l'habitude d'immoler le premier-n6 de leur troupeau et dans des centres s6dentaires, comme la Mekke, on offrait, lors de phlerinages locaux, des sacrifices sanglants i des divinit6s. Nous rencontrons dans ce contexte la strate la plus ancienne et la plus importante du vocabulaire du sacrifice, li6e aux cultes et aux techniques d'of- frande d'une soci6t6 d'6leveurs de b6tail. Ce vocabulaire a 6t6 int6gr6 dans l'islam naissant et nous pouvons nous arr~ter un instant sur la premiere sourate coranique qui fasse r6f6rence, en son temps, au sacrifice animal, la sourate CVIII, al-kawthar, dat6e de l'6poque de la Mekke (avant 622) (4). Au nom d'Allah cl6ment et compatissant 1. Nous t'avons donn6 l'abondance (al-kawthar) 2. En cons6quence prie (sallf) ton maitre et 6gorge (nhar) 3. Celui qui te d6teste, c'est assur6ment lui le chatr6. En dehors du verset 3, que l'ex6ghse classique interprbte isol6ment, l'in- t6r~t se porte, d'un point de vue anthropologique, sur le rapprochement entre trois 616lments des deux premiers versets : l'6tat d'abondance, la pribre t la divinit6, I'immolation animale. Obtenir l'abondance ou remercier de l'avoir obtenue par des pribres par- ticulibres, ponctu6es de sacrifices sanglants, parait bien ~tre une pratique uni- versellement attest6e de l'humanit6 (5). Chez les anciens Arabes b6douins, c'est bien l'abondance - accroissement du troupeau, prise de butin - qui d6clenche certaines immolations sanglantes. C'est ainsi que l'utilisation, dans le verset 2, de l'imp6ratif nhar, du verbe nahara, correspond a la technique, ant6rieure i l'islam, de mise a mort du chameau mais aussi de la vache ou du boeuf, c'est-a-dire en fait du gros b6tail. L'animal est mis t mort debout, entrav6, la patte ant6rieure gauche relev6e et le coup de couteau (ou de tout autre instrument) est donn6 de face, au d6faut de l'6paule, pour atteindre la veine jugulaire. C'est le nahr uploads/Religion/ le-sacrifice-animal-au-regard-des-textes-islamiques-canoniques.pdf
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Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 06, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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