LES TEMPLIERS A SAINT OMER Lorsque l'on se penche sur les liens de l'ordre du T

LES TEMPLIERS A SAINT OMER Lorsque l'on se penche sur les liens de l'ordre du Temple avec la ville de Saint Omer, on se retrouve très vite devant un immense point d’interrogation: nulle publication, nul article historique, ne fait état de ces liens, à tel point qu?on peut se demander si lien il y a! Car à part quelques mots dans certains livres historiques très documentés et fort rares, notre belle ville n’a jamais utilisé cet argument comme atout touristique, et pourtant, cela aurait été un argument de poids! Imaginons cette affiche: « SAINT OMER, VILLE TEMPLIERE ! », ou encore « SAINT OMER, berceau de l’Ordre du Temple ! ». Mais non... Rien de tout cela. Même dans la bande dessinée éditée par la ville récemment, et relatant son histoire, aucune allusion, même lointaine. Et pourtant... Le travail sur ce thème m’a amené à fouiller de très anciennes archives, et peu à peu, l’un après l’autre, sont apparus ces liens fantastiques dont le dernier vous laissera sans aucun doute rêveur... Chacun connaît l’Ordre du Temple, cet ordre chevaleresque, dont on parle toujours, chez nous ou à l’autre bout de la planète. Comme tous les enfants, j’ai rêvé des templiers, de ces chevaliers au blanc manteau qui se battaient pour défendre les pauvres pèlerins en route vers Jérusalem. Je me suis déguisé en chevalier, avec l’épée, la cape, le heaume... Ils ont été le symbole de la pureté de cœur, de la bravoure, de l’humilité. Et il aura fallu que j’atteigne la trentaine pour apprendre que la ville de Saint Orner comptait dans ses enfants un des neufs fondateurs de l’Ordre du Temple. Et personne n?en parle jamais! Je me suis donc passionné pour l’histoire de cet homme, tellement cela me paressait incroyable. J’ai découvert alors d’autres liens avec l’Ordre du Temple, sans pour autant comprendre pourquoi ils étaient restés dans l’ombre si longtemps. Tout le monde connaît Suger. Il y a une place à son nom, du côté des ruines Saint Bertin. Qu’a-t-il fait? Quel est son lien avec les templiers? Nous verrons par la suite... Quant à Geoffroi, fils du Seigneur de Saint Orner, fondateur de l’ordre du Temple, rien. Pas une place. Pas une rue. Pas une impasse. Pas une seule trace dans les documents touristiques de la ville. A croire qu’il ait été maudit, et que cette malédiction dure encore! Et c’est la même chose pour Hoston de Saint Omer, qui fut un grand dignitaire, peut-être Grand Maître de l’Ordre du Temple, et qu’une épaisse dalle de marbre a longtemps laissé dans l’oubli. Ces trois hommes ont été liés par un quatrième personnage, peut-être le plus illustre, Bernard de Clairvaux, autrement dit Saint Bernard. Car Geoffroi et Suger l’ont rencontré, et leur rencontre avec cet homme que certains historiens désignent comme le plus influent de l’occident médiéval a été déterminante pour le reste de leur vie. Je ne vais pas ici refaire l’histoire de chacun, il existe d’excellents ouvrages sur le sujet. Je ferai juste un simple rappel sur les faits marquants de ces quatre existences hors du commun, au moins pour ce que j’ai pu en retrouver. Quant au cinquième lien, il reste à l’état d’hypothèse, et je l’exposerai en conclusion de cet article. Mais auparavant, il nous faut nous remettre dans l’ambiance de l’époque, des lieux, des odeurs, des bruits de cette ville qui était sans doute plus active que de nos jours. Entre les années 900 et 1350, la ville de Saint Omer connut une prodigieuse croissance, comparable à l’essor de l’Ordre du Temple, pendant la même période, ordre qui devait disparaître officiellement en 1307. En 900, la ville ne comptait que quelques centaines d?habitants, plus de mille un siècle plus tard, dix mille en 1200, période qui nous intéresse, et qui voit la croissance de l’Ordre, et plus de trente cinq mille en 1300, siècle de la persécution des templiers. En 1300, on dénombrait en effet 2700 maisons pour la paroisse Sainte Marguerite, 425 pour Saint Jean, 400 pour Saint Martin, alors que le bas métier comptait 10000 feux, ce que confirment des documents de 1338. A cette époque, la ville ne comptait ni couvent, ni hôpital, ni refuge; pas de collège ou de caserne, mais elle était formée d?innombrables maisoncelles dont certaines faisaient moins de 7 pieds de façade, et de populeux faubourgs (haut-pont, Fresque Pissonerie, Ysel dans le marais, Saint Martin au Laert, Sainte Croix, Saint Michel , et les Madeleines dans les terres fermes). Mais comment pouvait-on vivre dans une ville plus petite mais plus peuplée qu’à notre époque moderne, alors que les maisons de plus de un étage n’existaient pas? Tout simplement: tout était habité. On louait les caves, les greniers, on s’entassait à 8, 10 personnes dans une pièce, avec tous les inconvénients que cela pouvait comporter. C’était déjà l’époque des « courées », et on en trouve encore quelques traces aujourd’hui dans les vieux quartiers. Cela créait d’immenses problèmes de travail, de vivre, d’eau potable, de combustibles, d’incendies, de résidus urbains que l’on répandait sur les champs voisins, et de voies publiques, qui étaient régulièrement défoncées. Pour sa sécurité, on dut abriter la ville derrière des enceintes de protection percées de quelques portes. Il y eut quatre enceintes successives: la première, autour de l’église d’en-haut (actuelle cathédrale), d’une superficie de 2 ha. Saint Bertin était en fait une autre forteresse. Entre les deux existait un espace découvert peu sûr, parcouru d’un simple chemin; en 957, une procession venue de Saint Bertin à Saint Omer n’osa pas retourner à Saint Bertin et passa la nuit dans l’église d’en haut! En l?an 1000, une nouvelle enceinte fut édifiée. Elle aurait correspondu à la paroisse Sainte Aldegonde et aurait englobé le deux marchés, dont l’immense Grand Marché de 1,5 ha et la Ghildhalle, ce qui nous fait un rectangle de 8 à 9 ha. La troisième enceinte, de 30 à 35 ha, existait en 1127, mais ce n’était qu?une levée de terre ou une palissade qui n’a pas laissé de trace. Quant à la dernière enceinte, qui délimitait un territoire de 100 à 110 ha, elle est apparue vers 1200. Sa pièce maîtresse était le château comtal de l’esplanade qui défendait la porte boulnizienne. Elle comportait un ouvrage avancé qui barrait la porte d’Arques, le Colhof. Au delà, se trouvaient les marais et les faubourgs. Parmi les vieilles demeures dont j’ai pu retrouver la trace, j?ai découvert dans la rue Caventou ( anciennement rue des Soeurs Grises puis Veltrestraet ou rue des Feutriers (vill = feutre), une maison dite du Temple. On trouve encore parmi les voisins de cette maison les noms de Engrand Bailly (chanoine) en 1628, en 1333 Jehan Cousin, cordewanier, en 1360 Jehan de Pas et en 1377 Jehan Billehaut (peintre). La commanderie, qu’on appelait « maison templière » était située à l’angle des rue Léon Belly (rue du Poirier ou Perebomstraet) et Saint Bertin (Grosse Rue), et occupait l’emplacement des maisons qui forment les angles de cette rue. En fait, la rue Léon Belly n’existait pas à cette époque. La muraille Est du jardin de l’étude notariale (maître Lembrez et Delevacque) date, dit-on, des Templiers, et il subsiste des portions d’arcade qui sont des vestiges de l’ancienne maison de ces religieux- chevaliers. La commanderie de Saint Omer dépendait de la Commanderie Principale située à Merck Saint Lièvin, au lieu dit « le petit Bruveau », qui existe encore dans la mémoire collective du village. Maintenant que le décor est planté, voyons ce qu’il en est des personnages: En 1112, le royaume était gouverné par le roi Louis VI le Gros, qui fit reconnaître Baudoin VII, fils de Robert I (Robert le Frison) , comme douzième comte de Flandres. Les châtelains, dont l’origine remonte aux rois francs de la première race, ne furent institués que sous le règne au comté de Flandres d?Arnould III, en 1090. Ils avaient la direction de la milice urbaine et étaient en même temps les gardiens des prisons et les juges suprêmes des crimes qui se commettaient dans le ressort de leur châtellenie. Ils levaient des impôts et prenaient les mesures d’administration locale. C’est Baudoin VII, comte de Flandres, qui fit exécuter tous les travaux hydrauliques qui ont donné sa renommée à Saint Omer, notamment en 1114 quand il rendit l’Aa navigable. Baudoin VII mourut en 1119 ou 1120 des suites d’une blessure reçue lors du siège de la ville d’Eu, en Normandie. Son successeur fut Charles dit le bon, qui appartenait à la maison de Danemark. A cette époque, le châtelain de Saint Omer s’appelait Hoston. Il avait trois fils, Guillaume, qui deviendra châtelain sous le nom de Guillaume 1, Geoffroi et Hugues qui fit partie de l’expédition des Croisés de 1146 et qui séjourna longtemps dans le Soristan. Les trois frères se rangent sous la bannière de Godefroy de Bouillon, et là prend naissance l’histoire des Templiers à Saint Omer. (Hugues était dit le « païen », ce qui fait que certains auteurs l’assimilent, à tord ou à raison, uploads/Religion/ les-templiers-a-saint-omer.pdf

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  • Publié le Sep 12, 2022
  • Catégorie Religion
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