NOTE SUR MARTINISME ET SURREALISME 12/07/05 - 1/6 - Note sur Martinisme et surr
NOTE SUR MARTINISME ET SURREALISME 12/07/05 - 1/6 - Note sur Martinisme et surréalisme Origine : Salilus Date : mardi 9 juillet 2002 Sources : • BOYER (Rémi) , Revue d'avant-garde Supérieur Inconnu, n°6 Supérieur Inconnu. Deux mots qui évoquent le mystère, déjà chargés d'histoire, deux mots qui, côte à côte, unis par cet intervalle, espace vide, sont devenus un symbole puissant et un mythe créateur, mythe qui anime notamment, mais pas exclusivement, le courant martiniste. Mais au fait comment ces deux mots ont-ils pu devenir le titre de la revue surréaliste dirigée par Sarane Alexandrian, c'est la première question qui vient à l'esprit d'un martiniste. Rappelons la raison de ce choix. Sarane Alexandrian, quand je le contactais la première fois expliqua : C'est André Breton, sur les conseils de Jean Paulhan, qui en 1948 voulut intituler Supérieur Inconnu la première revue surréaliste d'après-guerre, que devait éditer Gaston Gallimard. Pour André Breton, ce terme magnifique pouvait être détaché de son contexte martiniste et désigner l'objectif idéal de la recherche poétique de l'avenir. Ce projet, en raison des dissensions internes du groupe surréaliste, ne vit pas le jour comme prévu. Près de cinquante ans plus tard, nous reprenons le titre : ce même titre éternellement moderne, comme une expression de notre fin de siècle, où les écrivains et les artistes devraient s'unir pour chercher la nouvelle gnose. Mais au fait, qu'est-ce que martinisme ? Ce pourrait être la toute première question posée par un surréaliste à un martiniste, question qui ne serait pas sans rappeler cette mise en demeure d'André Breton1 : "Rendez- nous compte, mais tout de suite, n'est- ce-pas, de ce que vous avez fait en route de l'interrogation majeure de l'être humain. D'où vient que vous nous passez des images d'Épinal retraçant l'histoire indifférente de vos rois et, en plus pâle encore, les tribulations de votre Sorbonne de malheur ? Assez d'histoire élémentaire, que nous cachez-vous ? Le gnosticisme, en mauvaise part, c'est encore aujourd'hui si vite dit. N'allons pas même si loin, vous avez résolu de nous émouvoir au sort d'André Chénier : pas sensibles. Ce qui nous intéresserait dans le même temps est de savoir d'où venait et où allait Martines de Pasqually. Plus près encore, nous vous voyons bien vous étendre sur Renan : Pourquoi êtes- vous muet sur Saint-Yves d'Alveydre ? Assez de fariboles". Pour répondre, laissons la parole à Robert Amadou2, Supérieur Inconnu s'il en est : 1 La lampe dans l'horloge, Paris, Robert Marin, 1948, p. 57-58. 2 Robert Amadou est le grand spécialiste universitaire du martinisme et de Louis-Claude de Saint-Martin, dont il a permis la réédition des oeuvres majeures et la publication de nombreux inédits. Il fonda en 1992 le Centre International de Recherches et d'Études Martinistes, BP 08, 58130 Guérigny, qui publie la revue L'Esprit des Choses. NOTE SUR MARTINISME ET SURREALISME 12/07/05 - 2/6 - Note sur Martinisme et surréalisme "Le terme de martinisme recouvre diverses significations : 1- Martinisme désigne en premier lieu le système de théosophie composé par Louis-Claude de Saint-Martin3 et exposé dans ses ouvrages. Un martiniste, une martiniste est celui, celle qui reçoit ce système afin de l'étudier et de le pratiquer. 2- Martinisme désigne la doctrine de Martines de Pasqually4, et les "martinistes" deviennent alors, en corollaire, des Elus Cohen. La juxtaposition de ce sens au sens précédent s'explique notamment par l'homonymie partielle de "Saint-Martin" et de "Martines", et par les liens personnels, doctrinaux, et sociaux, tant imaginaires que réels, des deux illuminés. En ce deuxième sens, "martinésisme" et "martinésiste" interdisent l'équivoque. 3- Martinisme désigne l'Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte et, plus généralement le Rite Ecossais Rectifié5, et "martiniste" désigne le membre de ces organisations, parce que Willermoz avait placé celles-ci dans la mouvance du martinisme et que nombreux furent, autour de Willermoz 3 Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803), dit le Philosophe Inconnu, théosophe et grand écrivain maçonnique. 4 Martines de Pasqually (1727 -1774 ) fonda l'Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coens de l'Univers. Sa doctrine se trouve exprimée dans son Traité sur la Réintégration des Etres, dernière édition complète, présentée par Robert Amadou, 1995, Diffusion Rosicrucienne. 5 L'un des principaux rites maçonniques, et sans doute le plus cohérent de tous, intégrant l'Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte fondé par Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824) à partir du système de la Stricte Observance Templière. et à commencer par lui, les Elus Cohen qui y appartinrent. 4- Martinisme désigne l'Ordre Martiniste de Papus6 ou l'un des Ordres martinistes dérivés de celui-ci. "Martiniste" sera alors le membre d'un Ordre martiniste. Ce sens s'explique formellement par le qualificatif même que les Ordres soi-disant martinistes ont choisi et, au fond, parce qu'ils se réclament de Saint-Martin et revendiquent soit obscurément (Papus) soit expressément (Bricaud) une filiation Cohen." Nous ne nous étendrons pas ici sur l'histoire, riche et complexe, du martinisme, en franc-maçonnerie ou hors franc-maçonnerie, le lecteur intéressé pourra se référer aux nombreux ouvrages traitant du sujet et aux revues L'Initiation et L'Esprit des Choses, spécialisées dans le domaine du martinisme et de la F:.M:., nous préférons traiter succinctement du martinisme aujourd'hui. Grâce au travail de nombreuses personnalités de la scène maçonnique et occultiste, parmi lesquelles Philippe Encausse, le fils de Papus (pseudonyme de Gérard Encausse), Robert Ambelain, Robert Amadou, ou encore Raymond Bernard, chacun à leur manière, le martinisme est florissant, en France d'abord, en Europe ensuite, dans le monde enfin. Il est florissant tant au sein de la franc-maçonnerie avec le Régime Ecossais Rectifié, que dans les 6 ) De son vrai nom Gérard Encausse ( 1860-1916 ), fondateur avec Stanislas de Guaïta de l'Ordre Martiniste et de l'Ordre Kabbalistique de la Rose- Croix. NOTE SUR MARTINISME ET SURREALISME 12/07/05 - 3/6 - Note sur Martinisme et surréalisme cénacles hermétistes et occultistes où le martinisme demeure un véhicule privilégié de la gnose, qu'à l'Université où il devient sujet de mémoires et de thèses7. L'influence de Saint-Martin va grandissante depuis deux siècles, et témoigne d'une aspiration à un christianisme traditionnel qui reste largement méconnu. Ce courant théosophique à deux têtes, Martines de Pasqually et Louis- Claude de Saint-Martin, a généré deux corps spirituels, l'un que l'on dit externe, l'autre que l'on dit interne, et que certains opposent parfois, bien à tort. Avec Martines de Pasqually en effet, c'est par une théurgie très élaborée que le prêtre élu se concilie anges et archanges en vue de sa Réintégration en la place qui est la sienne. Avec Saint-Martin, c'est par une théurgie intériorisée et un dépouillement visant à l'extrême que, Christ aidant, l'homme de désir devient l'homme-esprit. De ces deux corps, c'est le second qui s'est le plus étendu, sans jamais se séparer complètement, ni définitivement du premier. Mais si les formes semblent si différentes aux yeux profanes, c'est bien de la même ascèse qu'il s'agit, ascèse christique ou christienne, diraient ceux qui veulent marquer ainsi la différence entre le christianisme exotérique si critiqué et critiquable et le christianisme ésotérique, on parlera parfois, improprement d'hermétisme chrétien, 7 Robert Amadou a réussi à faire entrer Saint- Martin dans le corpus des oeuvres de philosophie en langue française de chez Fayard avec le titre Controverse avec Garat, précédée d'autres écrits philosophiques. mais cette dernière expression exprime toutefois parfaitement ce qu'est le martinisme aujourd'hui, on parlera mieux sans doute, de gnose chrétienne. Le martinisme contemporain se présente comme un espace traditionnel qui offre au chercheur la liberté et la flexibilité nécessaires à l'Aventure que représente la Quête inconditionnelle de l'Etre. Bien des martinistes s'intéressent peu à Martines et à Saint- Martin, mais ils trouvent dans les loges martinistes la liberté, l'ouverture d'esprit que depuis bien longtemps, la franc-maçonnerie ne sait plus offrir qu'exceptionnellement. D'un ordre martiniste à l'autre, d'un rituel à un autre, le martiniste retrouve toujours cette ambiance propre au martinisme, et, de façon surprenante, cette présence indicible et indéfinissable, qui par les mystères du S et du I, les deux initiales de Supérieur Inconnu, manifeste la Chose. La Chose nous dit Robert Amadou, c'est la grande affaire des Élus Coëns, "...il n'en est point de définition et les contextes où la chose est mentionnée sont assez divers pour contraindre cette définition à l'équivoque. Le mot chose est français, mais ne revêtirait-il pas en l'occurrence, la double acception qu'induit la proximité phonétique des deux mots de la langue castillane (dont le parler de Martines se souvient de temps en temps) : cosa et causa. la chose martinésienne est bien la cause à la fois finale et efficiente de l'entreprise gérée par Martines et ses émules, grands et petits, où ils s'emploient à la réconciliation et à la réintégration. Elle est la cause à la fois finale et efficiente NOTE SUR MARTINISME ET SURREALISME 12/07/05 - 4/6 - Note sur Martinisme et surréalisme de la réconciliation et de la réintégration." Le martinisme tient probablement sa vivacité à deux éléments, d'une part la maçonnisation de ses rituels a permis d'assurer sa pérennité et son extension, préservant sa doctrine dans une structure déjà chargée d'histoire et apte à intégrer et préserver uploads/Religion/ note-sur-martinisme-et-surrealisme.pdf
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- Publié le Oct 27, 2021
- Catégorie Religion
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