OEUVRES COMPLÈTES DE SAINT BERNARD Traduction Nouvelle Par M. l’Abbé CHARPENTIE

OEUVRES COMPLÈTES DE SAINT BERNARD Traduction Nouvelle Par M. l’Abbé CHARPENTIER DOCTEUR EN THÉOLOGIE TOME PREMIER PARIS LIBRAIRIE DE LOUIS VIVÈS, ÉDITEUR 9, Rue Delambre, 9 1865 OEUVRES COMPLÈTES DE SAINT BERNARD A SA SAINTETÉ LE PAPE ALEXANDRE VIII. PRÉFACE GÉNERALE DE LA NOUVELLE ÉDITION DES OEUVRES DE SAINT BERNARD. § I. — Des différentes éditions des oeuvres de saint Bernard : causes, motifs, avantages et utilité de cette nouvelle édition. § II — Science et sainteté de saint Bernard, son autorité dans l'Église. § III. — Avec quels succès saint Bernard travaille à la réforme des mœurs du clergé, des religieux et des simples fidèles. § IV. — Saint Bernard met fin au schisme d'Anaclet. § V. — Saint Bernard réfute les erreurs de Pierre Abélard et de Gilbert de la Porrée. § VI. — Des Henriciens et de quelques autres hérétiques dont saint Bernard réfuta les doctrines. § VII. — De la croisade prêchée par saint Bernard et de la malheureuse issue de cette expédition. A SA SAINTETÉ LE PAPE ALEXANDRE VIII. TRÈS SAINT PÈRE, Nous venons avec une profonde vénération et une pleine confiance nous prosterner aux pieds de Votre Sainteté, où nous appelle votre dignité autant que nous y attire votre bienveillance. Vous ôtes au rang suprême et néanmoins le père de tous. Nous vous retrouvons aujourd'hui ce que vous fûtes autrefois, toujours naturellement d'un accès facile et affable, tel que tant de fois nous l'avons éprouvé dans vos paroles et dans vos actions. Quand Votre Grandeur descend ainsi jusqu'à nous, pourquoi, de notre côté, hésiterions-nous à nous élever jusqu'à elle, pour saluer les commencements de votre pontificat par l'assurance publique de notre dévouement et par le témoignage de la reconnaissance nous appelle votre dignité autant que nous y attire votre bienveillance. Vous êtes au rang suprême et néanmoins le père de tous. Nous vous retrouvons aujourd'hui ce que vous fûtes autrefois, toujours naturellement d'un accès facile et affable, tel que tant de fois nous l'avons éprouvé dans vos paroles et dans vos actions. Quand Voire Grandeur descend ainsi jusqu'à nous, 1 pourquoi, de notre côté, hésiterions-nous à nous élever jusqu'à elle, pour saluer les commencements de votre pontificat par l'assurance publique de notre dévouement et par le témoignage de la reconnaissance que nous inspirent les faveurs dont vous nous honorez et la bienveillance dont notre communauté ne cesse de ressentir les effets ? Nous cherchions dans notre esprit le moyen de nous acquitter de ce devoir, quand saint Bernard, le grand abbé de Clairvaux, s'est présenté à nos yeux, au sortir de nos presses, et nous a demandé, comme une grâce, de revoir le jour sous les auspices de Votre Sainteté. Vous le voyez; ce n'est plus ce moine plein de mépris et de dédain pour les dignités et les grandeurs ; il aspire aujourd'hui à s'élever jusqu'à Vous, non pour diminuer, mais pour augmenter le poids et le prestige de votre autorité ; il veut entrer en partage avec Vous des soins et des soucis de la charge pastorale et, mettre sa science et ses lumières à votre service. Votre Sainteté n'a pas à craindre de partager avec ce docteur éminent et renommé, la mission d'enseigner et d'instruire, car je ne connais personne qui ait mieux pensé et mieux mérité du saint Siège ; il a constamment à la bouche, en parlant du souverain Pontife, les noms les plus magnifiques. Il se plait en effet à l'appeler (S. Bernard, liv. II de la Considér., c. VIII ; liv. IV, c. VII; et liv. II, c. I) le prince des Évêques, le successeur des apôtres, un second Pierre par le pouvoir qui lui a été donné, un autre Christ par l'onction qu'il a reçue ; il aime à le proclamer le soutien de la vérité, le défenseur de la foi, le refuge des opprimés, le vengeur des crimes, le père des rois, l'interprète des lois, le dispensateur des canons, et, pour tout dire en un mot, le vicaire du Christ et l'oint du Seigneur ; enfin il vous reconnaît un pouvoir si étendu, qu'il pense qu'on ne saurait trouver en ce monde une seule chose qui échappe à vos soins et à votre sollicitude. La divine Providence vous a, très-saint Père, merveilleusement formé pour supporter un pareil fardeau ; avec une intelligence aussi prompte et facile qu'étendue et élevée, elle vous a donné un jugement exquis, une prudence incroyable et une rare sagacité : une longue habitude des affaires est venue ensuite perfectionner ces dispositions naturelles ; car vous avez passé par tous les degrés de l'administration , et vous n'êtes parvenu aux charges les plus élevées qu'en vous y frayant la voie par votre propre mérite. Toujours calme et maître de vous-même dans les emplois de la vie publique, on vous trouve aussi plein d'aptitude et d'activité pour le travail de cabinet. Vous ôtes tellement à l'aise au milieu des affaires dont le poids fait ordinairement gémir tous les autres, qu'il semble que vous vous en occupiez à peine lors môme que vous vous en réservez toute la charge. Bien différent de ceux auxquels le nombre des années inspire le plus souvent l'amour du calme et du repos, on vous voit, en avançant en âge, aimer de moins en moins à suspendre vos occupations et vos travaux, pour lesquels il semble au contraire que votre ardeur et votre aptitude grandissent à mesure que vos années augmentent. Ce n'est môme pas assez pour vous de la longueur du jour, vous aimez encore à prendre sur le repos de la nuit pour satisfaire aux besoins de votre correspondance. Il y a tant et de si grandes choses à faire, à notre époque, qu'on ne saurait travailler avec trop d'ardeur et d'activité. Aussi pensez-vous, avec saint Bernard, qu'il n'est pas permis de songer au repos tant qu'on sent peser sur ses épaules le poids du gouvernement de l'Eglise entière. Voilà comment, vous nous apprenez, par votre exemple, ce qu'il faut penser du vieux proverbe qui condamne à se reposer quiconque a dépassé la soixantaine (Pline, liv. IV, épît. XXIII) . Quoique vous joigniez, comme vous le faites, très-saint Père, aux dons de la nature et à ceux de la grâce l'expérience des affaires et le souverain pouvoir, vous aimez néanmoins à vous entourer des lumières des autres avant d'agir; vous l'avez montré d'une manière aussi éclatante que digne de vous quand vous avez donné aux cardinaux 2 l'assurance que, dans le gouvernement de l'Eglise, vous ne décideriez et ne feriez jamais rien sans prendre leur avis ; si Votre Sainteté veut, à ces saints et vénérables conseillers, en ajouter un d'une prudence et d'une expérience consommées, qu'elle prenne saint Bernard ; Elle n'en trouvera jamais un plus capable et plus incorruptible. Rien que ses livres de la Considération mériteraient d'être conservés dans un coffre, de bois de cèdre; ils sont tellement remplis d'oracles dictés par la sagesse, qu'on dirait, en les lisant, que le Saint- Esprit les a inspirés à son auteur, non-seulement pour éclairer les souverains pontifes, mais encore pour servir de règle à l'Eglise tout entière. Vos saints prédécesseurs semblent bien l'avoir compris ainsi; car, sans parler du pape Eugène III, pour qui saint Bernard les a écrits, on peut citer Pie V et Grégoire XIII, qui se plurent à montrer toute leur estime pour cet ouvrage en se le faisant lire pendant leurs repas. Il n'est personne qui ne puisse apprendre dans les pages de ce livre et dans les autres écrits de notre saint Docteur ce qu'on doit faire et ce qu'on doit éviter; depuis les rangs les plus humbles dé la hiérarchie, jusqu'aux évêques et aux cardinaux eux-mêmes, tous peuvent s'instruire de leurs devoirs à son école. Il donne aux rois et aux grands du monde des règles et des préceptes sur le gouvernement des peuples, en même temps qu'il enseigne aux nobles et aux roturiers les devoirs de la vie chrétienne selon la place qu'ils occupent dans le monde (liv. III de la Considér., chap. I et chap. V). A sa voix, si vous le voulez, les fidèles apprendront à se soumettre aux simples membres du clergé comme il faut que ce soif, ceux-ci aux prêtres et ces derniers à Dieu ; on verra l'ordre et la régularité fleurir dans les monastères et dans toutes les maisons religieuses ; les censures ecclésiastiques destinées à réprimer les mauvaises moeurs et les doctrines perverses recouvreront leur entière vigueur ; enfin vos décisions et vos décrets apostoliques seront reçus et observés avec le respect qui leur convient. Vous le verrez convertir les incrédules à la foi, ramener dans le bon chemin ceux qui s'en écartent, et dans la voie de la vérité ceux qui s'en sont éloignés. Vous l'entendrez confondre les hommes qui répandent l’erreur, par des raisons si péremptoires, qu'il les mettra dans l'impossibilité de nuire davantage, et qu'il les forcerait même à se rétracter, si la chose était possible. A l'école d'un pareil maître, on désapprendra l’ambition et la cupidité, et on uploads/Religion/ obras-completas-de-sao-bernardo-de-claraval-oeuvres-completes-de-saint-bernard.pdf

  • 19
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Jan 27, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
  • Taille du fichier 1.5603MB