École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses Le Kitâb Kha
École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses Le Kitâb Khatm al-awliyâ (Le Sceau des Awliyâ) d'Al-Ḥakîm Al- Tirmidhî (ob 285/898) Othmān Yahya Citer ce document / Cite this document : Yahya Othmān. Le Kitâb Khatm al-awliyâ (Le Sceau des Awliyâ) d'Al-Ḥakîm Al-Tirmidhî (ob 285/898). In: École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire 1960-1961. 1959. pp. 143-148. doi : 10.3406/ephe.1959.18895 http://www.persee.fr/doc/ephe_0000-0002_1959_num_72_68_18895 Document généré le 24/09/2015 LE KITÂB KHATM AL-AWLIYÂ (Le Sceau des Awliyâ) D'AL-HAKÎM AL-TIRMIDHÎ (06 285/898) par Othmân YAHYA L'ouvrage intitulé « Le Sceau des Awliyâ », du célèbre mystique du Khorassan al-Hakîm al-Tirmidhî, est considéré à juste1 titre comme une œuvre originale et qui compte parmi les tout premiers monuments de la littérature • mystique de l'Islam. Ce livre développe la question fondamentale de la réalisation spirituelle selon ses deux modes distincts : le sidq et la minna (l'effort humain sincère et l'action de la grâce). L'auteur expose cette idée- maîtresse à l'aide de toutes ses connaissances d'ordre à la fois psychologique, théologique et métaphysique. Par la même occasion sont évoqués plusieurs problèmes ayant trait à la mystique : la science des awliyâ et ses liens avec la science profane, le facteur-temps et son rôle dans l'expérience spirituelle, la nature de la walâyat et celle de la prophétie, leurs rapports mutuels, la distinction entre- contemplation et action, la récompense des actes et celle de la progression des cœurs, etc. Dans son avant-propos, l'auteur fixe lui-même les limites et le champ de son exposé : répondre aux trois questions que lui a posées un de ses disciples, à savoir: Qu'est-ce que la walâyat? — Quel doit être le comportement du croyant en face des demeures des awliyâ? — Enfin, la walâyat est-elle connue ou non de ceux qui la détiennent?. Dans son ensemble, l'ouvrage se présente sous la forme, fréquente dans la littérature mystique de l'époque, de dialogues entre le maître et le disciple. Ces entretiens se déroulent sans ordre de succession dans les matières. L'auteur n'ayant pas fait de chapitres ni dressé de tableau général des matières traitées, on trouve de nombreuses répétitions dans l'exposé d'où une impression de confusion. L'expérience spirituelle et ses différents modes : La réalisation mystique, thème essentiel du Khatm al-awliyâ, s'opère, d'après al-Hakîm at-Tirmidhî, selon deux modes nettement distincts.: le mode basé sur la règle du sidq et le mode basé sur l'action de la grâce (al-minna). La distinction ainsi établie correspond à la nature même et au- but envisagé par chacun de ces deux modes de vie' spirituelle qui tous deux prennent rang dans la hiérarchie des degrés de la sphère de la- walâyat. Les termes qui définissent les — 144 — multiples états de la' réalisation/ spirituelle revêtent sous la plume de Tirmidhî une grande précision qui révèle l'expérience vécue, l'expérience d'un fini psychologue et d'un- méthaphysicien. Le walî selon la loi d'Allah {walî haqq Allah), c'est celui- qui suit. la règle du sidq. La règle du sidq se réalise en deux opérations complémentaires. Tout d'abord, l'aspirant dans cette voie, prenant conscience du sens de sa vie d'être humain, de sa destinée, impose à ses membres la stricte - observance des rites. C'est la phase préliminaire qui- consiste en- l'accomplissement parfait. et scrupuleux dés. commandements de la Loi établie. A cette phase succède l'opération intérieure qui- consiste uniquement à surveiller et à redresser l'âme individuelle, pivot de la règle du s idq.. Tirmidhî nous décrit la lutte déchirante et dramatique que l'homme spirituel doit entreprendre contre son âme charnelle en vue de tuer ses désirs passionnels et ses inclinations. Pour comprendre le sens de cette lutte et son ampleur, il faut avoir à l'esprit la notion malâmatî sur l'âme humaine. Pour Tirmidhî" comme pour le malâmatî, l'âme charnelle1 est le principe du s mal, la source de toutes les déviations. C'est pourquoi l'homme spirituel devra mener' contre elle une lutte sans merci et extirper jusqu'à la racine les passions qu'elle suscite. Surveillance des membres extérieurs, maîtrise de l'être intérieur, ce sont les deux opérations successives qui illustrent la1 lutte du corps et de l'esprit en vue de la restauration» d'une harmonie détruite dans la multiplicité de la vie courante. Le but final vers lequel tend le iéalinteur du sidq- est l'accomplissement de son individualité et de son salut personnel. En termes religieux, c'est la conformité aux obligations du culte ici-bas en échange de l'état paradisiaque dans l'au-delà. L'expérience spirituelle basée sur l'action de la grâce repose elle aussi sur la maîtrise des membres et de l'âme passionnelle, mais la perspective est différente. Certes, l'être touché par la grâce est plus qu'aucun autre conscient de la nécessité, de purifier son être intérieur et de maîtriser ses membres. Au fur et à mesure que la grâce irradie l'être de sa lumière; l'être répond par une purification plus grande de son âme, par une conscience plus profonde de ses devoirs, par un effort plus ardent de sincérité, précisément pour être digne de porter le dépôt divin etrefléter la Lumière du Ciel.. Mais, tandis que l'être du sidq est écrasé sous le poids de la lutte à mener contre son âme charnelle et tout absorbé par les observances qu'il doit accomplir, l'être touché par la grâce se libère de ses liens corporels et voit sa tâche facilitée.. Alors que l'être du sidq est en quelque sorte déterminé par ses dimensions individuelles — qu'il ne parvient — 145 — pas à dépasser — l'être de la grâce s'envole hors des limites de son individualité et atteint la délivrance totale. Les êtres du sidq sont les ouvriers de la vie spirituelle. Ils visent la récompense immédiate et le profit, et sont tout absorbés dans l'action. Ils n'ont point accès à la contemplation pure. Ils ne sauraient en aucune manière dépasser les limites de l'individualité, car ils n'aspirent dans l'au-delà- qu'à atteindre l'état paradisiaque. Au contraire, les êtres touchés par la grâce sont appelés les Libres, les Nobles. Leur but, c'est la délivrance totale, le dépassement de la condition individuelle. Leur aspiration est orientée vers Dieu seul et ils dédaignent la récompense, dans l'au-delà, de délices paradisiaques. Et sur la terre ils vivent déjà dans le vaste champ du tawhid et au fond de leur cœur réside le Trône seigneurial. Pour Tirmidhî, l'être du sidq ne peut échapper totalement à l'emprise de son âme individuelle. Il se peut cependant qu'il parvienne à se détacher des plaisirs du péché mais il ne parviendra jamais à effacer de son âme les douceurs du culte. Or, les douceurs du culte, tout comme les plaisirs des péchés, sont la manifestation concrète de la> présence de l'âme individuelle. L'ego se refuse à mourir et il exerce son autorité subtilement et d'une façon indirecte. Aussi, déclare notre Shaykh, l'homme du sidq, même s'il parvient, à un certain degré de perfection spirituelle, n'est pas à l'abri de l'influence de son âme charnelle. H* reste soumis à ses tentations et à sa traîtrise.. Si l'être favorisé par la grâce parvient effectivement à se libérer de son âme, c'est qu'une force supérieure, celle du- Tout-Puissant, s'oppose à, la force de son ego. L'expérience de l'être de la grâce se différencie de celle de l'être du sidq en ce sens qu'il parvient à vivre ici-bas, intégralement, toutes les possibilités de l'Existence, non par son propre effort mais par Dieu. Tirmidhî, à cet égard, commente merveilleusement le célèbre hadîth récité et médité par tant de maîtres spirituels en Islam : « Et lorsque j'aime mon fidèle, Je suis l'œil par lequel il voit, L'ouïe par laquelle il entend, La main par laquelle il palpe, Le cœur par lequel il médite. C'est par moi qu'il voit, Par moi qu'il entend, Par moi qu'il palpe, Par moi qu'il médite. » J. U. 0G29W. 5 * — 146 — C'est donc en quelque sorte un acte d'identification de l'être avec Dieu ou, plus exactement, un acte de transcendance de l'être par le Principe. Sa vie devient ainsi l'expression de l'Amour, de la Foi, de la Connaissance. Tirmidhî, en exposant les modalités de l'expérience spirituelle, se réfère à un- thème métaphysique et théologique d'une grande valeur, à savoir que c'est par les Noms et les Attributs divins que s'établissent les relations entre Dieu et la créature. Ces relations salvatrices s'opèrent aussi bien au niveau de la simple formulation de la foi qu'au niveau de l'identité suprême : « Allah ne s'est-il pas manifesté à ses élites sous la forme de ses Noms et de ses Attributs afin qu'ils participent à (sa gloire)? L'ensemble des croyants ont leur part des Attributs par la foi". Mais les Justes et l'ensemble des Awliyâ- Rapprochés participent aux Attributs par la dilatation de leur poitrine. La connaissance des Attributs brille dans leur poitrine, chacun selon- sa capacité et la part de lumière qui est dans son cœur. Seuls les Commensaux, qui constituent l'élite des awliya (s'identifient aux Attributs) par un acte de contemplation, au point que les lumières célestes irradient et leur cœur et leur poitrine. » Walâyat et Prophétie. La walâyat est à uploads/Religion/ othma-n-yahya-sceau-saintete-tirmidit.pdf
Documents similaires










-
63
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 25, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
- Taille du fichier 0.5018MB