2 Paulo COELHO Le pèlerin de Compostelle Flammarion Titre original : O DIARIO D
2 Paulo COELHO Le pèlerin de Compostelle Flammarion Titre original : O DIARIO DE UM MAGO « Cette édition est publiée avec l’accord de Sant Jordi Asociados, Agencia Literaria, S.L.U., Barcelone, Espagne. » © Paulo Coelho, 1987 (tous droits réservés) Pour la traduction française : © Éditions J'ai Lu, 2009 Dépôt légal : mars 2009 ISBN Epub : 9782081347595 ISBN PDF Web : 9782081347601 Le livre a été imprimé sous les références : ISBN : 9782081347595 Ouvrage composé et converti par Meta-systems (59100 Roubaix) Présentation de l'éditeur En 1986, Paulo Coelho entreprend le pèlerinage de Saint-Jacques-de- Compostelle, sur la route empruntée par des millions de croyants depuis le Moyen Âge. De ce voyage initiatique, dont il relate ici les étapes, l'homme est sorti transformé, convaincu que « l'extraordinaire se trouve sur le chemin des gens ordinaires ». Il restitue, dans un style simple et fluide, son aventure comme expérience universelle. Né à Rio de Janeiro en 1947, Paulo Coeho est l'un des écrivains les plus célèbres au monde. Tous ses romans, notamment L'Alchimiste, Véronika décide de mourir et Le Pèlerin de Compostelle, sont des best- sellers, traduits en quatre-vingts langues. 3 DU MÊME AUTEUR L'Alchimiste, Éditions Anne Carrière, 1994 Sur le bord de la rivière Piedra je me suis assise et j'ai pleuré, Éditions Anne Carrière, 1995 Le Pèlerin de Compostelle, Éditions Anne Carrière, 1996 La Cinquième Montagne, Éditions Anne Carrière, 1998 Manuel du guerrier de la lumière, Éditions Anne Carrière, 1998 Conversations avec Paolo Coelho, Éditions Anne Carrière, 1999 Le Démon et Mademoiselle Prym, Éditions Anne Carrière, 2001 Onze Minutes, Éditions Anne Carrière, 2003 Maktub, Éditions Anne Carrière, 2004 Le Zahir, Flammarion, 2005 Comme le fleuve qui coule, Flammarion, 2006 La Sorcière de Portobello, Flammarion, 2007 La Solitude du vainqueur, Flammarion, 2009 Brida, Flammarion, 2010 Aleph, Flammarion, 2011 Le Manuscrit retrouvé, Flammarion, 2013 Adultère, Flammarion, 2014 4 Le pèlerin de Compostelle Alors ils lui dirent : « Seigneur, voici deux épées. » Et Lui répondit : « C'est bien assez. » Luc, XXII, 38 2 Il y a dix ans, j'entrai dans une petite maison à Saint-Jean-Pied-de-Port, convaincu que je perdais mon temps. À cette époque, ma quête spirituelle était liée à l'idée qu'il existait des secrets, des chemins mystérieux, des gens capables de comprendre et de contrôler des choses défendues à la majorité des mortels. Ainsi, parcourir « le chemin des gens ordinaires » me semblait un projet sans intérêt. Une partie de ma génération – moi y compris – s'était laissé fasciner par les sectes, les sociétés secrètes et l'opinion selon laquelle ce qui est difficile et compliqué nous mène toujours à la compréhension du mystère de la vie. En 1974, j'ai dû le payer très cher. Tout de même, la peur passée, la fascination de l'occulte s'est installée dans ma vie. C'est pourquoi, lorsque mon maître m'a parlé du chemin de Saint-Jacques, j'ai trouvé l'idée de ce pèlerinage fatigante et inutile. J'en suis même venu à envisager d'abandonner RAM, une petite confrérie sans importance, fondée sur la transmission orale du langage symbolique. Lorsque, enfin, les circonstances m'ont poussé à réaliser ce que mon maître me demandait, j'ai décidé que ce serait à ma manière. Au début du pèlerinage, je cherchais à faire de Petrus le sorcier don Juan, personnage auquel recourt l'écrivain Carlos Castañeda pour expliquer son contact avec l'extraordinaire. Je croyais qu'avec un peu d'imagination je pourrais rendre agréable l'expérience du chemin de Saint-Jacques et remplacer le révélé par l'occulte, le simple par le complexe, le lumineux par le mystérieux. Mais Petrus a résisté chaque fois que j'ai tenté de le transformer en héros. Cela a rendu notre relation très difficile et, finalement, nous nous sommes séparés, sentant l'un et l'autre que cette intimité ne nous avait menés nulle part. Longtemps après cette séparation, j'ai compris ce que cette expérience m'avait apporté. Aujourd'hui, cette compréhension est ce que je possède de plus précieux : l'extraordinaire se trouve sur le chemin des gens ordinaires. Elle me permet de courir tous les risques pour aller au bout de ce en quoi je crois. C'est elle qui m'a donné le courage d'écrire mon premier livre, Le pèlerin de Compostelle. Elle m'a donné la force de lutter pour lui, même si l'on me disait qu'il était impossible pour un Brésilien de vivre de littérature. Elle m'a aidé à trouver la dignité et la persévérance dans le Bon Combat qu'il me faut engager chaque jour avec moi-même, si je veux continuer à parcourir « le chemin des gens ordinaires ». Je n'ai plus jamais vu mon guide. Quand le livre a été publié au Brésil, j'ai tenté de le contacter mais il ne m'a pas répondu. Lorsque la traduction 3 anglaise est parue, j'étais content à l'idée qu'il puisse enfin lire ma version de ce que nous avions vécu ensemble. J'ai tenté de nouveau de le joindre, mais il avait changé de numéro de téléphone. Dix ans plus tard, Le pèlerin de Compostelle est édité dans le pays où j'ai entrepris le voyage. C'est sur le sol français que j'ai vu Petrus pour la première fois. J'espère le rencontrer un jour, pour pouvoir lui dire : « Merci, je te dédie ce livre. » Paulo COELHO 4 PROLOGUE « Et que, devant le Visage sacré de RAM, tu touches de tes mains la Parole de vie, et reçoives une telle force que tu deviennes son témoin jusqu'aux confins de la Terre ! » Le Maître a levé ma nouvelle épée, sans la sortir de son fourreau. Les flammes ont crépité dans le feu, un présage favorable signifiant que le rituel devait continuer. Alors, je me suis baissé et, à mains nues, j'ai commencé à creuser la terre devant moi. C'était la nuit du 2 janvier 1986, et nous étions au sommet d'une montagne de la Serra do Mar, près de la formation appelée les Aiguilles noires. Outre mon Maître et moi, se trouvaient là ma femme, un de mes disciples, un guide local et un représentant de la grande confrérie qui réunissait les ordres ésotériques du monde entier, connue sous le nom de Tradition. Tous les cinq – y compris le guide, prévenu à l'avance de ce qui allait se produire – participaient à mon ordination comme Maître de l'ordre de RAM, une ancienne confrérie chrétienne fondée en 1492. J'avais creusé dans le sol un trou peu profond, mais large. Très solennellement, j'ai frappé la terre en prononçant les paroles rituelles. Ma femme s'est alors approchée. Elle m'a remis l'épée dont je m'étais servi pendant plus de dix ans et qui avait été mon auxiliaire durant tout ce temps. J'ai déposé l'épée dans le trou, puis je l'ai recouverte de terre et j'ai aplani le sol. Tandis que j'accomplissais ces gestes, me revenait le souvenir des épreuves que j'avais traversées, des choses que j'avais apprises et des phénomènes que j'étais capable de provoquer, simplement parce que j'avais avec moi cette épée si ancienne, ma grande amie. Maintenant, la terre allait la dévorer, le fer de sa lame et le bois de son manche allaient de nouveau nourrir le lieu d'où elle avait puisé tant de pouvoir. Le Maître s'est approché et il a placé ma nouvelle épée devant moi, au- dessus de l'endroit où j'avais enterré l'ancienne. Tous ont alors écarté les bras et le Maître a fait se former autour de nous une étrange lumière, qui n'éclairait pas mais qui était visible et donnait aux silhouettes une couleur différente du jaune projeté par le feu. Retirant de son fourreau sa propre épée, il en a touché mes épaules et ma tête, en disant : « Par le pouvoir et par l'amour de RAM, je te nomme Maître et chevalier de l'Ordre, aujourd'hui et pour les jours qu'il te reste à vivre. R pour Rigueur, A pour Amour, M pour Miséricorde ; R pour Regnum, A pour Agnus, M pour Mundi. Quand tu disposeras de ton épée, qu'elle ne reste jamais très longtemps dans son fourreau, parce qu'elle pourrait rouiller. Mais quand elle sortira 5 du fourreau, qu'elle n'y retourne jamais sans avoir auparavant accompli un bien, ouvert un chemin. » De la pointe de son épée, il m'a fait une légère blessure à la tête. Je n'avais plus alors besoin de me taire. Il ne m'était plus nécessaire de cacher ce dont j'étais capable, ni d'occulter les prodiges que j'avais appris à réaliser sur la voie de la Tradition. À partir de ce moment, j'étais un frère. J'ai tendu la main pour saisir ma nouvelle épée, faite d'acier inaltérable et de bois dont la terre ne se nourrit pas, au manche noir et rouge et au fourreau noir. Mais à l'instant où mes mains touchaient le fourreau et où je m'apprêtais à porter l'épée jusqu'à moi, le Maître a fait un pas en avant et il m'a marché sur les doigts avec une telle violence que j'ai hurlé de douleur et lâché l'épée. Je l'ai regardé sans comprendre. L'étrange lumière avait disparu et les flammes donnaient à son visage uploads/Religion/ paulo-coehlo-pelerin-compostelle.pdf
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- Publié le Fev 12, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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