- 1 - — le Pont, Novembre 2010 — - Novembre 2010 - Bulletin des Eglises Réformé
- 1 - — le Pont, Novembre 2010 — - Novembre 2010 - Bulletin des Eglises Réformées Evangéliques de Montauban, Saint Martial et Saint Antonin-Noble-Val. Editorial A quoi sert l’Eglise? «Je lis ma Bible, je prie le Seigneur, et cela me suffit…» C’est là plus qu’un début de réponse à cette déclaration bien dans l’air du temps. Ces propos désabusés, plusieurs fois entendus, couvrent souvent une aversion coupable pour tout engagement communautaire, mais traduisent parfois une déception véritable qui n’a pas été surmontée. Après une implication forte dans la vie de l’Eglise, tel frère ou telle sœur a été témoin, sinon victime, de tensions qui ont dégénéré en divisions. Pour se protéger, cette personne s’est retirée soit en quittant l’Eglise locale, soit en réduisant au minimum son implication spirituelle et émotionnelle. Pour justifier cet éloignement, elle met donc en question l’utilité de la communauté. Ce pragmatisme rejoint l’air du temps. Mais l’importance de l’Eglise se mesure-t- elle à son utilité ou à son efficacité? Une affaire d’amour A mon sens, la question de l’utilité de l’Eglise traduit une vision erronée de l’Eglise quand c’est la première question qui est posée à son endroit. Imagine-t-on des fiancés ou des conjoints s’interroger sur l’utilité de leur relation? Quand l’amour délaisse le langage de l’admiration, de l’envie de plaire et du don de soi pour emprunter celui des intérêts immédiats et de la seule utilité, ou il se meurt ou il n’a jamais réellement existé. Ce qui est significatif, c’est que la Bible compare fréquemment la relation entre Dieu et son peuple à l’amour entre un mari et sa femme. Le prophète Esaïe met, par exemple, ces mots dans la bouche du Seigneur: «Ton Dieu dit: Est-ce que quelqu’un peut vraiment rejeter la femme qu’il a choisie quand il était jeune? Je t’ai abandonnée très peu de temps. Mais, avec une grande tendresse, je veux te reprendre. » (Es 54.6-7, PDV) L’apôtre Paul, quant à lui, est si convaincu que l’amour conjugal est une parabole vivante des liens qui unissent le Christ à l’Eglise qu’après avoir parlé de l’amour entre époux (Ephésiens 5.31), il a cette conclusion: «ce mystère est grand, je dis cela par rapport à Christ et à l’Eglise» (v. 32). L’union conjugale est donc un modèle de l’union de l’Eglise avec et en Christ. Si à cela vous ajoutez que l’amour du Christ pour son Eglise est infiniment plus fort et plus parfait qu’aucun amour d’homme pour sa femme, alors vous comprenez que l’Eglise n’est pas une question d’utilité mais d’amour dans le sens le plus profond du terme. Et, à moins d’avoir perdu la flamme de votre amour, vous ne dites pas à celui qui vous a aimé au point de donner sa vie et qui vous précise tout au long des pages de sa révélation qu’il a fait de vous un peuple: «Une Eglise, mais à quoi ça sert?» Vous comprenez ce qu’il y a de déplacé et même d’inquiétant dans une interrogation aussi triviale. L’Eglise n’est pas d’abord le lieu d’un faire, mais d’un laisser faire, le lieu où nous sommes aimés par le Christ et où nous nous abandonnons à cet amour. Une invention redoutable Ceci dit, la question de l’utilité de l’Eglise n’est pas illégitime. Le tout est de savoir si nous sommes prêts à entendre la réponse qu’apporte l’Ecriture. Lorsque j’ai posé la question aux membres d’une communauté que je visitais, j’ai obtenu des réponses variées. Les uns m’ont dit que l’Eglise était là pour évangéliser; d’autres, pour enseigner la bonne doctrine; d’autres encore, pour adorer Dieu; et presque tous, pour leur faire du bien. Mais personne n’a pensé à indiquer qu’elle était aussi là pour les remettre en question, les former et les transformer. Ce à quoi je pense ici, c’est à ce que Paul dit quand il écrit: «le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré lui-même pour elle afin de la sanctifier après l’avoir purifiée par l’eau et la parole» (Ep 5.26). (…) Sans l’œuvre exigeante de l’Esprit en nos cœurs, sans accueil des autres avec leur richesse bienfaisante et - 2 - — le Pont, Novembre 2010 — Clin d’Œil A un carrefour d’une rue piétonnière, ils sont enlacés et pratiquent un bouche-à-bouche qui n’a rien de médical! Adolescents à peine sortis de l’enfance, il sont dans leur «bulle», tout à fait étrangers aux voitures qui peuvent traverser cet endroit, aux passants qui vont faisant leurs courses, indifférents eux aussi… Il dit bonjour à un Portugais qu’il connaît un peu, le croisant parfois sur son chemin: une conversation s’engage dans un français incompréhensible, déformé par l’accent étranger… Perplexe devant ces deux situations: témoin silencieux je fus: – comme j’aurais voulu pouvoir dire à ces jeunes l’amour défini dans 1Corinthiens 13 (à relire!), – comme j’aurais voulu pouvoir dire à cet homme la joie du salut en Jésus-Christ… mais je suis passée, allant mon chemin, moi aussi… leurs manies irritantes, sans apprentissage du pardon, il n’y a pas de vie d’Eglise qui vaille la peine – surtout d’Eglise digne de celui qui l’a aimée au point de donner sa vie pour elle. Comme le dit Rob Parsons, dont j’apprécie la lucidité et la qualité de l’écriture, «l’Eglise est une redoutable invention.» Un lieu d’espérance La sanctification, dont nous venons de parler, conduit à ajouter immédiatement qu’on ne peut réduire l’Eglise à la dimension présente. En effet, tout l’enjeu de cette transforma- tion coûteuse et de ces ajustements douloureux, c’est un ren- dez-vous divin à venir qui nous introduira à la félicité éternel- le: le Seigneur veut faire paraître devant lui une Eglise glo- rieuse, sainte et sans défaut (Ep 5.27). Cette perspective est propre à modifier toute notre vision présente. Ce qui est difficilement supportable quand nous n’en voyons pas la fin devient acceptable quand nous savons qu’une autre réalité nous attend. C’est toute la différence qu’il y a, par exemple, entre les douleurs d’une maladie incurable et celles d’un accouchement. Egalement intolérables, leur issue fait toute la différence. (…) Ce qui fait la différence, c’est l’absurdité qu’il y a à souffrir pour mourir et le sens qu’il y a à souffrir pour donner la vie. Ainsi, la vie de l’Egli- se, souvent décevante, parfois blessante, toujours exigeante, reste pleine de sens car elle est préparation à une réalité plus glorieuse, l’entrée dans la présence bénie et éternelle de notre Seigneur. Et ce sens a un nom en théologie, c’est l’espérance. Or, quel lieu par excellence où se nourrit, se chante, se proclame l’espérance, sinon l’Eglise? Vouloir réduire l’Eglise à sa seule utilité immédiate, c’est lui enlever une dimension vitale pour notre foi. Quand votre pasteur vous décevra, qu’un frère ou une sœur vous blessera, que votre Eglise vous paraîtra mal en point ou que l’épreuve vous donnera envie de la quitter, sou- venez-vous qu’elle ne vaut pas pour son utilité mais pour le prix que le Seigneur a payé pour la faire naître et la faire croî- tre. La fuir n’est pas une solution et, surtout, c’est oublier que le Seigneur ne vient pas seulement vous chercher vous seul avec votre Bible et votre piété, mais nous ensemble avec notre amour imparfait dont il se charge de gommer taches et rides pour que le banquet soit une vraie fête. Etienne Lhermenault (d’après Pour la Vérité, sept./oct. 2010) Paul, le mal aimé F aut-il qu’il ait été fidèle, si l’hostilité du monde et des faux frères est indice de fidélité! L’apôtre Paul, persécuté de son vivant, et malgré la part décisive qu’il a eue dans le façonnement du christianisme historique, reste la vic- time de l’hostilité sourde ou bien ouverte. Même souvent de ceux qui disent révérer Jésus! Pourquoi? La vivacité de la défense personnelle de Paul, les déclarations qui semblent orgueilleuses, irritent certains lecteurs. On oublie la situation : la guerre incessante que faisaient à l’apôtre ses adversaires. Mais la vraie raison n’est pas là. Ce qu’on reproche vraiment à Paul, c’est d’être si net, si précis, systématique de telle sorte qu’il n’est pas possible d’échapper à la chaîne de ses raisons, aux lignes si fermes qu’il trace. Avec Jésus, à cause du caractère énigmatique de la présentation qu’il devait faire de lui-même avant la Croix, à cause de l’usage abondant d’images et de paraboles, on peut dire une chose ou l’autre… du moins dans certaines limites. Avec Paul impossible! Si l’on ne veut pas de sa dénonciation si ferme de l’incapacité totale de l’homme à se sauver, si l’on ne veut pas de la netteté de son accent sur la rédemption objective accomplie par Jésus-Christ, il ne reste plus que le rejet. En réalité, il est vain d’opposer Jésus à Paul, non seulement parce que toute la cohésion du Nouveau Testament est en jeu, mais parce que l’enseignement de Jésus-Christ a la même rigueur que celui de l’apôtre. On peut noter à son crédit que même un Bultmann, chef de file d’une école qu’on s’accordera pour considérer comme nettement libérale, a reconnu que la grande différence entre Jésus et uploads/Religion/ pont-novembre-2010.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 11, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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