Échos d'Orient La première fête mariale en Orient et en Occident, l'Avent primi

Échos d'Orient La première fête mariale en Orient et en Occident, l'Avent primitif Martin Jugie Citer ce document / Cite this document : Jugie Martin. La première fête mariale en Orient et en Occident, l'Avent primitif. In: Échos d'Orient, tome 22, n°130, 1923. pp. 129-152; doi : https://doi.org/10.3406/rebyz.1923.4388 https://www.persee.fr/doc/rebyz_1146-9447_1923_num_22_130_4388 Fichier pdf généré le 14/04/2018 La première fete nie en Orient et en OccédI i'Avent primitif Dans un docte article sur la fête de l'Annonciation publié, il y aura bientôt vingt ans, dans le Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie (i), Dom Cabrol conjecturait, sur de sérieux indices, l'existence, en Occident, dès le ve siècle, d'une fête ou, tout au moins, d'un souvenir de l'Annonciation, aux environs de Noël. Il précisait même davantage et assignait à la fête présumée, en se basant sur le rite ambrosien, le dimanche avant le 25 décembre. Pour l'Orient, il ne trouvait pas de temoignagne certain de la fête du 25 mars, dite de VEvanghèlismos, avant le début du vne siècle; mais il émettait aussi l'hypothèse qu'une solennité de l'Annonciation devait se célébrer à Jérusalem, dès le ive siècle, à cause de la construction d'une basilique de l'Annonciation à Nazareth par sainte Hélène. Il signalait, pour appuyer la conjecture, une homélie de saint Proclus et une autre de Basile de Séleucie. Ces deux orateurs du ve siècle font allusion, le second surtout, au mystère de l'Annonciation. Quant à la date de cette fête orientale primitive, Dom Cabrol ne fournissait aucune indication. Peu de temps après la publication de l'article, c'est-à-dire en 1906, le R. P. S. Vailhé complétait et rectifiait ici même (2), pour ce qui regarde l'Orient, les conclusions du savant Bénédictin. Il faisait remarquer qu'antérieurement au vne siècle, c'est-à-dire vers 550, le mélode saint Romanos avait déjà une hymne, encore inédite, pour la fête de l'Évan- ghélismos. Il insistait avec raison sur ce fait que saint Proclus avait prononcé sa célèbre homélie contre Nestorius à une fête proprement mariale et bien distincte de Noël. Il signalait aussi que deux autres orateurs, en dehors de Proclus et de Basile de Séleucie, avaient, au ve siècle, composé des discours sur l'Annonciation de la Sainte Vierge, à savoir Hésychius et Chrysippe/tous deux de Jérusalem. Et à la fausse tradition rapportée par Nicéphore Calliste attribuant à sainte Hélène la construction d'une basilique de l'Annonciation à Nazareth, il substituait une hypothèse entourée d'une grande vraisemblance historique. (1) Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, article « Annonciation (Fête de Γ) », t. I, col. 2241-2255. (2) « Origines de la fête de l'Annonciation », dans les Echos d'Orient, t, IX (1906), p. 138-145. Échos d'Orient. — 26* année. — Λ*0 i3o. Avril-Juin iQ2 3. ÉCHOS D'ORIENT II rappelarit, d'après saint Epiphane, que le comte Joseph, Juif converti de Tibériade, avait reçu l'autorisation de Constantin de construire des églises chrétiennes, en Palestine, partout où ses anciens coreligionnaires s'y étaient opposés jusque-là. Or, Nazareth était l'une des villes où les Juifs ne toléraient pas la présence des chrétiens. Mais mon docte confrère s'avançait beaucoup, quand il voulait trouver en défaut le chroniqueur Théophane affirmant que le jour où Proclus prononça son homélie était un dimanche, et il se trompait en plaçant au 25 mars la fête mariale du ve siècle. Il ressort, en effet, de l'homélie d'Abraham d'Éphèse sur l'Annonciation, que nous avons publiée récemment (1), que la fête du 25 mars n'est pas antérieure à l'époque de Justinien, et qu'elle a dû s'établir dans l'Église byzantine aux environs de 530-550. Abraham, qui est un témoin autorisé, puisqu'il a vécu plusieurs années en Palestine, et qu'il a occupé le siège d'Ephèse, soit après 542, soit après 553, déclare positivement qu'aucun des anciens Pères n'a prononcé de discours, le jour de Y Evanghélismos , c'est-à-dire le 25 mars. Parmi ces Pères, il cite nommément Proclus, et à la manière dont il s'exprime, on voit qu'il se considère lui-même comme l'un des premiers orateurs de la fête du 25 mars. Il prend même la peine d'expliquer pourquoi les anciens Pères n'ont pas adopté cette solennité. C'est, dit-il, parce qu'il n'ont pas voulu heurter de front l'esprit de routine de certains, qui s'oppose d'instinct aux innovations les plus opportunes : témoin les Palestiniens et les Arabes qui, de nos jours encore, refusent de célébrer la fête de la naissance dé Jésus-Christ le 25 décembre. Noël au 25 décembre entraînait, en effet, logiquement, l'Annonciation au 25 mars. Dès la fia du ive siècle, la plus grande partie de l'Orient avait accepté la première fête; mais il fallut attendre un siècle et demi pour voir apparaître la seconde. Ce fait, désormais bien établi, n'en détruit pas un autre tout aussi certain, quoique jusqu'ici peu mis en lumière, à savoir l'existence, en Orient, d'une fête mariale proprement dite, non seulement après, mais même avant le concile d'Éphèse. De cette fête nous avons trouvé des indications nouvelles qui, si nous ne nous abusons, permettent d'affirmer ce qui suit : i° II a existé, en Orient, antérieurement au concile d'Ephèse, une fête de la Sainte Vierge, souvent désignée sous le nom de « Mémoire (1) Voir nos « Homélies mariales byzantines », dans la Patrologia Orientalis Graffin-Nau, t, XVI, fasc. III. LA PREMIÈRE FÊTE MARIALE EN ORIENT ET EN OCCIDENT I^I de sainte Marie » et ayant pour objet la maternité divine en général, et spécialement la conception virginale. 20 Cette fête a été très vraisemblablement l'unique fête mariale en Orient, jusqu'à l'époque de Justinten. y C'était une fête mobile, faisant partie d'une période liturgique préparatoire à la fête de Noël. Il est sûr qu'elle se célébrait un dimanche, et à peu près certain que c'était le dimanche avant Noël. 40 La même fête a existé aussi, au moins après le concile d'Éphèse, dans certaines contrées de l'Occident. y Parmi les autres éléments de l'Avent primitif, tant en Orient qu'en Occident, au moins à partir du concile d'Éphèse, se trouvait une fête de la conception et de la nativité de saint Jean-Baptiste, qui se célébrait le dimanche avant la fête mariale. Aux liturgistes de profession ces conclusions paraîtront sans doute, à première vue, fort téméraires. Qu'ils ne nous condamnent qu'après nous avoir entendu! Comjnençons par l'Orient, où l'on dit communément que l'Avent ne fut introduit que tardivement (1). I La première fête mariale et l'Avent primitif en Orient. Qu'il y eut une fête de la Sainte Vierge en Orient, antérieurement au concile d'Éphèse, c'est ce que prouve péremptoirement la célèbre homélie de saint Proclus dont nous avons déjà parlé. Les historiens s'accordent, en effet, à nous dire que cette homélie fut prononcée dans la grande église de Constantinople, à la demande et en présence de Nestorius, au moment où commençait à s'ouvrir la controverse sur la maternité divine. Théophane précise que ce fut un dimanche de la première année du patriarcat de Nestorius, patriarcat qui commença le 10 avril 428. S'il ne se trompe pas, nous pouvons ajouter que ce fut le dimanche avant la Noël de 428, comme il ressortira de ce que nous dirons tout à l'heure. Ce qui est absolument sûr, c'est que le discours fut débité avant le concile d'Éphèse. (1) A l'article « Avent » du Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie loc. cit., col. 3225, Dom Gabrol écrit : « Quant à l'Eglise orientale, il semble que' l'Avent n'y fut introduit qu'assez tard (sauf l'exception des nestoriens). » De son côté, Henri Kellner écrit dans son ouvrage : L'année ecclésiastique et les fêtes des saints dans leur évolution historique (traduction Bund, p. 219) : « Bien que l'Eglise grecque n'eût pas adopté la préparation liturgique de Noël, elle observe néanmoins le jeûne à partir du vin* siècle. » I32 ÉCHOS D'ORIENT II n'est pas moins certain qu'il le fut un jour de fête de la Sainte Vierge. Il ne faut point se laisser impressionner ici par le titre que porte l'homélie dans certains manuscrits : « Sur l'Incarnation de Notre-Seigneur Jésus-Christ. » Proclus parle, en effet, de l'Incarnation, et l'on peut dire qu'il ne parle que de cela; mais il en parle pour mettre en relief la maternité divine de Marie, pour montrer le bien- fondé de son titre de « Théotocos », que l'entourage de Nestorius commençait à lui contester. Au lieu de s'arrêter à un titre, qui n'est pas le seul (1), qu'on lise le texte. Les premiers mots mêmes signalent une solennité de la Vierge : Παρθενική πανήγυρις σήμερον τήν γλώτταν ήυ.ών, αοελφοί, προς εΟφημίαν καλεί (2). Et quelques lignes plus loin, nous lisons : « C'est la Vierge Marie, la sainte Théotocos, qui nous a convoqués ici en ce moment : συνεκάλεσε γαρ ή[λας νυν ενταύθα ή αγία Θεοτόκος Μαρία (3). Tillemont, dans une note, a eu bien raison d'écrire : « Je ne crois pas qu'on puisse douter que le discours célèbre de Procle sur l'Incarnation, prononcé en présepce de Nestorius, n'ait été fait en une fête de la Vierge. Le commencement « παρθενική πανήγυρις σήαερον », est, ce me semble, très formel pour cela, et je ne crois uploads/Religion/ rebyz-1146-9447-1923-num-22-130-4388 1 .pdf

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  • Publié le Nov 21, 2021
  • Catégorie Religion
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