1 LA RELIGION On observe une grande diversité des religions et pourtant la reli
1 LA RELIGION On observe une grande diversité des religions et pourtant la religion est un phénomène universel car présent dans toutes les sociétés en dépit du de la laïcisation et de l'athéisme* croissant des sociétés occidentales. Mais même dans ces dernières sociétés, certains aspects de la religiosité (de l’attitude religieuse) n’ont pas disparu : rituels liés aux fêtes qui célèbrent certains événements jugés importants dans la vie de l’homme (naissance, mariages, décès, réussites professionnelles, décès, etc) comme le note Mircea Eliade dans Le sacré et le profane. En outre, l'homme, parce qu'il est doté d'un inconscient pulsionnel générateur de crises existentielles serait, même athée, un terrain propice à la religion puisque celle-ci, imposant des interdits sacrés, serait selon Eliade une solution exemplaire à ces conflits. Alors, qu'est-ce que la religion? Toute religion dans la mesure où elle suppose la croyance en des choses sacrées accapare-t-elle la liberté de pensée du fidèle? Toute vie en société ne requiert-elle pas un minimum de religiosité à défaut de participer à une religion théiste ou non? La religion est-elle une invention des hommes? Cette question est-elle embarrassante pour toute religion? Quelques définitions. L'athéisme consiste à nier l'existence des divinités (theos en grec signifie dieu) L'agnosticisme consiste à affirmer l'impossibilité de se prononcer sur l'existence de dieu, faute de connaissance (gnosis en grec désigne la connaissance). Le déisme consiste en l'affirmation, hors de toute révélation religieuse, de l'existence d'un être suprême dont la nature et les propriétés restent inconnues. Le théisme consiste à affirmer l'existence d'un Dieu déterminé comme unique et personnel, distinct du monde, contrairement au panthéisme, et agissant sur lui. Le théisme se distingue principalement du déisme en ce qu'il affirme que la nature bonne et raisonnable de Dieu peut être reconnue est accessible. Les caractères des religions. Le mot « religion » emprunterait son étymologie au verbe latin religere qui signifie recueillir, rassembler de nouveau. Cette origine souligne l’intériorité de la foi, de la confiance (foi, fidélité et confiance viennent du latin fides, fidei) accordée à l’homme à des principes divins ou sacrés (dieux, ordre naturel, etc) c'est-à-dire supérieurs à la réalité profane humaine et transcendant celle-ci. Les récits mythiques et les dogmes religieux (c’est-à-dire les thèses posées comme indiscutables de la religion) donnent un sens à la réalité humaine à défaut de l’expliquer. Si aujourd'hui les sciences modernes expliquent bon nombre de mystères de la création, elles restent incapables de donner un sens à la réalité humaine et délèguent ce rôle à la philosophie ou aux idéologies. Notons que le divin peut apparaître comme une réalité dont le concept est exigé pour achever l’explication de la réalité. En effet, la réalité est déterminée par un enchaînement de causes et d’effets mais notre effort d’explication remonterait de cause en cause indéfiniment et le divin apparaît alors comme la possibilité d’un premier principe ou moteur de toutes choses (Aristote Métaphysique). Mais alors un tel dieu est considéré comme un dieu déduit ou même dont l’existence peut être démontrée (comme se propose de le faire Descartes dans ses Méditations Métaphysiques). Alors ce dieu n’est plus un objet de foi mais de savoir. Est-ce encore un dieu ? Tel est le reproche que Pascal adresse à Descartes : le vrai Dieu n'est pas l'être conceptualisé par les philosophes mais celui auquel s'adresse la foi. Une autre étymologie possible du mot « religion » serait religare qui en latin signifie relier et insiste sur l’idée que la religion unit l’homme à une divinité, relation qui peut être directe ou supposer des intermédiaires, les ministres du culte (prêtres, rabbins, imams qui organisent les rites d’accès à la divinité) ou sur l’idée que la religion unit les hommes entre eux par des rites. La religion structure aussi et puissamment les relations sociales entre les hommes. Ainsi la religion est à la fois un phénomène subjectif, un rapport de l’homme au sacré, par la foi et un phénomène objectif, les rites qui réunissent les hommes entre eux et conduisent les hommes vers la divinité par l’intermédiaire des ministres du culte. Cette distinction du sacré et du profane ainsi que l'union d'une communauté autour de ses choses sacrées constituent selon Emile Durkheim (dans Les formes élémentaires de la religion) les deux caractères fondamentaux de toute religion. 2 Notons ainsi que le sacré peut aussi bien être un dieu, un être personnel qu'un rocher, un arbre, un lieu, une parole, un geste, un rituel. Ainsi le bouddhisme est une religion sans Dieu, Bouddha, "l'éveillé" est un homme dont l'enseignement est considéré comme sacré. Remarquons qu’une secte, qui autrefois désignait une communauté religieuse quelle qu’elle soit, désigne aujourd’hui une communauté religieuse dans laquelle le ministre du culte accapare l’admiration due au dieu quand le ministre ne se substitue pas au dieu lui-même, qui pratique le prosélytisme et s’organise en secret. Ce secret ne vise pas seulement à permettre aux fidèles d’échapper aux persécutions mais a pour but de garantir l’autorité et les exigences du ministre face aux lois en vigueur dans une société. Pourquoi croire ? Les religions proposent des réponses aux angoisses des hommes devant leur finitude éprouvée à travers la conscience de la mort et leur fragilité devant la nature, devant les autres, les passions, etc. L’animisme ou le fétichisme, par exemple, dotent de passions semblables à celles des hommes les éléments naturels qui nous menacent et ceux qui sont susceptibles de nous servir. Les superstitions elles-mêmes représentent ce souhait de vouloir se prémunir contre les signes de menaces ou de vouloir se concilier des forces favorables à travers des objets fétiches par exemple. Notons que la superstition repose sur l’interprétation de faits ou d’objets considérés comme des signes. Elle ne se résout pas à l'explication rationnelle des faits. On comprend mieux alors pourquoi les sociétés qui bénéficient des retombées du progrès technologique pour repousser la mort, la maladie, la famine, la douleur connaissent un déclin des religions. Toutefois le progrès technique ne fait que repousser les limites de cette condition naturelle finie de l’homme sans les supprimer. D’autre part, le prix des techniques rend celles-ci inaccessibles à certaines populations. Cette inégalité n’est pas sans exciter des sentiments d'injustice et sert de prétexte pour alimenter les intégrismes. Enfin si les explications scientifiques démythifient les craintes en substituant aux menaces naturelles des explications sur la nécessité des phénomènes, l’absurde prend la place de la chance et de la malchance, de la Providence, de la mise à l’épreuve ou du châtiment. De plus le progrès technique et son exploitation au détriment de l’éthique (des personnes, de la nature, etc. cf. cours sur la technique) laissent craindre de nouvelles menaces dont l’homme est lui-même responsable. On comprend mieux alors aussi le succès contemporain de la recherche d’un sens de la vie (et de la mort) à travers les dogmes de certaines sectes tout comme les résurgences de certains intégrismes qui se fondent sur la répression des responsabilités humaines dans ces nouveaux maux et dans ces inégalités. Croire et savoir. La foi au-delà du savoir. La foi d’ailleurs se donne comme le secours donné à l’homme face à l’impuissance de sa connaissance. Alors dans la mesure où l’on ne peut démontrer ni l’existence ni l’inexistence de dieu (cf. Kant, Critique de la raison pure et sa critique de la preuve ontologique de l'existence de Dieu), il est acceptable, sans que ce soit nécessaire ni nécessairement souhaitable, de croire dans les limites des phénomènes dont la raison ne peut rendre compte par des explications. Par exemple, le déterminisme ou le principe de causalité ou de raison suffisante ne peuvent être démontrés ou expérimentés : il faudrait examiner toutes les causes possibles ou réelles. De même, il est difficile de remonter à une cause première de toute chose sans s'affranchir de l'existence du temps. Il semble alors que l'on soit pris dans l'alternative de l'existence d'une cause première extra-temporelle et créatrice du temps d'une part et d'une existence de la réalité de toute éternité, c'est-à-dire d'une éternité temporelle d'autre part. N.B.: Pour Kant, toutefois, ce ne peut être le sentiment qui serve de fondement à la fois mais l'exigence morale. En revanche, il apparaît illégitime et dangereux de croire en des dogmes qui contredisent ce que les sciences peuvent prouver avec certitude. On ne peut donc pas croire aveuglément et c’est certainement en ce sens que Platon interrogeait les oracles et cherchait à les vérifier. L'on ne pourrait donc croire que dans "les limites de la simple raison" (pour reprendre une expression de Kant et le titre d'une de ses oeuvres). 3 Or force est de constater que les intégrismes rejetant les effets néfastes du matérialisme tendent à rejeter du même coup et sans grand discernement les certitudes scientifiques acquises par la recherche de l’homme qui ose concurrencer les croyances religieuses et qui permettent ainsi les progrès de la technologie. L’impuissance et l’illégitimité du savoir dans la foi. Selon Pascal, la foi livre à l’homme une relation mystique à Dieu « sensible au cœur » (Pensées, 278) dont ne peut dispenser la connaissance humaine par uploads/Religion/ religion.pdf
Documents similaires










-
36
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 31, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
- Taille du fichier 0.1320MB