SAINT ODILON Abbé de Cluny SA VIE, SON TEMPS, SES ŒUVRES (962-1049) Par l'Abbé
SAINT ODILON Abbé de Cluny SA VIE, SON TEMPS, SES ŒUVRES (962-1049) Par l'Abbé P. JARDET Chanoine honoraire d'Autun, Aumônier des Religieuses de Saint-Joseph de Cluny. LYON IMPRIMERIE EMMANUEL VITTE 18, rue de la Quarantaine, 18. 1898 Sancta ergo et salubris est cogitatio pro defunctis exorare, ut a peccatis solvantur. « C'est une sainte et salutaire pensée de prier pour les morts, afin qu'ils soient délivrés de leurs péchés. » (II Machab., cap. XII, V. 46) 2 SAINT ODILON INTRODUCTION LISTE DES PRINCIPAUX DOCUMENTS CITES DANS CE LIVRE. CHAPITRE PREMIER NAISSANCE, ÉDUCATION ET VOCATION II III CHAPITRE II LES ORIGINES DE CLUNY CHAPITRE III NOVICIAT ET PROFESSION CHAPITRE IV ODILON ABBÉ DE CLUNY (994) I ODILON COADJUTEUR DE L'ABBÉ MAYEUL II ODILON, ABBÉ DE CLUNY CHAPITRE V LA RÈGLE BÉNÉDICTINE ET LES COUTUMES DE CLUNY I LA RÈGLE BÉNÉDICTINE II LES COUTUMES DE CLUNY CHAPITRE VI LA CONGRÉGATION CLUNISIENNE CHAPITRE VII CRISE DU MONASTÈRE (994) CHAPITRE VIII COMMENCEMENT DE RÉFORME (994-995) CHAPITRE IX LA RÉFORME MONASTIQUE (suite.) (995) CHAPITRE X ODILON EN ALSACE — Ier VOYAGE EN ITALIE (995-996) CHAPITRE XI 2e VOYAGE EN ITALIE — ODILON ET LE PAPE GRÉGOIRE V 3e VOYAGE EN ITALIE 998-999 CHAPITRE XII ODILON ET LES MONASTÈRES DE LA SUISSE (998) CHAPITRE XIII LA FETE DU 2 NOVEMBRE OU LA COMMEMORATION DES MORTS CHAPITRE XIV ODILON ET SAINTE ADELAÏDE. — VIE DE LA SAINTE IMPÉRATRICE CHAPITRE XV LE PAPE SYLVESTRE II — 4e VOYAGE EN Italie (999-1004) CHAPITRE XVI ODILON ET HENRI II, EMPEREUR D'ALLEMAGNE 5e VOYAGE EN Italie (1004-1007) CHAPITRE XVII NOUVELLE CRISE DU MONASTÈRE 6e VOYAGE EN Italie (1007-1014) CHAPITRE XVIII — ODILON ET LE CLERGÉ SÉCULIER CHAPITRE XIX — ORGANISATION DE CLUNY — VIE INTERIEURE 1 ORGANISATION DE CLUNY II - VIE INTÉRIEURE CHAPITRE XX — LES MOINES CLUNISIENS EN ITALIE ET EN ESPAGNE CHAPITRE XXI - LES CLUNISIENS EN LORRAINE ET EN ALLEMAGNE CHAPITRE XXII — ODILON ABBÉ DE LÉRINS. — 7° VOYAGE EN ITALIE. MORT DE BENOIT VIII ET D'HENRI II (1022-1024) CHAPITRE XXIII — Odilon a l'élection et au couronnement de Conrad II. — 8e voyage en Italie. (1024-1025) CHAPITRE XXIV — DÉMÊLÉS AVEC LES ÉVÊQUES DE MACON ET d'AUTUN — 1025- 1033) CHAPITRE XXV — ODILON AU COURONNEMENT D'HENRI Ier LA GRANDE FAMINE (1027-1033) CHAPITRE — XXVI — VIE DE SAINT MAYEUL CHAPITRE XXVII — LES LETTRES A CLUNY 3 I SERMONS, HYMNES ET POÉSIES, LETTRES II — ÉCRIVAINS III — ÉCOLES LE CISTERCIEN LE CLUNISTE CHAPITRE XXVIII — LES ARTS A CLUNY CHAPITRE XXIX — ODILON EST NOMME A L’ARCHEVECHE DE LYON, CASIMIR Ier, ROI DE POLOGNE, A CLUNY (1031 -1041) CHAPITRE XXX — LA PAIX ET LA TRÊVE DE DIEU CHAPITRE XXXI — ACCROISSEMENT DE CLUNY CHAPITRE XXXII — 9e ET DERNIER VOYAGE EN ITALIE. — ODILON ET LE PAPE CLÉMENT II. — HILDEBRAND A CLUNY (1047) CHAPITRE XXXIII — DERNIÈRES ANNÉES, MALADIE ET MORT D'ODILON (1047-1049) CHAPITRE XXXIV — PORTRAIT DE SAINT ODILON CHAPITRE XXXV — GLOIRE POSTHUME TABLE DES MATIERES 4 INTRODUCTION Plus de huit cents ans se sont écoulés depuis que saint Odilon de Cluny a quitté la terre; mais il est des liens que la mort ne peut rompre et des souvenirs que les siècles ne peuvent effacer. Au moment où le diocèse d'Autun, sur l'invitation de son illustre cardinal, s'apprête à célébrer solennellement, dans l’antique cité monacale de Cluny, le neuvième centenaire de l'établissement de la Commémoraison de tous les fidèles trépassés (1), il ne se peut que le grand et saint abbé à qui l'Eglise doit cette admirable et si bienfaisante institution reste plus longtemps enseveli dans l’oubli; car, en dehors de la famille monastique et de certaines églises particulières qui l'ont conservé dans leurs diptyques sacrés ou le célèbrent dans leurs offices liturgiques, qui de nos fours connaît le nom d Odilon de Cluny ? Nous avons pensé, maigre le très vif sentiment de notre insuffisance, que le moment était venu de remettre en lumière et de faire revivre cette grande figure monastique, l'une des plus pures gloires de nos annales religieuses, et de payer au saint abbé notre dette sacrée d'hommage et de gratitude. Ce que nous cherchons avant tout, c'est de ressusciter le culte de saint Odilon et de faire comprendre que si Dieu réclame nos hommages, il veut aussi que nous l'honorions en celui qu'il a couronné. Or, dirons-nous avec le savant et pieux abbé de Solesmes : « Le premier hommage que nous puissions rendre à Dieu dans ses saints, c'est de travailler à les connaître ; et l'un des grands malheurs du temps oit nous vivons, c'est que nous ne connaissons plus asse- les Saints. Le rationalisme protestant, déguisé sous le nom de Critique, a battu en brèche, durant près de deux siècles, la foi des fidèles de France, à l'endroit du culte des saints ; et un catholique sincère a souvent lieu d'être surpris autant que choqué de l'ignorance et des préjugés qui régnent à ce sujet chez des personnes zélées d'ailleurs pour les intérêts de la foi (2).» Puisse la Vie de saint Odilon que nous osons présenter au public contribuer à faire disparaître ce préjugé et ranimer sur notre vieille terre de Bourgogne l'antique piété envers le saint qui a embaumé l'Eglise du parfum des plus belles fleurs de sa charité à l'égard des vivants et des morts! Puisse sa mémoire susciter partout, mais principalement dans les cloîtres, de nombreux imitateurs qui, à l'exemple du saint abbé, soient des hommes de prière, de vertu et de sacrifice, des hommes qui soient la gloire de Dieu, l'honneur de l'Eglise et la bénédiction des peuples ! « Souvent, dit M. de Montalembert, en errant dans nos villes récrépies, ou dans nos campagnes dépeuplées de leurs anciens ornements, et d'où s'effacent chaque jour les monuments de la vie des dieux, la vue d'un débris qui a échappé aux dévastateurs, d'une statue couchée dans l'herbe, d'une porte cintrée, d'une rosace défoncée, vient éveiller l'imagination, la pensée en est frappée, non moins 1 Instruction pastorale sur la Prière pour les morts et le neuvième centenaire de l’établissement, par saint Odilon de Cluny, de la Commémoraison de tous les fidèles trépassés, par Son Eminence le cardinal Perraud, Autun, Dejussieu, 1898. 2 L'Année liturgique, l'Avent, p. 302, Paris, Oudin, 1887, édition in-18. 5 que les regards, on s'émeut, on se demande quel rôle ce fragment a pu jouer dans l'ensemble ; on se laisse entraîner involontairement à la réflexion, à l'étude : peu à peu l'édifice entier se relève aux yeux de l'âme, et, quand cette œuvre de reconstruction intérieure s'est accomplie, on voit l'abbaye, l'église, la cathédrale, se redresser dans toute sa noblesse, toute sa beauté ; on croit errer sous ses voûtes majestueuses, mêlé aux flots du peuple fidèle, au milieu des pompes symboliques et des ineffables harmonies du culte antique. » (1) Nous voudrions pouvoir faire partager cette illusion, et, par le grand saint dont nous allons retracer la vie, relever par la pensée cette célèbre abbaye de Cluny qui devint le centre d'une grande réforme monastique et la plus belle école de sainteté, de science et d'honneur chrétien qui existât alors dans tout l'univers. Mais avant de parler plus au long de saint Odilon de Cluny, de ses œuvres et du rôle magnifique qu'il a rempli dans la première moitié du onzième siècle, il convient de tracer une esquisse rapide de l'état du monde chrétien à cette époque où son nom occupe une place si vénérée. La longue et féconde carrière de saint Odilon de Cluny se place à la fin du dixième et dans la première moitié du onzième siècle, l'une des périodes les plus importantes de l'histoire de la société chrétienne. Le siècle qui précéda le onzième fut une de ces sombres époques qui mettent en question la vie et l'avenir des sociétés. Baronius, le père des Annales ecclésiastiques, l'a durement qualifié : « Siècle de fer, pour l'aspérité de ses mœurs et sa stérilité; siècle de plomb pour l’ignominie de ses désordres ; siècle d'obscurité, pour la rareté de ses écrivains (2). Si nous en croyons la plupart des historiens, le dixième siècle est l’époque la plus triste, la plus obscure et la plus déplorable de l’histoire de l’ère chrétienne. Le monde civilisé retomba de nouveau dans les ténèbres que la puissante main de Charlemagne s'était efforcée de dissiper. Les espérances que le neuvième siècle avait fait naître furent bientôt anéanties par la faiblesse des princes carlovingiens emportés par le torrent contre lequel ils n'essayèrent pas même de lutter. Tandis que des débris de leur trône se formaient des royaumes et des principautés nouvelles, ces nouveaux peuples furent en proie à des désordres et à des convulsions effroyables. On voyait déjà paraître une sorte de droit du plus fort auquel plus rien n'était sacré : les petits et les faibles sont sans ressources et sans protection contre la tyrannie des seigneurs ; les seigneurs, toujours en guerre les uns contre les autres, déchirent la terre pour se la partager; la uploads/Religion/ saint-odilon.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 07, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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