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m • L E C U L T E D E M A R I E M A D E L E I N E E N O C C I D E N T CAHIERS D'ARCHEOLOGIE E T . rD'HISTOIRE publies sous la direction de R E N E LOUIS Carrier n° 3 VICTOR SAXER DOCTEUR EN THEOLOGIE L E C U L T E D E M A R I E M A D E L E I N E E N O C C I D E N T d e s o r i g i n e s a la fin d u m o y e n § g e Preface d'Henri Irenee MARROU Professeur d'Histoire Ancienne du Christianisme a la Faculte des Lettres de I'Universite de Paris SIHLLTli AUXERRE Publications de la Societe des Fouilles Archeologiques et des Monuments Historiques de l'Yonne 11, rue des Moreaux PARIS Librairie CLAVREUIL, 37, rue Saint-Andre-des-Arts (&) 1959 C 7 2 < 7 . Z 3 . n C ' - ^ V HARVARD lUNIVERSITYl LIBRARY D E C 28 1959 P R E F A C E Le clerge seculier de I'Eglise de France s'honore d'une longue et brillante lignee d'historiens, qui se sont notamment illustres dans le domaine de Vhistoire religieu.se : je ne crois pas pouvoir faire un meilleur eloge du present travail de M. I'abbe Victor Saxer qu'en disant qu'il ne se montre pas indigne de lw grande tradition d'un Lenain de Tillemont. 11 traite ici d'un beau sujet : le culte, dans I'Eglise latine, de celle que la piete medievale appelait « la Madeleine », figure complexe, resultant de la fusion de trois saintes femmes de Vhistoire evangelique : Marie de Magdala, Marie sceur de Lazare et de Marthe, la pecheresse anonyme de Vonction chez Simon Id Pharisien. L'Eglise d'Orient, demeuree plus pres des sources, n'a jamais accepte la synthese des « trois Maries » (si Von peut dire, puisque Vhero'ine de Luc vii n'est pas nommee). En Occident au contraire cette exe- gese, definitivement elaboree chez Gregoire le Grand, ne sera pratiquement jamais mise en question avant le XVI' siecle. M. Saxer reconstitue le developpement de ce culte qui, surtout a partir du XI' siecle, devait couvrir la Chretiente d'un reseau de mnctuaires et de fondations diverses et qui s'est incarne notam- ment dans les deux grands centres successifs de pelerinage : Vezelay en Bourgogne, Saint-Maximin (et son annexe la Sainte- Baume) en Provence. Deux hauts lieux de I'esprit, ennoblis Vun et I'autre par de grandes creations artistiques, deux pelerinages dont le role et I'importance debordent la seule histoire eccleu siastique pour interesser Vhistoire economique, sociale, politique enfin, Vhistoire tout court. Apres J. Calmette, M. Saxer evoquera « les grandes heures de Vezelay » ; 1146, saint Bernard prechant la II' Croisade devant Louis VII et la reine Alienor ; 1190, Phi- lippe-Auguste et Richard Coeur de Lion s'y rencontrant pour la III" Croisade... Grand et beau sujet, sur lequel il restait beaucoup a dire, meme apres les travaux de Mgr Duchesne, du Professeur Hansel, de M. Rene Louis et du R.P. de Gaiffier, bollandiste, tant il sou- leve de problemes complexes, herisses d'inconnues, fertiles en rebondissements. Tres judicieusement, M. Saxer a pense que, pour debrouiller cet echeveau, il fallait partir des faits les plus objectivables, les plus surement saisissables, a savoir le culte meme de la Sainte et ses manifestations liturgiques. D'ou le des- VI ORIGINES D U C U L T E D E MARIE MADELEINE EN O C C I D E N T sein du present travail, que Vauteur a prepare ou complete par toute une serie d'importants memoires (on retiendra notamment le dernier publie, sur les saintes Marie de Bithanie et Marie de Magdala dans I'Eglise orientate), en attendant de pousser plus avant ses rcherches : il nous promet pour plus tard une etude exhaustive sur Velaboration de la legende et, par Id, de la figure mime de la Madeleine. Je ne saurais trop feliciter M. I'abbe Saxer pour son beau livre, qui me parait exemplaire du point de vue de la methode. L'en- quete est tres intelligemment conduite, avec la plus grande lar- geur d'information (dont temoigne, des le seuil meme, I'etendue de la bibliographie dep'ouillee). Tout y figure, jusqu'd I'onomas- tique : nous relevons au passage les premieres apparitions du prenom Madeleine (1084, Marmoutier ; 1093-6, le Mans), nous apprenons I'etymologie des noms de famille comme Madelin, Ma- zeline... L'auteur excelle a recouper les donnees d'un groupe de documents par celles d'un autre type : Vhistoire du develop- pement progressif des sanctuaires magdaleniens se voit ainsi confirmee par Vexamen des textes liturgiques ou Von voit Voffice de sainte Marie Madeleine s'introduire progressivement dans les manuscrits, entre le XI' et le XIII" siecle (rien de plus curieux que ces « manuscrits supplements », ces « manuscrits-brouil- lons »). Toutes ces donnees, M. Saxer s'est attache a les elaborer, a les mettre en ceuvre,*en homme forme aux disciplines les plus rigoureuses de t'hagiographie. Ai-je besoin de souligner qu'il fait preuve a chaque pas d'une critique exigeante et precise ? C'etait la condition premiere pour traiter d'une maniere veritablement scientiftque une question encombree et obscurcie par le foison- nement d'une litterature pseudo-historique, inspiree par I'esprit de clocher et une apologetique a courte-vue. Et il ne s'agit pas' seulement de la litterature medievale : le sulpicien Faillon a pu- blie en 1848 ses deux in-4° « sur Vapostolat de sainte Marie Madeleine en Provence » ; 1848 : trois ans plus tot Renan avait quitte Saint-Sulpice... II faudra reprendre un jour en toute sere- nite, mais avec vigueur, I'etude de cette defense obstinee, pour- suivie parfois jusqu'd nos jours, de telles positions legendaires. Elle revele une des faiblesses du reveil religieux et de la conquete catholique au XIX" siecle : dans une atmosphere de Restaura- tion, de conservatisme, on a cherche a ranimer les vieilles tra- ditions et on a defendu ces vaines legendes comme on cherchait a sauvegarder les anciens dialectes, les costumes, le folklore, tout I'heritage des « siecles de Foi », comme on disait. II eut mieux valu savoir distinguer, et ne pas s'attacher a defendre Vinde- fendable... Mais la critique ne trouve pas a s'exercer dans un seul sens : •PREFACE VII je sais gri. d M. Saxer de savoir s'opposer igalement aux exces de V hyper critique, dont les adeptes, pour avoir mesure la vanite des anciennes legendes, se laissent alter d leur substiiuer des hypotheses tout aussi gratuites,,et qui ne sont d'aucun- profit pour la connaissance scientifique. Je ne retiendrai qu'un exem- ple : le regrette G. de Manteyer, esprit fecond mais souvent aven- tureux, avait imagine, et G. Doncieux a repris I'idee a son tour, que les moines de Saint-Maximin avaient ete conduits, quelque part entre le XI" et le XIII* siecle, a rechercher le tombeau de Marie Madeleine parmi ceux de leur crypte a cause de la plaque gravee qui s'y voit, avec Vinscription Maria virgo minester de tempulo Gerosale... f« f Z se peut... » avait ecrit de Manteyer, « il est probable » rencherit Doncieux : passant de main en main, I'hypothese se durcit et devient chose acquise). II n'y a qu'une difficulte d cela, comme I'etablit I'inepuisable erudition de M. Saxer, c'est que la plaque en question n'a ete apportee a Saint- Maximin qu'd la fin du XVI* siecle, de la lointaine eglise Saint- Etienne-de-Berre, c'est-d-dire une fois le developpement legen- daire acheve I II faut aussi feliciter notre auteur du soin qu'il prend d'as- surer sa propre demarche, de resserrer le tissu de son propre rai- sonnement. II n'utilise qu'avec prudence I'argument a silentio, mais sait en tirer parti d bon escient : ainsi, si Vezelay avait possede, ou cru detenir, les reliques de la Madeleine avant 1040, les chartes du X' siecle en auraient fait etat, elles qui mention- nent des reliques, a coup sur moins illustres, comme celles des saints Andeux (saint Andeol en Vivarais) ouPontien (un martyr romain). M. Saxer sait aussi que Vhistoire ne peut se reduire a un simple assemblage de textes, de menus « faits •», mais qu'elle doit reconstituer des ensembles, dessiner un developpement et, , pour cela, relier les donnees discontinues par le fil d'une hyp&- these. Mais il ne s'y risque qu'avec la prudence necessaire et les precautions indispensables. Si le developpement de la popularite de la Madeleine au depart de Vezelay a partir du milieu du XI' siecle, puis, apres 1279, la relance des sanctuaires proven- gaux, relevent des faits observables, il faut plus d'effort pour deceler le lien qui peut exister entre quelques unes des manifes- tations contemporaines du grand depart de Vezelay ; prolonger cette ligne en pointille d travers VAllemagne du X° siecle pour, rejoindre Byzance devient beaucoup plus incertain ; serait-il assure, ce cheminement lineaire n'expliquerait pas tout, M. Saxer le sait mieux que personne, lui qui nous invite, en s'acheminant vers sa conclusion, a distinguer avec soin, les faits, les problemes uploads/Religion/ victor-saxer-le-culte-de-marie-madeleine-en-occident-tome-1.pdf

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  • Publié le Nov 19, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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