A S P M - D O C U M E N T S - C O N S E R V A T O I R E D E S A R T S D E L A M

A S P M - D O C U M E N T S - C O N S E R V A T O I R E D E S A R T S D E L A M É T A L L U R G I E w w w . a r s - m e t a l l i c a . f r 1 HENRI FOURNEL Henri Fournel, directeur des Forges de Brousseval de 1823 à 1827 Brousseval, poste d’observation pour FUTUR Saint-simonien « J’ai adopté la doctrine saint-simonienne vers 1828 persuadé que c’est le seul moyen d’améliorer l’état social actuel » (Henri Fournel) Fournel n’est pas le Haut-Marnais le plus connu ; pourtant il a marqué l’histoire écono- mique et a porté un regard intéressant sur la région métallurgique où il opère à la fin des années 1820. Travaillant pour le compte d’André avant de partir sauver du marasme la forge du Creusot, il a géré Brousseval tout en réfléchissant et en publiant des propositions typiquement saint-simoniennes : ouvrir les voies de communication pour le développe- ment industriel et le progrès social. Et faire de Saint-Dizier et de la Haute-Marne une plaque tournante dans un nouveau réseau. Fils d’un clerc de notaire, il est né à Paris en 1799 ; il meurt à Blois en 1876. Il est élève de l’École polytechnique, diplômé très jeune (promotion de 1820) ; puis il entre à l’École des mines de 1820 à 1823. Il épouse Cécile Larrieu (voir encadré ci-contre) et dirige à partir de 1827 l’usine métallurgique de Brousseval (Haute- Marne) où il publie un Mémoire sur un projet de chemin de fer de Gray à Verdun (1831), projet non réalisé. Fournel a eu une formation d’artiste dans les ateliers de Lemire et Gudin avant de choisir la voie de Polytechnique et des Mines. Avec Élie de Beaumont – professeur de géologie – principal auteur de la carte géologique de la France - et plus tard sénateur, il arpente les montagnes de France, de Suisse et d’Italie. On le retrouvera plus tard sur le terrain en Algérie où il com- mença en 1842 l’ex- ploration géologique et minéralogique de l’Algé- rie découvrant minerai de fer, plomb, marbre, eau minérale… En bon disciple de Saint-Simon et du Père Enfantin, il s’investira dans le projet du canal de Suez vers 1834, projet que Ferdinand de Lesseps mènera à bien plus tard. Le dévouement du couple pour la « famille » ira très loin puisqu’il y perdra toute sa fortune (150 000 F), il évitera à Enfantin d’être condamné dans le procès qui est fait au mouvement accusé de libéralisme. Le procès permet à Fournel de s’expliquer et sert de tribune : F Portrait attribué à Léon Cogniet (sans date) A S P M - D O C U M E N T S - C O N S E R V A T O I R E D E S A R T S D E L A M É T A L L U R G I E w w w . a r s - m e t a l l i c a . f r 2 Cécile Larrieu, son épouse, est une militante active, engagée ; elle est désignée en mars 1831 par Prosper Enfantin pour prendre place au Collège en même temps que Talabot et Dugied, et ce avant son mari. Mais, « dame à chapeaux » par son origine sociale, elle est contestée en tant que directrice de l’Enseignement des Femmes par d’autres militantes qui se nomment les « prolétaires saint-simoniennes ». Ses critiques et réserves à l’égard d’Enfantin disparaissent à l’occasion du procès de celui-ci le 27 août 1832. Elle y prend la parole et crée un incident ; l’avocat général la menace d’expulsion du tribunal. Six mois plus tard, elle fonde le Livre des Actes, une « œuvre de femmes, ni inspirée, ni ordonnée » par Enfantin, signe d’émancipation intellec- tuelle sans ingérence masculine, acte fondateur d’une liberté pour « proclamer des actes de femmes ». Le Livre des actes comporta neuf numéros. Entièrement rédigé par des femmes (Cécile Fournel puis après son départ pour l’Égypte, par Marie Talon), ce journal n’était pas destiné exclusivement aux femmes. ■ Messieurs, Je n’ai ni la prétention de faire un plaidoyer, ni de vous présenter une défense en règle ; dans une cause si claire, en présence d’une accusation si faible, je ne veux exposer que quelques faits et rendre pour ainsi dire un simple témoignage. M. l’Avocat du roi vous a dit qu’une des maladies qui tourmentent l’époque actuelle, c’est que personne ne veut rester à sa place ; une maladie qui n’est ni moins commune, ni moins dangereuse, à l’époque actuelle, c’est celle qui consiste à vouloir parler de tout, même des choses que l’on connaît le moins. Ainsi, tout à l’heure, M. l’Avocat du roi, après avoir prudemment annoncé qu’il s’abstiendrait d’entrer dans les idées reli- gieuses qui sont la base de nos croyances, a cependant cru devoir poser le pied sur ce terrain. Il a commencé par se plaindre de tout ce qu’il y avait de vague dans nos idées, puis il a ajouté que notre culte était le culte de l’argent (ce qui ne serait pourtant pas vague, si cela était vrai) ; il a entremêlé le tout de définitions qui A S P M - D O C U M E N T S - C O N S E R V A T O I R E D E S A R T S D E L A M É T A L L U R G I E w w w . a r s - m e t a l l i c a . f r 3 montrent chez lui peu d’habitude de traiter les matières religieuses, et est arrivé à une confusion d’idées que je ne me charge pas de débrouiller. Messieurs, je ne veux pas abuser de ma position et discuter nos croyances avec M. l’Avocat du roi, j’ai trop de loyauté pour accepter un combat si inégal ; j’arriverai de suite aux faits qui ont servi de texte à l’accusation. La pensée du Père, en me choisissant pour son conseil, ne peut être douteuse pour vos esprits. J’ai consacré 80 000,00 francs, c’est-à-dire tout ce que je possédais, à la propagation de notre foi ; c’est moi qui suis chargé du maniement des finances de la famille ; enfin j’ai contri- bué par mon exemple et par mon action à déterminer des dons assez considérables (...). On a beaucoup dit, beaucoup de bouches ont répété, que la famille saint- simonienne se composait de dupes et de fripons ; vous le voyez, je suis à la fois l’une de ces dupes et l’un de ces fripons. Dans cette position, je pense que vous ne regar- derez pas comme étrangers à la cause quelques détails sur ma personne. (...) Vous pourriez soupçonner en moi candeur et crédulité extrêmes, ou bien encore vous pourriez penser que je suis un de ces rêveurs nuageux qui, jetés dans le monde, vivent étrangers au monde, et croient faire merveille en foulant aux pieds tous intérêts matériels ; il m’importe, Messieurs, de vous montrer que j’ai pénétré, autant que qui que ce soit, dans le positivisme de la vie. Je vais vous dire qui je suis et par moi vous pourrez juger de ceux de mes frères qui ont fait les mêmes sacrifices que moi. Je suis sorti de l’École polytechnique en 1820. Sorti dans les premiers rangs, j’ai eu le choix de toutes les carrières que l’École polytechnique ouvre à ses élèves ; j’ai choisi la carrière d’ingénieur des mines. Après avoir complété mes études par les travaux de trois années passées à l’école d’application, je reçus l’offre de prendre la direction d’un des établissements métallurgiques les plus importants de l’Est de la France, de l’établissement de Brousseval (Haute-Marne) ; je conservai cette direction pendant quatre années, et je puis vous affirmer que là une large expérience des hommes a été faite par moi ; j’ai vu bien des cupidités en présence, bien des actes de finesse qui auraient pu recevoir un autre nom. C’est à cette époque que j’ai médité sur la position commerciale de la Champagne, sur les chances effrayantes de son industrie, et que j’ai conçu la pensée d’ouvrir une communication facile entre la Méditerranée et la mer du Nord, en joi- gnant par un chemin de fer les trois points où la Saône, la Marne et la Meuse commencent à être navigables. Ce projet sauvait d’une ruine probable les usines de ces contrées ; M. Becquey, alors directeur général des ponts- et-chaussées et des mines, sut en apprécier toute l’impor- tance ; mais un cautionnement de 600.000 fr. était exigé. Messieurs, ce cautionnement fut fait par les maîtres de forges sous les yeux desquels j’avais travaillé pendant quatre années. Toutefois mon projet ne reçut pas son exécution ; il me uploads/Religion/fournel.pdf

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  • Publié le Jui 13, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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