LE S E N S C H R É T I E N DE L ' H I S T O I R E PAR DOM GUÉRANGER PARIS É D I

LE S E N S C H R É T I E N DE L ' H I S T O I R E PAR DOM GUÉRANGER PARIS É D I T I O N S D ' H I S T O I R E E T D ' A R T L I B R A I R I E P L O N 8. UUE GARA.NCIÈRE Biblio!èque Saint Libère http://www.liberius.net © Bibliothèque Saint Libère 2010. Toute reproduction à but non lucratif est autorisée. L E SENS CHRÉTIEN D E L ' H I S T O I R E IMPBIMI POTEST Solesmis, die 18 julii 1945 r%4 fr. Germantes Cozien, Abbas S. Pétri de Solesmis. IMPRIMATUR Cenomani, die 18 julii 1945. •J< Georgius, Archiepiscop. Episc. Cenomanensis. P R É F A C E Le nom et l'œuvre de Dom Guéranger sont trop connus pour qu'il soit nécessaire, au seuil des pages que nous reproduisons, de pré- senter longuement aux lecteurs le restaurateur de la vie bénédic- tine en France, au x i x e siècle. Prosper-Louis-Pascal Guéranger naquit le 4 avril 1805, à Sablé, petite ville située à une lieue du Prieuré de Solesmes, dans le Maine. De bonne heure, il aima faire de ce monastère, que la Révolution avait laissé désert et silencieux, le but de ses promenades, ne se lassant pas d'admirer les statues qui ornent le transept de son église. Jeune encore, il se montra passionné pour l'étude. Ses pre- mières lectures, œuvres de jansénistes et de gallicans, ne firent sur lui qu'une impression de courte durée, car une tendre piété pour le Verbe Incarné et la Très Sainte Vierge, la récitation du bréviaire romain et l'autorité de Lamennais, défenseur un instant de la Papauté, exerceront une influence qui l'acheminera insensiblement vers le travail de toute sa vie. Ordonné prêtre le 7 octobre 1827, il suivit à Paris dans sa retraite le vieil évêque du Mans, Mgr de la Myre-Mory, en qualité de secré- taire. Les loisirs ne manquaient pas : ils furent bien remplis, et deux ans après, l'abbé Guéranger publiait ses premières études, les Considérations sur la Liturgie, De la Prière pour le Roi, et De la nomination des êvêques* 6 PREFACE C'est alors que se précisa chez lui le désir de la vie monastique. Le Prieuré de Solesmes était en vente ; il résolut de Tacheter et d'y restaurer la règle bénédictine qui avait produit dans le passé tant de fruits de science et de sainteté. La Providence lui ménagea de généreux bienfaiteurs ; quelques compagnons se joignirent à lui, et, le 11 juillet 1833, les nouveaux religieux s'installaient définitive- ment dans l'ancienne maison des Mauristes où l'Office divin et la pratique de la Règle ne connaîtront plus d'autres interruptions que celles imposées par les expulsions violentes. Quatre années suffirent — de formation, de travail, de souffrances aussi — pour que le Pape, le 14 juillet 1837, approuve les Constitu- tions, érige le Prieuré en Abbaye, chef de la Congrégation bénédic- tine de France, héritière des anciennes Congrégations, et élève Dom Guérangerà la dignité abbatiale. Douze jours plus tard, en la fête de sainte Anne, il faisait profession à Rome en l'abbaye de Saint- Paul-hors-les-Murs et rentrait à Solesmes. Il put célébrer son pre- mier office pontifical le jour de la Toussaint et préparer ses religieux à leur profession pour la fête de la Présentation de Notre-Dame. Nous n'avons pas à détailler ici les étapes de la vie de Dom Guérangcr jusqu'à sa mort qui surviendra le 30 janvier 1875. L'in- térêt de cette vie est, du reste, moins dans les événements qui la marquèrent que dans la doctrine qu'il a semée. Gouverner son abbaye et vivre au jour le jour avec des ressources à peine suffi- santes, conjurer les menaces qui s'accumulaient de la part des poli- ticiens, des légistes, voire même du clergé, contre son œuvre, fonder de nouveaux monastères, répondre aux innombrables solliciteurs et correspondants : tout cela n'était pas encore assez pour remplir son existence. Dieu avait donné au grand moine une triple mission dont il devait s'acquitter avec un zèle et un courage que ne lassèrent jamais les plus terribles attaques. Car quoi qu'on en ait dit, ce n'est point par amour de la lutte que l'Abbé de Solesmes soutiendra des polé- PREFACE 7 miques pendant de longues années. Il aurait de beaucoup préféré la paix laborieuse du cloître et les douceurs de la contemplation ; il ne désirait rien tant que de voir se lever d'autres défenseurs de l'orthodoxie qui l'auraient dispensé d'intervenir. Souvent il atten- dait, et, ne voyant personne, il prenait la plume pour venger la vérité. Il le dira au soir de sa vie : Le Bon Dieu m'en a tant mis sur le dos ! Pourtant, je ne me suis ingéré en rien : c'est Lui qui m'a chargé, B Dieu l'a chargé de ramener les diocèses de France à l'unité litur- gique. Ces diocèses l'ignoraient ; chacun d'eux avait sa ou ses litur- gies spéciales, de fraîche date. Il entreprit de faire connaître la litur- gie romaine qui l'avait charmé lorsqu'il avait ouvert pour la pre- mière fois le bréviaire et le missel romains. Ce fut le but des Consi- dérations sur la Liturgie catholique, des Institutions Liturgiques et surtout de VAnnée Liturgique^ qui devait permettre aux fidèles « de régler en quelque sorte leur connaissance et leur contemplation des mystères du Christ, leur pratique des vertus chrétiennes, sur le mou- vement et le signal quotidien de la Liturgie de l'Église ». En moins de vingt ans, tous les diocèses de France revinrent à l'unité romaine et Dieu seul sait combien, depuis 1841, « par son enseignement doux et tranquille, l'Année Liturgique a fait de bien dans les âmes qui l'ayant une fois goûtée, ne peuvent plus se déprendre, comme si elles y reconnaissaient l'accent de l'Eglise et la saveur de leur baptême » *. Dieu l'a chargé de défendre constamment les doctrines romaines, les prérogatives et les droits du Siège apostolique. Le premier tra- vail solesmien eut pour titre : « Les Origines de l'Eglise romaine », où était déterminée la succession des premiers pontifes romains et donnée sur chacun d'eux une notice puisée aux sources historiques alors accessibles. C'était rappeler à un siècle de révolutions qu'il 1. Dom Delatte, Vie de Dom Guèranger, t. I, p. 294. 8 PRÉFACE existe une autorité encore et pour toujours sacrée, une société dont le rôle dépassant la terre est de donner à Dieu des élus, un centre d'où part sans cesse la doctrine qui éclaire, la discipline qui régit, l'action qui sanctifie. La leçon porta, malgré la mauvaise humeur de maints journalistes, gallicans et jansénistes. Son amour de l'Église et de Notre Dame l'incita à composer, en 1850, son Mémoire sur VImmaculée Conception dont la vigueur et l'accent animé d'une foi profonde et ardente, eurent un rôle décisif dans la définition du dogme que Pie IX devait proclamer quatre ans plus tard. Et quand le Pape convoquera les Évêques et les Abbés au Concile du Vatican, en 1870, Dom Guéranger ne pouvant se rendre à Rome écrira son livre de La Monarchie Pontificale. Le Saint Père le remercia aussitôt d'avoir « rendu à l'Eglise un très réel service et vengé les droits méconnus du droit, de l'histoire et de la foi». Et, le 19 juillet, les cloches de l'Abbaye sonnèrent pen- dant une heure pour porter au loin le témoignage de la foi des moines au dogme de l'infaillibilité pontificale. Dieu le chargea enfin de mener la lutte contre la grande hérésie de notre temps : le Naturalisme, et de prendre la défense du sur- naturel. Nous devons montrer un peu plus longuement quel fut ici le rôle de Dom Guéranger, particulièrement sur le terrain historique. Vers le milieu du x i x e siècle, Dom Guéranger voyait avec inquié- tude un retour d'impiété se manifester en France. De pernicieuses erreurs se glissaient sournoisement dans les livres de philosophes et d'historiens de talent, qui ne tendaient à rien moins qu'à ruiner le catholicisme. Ce qui était grave, c'est qu'un groupe important d'écrivains et d'hommes politiques catholiques pactisaient plus ou moins avec le mal. Le parti libéral catholique qui s'organisait alors jugeait habile, en effet, de laisser le champ libre à l'erreur, et, plu- tôt que de la combattre de front, de vivre en paix avec elle, dans l'espoir d'une réciproque tolérance, d'ailleurs impossible ! L'erreur avait sa forme particulière dans toutes les branches du PRÉFACE 9 2 savoir humain : théologie, philosophie, histoire, littérature. L'en- semble formait la plus subtile des hérésies : le Naturalisme, que définit la tendance à séparer partout Dieu de sa création, pour affranchir l'homme de sa loi. Mieux que tout autre, son talent, sa science, sa foi préparaient Dom Guéranger à démasquer le mal- Il l'aborda sur tous les ter- rains, mais particulièrement sur le terrain historique. Un livre inti- tulé : L'Église et l'Empire romain au IV e siècle, composé par le prince A. de uploads/Religion/le-sens-chretien-de-l-x27-histoire-d-prosper-gueranger.pdf

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  • Publié le Sep 29, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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