Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Univ
Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : erudit@umontreal.ca Article Denyse Pharand Revue des sciences de l'éducation, vol. 33, n° 3, 2007, p. 703-725. Pour citer cet article, utiliser l'adresse suivante : http://id.erudit.org/iderudit/018965ar Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir. Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI http://www.erudit.org/apropos/utilisation.html Document téléchargé le 13 October 2011 11:27 « L’évaluation de l’enseignement des sciences infirmières en milieu clinique : des compétences à développer, plutôt que des comportements à prioriser » L’évaluation de l’enseignement des sciences infirmières en milieu clinique : des compétences à développer, plutôt que des comportements à prioriser Denyse Pharand, professeure Université d’Ottawa résumé • Le but premier de cet article est de préciser l’intention du processus d’évaluation de l’enseignement clinique, c’est-à-dire les éléments pouvant consti- tuer l’objet de l’évaluation et ce, à partir des perceptions des professeures et des étudiantes en soins infirmiers. Une approche qualitative a été retenue pour analyser les données recueillies auprès des participantes. Les résultats indiquent que l’éva- luation de l’enseignement clinique en sciences infirmières devrait être basée sur cinq compétences principales : (a) humaine, (b) pédagogique, (c) technique, (d) professionnelle infirmière et (e) organisationnelle. Ces compétences principales sont concrétisées par des compétences satellites, à leur tour explicitées par des indica- teurs. mots clés • sciences infirmières, évaluation, enseignement clinique, compétence, rôle. Introduction L’évaluation de la composante théorique de l’enseignement se fait presque auto- matiquement dans les universités nord-américaines (Bernard, Postiaux et Salcin, 2000). Toutefois, même si, dans une proportion de 62 %, les politiques des univer- sités canadiennes stipulent que les activités d’enseignement telles la direction de thèses, la supervision d’étudiants en stage ou en clinique peuvent être évaluées, il semble que l’intervention du professeur en salle de cours soit pratiquement la seule activité d’enseignement qui fasse l’objet d’une évaluation (Bernard, Grenier et Kérouac, 1994 ; Murray, 1991). Dans les programmes professionnels universitaires, tels les sciences de la réa- daptation, les sciences infirmières, la médecine, la formation des maîtres, la com- posante théorique d’un cours sert souvent de base pour le développement des habiletés des étudiants ; ces habiletés sont améliorées par le biais des expériences pratiques (Viverais-Dresler et Kutschke, 2001). Les sciences infirmières font partie de ces programmes où les expériences cliniques occupent une part importante de la formation, soit environ 50 % de la totalité des enseignements reçus (Benor et Leviyof, 1997 ; Ferguson, 1996 ; Kotzabassaki, Panou, Dimou, Karabagli, Koutsopoulou et Ikonomou, 1997). Or, même si toutes les professions croient en Volume 33, no 3, 2007 703 - 725 704 Revue des sciences de l’éducation l’importance de l’enseignement pratique pour transformer les étudiants novices en professionnels compétents, il demeure tout de même que les recherches conduites sur l’évaluation de ce volet de l’enseignement sont beaucoup plus rares que celles qui touchent l’évaluation du volet théorique (Nehring, 1990 ; Paterson, 1991 ; Scanlan, 2001). Des chercheuses en sciences infirmières (Gignac-Caille et Oermann, 2001 ; Kanitsaki et Sellick, 1989 ; Löfmark et Wikblad, 2001 ; Morgan, 1997 ; Windsor, 1987 ; Zimmerman et Westfall, 1988) ont mené des études portant sur l’évaluation de l’enseignement en milieu clinique et ce, dans différents pro- grammes des sciences infirmières. Elles ont utilisé des approches quantitatives qui leur ont permis de faire ressortir des listes de caractéristiques ou de comportements indicateurs de la qualité de l’enseignement clinique. Cependant, selon Scanlan (2001), leurs résultats sont non concluants, car certains de ces travaux présentent des problèmes méthodologiques importants. De plus, les buts de ces recherches sont souvent imprécis et leurs résultats, souvent contradictoires. Par contre, des chercheuses (Carr, 1983 ; Pardo, 1991 ; Paterson, 1991 ; Rosenthal, 1987 ; Scanlan, 1997) ont utilisé des approches qualitatives pour définir les com- posantes du processus de l’enseignement clinique. Leurs travaux n’ont toutefois pas été considérés dans l’élaboration d’un cadre conceptuel pouvant sous-tendre l’évaluation de l’enseignement clinique en sciences infirmières. L’identification des éléments d’évaluation de l’enseignement clinique en sciences infirmières selon une approche qualitative est le but de la présente recherche. L’intérêt et la pertinence d’utiliser une approche de ce type sont soutenus par les propos de Hedin (1989). Cette dernière déplore que les méthodologies utilisées dans la plupart des études menées pour évaluer l’enseignement en milieu clinique mettent l’accent sur les interactions professeures-étudiantes, mais ne permettent pas aux professeures de réfléchir sur leurs pratiques d’enseignement en milieu clinique. Recension des écrits Pour appuyer cette étude, une revue exhaustive de la documentation portant sur l’évaluation de l’enseignement clinique en sciences infirmières a été réalisée. Ce cadre d’analyse a permis d’alimenter la discussion des résultats. Recherche sur l’évaluation de l’enseignement clinique en sciences infirmières Les recherches sur l’évaluation de l’enseignement clinique en sciences infirmières peuvent être classées en trois catégories : celles qui rapportent les perceptions des étudiantes, ou les perceptions des professeures, ou encore les recherches qui ont comparé les perceptions des deux groupes. Perceptions des étudiantes De nombreuses études (Benor et Leviyof, 1997 ; Cooke, 1996 ; Hamilton, 1996 ; Hartland, 1993 ; Kanitsaki et Sellick, 1989 ; Morgan, 1997 ; Pugh, 1980) se sont penchées exclusivement sur l’identification des perceptions des étudiantes au regard des éléments d’évaluation de l’enseignement clinique en sciences infir- mières. Tout comme les buts de ces recherches qui sont multiples, les méthodolo- gies employées et les populations visées le sont tout autant. Il a tout de même été possible de catégoriser les résultats, ce qui a permis d’identifier les éléments impor- tants pour évaluer l’enseignement clinique. Les éléments identifiés sont reliés au concept de rapport (disponibilité à l’égard des étudiantes, relations interperson- nelles, caractéristiques personnelles), de même qu’aux habiletés pédagogiques (pratiques d’enseignement et d’évaluation, compétence clinique). Il faut signaler la diversité des résultats de ces recherches quant à l’importance accordée par les répondantes à chacun des éléments qui leur étaient présentés dans les instruments de collecte de données. Perceptions des professeures Les perceptions des professeures concernant les comportements pertinents à l’évaluation de l’enseignement clinique ont aussi été explorées (Choudhry, 1992 ; Morgan, 1991 ; Rogers, 1997 ; Sellick et Kanitsaki, 1991 ; Wellard, Rolls et Ferguson, 1995 ; Whitman, 1988 ; Wirfs, 1991). À l’instar de leurs collègues, qui ont unique- ment mesuré les perceptions des étudiantes, leurs résultats, bien qu’ils rejoignent sensiblement les mêmes catégories, sont inconsistants. Ainsi, les conclusions de Sellick et Kanitsaki (1991) sont en accord avec celles de Pugh (1980), qui révèle que les comportements rattachés à l’enseignement, la compétence infirmière, l’évaluation, le rôle de conseillère et l’application de la théorie à la pratique sont d’égale importance pour favoriser les apprentissages des étudiantes. Toutefois, en comparant leurs résultats à ceux des études qui incluent les perceptions des étu- diantes, Sellick et Kanitsaki concluent que, tout comme les étudiantes, les profes- seures considèrent que les comportements reliés à l’enseignement sont de première importance, alors que ceux qui touchent l’évaluation sont relayés au dernier plan. Perceptions des professeures et des étudiantes comparées O’Shea et Parsons (1979) ont comparé les perceptions des professeures et des étudiantes concernant les comportements indicateurs de qualité en enseignement clinique. Bien qu’ils puissent paraître anciens, leurs travaux, encore aujourd’hui maintes fois cités, ont donné le pas à plusieurs recherches du même type. Ces recherches ont été conduites auprès de populations de professeures et d’étu- diantes issues de différents programmes de formation en sciences infirmières (Bergman et Gaitskill, 1990 ; Gignac-Caille et Oermann, 2001 ; Hamilton, 1996 ; Johnson, Aasgaard, Wahl et Salminen, 2002 ; Krichbaum, 1994 ; Löfmark et Wikblad, 2001 ; Mogan et Knox, 1987 ; Murphy, 1988 ; Nehring, 1990 ; Reeve, 1994 ; Sando, 1997 ; Stoltenberg, 1997). Une grande variabilité dans la taille des échantillons distingue ces études entre elles, ce qui peut expliquer le manque de fidélité des résultats produits. Quoique ces derniers témoignent d’une certaine constance dans L’évaluation de l’enseignement des sciences infirmières en milieu clinique 705 706 Revue des sciences de l’éducation l’identification des éléments d’évaluation de l’enseignement clinique (qualité des relations entre professeure et étudiantes, importance de la multiplicité des rôles d’infirmière ou d’enseignante, qualités personnelles), ils demeurent toutefois incon- sistants. En effet, certaines auteures indiquent que la qualité des relations interper- sonnelles est plus importante pour les étudiantes, alors que les professeures privi- légient d’abord la compétence professionnelle (Brown, 1981 ; Murphy, 1988). Para doxalement, d’autres études ont montré une certaine homogénéité entre les perceptions des deux groupes (Bergman et Gaitskill, 1990 ; Knox et Mogan, 1985 ; Mogan et Knox, 1987 ; Lee, Cholowski, Krystyna et Williams, 2002). Les résultats de certaines recherches démontrent que le niveau académique des étudiantes semble être une variable d’influence, puisque les opinions des professeures et des étudiantes se rapprochent uploads/Science et Technologie/ article 2 .pdf
Documents similaires
-
18
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 12, 2021
- Catégorie Science & technolo...
- Langue French
- Taille du fichier 0.5024MB