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67 Volume hors serie, 2001. Seminaire National sur les Biotechnologies BIOTECHN

67 Volume hors serie, 2001. Seminaire National sur les Biotechnologies BIOTECHNOLOGIE, RECHERCHE SCIENTIFIQUE, AGRICULTURE ET SOCIETE ALGERIENNE Par Dr F. ABABSA SMATI INRAA HASSAN BADI ALGER 1- En reference a la « loi modele de I'OUA pour la Biosecurtte en Afrique» les biotechnologies sont deflnles comme un ensemble de techniques issues de developpernent du genie genetique. Elles posent les termes d'un debat entre les tenants du proqres de precaution par l'evolutlon prealable des risques. 2.- L'etat de la question en rapport avec I'agriculture et la societe algerienne est analyse au double niveau scientifique et politique : - Le debat des scientifiques autour des deux theses en presence qui partent de deux cadres epistemologiques opposes et developpent des approches et des methodes d'analyses forcement differentes : - La traduction de ces positions au niveau de la societe algerienne a travers la necessalre implication des politiques et I'evidente et involontaire distance de la societe alqerlenne, de ses ruraux et de ses agriculteurs par rapport a cetle question en particulier et a la recherche scientifique en general. 3.- Le role du secteur public dans I'orientation de la recherche scientifique dolt se faire par Ie biais de I'investissement et "adaptation du systems de recherche algerien afin de developper les capacites nationales dans la maitrise technologique pour negocier correctement les enjeux du present et les defls d'un futur deja la. Mots cles : Blosecurtte - Biotechnologie - Epistemologie - Principe de precaution - svsterne national de recherche. 68 Volume hors sene, 2001. Seminaire National sur les Biotechnologies 1.- Au sens de la loi africaine modele sur la secunte en biotechnologie(1) et en reference au Protocole de Carthaqene sur la Blosecurlte, Ie terme de « Biotechnologie moderne » inclut les techniques suivante : a. «Les techniques de recombinaison de I'acide nuclelque occasionnant la formation de nouvelles combinaisons du materiel genetique par insertion de molecules d'acides nucletques produite par tout moyen exterieur a I'organisme, dans un virus, une bacterie, un plasmide ou un autre vecteur, et leur incorporation dans un organisme hote dans lequel ils ne se trouvent pas naturellement mais dans lequel ils sont capables de continuer ase propager; b. « Les techniques occasionnant I'introduction directe dans un organisme de materiel qui, hereditalrement transmissible, apprete a l'exterieur de I'organisme, y compris la mlcro-mjection, la macro injection et la micro-encapsulation; c. « La fusion cellulaire (y compris la fusion du protoplaste) ou les techniques d'hybridation entrainant la formation de cellules vivantes contenant de nouvelles combinaisons de materiel genetique hereditalrement transrnisslble par fusion de deux ou de plus de deux cellules » ; Que peut-on retenir de cette definition savante, seul point d'accord entre les scientifiques tenant a I'une des deux theses radicales en presence: pour au contre les biotechnologies? " s'agit de manipulations genetiques sur Ie vivant tendant pour les uns a faire progresser la science et representant un potentiel considerable pouvant promouvoir Ie bien atre de i'hurnanlte en apportant des solutions aux problemes graves et urgents poses par la sante humaine et animale, I'alimentation et I'agriculture. Pour les autres, les effets potentiellement dangereux et peu ou pas du tout prevlstbles, tant dans les soins de sante appliques a I'etre humain qu'en matiere d'impact negatif sur la diversite biologique et I'environnement, iI y a lieu de privih~gier I'ethique sur I'utilitarisme comme principe de gouvernance. Quel est l'etat de la question en rapport avec I'agriculture et la societe algerienne ? (1) ArtIcle 1/ Definitions. Projet de « lei africaine modele sur la securite en biotechnologie » QUA. Atelier d'experts de mai 2001. 69 Volume hors serie, 2001. Serninaire National sur les Biotechnologies 2.- Deux niveaux de reponse sont possibles: Ie niveau scientifique et Ie niveau politique 2.1.- Dans un debat confine, limite aux experts et aux scientifiques algeriens, helas pas nombreux ou tres peu interesse, I'on retrouve ces deux versions opposees des sciences de la vie, exprirnees sous formes de deux positions antagonistes. Celie des chercheurs en biologie rnoleculaire, scientifiques purs et durs, qui defendent une conception reductonniste du monde. lis percoivent leur metier comme "Ia tache incessante d'edlter, de recombiner et de reprogrammer les compos antes genetiques de la vie afin de creer des organismes plus dociles, plus performants et plus utiles au service de l'hurnanite »2. En agriculture, ils expenmentent de nouveaux precedes consistant a introduire des genes dans Ie code genetique de certains animaux ou vegetaux pour developper leur resistance a certains facteurs contraignants tels que les conditions climatiques et de milieu defavorables (secheresse, salinlte, stress hydrique, ... ) ou encore les pathologies (parasites, bacterles, champignons, virus). Mais aussi pour arneliorer leur productlvlte (rendements), afin de les rendre plus nutritives ou pour developper certaines de leurs qualites a des fins commerciales, telles que la conservation de leurs produits en vue de faciliter Ie stockage, Ie conditionnement, la transformation et Ie transport, d'en reduire les coats et donc de permettre un meilleur acces a des populations plus nombreuses. L'objectif scientifique poursuivi est de creer une « entite biologique auto protectrice et autosuffisante, coupee du reste de la cornrnunaute biotique »2. Cette demarche revele Ie cadre episternoloqique dans lequel les scientifiques tenant de cette these inscrivent leurs recherches: La distance par rapport a "objet de recherche au detriment de I'engagement sur Ie plan philosophique, I'isolement ou la separation aux depens de I'intl~gration sur Ie plan de I'approche rnethodoloqlque et sur fe plan de I'analyse scientifique operatoire a proprement parte, ils favorisent les methodes de penetration plutot que de preservation ou de soutien. 2. J. RIFKIN. 1998; « Le steele des biotech.» - La Decouverte. 70 Volume hors sene, 2001. Serninaire National sur les Biotechnologies La position des autres chercheurs, sans se departlr de leur rigueur acadernique de biologistes scientifiques, formes ala meme ecole de la biologie moderne et aux memes techniques de genie genetique les plus sophlstlquees. conslderent que si I'agriculture dolt etre biotechnologique, cette orientation ne doit pas etre dictee par des considerations de rnarche ou de rentabilite economlque immediate des investissements alloues a ce systerne, d'ailleurs au detriment de I'agriculture conventionnelle paysanne et au grand desavantaqe de I'autre alternative: I'agriculture biologique. Elle doit pouvoir Ie devenir sans nuire a la conservation et a I'utilisation durable de la dlverslte biologique. Ge qui ne peut etre obtenu sans une utilisation sensee et respectueuse de I'environnement des biotechnologies permettant de tirer Ie maximum de leur potentiel tout en redulsant les risques possibles pour I'environnement et la sante humaine. Gela implique Ie respect vigoureux du principe de precaution, l'etablissement des procedures strictes et appropriees en vue d'arnehorer la securite des biotechnologies, Ie developpernent prioritaire des capacites d'evaluation prealable des risques et enfin I'interdiction de toute vellelte de privatisation du vivant par la voie du brevetage. L'approche preconlsee et suivie dans cette logique est plus radicalement systernlque, c'est-a-dire tres federative et plus integrative de toutes les composantes de la nature. 2.2.- Les biotechnologies « cet ultime proqres, de I'esprit humain »3 constituent la base de discussions interessantes, difficiles et stimulantes presque exclusivement limitee aux speciallstes. La societe alpertenne et inegalement inforrnee de l'etat de cette question et se trouve de fait, aquelques notables exceptions pres, exclue de ce debat esoterlque. Les premiers concernes, ruraux et agriculteures, sont les derniers a etre senslbtlises sur la nature de I'objet du debat et ses implications pourtant redoutables, sur leurs activites et sur Ie milieu dans lequel elles se deroutent. Quant aux elites algeriennes, elles declinent les deux theses en presence sous forme de deux attitudes intellectuelles, pour ne pas dire politiques antagonistes et inconciliables : 3 - G. PAILLOTIN, President de I'INRA France in CdlP N° 46 des 07.08/98 71 Volume hors sene, 2001. Seminaire National sur les Biotechnologies - Celie de l'economisme scientiste que I'on pourrait appeler par comrnodite les « productivistes » defendant I'esprit d'entreprise, la prise de rlsques, Ie proqres a n'importe quel prix, et qui pretendent que si on n'adopte pas Ie progres ici, il Ie sera ailleurs et si ce n'est pas par nous, ii Ie sera par d'autres ; - Celie des defenseurs militants d'une certaine ethlque de la vie, d'une deontoloqie dans la pratique scientifique et d'une morale, voire d'une morallte, quant a I'utilisation des resultats et produits de la recherche et qui interdisent de toucher au vivant parce que: « c'est mal et c'est dangereux ». Mais entre ces deux attitudes maximalistes conduisant a deux positions extremes, iI y aurait une voie rnediane qui pourrait apaiser nos terreurs les plus obscures et nos apprehensions les plus angoissantes, tout en portant les promesses les plus seduisantes et les esperances tes plus fastes quant au developpernent des biotechnologies dans notre pays. Cette voie ne peut nous etre dictee que par notre realite nationale faite de probternes de tous ordres et pllotee par nos inter€Hs les plus strateqlques. Prenons les problernes qui interpellent la recherche agronomique en Algerie. II s'agit d'augmenter la production agricole et alimentaire en agissant sur I'accroissement des rendements par unite de surface et par type de cultures, en intervenant sur l'arnelioration de la productivlte des facteurs irnpliques dans Ie processus de cette production et uploads/Science et Technologie/ biotechnologie-recherche-scientifique-agriculture-et-societe-algerienne.pdf