CHAPITRE III les principales méthodes en sciences sociales I LES DIFFÉRENTES AP
CHAPITRE III les principales méthodes en sciences sociales I LES DIFFÉRENTES APPROCHES d’origines Il n'existe pas une seule et même façon d'approcher la réalité ou d'en rendre compte, même dans le travail dit scientifique. D'après ce que l'on sait des différentes façons d'envisager et de conduire ce travail, on peut, selon C.W. Churchman (1971), recenser quatre grands systèmes plus ou moins universels. Chacun de ces systèmes serait lié à la démarche globale d'un philosophe donné qui a, par son oeuvre, influencé les grands courants de pensée. L'examen rapide de ces quatre grands systèmes nous situe à peu près toutes les formes de démarches existantes dans la construction de la connaissance retenue par le modèle classique. En résumant ces systèmes, on obtient : Le système leibnizien : hypothético-déductif Partant d'une (ou plusieurs) hypothèses, on applique un raisonnement déductif, c'est-à-dire des dispositions générales, connues d'avance, à une situation particulière traitée (par exemple, le raisonnement en mathématiques ou en économétrie qui se base sur des hypothèses et des théorèmes généraux pour démontrer des relations entre variables particulières dans un cas spécifique). Le système lockien : expérimentalo-inductif Partant de situations et d'observations concrètes, on peut ensuite, à l'aide de la théorie et du raisonnement, construire des lois générales (la science biologique et la physique expérimentale en sont de bons exemples). Le système kantien : synthétique-multimodal Il essaie de réunir les démarches des deux systèmes précédents : allier les lois et raisonnements généraux des différents champs scientifiques à l'observation-expérimentation particulière et réaliser une synthèse qui, elle, constituera un progrès dans la connaissance (la sociologie et l'ethnologie ont recours à ce genre de démarche). Le système hégélien : synthétique-conflictuel Il soumet tout fait (ou série de faits) à étudier à l'analyse systématique de ses processus de formation qui sont tous soumis à la loi dialectique de l'affrontement des contraires. De ces affrontements naissent des synthèses qui, à leur tour, entrent en contradiction avec d'autres éléments et ainsi de suite... L'analyse de l'histoire à travers la lutte des classes en est une application (les classes dominantes de chaque mode de production, féodal, précapitaliste, capitaliste..., engendrent des classes antagonistes : bourgeoisie, prolétariat ...). Par méthode, nous entendons donc les façons de procéder, les modes opératoires directs mis en jeu dans le travail de recherche. Nous retiendrons six grands types de méthodes : a)méthode déductive, b) inductive, c)analytique, d) clinique, e) expérimentale, f) statistique A – La méthode déductive Nous en avons déjà parlé plus haut, mais rappelons qu'elle consiste à analyser le particulier à partir du général, à lire une situation concrète spécifique à l'aide d'une grille théorique générale préétablie (par exemple, appliquer le modèle de l'économie de marché libre à l'étude du système économique d'une société primitive). B – La méthode inductive Cette méthode est plus courante que la première, elle consiste, au contraire, à tenter des généralisations à partir de cas particuliers. On observe des caractéristiques précises sur un ou plusieurs individus (objets) d'une classe et on essaie de démontrer la possibilité de généraliser ces caractéristiques à l'ensemble de la classe considérée. C'est la succession observation — analyse — interprétation — généralisation. Elle est très usitée en sciences sociales et s'appuie beaucoup sur les techniques d'inférence statistique (tests qui permettent de mesurer le risque d'erreur et l'étendue des possibilités de généralisations-extrapolations). Le sondage d'opinion, l'étude de marché... relèvent de cette méthode. C – La méthode analytique C'est la méthode qui consiste à décomposer l'objet d'étude en allant du plus complexe au plus simple. Tout comme la chimie qui décompose les molécules en éléments simples, indécomposables, on décomposera toutes les parties élémentaires pour ensuite reconstituer le schéma d'ensemble. Cette méthode (qui recherche le plus petit composant possible, l'unité de base des phénomènes) est à privilégier en laboratoire, pour l'étude d'objets inertes ou de phénomènes non susceptibles de transformations rapides. On la retrouve par exemple en linguistique (L’organisation structurale d'une langue et la grammaire relèvent de l'approche analytique), en histoire dans l'analyse des archives, des documents... D – La méthode clinique Elle consiste à observer directement l'objet à étudier et à le suivre pas à pas tout en notant toutes ses modifications, ses évolutions... C'est une méthode empirique où il n'y a aucune sorte d'intermédiaire entre l'observateur et ce qu'il étudie. On la retrouve, en dehors de la médecine, dans l'ethnologie, les études de cas, les monographies, les observations participantes... E – La méthode expérimentale C'est la méthode généralement considérée comme la plus scientifique et la plus exacte. Elle est née en physique et dans les sciences de la nature. Elle consiste à mener une expérimentation (en laboratoire ou sur le terrain) et à tenter de dégager des lois généralisables à partir de l'analyse des observations recueillies durant l'expérimentation. Ici, il y a toujours une préparation, un arrangement préalable de la part du chercheur. Ne serait-ce que l'introduction (ou le contrôle) d'un élément ou d'une variable qui serviront de « déclencheurs » de conséquences ou de réactions à observer (par exemple, le choc électrique sur les nerfs d'un animal décérébré, la goutte d'acide sur la langue du chien de Pavlov, l'intensité de l'éclairage sur le rendement d'un atelier de dessinateurs... F – La méthode statistique Nous ne ferons ici que donner de très brefs rappels pour simplement situer cette méthode par rapport aux autres. On peut dire que la méthode statistique est une méthode qui tente de concilier les démarches qualitatives et quantitatives, le rationnel et le sensoriel, le construit et l'observé. On prétend pouvoir, grâce à la méthode statistique, quantifier le qualitatif et le rendre ainsi accessible à des traitements mathématiques rigoureux (par exemple, il suffit de donner un code ou un score à diverses qualités et attributs tels que le sexe, la nationalité, le statut social... pour en faire des données chiffrées et manipulables mathématiquement). Notons bien cependant que, contrairement à des préjugés bien installés, quantité, mesure et mathématique ne signifient ni automatiquement ni exclusivement « scientifique ». On a pu dire, par boutade, que la statistique c'est la science de l'erreur. En fait, cette définition est bien fondée car l'essentiel de ce que nous procure la statistique réside dans ce qu'elle permet, de multiples façons, d'apprécier, de mesurer et de limiter les risques d'erreurs sur les caractéristiques dont on tente l'extrapolation et la généralisation. Il existe deux grandes sortes de statistiques : la statistique descriptive et la statistique mathématique. 1. La statistique descriptive Comme son nom l'indique, il s'agit de calculs statistiques qui vont servir avant tout à décrire, à visualiser les caractéristiques particulières d'une collection d'objets sur laquelle on dispose de données chiffrées. Ces données (chiffrées) peuvent être soit à caractère qualitatif, soit à caractère quantitatif : — Caractère qualitatif : non mesurable mais que l'on peut ranger en catégories, alternatives... (couleur des cheveux, sexe, groupe sanguin ...) — Caractère quantitatif : mesurable ou dénombrable (par exemple la taille des individus, le nombre d'enfants, le revenu mensuel, le poids ...) La statistique descriptive permet, à partir de ces données, de réaliser des classes, des effectifs cumulés, des fréquences, des fréquences cumulées... On aboutit alors à des distributions (histogrammes, courbes de fréquences ...) représentant graphiquement la répartition des effectifs par classes ou par niveaux de la variable considérée. Sur ces distributions, on peut dégager, par calcul, des indices ou paramètres caractéristiques qui sont des valeurs particulières donnant une vue synthétique de la distribution considérée. On distingue deux types de paramètres : les paramètres de regroupement (ou de tendance centrale) et les paramètres de dispersion. Les paramètres de regroupement (ou tendance centrale) sont destinés à fournir une idée générale quant à l'ordre de grandeur des mesures se répartissant dans la série dont on dispose. Ils donnent aussi les positions vers lesquelles tendent à se rassembler les mesures de la série. Ils comprennent : — La moyenne arithmétique : c'est le fait de résumer en un nombre l'ensemble des mesures observées. Ce nombre (quotient de la somme arithmétique des valeurs observées par le nombre d'observations) donne une idée plus précise de la valeur autour de laquelle l'ensemble des observations se répartissent. — La médiane : ce n'est pas comme la moyenne arithmétique une moyenne de grandeur, mais une moyenne de position. Elle donne la valeur qui occupe la position centrale dans la série des valeurs observées, lorsque ces valeurs sont classées (score du sujet occupant le 50, rang sur 100 par exemple). — Le mode : c'est la valeur de la variable correspondant à la fréquence la plus élevée. La classe modale est la classe dont la fréquence est supérieure à celle des autres classes. C'est la mesure la plus fréquemment observée dans la série. Les paramètres de dispersion fournissent, de façon quantifiée, les variations des mesures autour de la position occupée par la mesure centrale. Ils donnent donc une idée du degré d'étalement de l'ensemble de la série de mesures. En d'autres termes, ils permettent de se rendre compte jusqu'à quel point les mesures établies s'écartent des valeurs centrales d'une part, et s'écartent les unes des autres, d'autre part. Ce sont : — La variance (moyenne uploads/Science et Technologie/ chapitre-iii-epistemo-les-principales-methodes-en-sciences-sociales.pdf
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- Publié le Jan 09, 2022
- Catégorie Science & technolo...
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