109 CRÉATIVITÉ ET INNOVATION DANS LES TERRITOIRES Compléments 1. Innovation, dé

109 CRÉATIVITÉ ET INNOVATION DANS LES TERRITOIRES Compléments 1. Innovation, déterminants et perspectives ............................. 111 A. Dynamiques historiques de l’innovation : de la Renaissance à la sortie de crise ................................................................................ 113 Marc Giget B. Par-delà la R&D et la technologie : vers d’autres formes d’innovation .......................................................................................... 143 Thomas Durand C. L’expérimentation : une condition nécessaire de l’innovation ..... 159 Philippe Durance 2. Les nouvelles dynamiques de l’innovation ........................... 167 D. L’économie quaternaire, nouveau modèle de croissance et réponse immédiate à la crise ........................................................... 169 Michèle Debonneuil E. L’économie de fonctionnalité : un moyen de repenser la relation entre satisfaction des besoins et modes d’échange ? ...... 179 Nicolas Buclet F. Les Scop, un modèle d’innovation sociale séduisant et imparfait 195 Marc Mousli G. Mondragón, une multinationale coopérative ................................. 207 Philippe Durance H. L’innovation participative dans les entreprises ............................. 217 Antoine Héron I. De la décision politique à la décision publique : participation des citoyens et innovation sociale ................................ 225 Philippe Durance J. Le développement durable, nouveau paradigme ou continuité ? .. 239 Pierre Chapuy 3. Innovation et attractivité des territoires ................................ 259 K. La nouvelle attractivité des territoires ............................................ 261 Bernard Morel et Jean-Michel Charpin 110 CONSEIL D’ANALYSE ÉCONOMIQUE L. Quels gisements de croissance dans les territoires ? ................... 271 Laurent Davezies M. Le territoire comme entité d’innovation et de mobilisation des populations face à la mondialisation des échanges ................... 291 Bernard Pecqueur N. Les pôles de compétitivité : bilan et perspectives......................... 303 Daniel Darmon O. Rôle et place des facteurs endogènes dans le développement des territoires ....................................................................................... 309 Marjorie Jouen P. Le « territoire créatif » : nouveau modèle ou utopie ? .................... 327 Stéphane Cordobes, Raphaëlle Ducret Q. Les industries de réseau dans l’innovation territoriale ................. 353 Laurent Gille 4. Nouvelles formes d’innovation ................................................ 359 R. Une innovation pour la politique sociale : la simplification par unification et intégration ............................................................... 361 Julien Damon S. L’innovation dans les services à la personne ................................. 371 Michèle Debonneuil T. Vers un système de santé adapté à la France du XXIe siècle ......................................................................................... 375 Marc Mousli U. Le tourisme, élément clé de la dynamique des territoires ............. 387 Jean-Luc Michaud V. Les innovations organisationnelles dans les services de l’État.... 397 François Écalle W. Éducation et formation tout au long de la vie au service de l’innovation dans les territoires ...................................................... 411 Claude Seibel, Yves Farge et alii X. Des « projets dormants » au développement d’activités nouvelles : l’exemple du CNE .............................................................. 423 Jean-Claude Bouly, Jean-Christophe Teobaldi Y. Création d’entreprises : douze idées fausses et huit points essentiels à retenir ........................................................ 435 André Letowski Z. Les Instituts Carnot, un dispositif original de recherche partenariale ........................................................................................... 445 François Guinot  ,QQRYDWLRQGpWHUPLQDQWV HWSHUVSHFWLYHV 113 CRÉATIVITÉ ET INNOVATION DANS LES TERRITOIRES Complément A Dynamiques historiques de l’innovation : de la Renaissance à la sortie de crise Marc Giget Professeur associé au CNAM, fondateur et président de l’EICSI (European Institute for Creative Strategies and Innovation) « L’avenir appartient à ceux qui ont une longue mémoire. » Nietzsche 1. Dynamique historique de l’innovation (1) 1.1. L’intérêt du recul historique dans l’analyse des grandes vagues d’innovations Quand on s’intéresse au phénomène que constitue l’innovation, à savoir, en ne retenant que la définition la plus minimalisme des dictionnaires les plus courants, « l’introduction de quelque chose de nouveau dans la réalité », une question fondamentale se pose sur le caractère continu ou discontinu de ces phénomènes de nouveauté. Le terme de « nouveau » est tellement galvaudé (nouveau roman, nouvelle cuisine, nouvelle philosophie, nouvelle société, nouveaux riches, nouveaux pauvres, nouvelle économie, nouveau centre, Nouvel Observateur, Nouvel Économiste, Art nouveau, New look, New Deal, New Age, nouvelles techno- logies de l’information et de la communication, etc.) qu’il perd tout caractère (1) Cette analyse s’appuie sur des travaux de recherche réalisés depuis une quinzaine d’années sur les grandes vagues d’innovations à travers l’histoire dont les fondamentaux seront publiés quand les analyses comparées détaillées seront finalisées (elles sont longues à réaliser entre périodes très éloignées, les éléments statistiques disponibles devenant très partiels quand on remonte dans l’histoire). Il s’agit d’une synthèse qualitative sur quelques apports essentiels de ces travaux qui font ressortir d’importantes constantes dans les grandes vagues d’innovations qu’il est primordial d’avoir à l’esprit quand on s’interroge sur la vague d’innovations en cours. 114 CONSEIL D’ANALYSE ÉCONOMIQUE descriptif, allant parfois même jusqu’à l’inversion. Ainsi, le plus vieux pont de Paris s’appelle le « Pont Neuf ». De fait, quand il a été construit, il était, par nature, le plus récent d’où son nom de pont « neuf » qu’il a gardé depuis jusqu’à survivre à tous ses successeurs. En fait, rien ne vieillit plus vite que le nouveau. Mais au moment où le terme est adopté, et c’est le cas pour tous les exemples précédemment don- nés, cette dénomination de « nouveau » marque la perception d’une rupture avec le passé ou pour le moins d’un renouveau qui est acté par l’emploi de ce terme de « nouveau ». Ce ressenti qu’un monde ancien se termine et qu’un nouveau monde émerge est caractéristique des périodes d’innovation. Le phénomène d’innovation porte sa destruction en lui-même, d’où le terme de « destruction créative » que lui donne Schumpeter : ce qui est nouveau à un moment donné est un jour remplacé par quelque chose de plus nouveau et finit par être emporté par le vent de l’histoire. Ce phénomène de renouvellement est même la seule constante paradoxale retenue par Héraclite : « Rien n’est permanent sauf le changement. » Il y a eu, il y a et il y aura renouvellement. Ce phénomène d’arrivée d’une nouvelle vision ou d’un nouveau paradigme – qui va se substituer à l’ancien puis vivre un certain temps avant d’être lui-même remis en cause – se retrouve dans tous les processus d’innovation, à quelque échelle qu’on les analyse : produits, systèmes de production, grands secteurs industriels, ensemble de l’activité économique. La question se pose du caractère plus ou moins continu ou séquentiel de ce processus de renouvellement et de la façon dont il se déroule. L’observation des phénomènes d’innovation sur une longue période balaie le mythe d’un processus continu de renouvellement de la société et confirme son caractère séquentiel, avec des périodes (assez courtes) de nouveauté ou de renouveau qui marquent des moments forts de l’évolution des choses, des institutions, des entreprises et plus généralement des créations humaines, suivies de périodes (nettement plus longues) de relative stabilité, pendant lesquelles il n’y a pas de remise en cause de l’existant dans ses fondamentaux, mais maîtrise, optimisation, diffusion et exploitation de l’acquis. L’analyse des grandes vagues d’innovations fait prendre conscience de tout ce qui perdure, de ce qui est commun aux sociétés humaines, notam- ment dans la façon dont elles gèrent la continuité et le maintien de l’identité parallèlement au renouvellement et à la réalisation de nouveaux projets. Les grandes vagues d’innovations ont de nombreux points communs et de similitudes, et l’enchaînement des différentes séquences du processus d’innovation est pratiquement toujours le même. Beaucoup de valeurs morales, philosophiques, esthétiques, entrepreneu- riales, qui marquent des avancées dans l’ambition humaine, sont également 115 CRÉATIVITÉ ET INNOVATION DANS LES TERRITOIRES communes à ces périodes d’innovation. D’où l’intérêt d’analyser ces périodes passées d’innovation pour en tirer des éléments pouvant être utiles pour aborder résolument le futur, ceci d’autant que les grandes vagues d’inno- vations radicales sont assez espacées et que les individus en ont rarement la mémoire directe, ils en vivent rarement plus d’une dans leur vie, parfois aucune. Un Européen actuel doit se reporter aux deux grandes périodes d’innovation qu’ont été la Renaissance et plus récemment la Belle Époque, pour trouver des périodes comparables à la grande vague d’innovations que nous abordons actuellement. Enfin, une nouvelle vague d’innovations s’appuie autant sur les potentialités nouvelles que sur les avancées des périodes précédentes. Des maillages et des pontages existent entre les vagues d’innovation, les innovateurs reprenant souvent la problématique du développement humain dans leur domaine là où l’avait laissée les innovateurs de la vague précédente. 1.2. Naissance et enchaînement des vagues d’innovations L’analyse des vagues d’innovations met en évidence une structuration en deux grandes étapes : ●tout d’abord une longue période de progression et d’accumulation de connaissances nouvelles, phase que l’on peut qualifier de « poussée scienti- fique et technique » pouvant prendre un caractère révolutionnaire – on parle alors de « révolution scientifique et technique » ; ●ensuite une phase beaucoup plus courte de combinaisons de ces connais- sances et technologies nouvelles en produits et services nouveaux que nous pouvons qualifier de « synthèse créative ». C’est à ce moment que les connaissances accumulées dans la phase précédente sont réellement mises à disposition des individus et de la société qui les ressentent comme un progrès. Alors que la phase d’accumulation des connaissances concerne essentiel- lement le « monde savant », la phase de synthèse créative concerne toute la société puisqu’il y a introduction de la nouveauté dans le monde réel. Si la phase de poussée technologique a tendance à inquiéter la société, la vague uploads/Science et Technologie/ coop-mondragon.pdf

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