Cours inconscient 2015- Carole Bline 1 L’homme, un être qui s’échappe à lui-mêm
Cours inconscient 2015- Carole Bline 1 L’homme, un être qui s’échappe à lui-même ? (Conscience, Inconscient, Autrui, Désir, Interprétation, Liberté) Puis-je me connaître avec certitude ? On a fait une identification spontanée entre conscience et moi, comme si les deux étaient strictement synonymes ; cela supposerait que l’on peut se connaître soi-même avec certitude Difficultés de cette thèse : - n’y a-t-il pas une partie de moi qui m’échappe complètement ? - cela suppose que les autres ne peuvent avoir accès qu’à mon apparence ; or, les autres ne sont-ils pas à même de m’éclairer sur ce que je suis vraiment ? Plan du cours inconscient I- La transparence à soi de la conscience : le cogito cartésien II- L’inconscient freudien, ou, la conscience détrônée III- L’inconscient a les moyens de s’exprimer : on peut donc y accéder et s’en libérer IV- La psychanalyse, une science ? (repère conceptuel expliquer/ comprendre) I- La transparence à soi de la conscience : le cogito cartésien A- Le cogito Descartes, Discours de la méthode, IVe partie Je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi qui le pensais fusse quelque chose; et remarquant que cette vérité : je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques ne pouvaient l'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir sans scrupule pour le premier principe de la philosophie que je cherchais. Puis, examinant avec attention ce que j'étais, et voyant que je pouvais feindre que je n'avais aucun corps et qu'il n'y avait aucun monde ni aucun lieu où je fusse, mais que je ne pouvais pas feindre pour cela que je n'étais point, et qu'au contraire, de cela même que je pensais à douter de la vérité des autres choses, il suivait très évidemment et très certainement que j'étais, au lieu que, si j'eusse seulement cessé de penser, encore que tout le reste de ce que j'avais jamais imaginé eût été vrai, je n'avais aucune raison de croire que j'eusse été, je connus de là que j'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser, et qui pour être n'a besoin d'aucun lieu ni ne dépend d'aucune chose matérielle; en sorte que ce moi, c'est-à-dire l'âme par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps, et même qu'elle est plus aisée à connaître que lui, et qu'encore il ne fût point, elle ne laisserait pas d'être tout ce qu'elle est Thèse : la conscience de soi est la première des certitudes. (Cogito : conscience de soi-même du sujet pensant). Deux mouvements : 1) la certitude de mon existence : réalité de la pensée + certitude d’être 2) la connaissance de ce que je suis m’est donnée dans cette présence immédiate de moi-même à moi-même 1) le contexte de l’interrogation cartésienne Précision : cf. première partie première phrase : « pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux » : pour bien comprendre l’argument cartésien il faut rappeler le contexte de cette interrogation sur soi. D. cherche à savoir s’il existe quoi que ce soit de certain, et qui puisse servir de fondement aux connaissances. Vieille question philosophique, qu’on qualifiera de sceptique. Qu’est-ce que le scepticisme ? Thèse selon laquelle on ne peut rien connaître de certain. Suspension de jugement, épochè… Descartes veut quant à lui réfuter le scepticisme. Pour ce faire il adopte le doute comme méthode. On essaie de tout mettre en doute et si ce qui a été mis en doute s’avère résister, alors, on aura trouvé une vérité, une certitude. C’est la méthode du doute hyperbolique. Descartes a ainsi mis en doute : les sens, les mathématiques, le corps. Cf. malin génie (cours vérité et philosophie) Dans le cogito, D. montre donc que si on peut douter de tout ce qui concerne le monde extérieur, je ne peux douter de ma propre pensée et existence. Cours inconscient 2015- Carole Bline 2 2) dès que je pense, et au moment où j’y pense, j’ai en même temps et nécessairement conscience d’exister a) je pense donc je suis Première expérience par laquelle nous inscrivons notre rapport au monde : la découverte du « je suis » est une affirmation d’existence pure qui relève de l’évidence de l’indubitable. L’expérience de la conscience de soi est le lieu de la certitude d’exister. En effet, je peux douter de tout, mais pour cela, encore faut-il être et exister : pour pouvoir douter de tout, l’existence du sujet est donc requise. Au moment où je doute, je pense, et au moment où je doute, je suis. Même si mes représentations sont fausses, elles ne cessent pas d’être MES représentations : ce sont des événements mentaux d’une conscience. (Et la conscience est la condition nécessaire de toutes mes représentations). b) La transparence à soi de la conscience La conscience est donc chez Descartes douée d'une certitude spéciale, que rien ne peut atteindre. Exemples de jugements absolument certains : (1) je doute que le monde physique existe (2) je crois que j'existe (4) j'imagine une licorne (5) il me semble voir/ entendre/ sentir un cheval (6) je juge que x existe Ces énoncés ont tous en commun d'être au sujet de nos pensées : ils décrivent seulement nos états d'esprit présents, et ne font aucune affirmation concernant ce qui existe indépendamment de notre pensée Cf. une fois encore l’argument du malin génie : Ainsi, alors que le malin génie est capable de nous fournir toutes les sensations que nous recevrions des objets extérieurs, même s'ils n'existent pas, ie, alors que les choses pourraient très bien nous sembler être extérieures tout en ne l'étant pas réellement, le malin génie ne peut me faire croire à l'existence des choses intérieures, ie, il ne peut me tromper concernant ce qui arrive dans mon esprit. Exemple : supposons que vous alliez chez un médecin parce que vous avez mal à l'épaule gauche, et que le médecin ne trouve rien. S'il vous demande si vous êtes bien sûr d'avoir mal, vous serez spontanément indigné, car cela suppose que vous mentez. Pourquoi? Parce que vous ne pouvez pas vous tromper quant à savoir si vous avez mal. 3) L’expérience du doute me révèle aussi ce que je suis Thèse : Je = pensée, substance pensante, une âme a) 4 arguments : 1) C’est parce que je peux douter de l’existence de mon corps et du monde extérieur que j’existe (« puis, que j’étais ») 2) Si je ne pensais pas, je serais en droit autorisé à douter de ma propre existence (« au lieu que… j’eusse été ») 3) Conséquence : je suis bel et bien une substance pensante (« je connus de là… chose matérielle ») 4) Conclusion : l’âme est plus facile à connaître que le corps ; affirmation du dualisme b) Qu’est-ce qu’une substance pensante ? - D'abord, qu'est-ce qu'une substance? C'est une chose au sens philosophique : c'est ce qui fait qu'une chose reste une et la même à travers divers changements (Descartes en donne un exemple dans l'épisode du morceau de cire : il y a quelque chose qui subsiste dans tous les changements d'un corps quelconque). La substance, c'est ce qui sert à relier les qualités, qui est au-delà d'elles. cf. sub, au- dessous, et stare, rester. La substance est le support premier des attributs, ce qui n’a besoin que de soi-même pour exister Cours inconscient 2015- Carole Bline 3 Exemple : Socrate est chauve, il est assis, il marche, etc. : la substance, c'est le substrat qui reçoit ces qualités, qui fait que Socrate, malgré tous les changements qui lui arrivent, reste toujours le même - Ensuite, qu'est-ce qu'une substance pensante? Dire que le Je pensant est une substance pensante, c'est donc dire que les états mentaux, qui lui appartiennent, sont ce qui arrive à cette substance; et que au-delà, il y a quelque chose, un moi, ou l'âme, qui sert à les relier, qui les retient, qui en est l'origine, etc. En fait, le passage du je pense que je suis, au je suis pensant, et au "je suis une substance pensante", ne se justifie que si Descartes fait un raisonnement : il part - de la notion de substance comme présupposé (ie : toute propriété nécessite pour exister une substance dans laquelle elle inhère); - et de son dualisme : les propriétés matérielles inhèrent dans une substance matérielle, et les propriétés mentales inhèrent dans une substance mentale, immatérielle. Ce raisonnement est le suivant : (1) une chose est composée de ses propriétés, plus une substance sous-jacente à laquelle elles appartiennent (2) s'il y a une propriété alors il doit y avoir une substance à laquelle elle appartient (3) une pensée est une propriété (4) s'il y a une pensée, alors, il y a une substance à laquelle elle appartient : Je, Ego, Moi c) La prise de conscience de soi est donc une connaissance de notre moi uploads/Science et Technologie/ cours-inconscient-amboise2015 1 .pdf
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- Publié le Mai 25, 2022
- Catégorie Science & technolo...
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