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HAL Id: halshs-01133665 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01133665 Submitted on 20 Mar 2015 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - NoDerivatives| 4.0 International License Le maleng brô et le vietnamien Michel Ferlus To cite this version: Michel Ferlus. Le maleng brô et le vietnamien. Mon-Khmer Studies, 1997, 27, pp.55-66. halshs- 01133665 Le maleng brô et le vietnamien Michel FERLUS Centre National de la Recherche Scientifique, France 1. Introduction Le maleng brô [mᵊlèɛŋ ɓrʊˀ] est une langue vietique du sous-groupe maleng. Il y a quelques années elle n’était plus connue que de trois locuteurs dans une petite communauté d’une dizaine de personnes localisée sur le versant sud de la chaîne du Phou Ac (Khammouan, Laos). Ils subsistaient péniblement dans un hameau, vivant de cueillette, de chasse, de jardinage sommaire ou de subsides gagnés à l’extérieur. Sur les trois locuteurs (janvier 1993), un seul a pu nous servir d’informateur. Ce parler était donc en voie d’extinction. Aujourd’hui, deux décennies après notre enquête de terrain, on peut considérer le maleng brô comme éteint. Cette communauté avait été pour la première fois reconnue, scientifiquement parlant, par André Fraisse, administrateur des Services Civils. Lors de l’une de ses tournées dans la province dont il avait la responsabilité cet auteur avait pris contact avec deux groupes localisés sur la rivière Nam On (nommée fautivement Nam-Om), les Kha Phong sédentaires de Ban South et, non loin de là, un groupe de semi-nomades dénommés Kha Tong Luang sans plus de précision (Fraisse 1949). Il nous donnait deux vocabulaires, très courts mais suffisants pour identifier le parler de Ban South à un dialecte maleng conservateur et l’autre au maleng brô, objet de la présente étude. Les langues vietiques ont été réparties en huit sous-groupes (Ferlus 1997), 1-maleng, 2-arem, 3-chứt, 4-aheu, 5-hung (aujourd’hui pong), 6-thổ, 7-mường (désormais muong) et 8-vietnamien. Le sous-groupe maleng comporte trois zones dialectales : - Les parlers maleng proprement dit du bassin de la Nam Theun (Khammouan, Laos), localisés dans la zone montagneuse entre cette rivière et la frontière lao-viet. Le pakatan (de paːk ətan “embouchure de la rivière Atan”), fortement influencé par le lao, résulte d’un regroupement de population dans le village de même nom. Les Maleng ont été mentionnés sous le nom de Harème par le Capitaine Rivière (1902) puis, plus récemment, sous le nom de Kha Bo par A. Fraisse (1950). - Le mãliềng (forme vietnamisée de maleng), révélé par les chercheurs vietnamiens (Đặng Nghiêm Vạn et al. 1986), est parlé uniquement au Vietnam dans la zone montagneuse à la limite du Quảng Bình et du Hà Tĩnh. - Le kha phong, ou maleng kari, parlé au Laos dans quelques villages vers la frontière lao-viet. Le maleng brô, nommé kha Nam-Om par A. Fraisse (1949), peut être considéré comme un dialecte du kha phong. Cet article a été publié dans Mon-Khmer Studies XXVII, 1997, pp. 55-66. 2 Les données maleng brô utilisées dans cette étude ont été recueillies sur le terrain en décembre 1992 au cours d’une mission menée en collaboration avec M. Thongpheth Kingsada de l’Institut de Recherche sur la Culture (Vientiane, Laos). 2. Caractéristiques phonétiques du maleng brô Nous présenterons successivement le système consonantique (initiales et finales), le système des voyelles et des tons, et la structure syllabique. Les consonnes consonnes initiales consonnes finales p t c k ʔ p t c k ɓ ɗ s h m n ɲ ŋ m n ɲ ŋ v j w j r l r l On remarquera, par rapport au proto-vietique, l’absence de -h et de -s, et l’existence de -r et -l dans le système des consonnes finales. Les voyelles et les tons Les voyelles (longues et brèves) se répartissent en deux sous-systèmes, les voyelles claires/tendues en série haute, et les voyelles soufflées/relâchées en série basse. voyelles claires/tendues voyelles soufflées/relâchées longues brèves longues brèves ɩː ʉː ʊː ɩ ʉ ʊ ìː ɨ ̀ː ùː ì ɨ ù e̜ː ʌː o̜ː ʌ èː ə̀ː òː ə̀ æː ɒː o ɒ èɛ òɔ ɔ̀ aː a ə̀a ɐ̀ Les unités de série haute se réalisent avec une voix claire non soufflée associée à une certaine tension et à une augmentation de l’aperture. Historiquement, elles se sont développées après les anciennes occlusives sourdes (restées sourdes) et les anciennes résonantes sourdes (actuellement revoisées). Les symboles ɩ ʉ ʊ notent des voyelles sensiblement plus ouvertes (semi-high vowels ou lowered high vowels) que les voyelles habituelles i ɨ u (high vowels) ; pareillement les symboles e̜ ʌ o̜ notent des voyelles sensiblement plus ouvertes (lowered mid-high vowels) que les habituelles e ə o (mid-high vowels). Le symbole ː indique la longueur vocalique dans les syllabes fermées. 3 Les unités de série basse se réalisent avec une voix soufflée (breathiness), ici notée v̀, associée à un certain relâchement (laxness) et une diminution de l’aperture (vowel raising) qui se manifeste par une prédiphtongaison des voyelles ouvertes. Historiquement, elles se sont développées après les anciennes occlusives sonores (aujourd’hui dévoisées) et les anciennes sonantes sonores (restées sonores). Cette opposition ‘clair’ vs ‘soufflé’ se manifeste dans tous les contextes, devant les finales sonores (nasales, liquides, semi-voyelles) et les finales sourdes (occlusives). Dans la pratique les réalisations ne sont pas toujours rigoureusement conformes à cette analyse, ce qui n’est pas surprenant si l’on tient compte des conditions et de la rapidité de l’enquête, de la pression des langues voisines et du nombre retreint de locuteurs. Une constriction glottale distinctive, ici notée -ˀ, caractérisée par un léger resserrement de la glotte (creakiness) pendant l’émission vocalique, peut se manifester sur les syllabes en finale sonore. La combinaison des deux oppositions ‘clair’ vs ‘soufflé’ et ‘glottal’ vs ‘non-glottal’ donne un système à quatre unités supra-segmentales qui peut être interprété comme un système tonal au sens large du terme. v vˀ v t v̀ v̀ˀ v̀t Ton clair/non-glottal (v) Ton clair/glottal (vˀ) sᵊre̜ “pilon, pestle” kᵊraˀ “chemin, path” saːj “oreille, ear” əkaˀ “poisson, fish” po̜ːŋ “fleur, flower” cɒˀ “chien, dog” ɓʊːɲ “cendres, ashes” ple̜ˀ “fruit, fruit” kᵊsaŋ “dent, teeth” po̜ːjˀ “chevreuil, deer” kᵊpʊːr “chaux, lime” kᵊlaːŋˀ “milan, kite” tᵊhɒːr “hache, axe” kᵊmʊːrˀ “termite, white ant” Ton soufflé/non-glottal (v̀) Ton soufflé/glottal (v̀ˀ) pᵊlù “bétel, betel leaf” lòˀ “sortir, go out” ròɔ “tortue, tortoise” prnùˀ “sein, breast” cᵊrɐ̀ŋ “bois, wood” mᵊŋə̀ˀ “cheval, horse” mᵊtə̀am “gendre, son-in-law” kᵊrɨ ̀mˀ “tonnerre, thunder” pɨ ̀n “herbe, grass” ròɔŋˀ “rizière, ricefield” cə̀aŋ “os, bone” kᵊɲə̀arˀ “fourmi, ant” cìːŋ “pied, foot” kᵊcə̀aŋˀ “échelle, ladder” La structure syllabique Le mot en maleng brô est, soit un monosyllabe, soit un dissyllabe du type quasi-dissyllabe formé d’une syllabe principale précédée d’une présyllabe. La syllabe principale présente la même structure qu’un monosyllabe, les oppositions phonologiques s’y réalisent pleinement. La présyllabe est une syllabe réduite non-accentuée ; elle comporte moins de consonnes que la syllabe normale et n’a 4 pas de voyelle pertinente. La présyllabe peut être simple, à un seul élément, ou complexe, à deux éléments. Illustrons ces différents cas par quelques exemples : - Monosyllabes : cɒˀ “chien, dog”, pa “trois, three”, ɗo̜ “singe, monkey”, ke̜ˀ “épouse, wife”, lòˀ “sortir, go out”, haːr “deux, two”, paːɲˀ “vendre, to sell”, cʊŋ “boire, to drink”, kùːjˀ “feu, fire”, ɗaːk “eau, water”, ɓɒːc “champignon, mushroom”, kùːrˀ “porc, pig”, etc. - Dissyllabes à présyllabe simple vocalique : əkaˀ “poisson, fish”, ətak “terre, earth”, əsʊk “poil, body hair”, əsaːmˀ “sang, blood”, əròːt “peau, skin”, etc. La réalisation phonétique de l’élément présyllabique dépend de l’aperture de la voyelle principale, par exemple əkaˀ [akaˀ] et əsʊk [usʊk]. Cependant cette tendance à l’harmonie vocalique n’engendre pas d’opposition pertinente. - Dissyllabes à présyllabe simple consonantique : tᵊmʊˀ “sève, sap”, kᵊɗe̜ “cerf, stag”, sᵊjaːrˀ “serpent, snake”, kᵊhæːk “viande, meat”, kᵊtaːm “crabe, crab”, mᵊtə̀am “gendre, son-in-law”, mᵊsaŋ “mince, thin”, mᵊɲaːn “loutre, otter”, mᵊŋə̀ˀ “cheval, horse”, mᵊlaːc “fade, tasteless”, mᵊraːk “taro, taro”, etc. Comme précédemment, l’aperture de l’appui vocalique dépend du contexte phonétique. Lorsque la nasale présyllabique est homorganique de l’initiale de la syllabe principale il y a formation d’occlusives prénasalisées, mpæːlˀ “sauter, to jump”, mɓaːt “doux, sweet”, ntʊːn “amadou, tinder”, nɗɒːl “sommet, top”, ɲcèːmˀ “jupe, skirt”, ŋkɨ ̀n “canne à pêche, fishing-rod”. L’articulation des groupes occlusive + r / l et leur statut syllabique posent quelques problèmes. Dans la majorité des cas les éléments du groupe sont répartis sur les deux syllabes du mot, kᵊraˀ “chemin, path”, tᵊrə̀aˀ “rizière sèche, dry ricefield”, kᵊlaːŋˀ “milan, kite”, cᵊrɐ̀ŋ “bois, végétal, wood”. Pour certains mots, ils sont articulés dans une même syllabe sans schwa vocalique et constituent l’initiale d’un monosyllabe, prak “argent, silver”, klac “fer, iron”, ple̜ːm “sangsue des bois, landleech”, ple̜ˀ “fruit, fruit”, ɓlʊːŋ “source, résurgence, water spring”. On a cependant relevé des uploads/Science et Technologie/ ferlus1997-malengbro-viet.pdf
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- Publié le Mai 16, 2022
- Catégorie Science & technolo...
- Langue French
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