Remerciez-le!

Remerciez @Admin pour avoir partagé cet document gratuitement, de la manière la plus simple, en partageant sur les réseaux sociaux.

UNE FENÊTRE OUVERTE SUR LE MONDE m ï JUILLET-AOUT 1961 (XIV* ANNÉE) - FRANCE :

UNE FENÊTRE OUVERTE SUR LE MONDE m ï JUILLET-AOUT 1961 (XIV* ANNÉE) - FRANCE : 1,40 NF. - BELGIQUE : 20 fr. - SUISSE : 1,60 fr. L'ART DANS LA VIE DE L'HOMME LA SCIENCE DANS LA VIE DE L'HOMME t ï bistro u¿y>yvyrc£ GÉOMÉTRIE PROJECTIVE : Cette photo ne montre pas, comme on le croirait volontiers, une sculpture abstraite. Elle n'est autre que la projection à trois dimensions d'une formule mathématique, dite « conoide de Plucker ». Elle est exposée dans la Salle des Mathémati¬ ques, au Palais de la Découverte, le grand musée parisien des Sciences. Voir.article page 24. Paul Almasy. Paris LeCourrier JUILLET-AOUT 1961 XIVe ANNÉE NUMÉRO 7-8 Publié en 8 éditions FRANÇAISE ANGLAISE ESPAGNOLE RUSSE ALLEMANDE ARABE AMÉRICAINE JAPONAISE NOTRE COUVERTURE A toutes les époques, les artistes ont fait du corps humain leur étude de prédi¬ lection. Sur notre couverture, du haut en bas (1) Proces¬ sion ; fresque de l'ancienne Egypte. (2) Fragment de " Guernica ", de Picasso. (3) Bas reliefs du temple de Ba- yon. Angkor-^Thom. (4) Scène de marché, détail d'une pein¬ ture de l'école de Hokusai, Japon. (5) Fragment de la Tapisserie de Bayeux, XI* siècle, France. Voir page 4 Photos © Bulloz, Giraudon. NUMÉRO SPÉCIAL L'Art et la Science 7 L'ART DANS LA VIE DE L'HOMME par d'Arcy Hayman 25 ART ET MATHÉMATIQUES Au Palais de la Découverte, à Paris 31 SCIENCES, HOMMES ET SOCIÉTÉS Un biologiste esquisse une philosophie de l'existence par Sir James Gray 34 LA GUERRE CHEZ LES FOURMIS 40 TENDANCES DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE Une enquête mondiale du Professeur Pierre Auger par Daniel Behrman 46 DONNER ACCÈS A LA BABEL DES SCIENCES Le rôle d'interprète de l'écrivain scientifique par Ritchie Calder 48 DES DENTS RÉVÈLENT NOS ANCÊTRES A la recherche des premiers hommes par G. H. R. Koenigswald 53 TARAS TCHEVTCHENKO, POÈTE DE LA LIBERTÉ par Pauline Bentley 57 NOS LECTEURS NOUS ÉCRIVENT 58 LATITUDES ET LONGITUDES Mensuel publié par : L'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture Bureaux de la Rédaction : Unesco, Place de Fontenoy, Paris-7*, France Directeur-Rédacteur en Chef : Sandy Koffler Rédacteur en Chef adjoint : Gordon R. Behrens Secrétaires de rédaction : Edition française : Jane Albert Hesse (Paris) Edition anglaise : Ronald Fenton (Paris) Edition espagnole : Arturo Despouey (Paris) Edition russe : Veniamin Matchavariani (Moscou) Edition allemande : Hans Rieben (Berne) Edition arabe : Amin Chaker (Le Caire) . Edition japonaise : Shin-lchi Hasegawa (Tokyo) Maquettiste : Robert Jacquemin Ventes et distribution : Unesco, place de Fontenoy, Paris-7*. Belgique : Louis de Lannoy, 22, Place de Brouckère, Bruxelles. Les articles et documents non-copyright peuvent être reproduits à condition d'être accompagnés de la mention « Reproduit du Courrier de l'Unesco », en précisant la date du numéro en question. Deux justificatifs devront être envoyés à la direction du Courtier. Les articles signés ne pourront être reproduits qu'avec la signature de leur auteur. Les manuscrits non sollicités par la Rédaction ne sont renvoyés que s'ils sont accompagnés d'un coupon-réponse international. Les articles paraissant dans le Courrier expriment l'opinion de leurs auteurs et non pas nécessairement celles de l'Unesco ou de la Rédaction. ABONNEMENT ANNUEL : 7,00 nouveaux francs ; 1 00 fr belges ; 8 fr suisses ; 1 0/-stg. Envoyer les souscriptions par mandat C.C.P. Paris 12598-48, Librairie Unesco, Place de Fontenoy, Paris. MC 6I-M60F Toute la correspondance concernant la Rédaction doit être adressée au nom du Rédacteur en Chef. Tombeau du Prince Dimitri ; détail de la grille. Église de l'Archange, Moscou. Y Ya <. W& *^f- Le Beau est le sentiment d'une élévation Ozenfant Étude du corps humain. Léonard de Vinci. Photo © Anderson Giraudon, Paris Tout enfant, tout homme, toute civilisation donne forme à ses sentiments et à ses idées par l'Intermédiaire de l'art. L'art est l'essence même de ce qui est humain, 11 incarne l'expérience de l'homme et ses aspirations. Depuis que l'homme s'est affirmé en tant qu'homme, l'art a été son signe dlstinctif et il n'a cessé d'être un créateur d'art. L'acte artistique et son objet sont l'expression et le témoignage constants de l'acte et des objectifs humains. Dans notre monde de plus en plus marqué par la tech¬ nique, l'homme considère sa position dans le champ de l'activité générale avec un sentiment d'orgueil mêlé d'in¬ quiétude. La promesse de lendemains libérés par l'ingé¬ niosité et le zèle de l'homme, et en même temps menacés par le manque d'élévation et de chaleur, par la désinté¬ gration, place l'homme à un point crucial du temps et de l'espace d'où il doit reconsidérer et réaffirmer les valeurs sur lesquelles il a fonde sa vie. H est particulièrement utile, à l'heure actuelle, d'étudier avec soin la fonction vitale des arts dans la civilisation pour se rendre compte de leur contribution essentielle à la survivance et au développement de l'homme. Une civilisation témoigne de la volonté et de la partici¬ pation de l'individu. L'art agit dans une société à peu près comme dans la vie d'un homme. Il devient l'emblème d'un groupe, exactement comme il est la marque distinctive d'une personnalité. C'est un Instrument à la fols universel et personnel par lequel les hommes se protègent et se libè¬ rent. C'est un plan qui permet à la foule comme à l'homme isolé de rendre cohérents les fragments de l'exis¬ tence. C'est un sentiment global, capable d'unir les hom¬ mes tout en préservant à chacun son caractère d'individu unique. C'est un moment du temps où chaque enfant et chaque homme atteint sa beauté et sa plénitude. L'art est une source dynamique et omniprésente qui satisfait le besoin d'expression de l'homme et manifeste ses possi¬ bilités. C' AR les hommes, chaque jour, peuvent et doivent /avoir part à l'expression artistique : ce qui ne veut pas dire que tous les hommes doivent être peintres, architectes, écrivains ou compositeurs, ni qu'ils doivent passer toutes leurs soirées au théâtre ou au concert. Non, cela signifie plutôt que ce qui est en l'homme sensibilité innée, doit pouvoir s'épanouir en étant de bonne heure aidé, puis formé ; ainsi lui sera offerte l'occasion de s'en¬ richir. Et c'est alors que se dégagera l'homme tout entier. L'expérience artistique permet en effet de saisir toutes les formes que peut impliquer l'art : ce qui constitue l' d'un artiste professionnel, d'un artisan primitif, d'un enfant, d'un profane, tout aussi bien que le jugement critique d'un public épris d'art et attentif qui lit, contem¬ ple ou écoute l' d'art avec Intelligence, amour, et attache Intimement. Et la forme la plus élevée de l'expérience artistique est celle qui permet à chaque être humain de prendre connaissance de la particularité esthé¬ tique de ce qui l'entoure, de jouer de l'inépuisable ressource des formes et des couleurs, de la splendeur d'une matière, de la puissance, du rythme, du son de toute création qui unit enfin la poésie de la nature et celle de l'homme. Dans la complexité du monde moderne, il a fallu que les hommes « spécialisent » leur vocation et leur travail. Il en résulte que les disciplines de l'art et de la science, de la philosophie et de la technique, se sont disjointes au détriment les unes des autres. Ce phénomène du xx* siècle est un danger pour l'homme lui-même.; C'est comme s'il avait essayé de séparer sa tête de son corps pour isoler une de ses facultés. Lî éonard de Vinci vivait à une époque où un seul 'homme pouvait embrasser d'un coup d' les deux champs de la recherche. Dans la tradition de la plupart des civilisations orientales, un individu, qu'il soit homme d'Etat, homme d'affaires ou savant, n'est un homme complet que s'il est en même temps sensible aux valeurs artistiques et s'il en a une compréhension intime. Quand l'art et la science atteignent leur expression la plus haute, leurs objectifs, leur expérience, leurs démar¬ ches et leurs réalisations aboutissent presque à une Image unique, le savant se fiant à son intuition, l'artiste discu¬ tant des problèmes de l'énergie et de la matière. Albert Einstein a écrit à ce sujet : « L'homme cherche à se faire de la manière qui lui convient le mieux, une Image simplifiée et intelligible du monde ; il essaie ensuite, dans une certaine mesure, de substituer ce cosmos personnel à celui de l'expérience, et par là-même, de s'en rendre maître. C'est ce que font le peintre, le poète, le philosophe spéculatif et savant. Chacun d'eux fait de ce cosmos et de sa construction le pivot de sa vie affective, afin de trouver ainsi la paix et la sécurité qu'il ne peut atteindre dans l'étroit tourbillon de l'expérience personnelle. » Mais dans ces paroles d'Einstein, 11 faut souligner les mots « de la manière qui lui convient le mieux », car c'est la clé de ce qui sépare l'art de la science. S'il est vrai que le royaume de la science, comme celui de l'art offre à l'homme un champ d'action dans lequel son imagination peut se donner libre cours, s'il est même possible que le savant uploads/Science et Technologie/ fre-o 1 .pdf