Mémoire de recherche Master 1 Urbanisme et aménagement Université Lumière Lyon

Mémoire de recherche Master 1 Urbanisme et aménagement Université Lumière Lyon 2 Les démarches d’observation dites expérimentales ou innovantes pour l’ingénierie territoriale Marion Galabert Sous la direction de Guillaume Faburel, Professeur à l’Université Lumière Lyon 2, Membre du laboratoire UMR Triangle 2016 -1- Mémoire réalisé dans le cadre d’un stage recherche, sous convention avec le Laboratoire d’Excellence Intelligences des Mondes Urbains. Stage ayant pour thème : la recherche « DOIT », Démarches d’Observation dites expérimentales ou innovantes pour l’Ingénierie Territoriale Recherche de l’UMR Triangle pour le Commissariat Général à l’Egalité des Territoires En collaboration avec : La Fédération Nationale des Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement et la Fédération Nationale des Agences d’Urbanisme -2- Remerciements : Je tiens à remercier Guillaume Faburel, pour la confiance accordée durant la réalisation de ce stage, pour la découverte de la recherche scientifique ainsi que pour l’ensemble des réponses apportées face à mes questionnements et interrogations. Mathilde Girault, pour sa présence et ses conseils durant les 5 mois de stage, ainsi que ses nombreux apports théoriques et méthodologiques. Valérie Kauffmann, pour ses conseils. Et l’ensemble des praticiens interrogés, pour leur disponibilité, leur contribution et leur enthousiasme vis-à-vis de cette recherche. -3- -4- Sommaire Introduction .............................................................................................................................. 6 Partie 1 : L’ingénierie territoriale, de l’affirmation d’une maîtrise à la perte d’une légitimité politique .................................................................................................................. 10 1.1. Retour historique sur la construction d’un concept ................................................... 10 1.1.1. Une ingénierie d’Etat.......................................................................................... 10 1.1.2. Le passage à une ingénierie diversifiée .............................................................. 11 1.1.3. La reproduction d’une logique aménagiste ?...................................................... 14 1.1.4. Les représentations praticiennes de l’ingénierie territoriale............................... 17 1.2. Retour sur la méthodologie employée : l’emboitement de trois démarches complémentaires ................................................................................................................... 19 1.2.1. Une analyse pratique des études ......................................................................... 19 1.2.2. La réalisation d’entretiens praticiens .................................................................. 22 1.2.3. L’organisation d’un séminaire exploratoire ....................................................... 24 1.2.4. Retour personnel : la place de l’étudiant dans la recherche ............................... 25 Partie 2 : L’expérimentation comme repositionnement d’une ingénierie territoriale en quête de sens et d’assurance .................................................................................................. 27 2.1. La prise de conscience praticienne : l’expérimentation comme champ des possibles 28 2.1.1. L’improvisation, une nouvelle potentialité pour l’action ................................... 29 2.1.2. Vers une réactualisation d’enjeux centraux par l’expérimentation .................... 30 2.2. Franchir le cap de l’expérimentation : une prise de risque multiple.......................... 33 2.2.1. De l’importance du positionnement structurel… ............................................... 33 2.2.2. …A la contrainte de l’expertise institutionnelle................................................. 37 2.2.3. L’obligation d’une expérimentation en rupture ? ............................................... 41 Partie 3 : L’expérimentation comme reconstruction de savoirs et d’actions légitimes ... 43 3.1. La complication des méthodes conventionnelles ...................................................... 46 3.1.1. L’efficacité des données quantitatives................................................................ 47 3.1.2. La complémentarité des méthodes face à des thématiques nouvelles ................ 48 3.2. Les outils du rapprochement spatial .......................................................................... 52 3.2.1. Un outillage diversifié ........................................................................................ 53 3.2.2. La permanence d’un positionnement distancié .................................................. 58 3.3. L’immersion collective dans le terrain ...................................................................... 59 3.3.1. Les ateliers : la coopération comme autre forme d’apprentissage et mélange des savoirs 60 -5- 3.3.2. La construction de connaissances par l’immersion ............................................ 63 Partie 4 : Une posture praticienne force de renouvellement pour l’ingénierie territoriale .................................................................................................................................................. 67 4.1. Une repolitisation praticienne par l’expérimentation ................................................ 67 4.1.1. L’expérimentation comme engagement praticien .............................................. 67 4.1.2. Une reprise de sens par l’expérience autre des territoires.................................. 75 4.1.3. Le monde praticien en réaction aux démarches expérimentales ........................ 77 4.2. La persistance de barrières : un cercle vertueux incomplet ....................................... 81 Conclusion ................................................................................................................................ 85 Bibliographie ............................................................................................................................ 87 Annexes .................................................................................................................................... 91 -6- « C’est un moment de gravité car nous avons le sentiment d’être écartelés. Nous voyons que sur la sphère politique, il y a le sentiment d’une répétition, d’une impuissance, d’une scène qui se répète en permanence. Partout des attentats, mais aussi des expérimentations, des volontés d’aller de l’avant ».1 (Rosanvallon, 2016) La société française est sujette aux crises économiques et environnementales à dimension mondiale et le désarroi politique devient plus grand à chaque élection, ayant en sourdine une crise sociale toujours présente. Face à cette « grande transition » (Veltz, 2008), les institutions françaises semblent toujours penser la société avec la vision du monde d’hier (selon les catégories socio-professionnelles, l’âge, le lieu de résidence…). Alors même que tous les pores de la société actuelle se trouvent démultipliés et transformés par les modes de vie de la population. Plus rien n’a de commun avec hier, que ce soit les façons d’habiter un lieu, les façons d’être en politique, de se socialiser, de travailler, d’évoluer… La prise de conscience d’un phénomène sans commune mesure s’émancipe : « Le changement engagé, et qui va sans doute se dérouler sur plusieurs décennies, est plus radical que celui que la France a connu dans les décennies d’après-guerre, et qui pourtant avait profondément remodelé notre société » (Veltz, 2008, p9) ; « Nous sommes face à une urgence de la pensée à laquelle nous avons du mal à répondre, et cela induit une distance envers la politique et la vie de la cité qui génère aussi bien des retraits multiples, de l’abstention ou des votes de refus que des souverainismes et autres régressions identitaires » (Viard, 2011, p16). La mutation des territoires, due à l’emboitement des crises économiques, sociales, politiques et environnementales, reconditionne « les pratiques habitantes, les postures politiques et les modes de faire » (Viala, 2014, p143). C’est pourquoi cette « grande transition » influence directement les problématiques auxquelles est confrontée l’ingénierie territoriale aujourd’hui. Ses savoirs se trouvent en difficulté et les praticiens évoquent de plus en plus le besoin de « changer de lunettes »2. Habituellement assurée par les savoirs techniques qu’elle maîtrise, l’ingénierie territoriale peine aujourd’hui à faire face à la mutation des territoires. D’autant plus que la loi du 27 janvier 2014 de Modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles, et la loi du 16 janvier 2015, relative à la délimitation des régions, ont fait évoluer 1 Conférence De Pierre Rosanvallon, Pouvoir d’agir et initiative des citoyens, le 8 février 2016, à Lyon. 2 Jean Marc Offner, directeur général de l’agence d’urbanisme de Bordeaux métropole Aquitaine, Revue Urbanisme, n°400, 2016, page 40 -7- les cadres de l’action publique et réancrent l’ingénierie territoriale dans un contexte métropolitain, poussant celle-ci à davantage se questionner sur ses repères de pensée et habitudes de faire. En fait, la diversité de situations socio-spatiales, tant des espaces de confins territoriaux que dans les hypercentres urbains, tant dans les bourgs de la grande périphérie métropolitaine, que dans les quartiers péricentraux des politiques de la ville… invalide et balaye les représentations et principes d’actions formées autour des dichotomies ville/campagne, centre/périphérie, nature/culture… vestiges de l’époque aménagiste et encore très souvent usitées aujourd’hui. La perte de sens face à la multiplication des situations et de leurs contextes (mais également l’émergence de nouveaux possibles urbains et sociaux), explique alors la formalisation croissante de doutes chez les praticiens. Lors d’un séminaire organisé en 20143, portant notamment sur les évolutions des pratiques et des compétences en urbanisme au sein des agences d'urbanisme, les participants ont ostensiblement soulevé le fait qu’ils « se trouvent confrontés aux limites des formes historiques de la rationalité de l’aménagement ». Le besoin de dépasser leurs compétences techniques passerait alors par la référence à d’autres registres d’observation, d’analyse et d’agir pour une meilleure correspondance avec cette réalité urbaine changeante. La nécessité de quitter les « systèmes stables », et « l’organisation des savoirs organisés autour de ses systèmes stables » (Piveteau, 2011) semble de plus en plus faire consensus dans le monde de la pratique. « Il va falloir observer, comprendre, réfuter, revoir, réajuster les itinéraires méthodologiques qui conduisent à la décision. C’est précisément là le rôle de l’ingénierie territoriale » (Piveteau, 2011). C’est dans ce contexte qu’émerge depuis quelques années un certain nombre d’études d’observation et d’analyse au sein même de l’ingénierie territoriale, se voulant « expérimentales » et/ou « exploratoires », « innovantes » et/ou « créatives », invitant à questionner certains des repères praticiens de la pensée et de l’action. L’expérimentation, par son caractère non défini, non prévisible, semblerait permettre une nouvelle marge de manœuvre aux acteurs. L’expérimentation, comme renouvellement de 3 Séminaire « Imaginaires de la ville, valeurs de l’action et évolution des compétences / formations en urbanisme », 2014, Agence d’urbanisme de Lyon, le LabEx Intelligences des Mondes Urbains et l’UMR Triangle -8- l’observation, de l’analyse et de l’agir permettrait la prise en compte d’autres situations, s’adaptant ainsi aux réalités sociales d’un urbain généralisé mais de plus en plus fragmenté. L’enjeu de ce mémoire est de qualifier et situer le(s) concept(s) d’expérimentation et/ou d’innovation dans le champ de l’ingénierie territoriale comme une réalité encore floue faite de volontés et d’actions encore incertaines et fragiles mais dont l’objectif est de faire advenir un renouvellement de l’ingénierie territoriale dans ses cadres de pensée et ses modalités d’actions. Le parcours de ces deux notions, les enjeux qu’elles soulèvent et les freins qu’elles rencontrent, sont exploités dans ce mémoire. Ce travail a été réalisé dans le cadre de la formation de Master 1 à l’Institut d’urbanisme de Lyon, lors d’un stage recherche portant sur les Démarches d’Observation dites expérimentales ou innovantes pour l’Ingénierie Territoriale (DOIT). uploads/Science et Technologie/ galabert-marion-me-moire-de-recherche-doit.pdf

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