L’implication : entre imaginaire et institution, regards croisés sur le dévelop

L’implication : entre imaginaire et institution, regards croisés sur le développement social et la recherche Sous la direction de René Barbier et Georges Bertin 2007 | vol. 09 Printemps 2007 - Vol. 09, N° 01 Sommaire L’implication : entre imaginaire et institution, regards croisés sur le développement social et la recherche. Sous la direction de René Barbier et Georges Bertin page Editorial: Esprit Critique : « l’implication entre imaginaire et institution » Par Georges Bertin 1 Implication, Imaginaire, Institution Par Alain Lefebvre 2 Implication noétique et flash existentiel Par René Barbier 7 Ontologie, phénoménologie, épistémologie de la recherche en sciences de l'éducation Par Dominique Violet 22 Imaginaire et connaissance : l'implication de l'enseignant dans les savoirs enseignés Par Magali Humeau 26 Approche socio-sémiotique des logiques implicationnelles du chercheur en sciences de l'information et de la communication Par Martine Arino 40 Vers la construction du troisième type du savoir sociologique Par Didier Auriol 48 La collaboration SMA- Sciences sociales ou comment rendre compte de l’implication de la recherche et des chercheurs dans des projets de développement durable : l’exemple du Sénégal Par Alassane Bah, Jean-Max Estay, Christine Fourage et Ibra Touré 55 Implication : entre imaginaire et institution, regards croisés sur le développement social et la recherche. Par Marie-Thérèse Neuilly 67 L’implication dans l’action éducative auprès des jeunes Brésiliens à risque. Par Georgina Gonçalves 82 L’implication des étudiants de première année : entre échec et réussite Par Aïcha Benamar 95 L’implication et la sensibilité dans l’élaboration de projet à partir de deux cas : le bilan de compétence et la formation de formateurs Par Myriam Lemonchois 96 Imaginaire, et implication dans la formation d’etudiants en travail social Par Marie Auriol 102 L’engagement syndical : les conditions de l’implication à l’Université Catholique de l’Ouest Par Jean-Max Estay et Christine Fourage 111 Le management par l’implication ou la logique inversée Par Rabah Kechad 126 Culture, implication et psychologie clinique Par Philippe Grosbois 128 Les enjeux de l’implication dans une école publique au brésil Par Sônia Sampaio | 131 L'autobiographie entre imaginaire et creation auto-poïetique Par Orazio Maria Valastro 144 Formation/implication Par Georges Bertin 159 Revue internationale de sociologie et de sciences sociales Esprit critique - Tous droits réservés Editorial. Esprit Critique : « l’implication entre imaginaire et institution ». Ce titre qui est celui du nouveau dossier de la revue, présenté aujourd’hui, pourrait aussi résumer notre parcours collectif, pris entre les désirs de nos auteurs et les contraintes du milieu. L le succès de la revue Esprit Critique n’est plus à démontrer, il ne se dément pas, malgré les retards constatés depuis deux ans, liés, pour une part, à notre « déménagement ». Elle est désormais en ordre de marche avec un nouveau site et une équipe disponible et toujours efficace. Si l’imaginaire instituant qui nous meut reste intact, l’institution CNAM qui nous accueille désormais va pouvoir nous aider à inscrire notre désir dans la durée. Le numéro que nous présentons cette saison est issu d’un séminaire, organisé avec le professeur René Barbier à Angers en 2004, et de ses productions, auxquelles nous avons joint plusieurs articles traitant du même thème. Nous allons reprendre notre vitesse de croisière avec un numéro libre cet été, puis un numéro consacré, à l’automne, aux travaux du Professeur Jean-Louis Laville autour du thème très actuel des communautés et nous envisageons l’hiver prochain un numéro sur la Phénoménologie de la Santé. Chacun peut y concourir, aussi, n’hésitez pas à nous faire part de vos projets d’articles ou de numéros. Pour l’équipe d’Esprit Critique, Georges Bertin. 1            Dans ces premiers instants d’ouverture, je ne serai pas vraiment linguiste puisque j’ignorerai la synchronie. Mais en interrogeant rapidement leur étymon et leur histoire, nous pourrons prendre en compte « le poids » des substantifs concernés. 1 « Implication » apparaît en notre langue au XIVème siècle, emprunté au verbe latin implicare ,et plus directement au substantif, implicatio. Récurrent, c’est le sens d’ « enveloppement », d’ « embarras » qui est développé, et ce dans des acceptions juridiques et/ou politiques, le verbe lui-même prenant même le sens d’ « engluer ». Ce verbe est régulièrement utilisé dans le syntagme, quasi figé, « impliquer contradiction » = « être contradictoire » employé pour signifier que deux idées sont incompatibles ou se contredisent. Il est très présent au XVIIIème siècle : Diderot dans le Salon de 1767 écrit : « C’est un spectacle d’incidents divers qui n’impliquent point contradiction » et nous pouvons deviner le sourire ironique de Voltaire, se jouant du syllogisme, dans ses Mélanges littéraires au Père Tournemine : « Donc il implique contradiction qu’une pensée soit matière ; or Dieu ne peut faire ce qui implique contradiction. » et Beaumarchais utilise le verbe, dans le même sens mais dans un emploi absolu dans Le mariage de Figaro Acte III, scène XIII, lorsque le Comte dit, parlant de Marceline « Que peut requérir la demanderesse ? –Mariage à défaut de paiement ; les deux impliqueraient ». Encore au début du XIXème siécle, « s’impliquer », c’est « s’embarrasser » . Nous voyons que la notion « d’engagement » est toute récente. Il faudra s’en souvenir : « s’impliquer », n’est-ce pas souvent « se prendre dans les plis » avec ce renforcement du réfléchi « s’ » et du préfixe « in » ? Pour se déprendre de ces plis, il nous faudra « ex- pliquer » ou « ex-pli-citer ». et voudra-t-on trouver un synonyme actuel à ce terme que c’est « s’investir » qui vient à l’esprit, terme qui nous maintient dans le domaine du textile, du revêtement, de la trame. Sachant qu’il est bien des sortes d’investissement, certains suscitant des retournements… Et que, même en ce début de XXIème siècle, être impliqué, c’est ne pas être loin du coupable… La source d’ « imaginaire » nous la trouvons, bien sûr, en imago mais sa signification première « représentation, imitation, portrait, copie » nous ancre, non dans une vision rêvée ou idéale mais dans la chair du concret. Cicéron, dans sa douzième lettre à Atticus parle d’Alexis, imago Tironis, « Alexis, réplique de Tiron « ; et si chez Tacite et Pline le Jeune nous voyons apparaître le sens de « représentation par la pensée, évocation » il faut attendre le dérivé médiéval imaginarius emprunté en 1496 au latin impérial pour voir apparaître le mot « imaginaire » traduit par « simulé ». C’est seulement au XVIIème siècle, et encore de façon adjectivale, avec Descartes en mathématiques (1637, racines imaginaires, nombre imaginaire ) et avec Pascal qu’apparaît la signification « qui n’existe que dans l’imagination ». Molière peut alors écrire en 1673 son Malade Imaginaire. Le substantif, lui, voit le jour en 1820 chez Maine de Biran avec le sens que nous lui attribuons de façon générale : « domaine de l’imagination ». Il n’est pas impossible, par l’étymologie du terme latin, d’envisager un éventuel préfixe im dans imago, auquel ce même préfixe « in » , préfixe d’intériorisation, de fixité lexicale, se retrouve dans nos trois substantifs. 1 Nos supports sont tout logiquement : O.Bloch et W.V.Wartburg, Dictionnaire étymologique de la langue française, Paris (P.U.F.), 1968 et Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Paris, (Dictionnaires Le Robert), 1995. 2 J’aborderai vite « l’institution » qui suit de très près le substantif latin institutio et sur laquelle je reviendrai tout à l’heure. Au XIIème siècle, le mot signifie « chose établie » et corrélativement « doctrine, système, plan de conduite ».. Au XVIème la collusion se fait avec la signification latine que nous connaissons chez Cicéron, dans son De Oratore, « éducation, instruction ». La traduction française du texte latin d’Érasme est De l’Institution des Enfants ; Descartes à l’article 161 de son ouvrage Les Passions de l’âme » écrit : « La bonne institution sert beaucoup à corriger les défauts de la naissance. » Et le terme est établi ainsi au XVIIIème siècle : L « institution - éducation » est le fait des hommes et non de la nature. Au nom des Lumières, on luttera contre l’émergence du sauvage. L’emploi absolu apparaît au début du XXème siècle avec le sens entendu de « structures organisées qui maintiennent un état social ». Avec l ‘ « Institution » nous sommes donc dans la permanence. Je voudrais maintenant poursuivre en mettant en relation ces trois termes. Comment, presque au sens chimique du texte, ces trois noms, pris dans l’athanor de notre titre, réagissent-ils ? L’institution, nous venons de le voir, par son étymon, nous ancre dans le stable. Mais nous le savons, et Diderot nous le rappelle dans Le Neveu de Rameau, il n’est « rien de stable dans ce monde ».Pointent alors quelques questions : « Stable sur quoi ? » c’est -à- dire quels sont les fondements mêmes de cette institution ? pour dire la chose encore plus précisément : qu’est- ce qui fonde l’institution ? Stable jusqu’à quel point, jusqu’à quand ? Chacun uploads/Science et Technologie/ l-x27-institution-entre-imaginaire-et-implication.pdf

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