La pédagogie du jeu Dossier de veille et de curation sur la pédagogie du jeu ré
La pédagogie du jeu Dossier de veille et de curation sur la pédagogie du jeu réalisé par l’équipe de l’Atelier-EDU et de l’asbl PortailEduc Maxime DUQUESNOY Gaël GILSON Jérémy LAMBERT Charlotte PREAT PortailEduc asbl Atelier-EDU http://portaileduc.net http://atelier-edu.be Présentation des contributeurs à ce dossier Maxime DUQUESNOY, Enseignant, chercheur associé au sein du laboratoire CERLIS (Paris Descartes), coordinateur de l’Atelier-EDU Gaël GILSON, Enseignant, doctorant à l’UCLouvain en Sciences de l’Information et de la Communication & Membre du Groupe de Recherche en Médiation des Savoirs (GReMS) à l’UCLouvain Jérémy LAMBERT, Enseignant, conseiller en pédagogie numérique et enseignant au CPFB & chercheur au Centre de recherche sur l’imaginaire de l’UCLouvain Charlotte PREAT, doctorante à l’UCLouvain en Sciences de l’Information et de la Communication, au sein du Groupe de Recherche en Médiation des Savoirs (GReMS). Préambule La place du jeu dans l’enseignement et au sein des apprentissages est un dispositif qui interroge, fascine ou inquiète selon les personnes et les époques. Comme le souligne Chantal Barthélémy-Ruiz, « introduire du jeu dans la pédagogie, c’est vouloir mêler plaisir et travail... Or ce ne sont pas là des notions que le sens commun ni les enseignants rapprochent volontiers »1. Alain (Emile Chartier), dans ses Propos sur l’éducation (1932), pouvait se montrer cinglant sur la place du jeu dans les apprentissages souhaitant « un fossé entre le jeu et l’étude », estimant que cette ludification n’amène à estimer que les « grands secrets ne paraissent pas assez difficiles, ni assez majestueux ». Force est pourtant de constater que le jeu, sous toutes ses formes, prend place dans la classe. Qu’il s’agisse d’un jeu de plateau, d’un jeu vidéo ou d’un escape game, le jeu a pris sa place, peu ou prou, au sein des enseignements, de la maternelle à la formation professionnelle en passant par l’université. Le présent dossier ne vise pas l’exhaustivité. Il est le fruit de notre travail de veille et de curation ; il est empreint de nos pratiques, de nos contacts et, de fait, d’une certaine subjectivité que nous assumons. Dans certaines recherches, le jeu est considéré comme une fin en soi ou comme un moyen. Pourtant, il est possible de l’envisager comme un médium, le plaçant au croisement d’un niveau tactique et stratégique2. Le jeu peut donner (un autre) accès à des savoirs par son intermédiaire tout comme l’enseignant peut donner (un autre) accès au jeu en mobilisant des savoirs. Nous vous souhaitons une agréable lecture de ce dossier, espérant que les (res)sources proposées puissent vous être utiles tant dans vos pratiques que dans votre réflexion pédagogique. Charlotte, Gaël, Jérémy & Maxime 1 Chantal Barthélémy-Ruiz, « Le mariage de l’eau et du feu ? Jeu et éducation à travers l’histoire », Les Cahiers Pédagogiques, N°448 - Dossier "Le jeu en classe" 2 Gilson, G. & Préat, C. (2018). « Les jeux (vidéo) en contexte scolaire : quand les cultures ludiques s’invitent en classe » Le jeu, tentative de définition Dans l’encyclopédie Universalis, on peut lire, concernant le jeu : « Qu’il soit individuel ou collectif, le jeu est une activité qui semble échapper, presque par définition, aux normes de la vie sociale telle qu’on l’entend généralement, puisque jouer c’est précisément se situer en dehors des contraintes qui régissent l’existence ordinaire. Mais, en même temps, il est évident que le jeu n’est pas sans rapport avec cette même vie sociale puisque, d’une part, il la parodie bien souvent et que, d’autre part, on peut aisément trouver dans les formes les moins rationnelles de toute culture des éléments de fantaisie qui donnent satisfaction à notre appétit de jeu. On peut alors se demander si l’esprit ludique n’est pas présent dans certains processus qui s’imposent à l’attention du sociologue, s’il ne lui en fournit pas l’explication, et si, inversement, le jeu n’est pas une sorte de déformation des productions culturelles. On pourrait même soutenir que tout dérive du jeu ou que tout peut devenir jeu. Seules des définitions et des classifications rigoureuses permettent de délimiter la part exacte du jeu dans l’intégration de l’individu à la société ; dans les institutions et les œuvres culturelles, et finalement dans le principe même de l’engagement social. » Pour Roger Caillois (1965), le jeu est une activité qui doit être : ▪ libre : l’activité doit être choisie pour conserver son caractère ludique ▪ séparée : circonscrite dans les limites d’espace et de temps ▪ incertaine : l’issue n’est pas connue à l’avance ▪ improductive : qui ne produit ni biens, ni richesses (même les jeux d’argent ne sont qu’un transfert de richesse) ▪ réglée : elle est soumise à des règles qui suspendent les lois ordinaires ▪ fictive : accompagnée d’une conscience fictive de la réalité seconde Nicole De Grandmond (1995), quant à elle, définit le jeu comme étant: ▪ une acte total faisant appel à tout l'être ; ▪ une action libre qui ne peut être commandée ; ▪ une activité incertaine, dépendante de la fantaisie du joueur ; ▪ une activité spontanée, sans règles préétablies ; ▪ une activité qui fait appel à la motivation intrinsèque. Gilles Brougère (2005) nous donne une définition du jeu en cinq critères : ▪ la fiction « réelle » (le second degré), le jeu prend place dans un cadre spatio-temporel donné et implique une métacommunication. Le joueur s’y investit avec autant de sérieux que dans la réalité ; ▪ la décision du joueur, il n’y a jeu que si le joueur le décide, ce qui renvoie à la fois à sa décision d'entrer dans le jeu et aux décisions qu'il prendra durant le jeu ; ▪ la règle, elle structure le jeu et fait l'objet d'une acceptation collective par les joueurs ; ▪ la frivolité, il n’y a aucune conséquence sur la réalité, il invite à de nouvelles expériences dans lesquelles on n’a pas besoin de mesurer les risques qui freinent. On est force de proposition, plus créatif ; on peut se surpasser ; ▪ l’incertitude, c’est le moteur du jeu. Le jeu n’est jamais deux fois pareil. On ne sait jamais à l’avance comment il va se dérouler et finir. Pour compléter cette partie, nous vous invitons à découvrir le texte de Gilles Brougère « Le jeu peut-il être sérieux ? Revisiter Jouer/Apprendre en temps de serious game » https://experice.univ-paris13.fr/wp-content/uploads/2015/02/Le_jeu_peut- il_tre_srieux__.pdf La pédagogie ludique La pédagogie du ludique3 n’est rien de moins que l’application d’une philosophie de vivre qui autorise l’individu à apprendre par tous les moyens possibles, et cela, à son rythme. Elle exige de celui qui la met en pratique une grande connaissance des apprentissages qu’il veut faire faire et de bien définir ses objectifs. Le jeu peut permettre à l’enseignant d’observer le joueur et sa démarche et de lui apporter systématiquement des supports, des correctifs ou de l’aider. De plus, il permet de suivre l’apprenant et non le devancer dans son apprentissage, respectant sa phase de latence comprise entre l’appris et l’acquis. Il faut aussi comprendre qu’il est un des moyens dans la valise de l’enseignant et qu’il ne règlera pas tout. Apprendre ses tables de multiplication restera toujours fastidieux, on aura beau les réciter les pieds au plafond et la tête dans des coussins l’effort reste le même et le seul moyen de les apprendre est de les mémoriser ! La pédagogie du ludique, comme tout autre forme de pédagogie, a ses forces et ses limites. Elle convient à certains et peut déplaire à d’autres. Elle peut aider à mieux saisir certaines notions, certains concepts comme d’autres pédagogies peuvent le faire. Il lui faut, par contre, deux axes solides : 1. un pédagogue voué à sa philosophie et qui comprend très bien les enjeux de cette façon d’aborder l’apprentissage. 2. La pédagogie du ludique procède par détour, par de l’indirect c’est-à-dire que l’apprenant n’est pas ou peu conscient du but visé. Un debriefing est donc indispensable à la structuration de cet apprentissage. Ainsi tout au long de son « jeu » aura-t-il droit à toutes les découvertes que le pédagogue aura mis en place et bien d’autres que même ce dernier n’aura peut-être pas perçues puisque le bagage de connaissance de l’élève n’est pas à ce point mesurable. L’élève vit dans divers milieux et chacun d’eux lui apporte des connaissances qu’on ne mesure pas nécessaire à l’école. La pédagogie du ludique est une autre forme d’application de la PÉDAGOGIE avec un grand « P ». Elle a les mêmes intentions que la pédagogie seule son approche et ses méthodes diffèrent pour atteindre et aider certains élèves plus fragiles ou plus résistants à l’une au l’autre des pédagogies conventionnelles. 3 Nicole De Grandmont, http://pdagogieetphilosophiedujeu.blogspot.com/ Le jeu ? Les jeux ? Jeu ludique, éducatif ou pédagogique ? Nicole De Grandmont propose une typologie en 3 axes des jeux. Elle distingue ainsi le jeu ludique, le jeu éducatif et le jeu pédagogique. Cette typologie, que nous réorganisons ci-après, sous forme de tableau, est disponible sur son site http://ndegrandmont.webatu.com/ Ce tableau est disponible en version Image (PNG) et en PDF sur notre site Lien vers le PDF : http://portaileduc.net/website/wp-content/uploads/2018/03/Typologie-des-jeux.pdf uploads/Science et Technologie/ la-pedagogie-du-jeu.pdf
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- Publié le Dec 29, 2021
- Catégorie Science & technolo...
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