VOLUME PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE JEAN PIAGET CONNAISSANCE SCIENTIFIQUE LOGIQU
VOLUME PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE JEAN PIAGET CONNAISSANCE SCIENTIFIQUE LOGIQUE ET ENCYCLOPÉDIE DE LA PLÉIADE Tous droits de traduÛion, de reproduHion et d'adaptation réservés pour tous pays. © 19671 Éditions Gallimard. NOTE DE L'ÉDITEUR Chacun des chapitres qui composent ce livre, Logique et connais- sance scientifique, e§t clos par une bibliographie sommaire énumérant les ouvrages recommandés pour d'éventuelles recherches sur un sujet particulier. Le leâeur pourra aussi consulter à la fin du volume i° Un index des noms de personnes. 2° Une table analytique des matières. 3° Une table générale. NATURE ET MÉTHODES DE L'ÉPISTÉMOLOGIE L'ÉPISTÉMOLOGIE ET SES VARIÉTÉS T A logique, la méthodologie et la théorie de la connais- sance, ou épistémologie, constituent trois branches du savoir dont la première seule présente des contours précis. Mais la troisième tend toujours davantage à délimiter son domaine et, si la seconde ne présente pas d'unité organique, elle se répartit en chapitres distincts dont les uns se subordonnent nettement à la première tandis que les autres se rattachent de plus en plus à la troisième. La logique est, en première approximation, l'étude des conditions de la vérité. Or, la connaissance vraie constitue une certaine relation entre un sujet (a) et un objet (b). Par exemple, dire qu' « une truite est un poisson », ou que « les corps s'attirent en raison directe de leur masse et en raison inverse du carré de leur distance », suppose (b) des objets (les truites, les pois- sons, les corps, leurs masses et les distances) et (a) des activités du sujet activité de classification dans le cas du premier de ces deux jugements et activité plus complexe de mise en relation, et ensuite de quantification métrique de ces relations, dans le cas du second de ces jugements. Mais ces jugements font intervenir en outre (c) des struc- tures, et de telles structures sont inhérentes à toutes les relations de connaissance unissant les sujets (quel que soit le niveau de ces connaissances) à des objets (quelle que soit leur variété et cela à partir déjà des objets de la perception). En l'espèce, ces structures (c) sont consti- tuées par des classes et des emboîtements de classes (inclusion d'une sous-classe dans une classe), dans le premier de ces deux jugements, et par des relations, des fonctions, des nombres et une métrique spatiale dans le cas du second jugement. Il existe naturellement un nom- bre indéfini d'autres structures possibles, mais l'essentiel, ÉPISTÉMOLOGIE pour l'instant, est de distinguer, au sein des relations de connaissance s'établissant entre le sujet (a) et les objets (b), ce troisième aspect constitué par les structures ou « for- mes» (c) en effet, il est impossible de savoir d'avance si ces structures ou formes appartiennent au sujet, à l'objet, à tous les deux ou à leur relation seule (ou encore à aucun des deux comme ce serait le cas s'il s'agissait d' « idées» éternelles, au sens platonicien du terme, que le sujet utiliserait toutes les fois qu'il cherche à connaître des objets physiques et surtout à formuler leurs propriétés en un « langage» précis, mais sans tirer ces « idées» ni de lui-même ni des objets, et en se contentant de les retrouver au sein du « langage » ou d'une intuition préétablie d'origine plus profonde). Étant donné l'extrême complexité de cette relation de connaissance, la logique qui, chez Aristote, croyait encore atteindre les activités du sujet (a) et les propriétés communes des objets (b) aussi bien que les structures ou formes en général (c), a fini par se spécialiser dans l'étude de ces formes seules (c), sans plus s'occuper d'établir quelles pouvaient être leurs relations avec le sujet ou avec les objets réels (physiques). Il nous faut donc donner de la logique une définition plus précise en deuxième approximation, la logique eH l'étude des conditions formelles de vérité. Or, de là découlent deux conséquences importantes. La première est que, les « formes» étant ainsi déta- chées du sujet et des objets (au moins provisoirement, c'est-à-dire dans l'état actuel des connaissances et abstraction faite de certains indices annonçant de nou- veaux rattachements ultérieurs), l'étude des conditions formelles de la vérité devient donc une recherche pure- ment normative. Cela signifie que la vérité formelle est affaire de pure validité déduétive, et non pas de fait ou d'expérience. Par exemple, la vérité de « 2 + 2 = 4 » n'est point une vérité d'expérience, car elle n'est en rien contredite par le fait que si je réunis deux gouttes d'eau à deux autres gouttes je n'obtiens pas quatre gouttes mais une seule grande goutte n'équivalant aux « quatre » premières que très approximativement (avec perte de quelques molécules, adjonction de poussières, modi- fications énergétiques, etc., autant de circonstances qui interviennent également dans les cas où l'addition NATURE ET MÉTHODES 2 + 2=44 semble se confirmer en fait, comme lors de la réunion de solides indéformables). La vérité de 2 + 2 =4 est affaire de pure validité formelle en ce sens que, une fois construites et dûment définies les notions de(2), de (4), de (+) et de (=), il en découle nécessaire- ment que (2 -j- 2 = 4), cette « nécessité » résultant alors de la validité des dédu&ions en jeu et non plus de celle de constatations de fait. La seconde conséquence de cette définition limita- tive de la logique est qu'elle laisse explicitement subsister un certain nombre de problèmes fondamentaux, n'appar- tenant donc plus au domaine de cette logique formelle et faisant nécessairement intervenir des questions de fait en plus de celles de validité déduâive ce sont les problèmes de la nature générale des relations de connais- sance entre le sujet et l'objet et les problèmes de ce qui, dans ces relations, est introduit par le sujet (a) ou appar- tient à l'objet (b). Ces derniers problèmes comprennent en particulier la question centrale de la nature des Struc- tures ou formes (c), envisagées cette fois, non plus du seul point de vue de leur validité formelle (ce qui reste le propre de la logique), mais du point de vue de leur position par rapport aux activités du sujet (activités dont ces formes pourraient peut-être constituer un produit), ou par rapport aux propriétés de l'objet (ces mêmes structures pouvant éventuellement, d'autre part, s'avérer comme abstraites de celui-ci). Ces divers problèmes caractérisent alors l'autre des grandes disciplines dont nous avons à traiter en cet ouvrage la théorie de la connaissance ou épistémolo- gie. Sa définition est plus difficile à donner que pour la logique, car, si la connaissance est une relation entre le sujet et les objets, il demeure que les conditions causales de l'intelligence du sujet intéressent davantage la psycho- logie que l'épistémologie, et que les propriétés de l'objet, considérées en leur diversité et en leur détail, intéressent les autres sciences particulières plus que le mécanisme de la connaissance en général. D'autre part, si l'on définit l'épistémologie comme étant l'étude des conditions les plus générales de la connaissance, on méconnaît ce fait fondamental de la multiplicité des formes de connais- sance, les conditions de la vérité n'étant pas exactement les mêmes pour un mathématicien, un physicien, un ÉPISTÉMOLOGIE biologiste et un sociologue. Enfin, il est essentiel de se rappeler que, si l'épistémologie s'intéresse aux condi tions de la connaissance valable, ce qui suppose une référence à la validité normative au sens de la logique, elle doit aussi évaluer les parts respectives du sujet et de l'objet dans la constitution de ces connaissances valables, ce qui suppose également une référence à des questions de fait. Tenant compte de ces divers considérants, nous pour- rions donc définir l'épistémologie, en première approxi- mation, comme Y étude de la constitution des connaissances valables, le terme de « constitution» recouvrant à la fois les conditions d'accession et les conditions proprement consti- tutives. Pour expliquer cette définition en ses divers aspects, partons de l'énoncé que l'on a le plus souvent choisi historiquement pour formuler le problème épistémologique comment les sciences sont-elles pos- sibles ? Nous constatons alors que (i) Cette définition se réfère, d'une part, à la validité des connaissances, ce qui comporte un aspe£t normatif, mais aussi, d'autre part, aux conditions d'accession, etc., qui relèvent de diverses questions de fait. (2) Le pluriel attribué au mot « connaissances » indique que les conditions en jeu ne sont pas nécessaire- ment les mêmes pour les divers types de connaissance comprendre comment la biologie est possible n'explique pas encore comment les mathématiques sont possibles et réciproquement. (3) Le terme d' « accession» indique que la connais- sance est un processus (dimension diachronique ou historique). Or, ce processus intéresse très directement l'épistémologie. C'est, par exemple, une question épisté- mologique et non pas seulement psychologique que de se demander si les êtres mathématiques sont l'objet d'une invention (impliquant donc une part de création s'appuyant sur les activités du sujet) ou d'une simple découverte (impliquant donc qu'ils « existaient ?» déjà bien avant qu'on les découvre). (4) Quant aux conditions constitutives, nous enten- dons par là tout à la fois les conditions uploads/Science et Technologie/ logique-et-connaissance-scientifique.pdf
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- Publié le Mai 05, 2021
- Catégorie Science & technolo...
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