Revue trimestrielle publiée par l'Unesco Vol. X X X V I , n° 4, 1984 Rédacteur
Revue trimestrielle publiée par l'Unesco Vol. X X X V I , n° 4, 1984 Rédacteur en chef p.i. : Ali Kazancigil Maquettiste : Jacques Carrasco Illustrations : Florence Bonjean Les correspondants Bangkok : Yogesh Atal Beijing : Li Xuekun Belgrade : Balsa Spadijer Buenos Aires : Norberto Rodríguez Bustamante Canberra : Geoffroy Caldwell Cologne : Alphons Silbermann Delhi : André Béteille États-Unis d'Amérique : Gene M . Lyons Florence : Francesco Margiotta Broglio Harare : Chen Chimutengwende Hong-kong : Peter Chen Londres : Cyril S. Smith Mexico : Pablo González Casanova Moscou : Marien Gapotchka Nigéria : Akinsola Akiwowo Ottawa : Paul L a m y Singapour : S. H . Alatas Tokyo : Hiroshi Ohta Tunis : A . Bouhdiba Les sujets des prochains numéros Comparaisons internationales Systèmes alimentaires Éducation et sciences sociales Les jeunes Couverture : Globe oculaire reflétant un théâtre (dessin de Nicolas Ledoux [1736-1806], architecte français). Edimedia Ci-contre : Le mystère de la tête humaine (dessin tiré de Robert Fludd, Utriusque Costni Historia [1619]). Explorer REVUE INTERNATIONALE ' s s»~-»' DES SCIENCES SOCIALES LÉPISTÉMOLOGIE DES SCIENCES Ernest Gellner Stefan Nowak Emérita S. Quito Claude Ake Philippe Braillard Edmund Burke III Milton Santos T. V . Sathyamurthy G . B . Benko Jacques Lombard SOCIALES 102 Editorial Analyses générales Le statut scientifique des sciences sociales Écoles philosophiques et méthodes de travail scientifiques en sciences sociales La valeur en tant que facteur de l'action sociale Les sciences sociales c o m m e marchandise Disciplines Les sciences sociales et l'étude des relations internationales L'institutionnalisation de la sociologie en France : sa portée sociale et politique La géographie à la fin du xx e siècle : les nouveaux rôles d'une discipline menacée Le milieu d e s sciences sociales La recherche sur le développement et les sciences sociales en Inde La science régionale : trente ans d'évolution L'enseignement de l'anthropologie : un bilan comparatif Services professionnels et documentaires Livres reçus Publications récentes de l'Unesco ^ ^ ^ * ^ o \ 597 5 9 9 621 637 649 661 677 691 709 735 749 761 767 0 6 AOUT 1985 Editorial D'une certaine manière, l'activité scientifique pourrait être comparée à la pratique d'un sport. U n sportif doit observer les gestes qu'il accomplit et les analyser en détail s'il veut les perfectionner et obtenir de meilleures perfor- mances. D e m ê m e , le chercheur ne doit pas négliger l'auto-analyse professionnelle, la réflexion sur l'orientation et la portée de son travail, sur les moyens théoriques et méthodo- logiques d'améliorer ses résultats, afin de mieux maîtriser son sujet. E n fait, une telle réflexion ne saurait être isolée de l'activité de recherche elle-même. Elle est particulièrement importante dans les sciences de l'homme et de la société, où les rapports entre le chercheur et son objet d'étude ont des caractéristiques particulières, différentes de celles qui existent au sein des sciences de la vie et de la nature. Cependant, les fondements épistémologiques des recher- ches en sciences sociales ne sont pas toujours explicités, ni ne font l'objet d'une analyse systématique aussi souvent qu'il le faudrait. La théorie de la connaissance offre la possibi- lité de jeter un regard salutaire sur les scien- ces sociales, à condition d'éviter, d'un côté, le Charybde de l'obsession épistémologique et, de l'autre, le Scylla d'un empirisme borné. Les articles de ce numéro ressortissent, pour la plupart, à un auto-examen des scien- ces sociales et présentent des points de vue sur certains aspects épistémologiques et insti- tutionnels de ces disciplines. Ernest Gellner aborde la question de savoir si les sciences sociales sont admissibles au club exclusif des sciences. L'univers social peut-il être étudié scientifiquement, ou faut-il laisser cela aux philosophes et aux poètes? Gellner n'offre pas de réponse toute faite, mais il montre avec éloquence la faiblesse des arguments visant à exclure les sciences sociales du champ scientifique. Stefan N o w a k discute des rap- ports entre les méthodes scientifiques utilisées en sociologie et divers courants philosophi- ques et montre que les choix méthodologiques reflètent des orientations philosophiques et épistémologiques. La contribution d'Emérita S. Quito traite des relations entre les valeurs en tant qu'objets d'étude, d'une part, et en tant que facteurs influençant les recherches en sciences sociales, d'autre part. Claude A k e propose une approche qu'on peut qualifier d'économie politique des sciences sociales ; il en ressort que ces dernières, assujetties aux lois du marché et opérant dans un contexte où domine la valeur d'échange et non la valeur d'usage, sont transformées en marchandise. Les trois derniers articles de la section théma- tique sont des analyses épistémologiques de quelques disciplines, saisies dans des contex- tes variés. E d m u n d Burke III étudie les forces économiques et sociales qui orientent l'institu- tionnalisation de la sociologie en France, à la fin du siècle dernier. Philippe Braillard traite de l'étude des relations internationales et Milton Santos, de la géographie. Les textes qui sont présentés dans « L e milieu des sciences sociales » ont des points communs avec ceux de la section thématique. T . V . Sathyamurthy décrit la remarquable 598 Editorial croissance des sciences sociales en Inde depuis l'accession à l'indépendance de ce pays ; G . B . Benko raconte la naissance de la science régionale, un champ d'étude interdisci- plinaire qui s'est développé au cours des dernières décennies ; Jacques Lombard fait l'historique comparé de l'enseignement de l'anthropologie en Belgique, en Républi- que fédérale d'Allemagne, en France, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Dans le passé, la RISS avait consacré plusieurs numéros à des thèmes qui s'apparen- tent à celui de la présente livraison. Citons, pour mémoire, les numéros : 4, vol. X V I , 1964; 2, vol. X X , 1968; 1, vol. XXII, 1970; 4, vol. X X I V , 1972 ; 4, vol. X X I X , 1977. La liste des numéros publiés est fournie en fin de volume. Nous saisissons cette occasion pour informer nos lecteurs d'un changement qui est récem- ment intervenu dans l'équipe rédactionnelle. Peter Lengyel, rédacteur en chef de la Revue depuis 1963, a quitté l'Unesco qu'il avait rejointe en 1953. Sa carrière au service de l'Organisation, consacrée aux divers aspects de la coopération internationale en sciences sociales, fut surtout marquée par le travail qu'il a effectué à la tête de la RISS. A. K. ANALYSES GENERALES Le statut scientifique des sciences sociales Ernest Gellner L'idée du « scientifique » Les sciences sociales sont-elles véritablement scientifiques ? L a question en soulève i m m é - diatement deux autres : Qu'est-ce que les sciences sociales? E n quoi consiste le fait d'être « scientifique » ? La première de ces deux questions ne pose pas de bien grands problèmes, il suffit pour y répondre de n o m - mer ou d'énumérer les sciences sociales, qui ne sont rien d'autre que l'ob- jet de la pratique profes- sionnelle de leurs spécia- listes. Il y a donc dans cette définition une réfé- rence voilée (mais fort perceptible) aux opinions consensuelles, majoritai- res ou incontestées qui ont cours dans les socié- tés contemporaines et qui, par un classement exprès ou tacite, détermi- nent quelles sont les universités, les associa- tions professionnelles et les individus qui sont en quelque sorte les paradigmes d'où procè- dent les normes et qui, en fait, définissent, par les étiquettes qu'ils distribuent, la nature et l'étendue des sciences sociales. C e n'est pas parce qu'elle contient cette référence voilée à l'opinion publique ou au consensus que la définition est pour autant viciée ou circulaire. Majorités, consensus, Ernest Gellner, qui a enseigné à la London School of Economies and Political Science, est actuellement pro- fesseur d'anthropologie au King's Col- lege de l'Université de Cambridge (Royaume-Uni). Parmi ses princi- paux ouvrages, citons : Word and things (1959), Thought and change (1965), Saints of the Atlas (1969), Muslim society (1981) et Nations and nationalism (1983). « solidarité » culturelle générale, toutes ces notions ne sont bien entendu ni infaillibles, ni stables, ni dépourvues d'ambiguïté. Il n'est pas contradictoire de suggérer que l'opinion publique est dans l'erreur à un m o m e n t donné. Si de telles « autorités » peuvent s'éga- rer, peuvent-elles en l'espèce nous fourvoyer, en se trompant dans l'identification de l'objet ou du groupe d'objets qui nous intéresse, à savoir, les sciences sociales? N o n . C e sont justement les sciences sociales telles qu'elles sont effectivement prati- quées et identifiées dans les sociétés contemporai- nes qui sont au cœur de notre investigation. L'opinion publique, aussi vague qu'en soit la défini- tion, ne saurait ici nous induire en erreur, car notre objet se définit pré- cisément par référence aux normes culturelles courantes. Nous pouvons bien entendu nous inté- resser aussi à une science sociale idéale qui serait transsociale et culturellement neutre, en admettant qu'elle puisse exister ; mais ce qui nous occupe au premier chef, ce sont les pratiques concrètes actuellement reconnues c o m m e des « sciences sociales ». uploads/Science et Technologie/ lt-epistemologie-des-sciences-sociales-pdf.pdf
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- Publié le Nov 09, 2021
- Catégorie Science & technolo...
- Langue French
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