VOCABULAIRE DE L'ANGÉLOLOGIE D'APRÈS LES MANUSCRITS HÉBREUX I ) E L A B I B L I

VOCABULAIRE DE L'ANGÉLOLOGIE D'APRÈS LES MANUSCRITS HÉBREUX I ) E L A B I B L I O T H È Q U E N A T I O N A L E D E VOCABULAIRE L'ANGÉLOLOGIE D'APRÈS LES MANUSCRITS HÉBREUX DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE PAR M . M O Ï S E S C H W A B BIBLIOTHÉCAIRE EXTRAIT DES MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS À L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES L" SÉRIE, TOME X, 2' PARTIE PARIS IMPRIMERIE NATIONALE LIBRAIRIE C. KLIINOKSIECK, RUE DE L I L L E , M M DCCC XCVJI VOCABULAIRE DE L'ANGÉLOLOGIE, D'APRÈS L E S MANUSCRITS HÉBREUX DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE. .. .Qua; manifesta sunt nobis et filiis nostris. (Deuteron., XXIX, 28.) Au cours de ses recherches et de ses explications relatives à des monuments antérieurs au vnie siècle, un des premiers archéologues de France, M. Edmond Le Blant, s'était trouvé en face de noms bizarres, qu'il était presque impossible de comprendre, même en ayant recours aux noms d'anges et de démons longtemps usités parmi les gens superstitieux. On a pensé, dès lors, qu'il serait bon d'avoir sous les yeux une liste alphabétique, aussi complète que possible, de toutes ces dénominations souvent obscures; ce serait, d'ailleurs, se rendre à un vœu formulé à propos d'autres publications11^. A cet (1) En mentionnant un article publié dans la Revue de numismatique (1892, p. 24i-258) sur les «Médailles et amu- lettes à légendes hébraïques conservées au Cabinet des médailles et antiques de la Bibliothèque nationale», M. Israël Lévi (Revue des études juives, t. XXV, ι I M P R I K E M E N A T I O N A L E . 1892, p. 14-2) a dit que ce serait rendre service aux chercheurs de composer un dictionnaire de tous les noms d'anges et de tous les termes techniques qui con- stituent le « Vocabulaire de tous ces fa- bricants d'objets naïfs ». 2 ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [114] effet, il faut recourir aux sources premières de la littérature spéciale à l'angélologie, et ne pas hésiter en même temps à dé- pouiller les manuscrits hébreux de la Bibliothèque nationale, dont cent treize numéros, consacrés en bonne partie à la Kab- bale, intéressent le sujet étudié ici. Ce sont les nos 173 4, 187% i 8 8 3 ' \ 196% 226 3 ' 2 2 82 *8, 242, 334 " 335 1 0-"· 1 2, 3 5 3 a ' 5 , 3 9 4 , 4528, 5 9 6 , 602, 6 o 3 , 646, 6 7 6 3 · 7 , 6 8 o 3 i l 3 " \ 707 4, 710 1 9, 71 i a, 714% 719 1 2, 726 2· 3, 764 à 8 4 2 , 8853-5, 9 74 2· 3· 4' 6' 8, 977 6, 982'' 3, ι ο 3 9 \ IO85 3' 4, IO 92 4· 8' 1 1, 1227 2, i284 5 *8, 1294 3. De plus, un manuscrit de la bibliothèque municipale de Cambrai, n° 946 (anc. 845), offre une page analogue. Il faut ajouter une trentaine de monuments épigraphiques du Cabinet de France ou des médailles et antiques de la Bibliothèque natio- nale, puis cinq ou six coupes en terre cuite avec inscriptions chaldéennes au Musée du Louvre, et deux pièces semblables au musée de Lycklama, à Cannes. Après avoir dressé la liste de tous les mots singuliers dissé- minés dans ces textes, il faut essayer de les interpréter. Pour y arriver, l'étymologie linguistique est trop souvent insuffisante, incapable de nous éclairer. Il est indispensable alors d'examiner quels sont les modes de constitution de ces mots; il faut cher- cher· comment ils ont été formés par des gens peu soucieux de la grammaire et même de la logique, mais soumis à d'autres préoccupations; il ne faut pas se laisser rebuter par les détails fastidieux que cet examen comporte. Malgré cela, l'on ne par- viendra que rarement à expliquer ces mots. D u reste, l'objet de cet essai consiste moins à les expliquer qu'à les mettre sous les yeux des savants (l) M. Joseph Derenbourg a bien voulu se faire lire ce travail. Grâce à ses conseils, bien des erreurs ont été évitées. I [115] MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS. Il I En principe, selon la théorie mosaïque énoncée formellement dans la Bible (Nombres, XXIII, 23), «il n'y a pas de magie en Jacob, ni de sortilège en Israël»; la pratique de la divination est interdite [Deutéron., XVIII, 1 0 - 1 2 ) , et un axiome du Tal- mud ( 1 ) dit aussi qu'il ne faut pas avoir souci de l'influence des étoiles. Cependant, en réalité, dans la vie pratique des anciens(2), la théorie la plus élevée, l'idée spiritualiste, a cédé devant la superstition, qui tend à rendre visibles, sensibles, tangibles, les pensées religieuses nées de la méditation et transmises par tradition : telle est l'origine de la Kabbale. « L a démonologie adoptée parles kabbalistes, dit Ad. Franck, n'est qu'une personnification tout à fait réfléchie des différents degrés de vie et d'intelligence qu'ils apercevaient dans la nature extérieure. Toutes les productions, toutes les forces et tous les phénomènes de la nature sont ainsi représentés. . . L'intention de ces allégories devient tout à fait évidente lorsqu'il s'agit des esprits infernaux. Les démons, pour les kabbalistes, sont les formes les plus grossières, les plus imparfaites, les enveloppes (ms^p) de l'existence » Ainsi que les anges, ils forment dix degrés, dont les trois premiers sont plus ou moins ténébreux. Puis viennent les sept parvis^, ou l'enfer proprement dit, of- frant à nos yeux dans un cadre systématique tous les désordres du monde moral et tous les tourments qui en sont la suite. L à , chaque passion du cœur humain, chaque vice ou chaque faiblesse, personnifiée dans un démon, devient le bourreau de ceux qu'elle a égarés dans ce monde. W B., tr. Schabbath, f. i56\ — ^ Ibid., f. 6i b. — W La Kabbale, 2e édition, p. 166-169. — (4) Littéralement : tabernacles, niV^Tl. Ii ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [116] Certains talmudistes se plaçaient pour ainsi dire sur la limite qui sert de séparation entre l'idée et la réalité, entre l'esprit et la matière, entre l'âme et le corps; ils s'imaginaient voir dans ces confins une zone neutre , où s'agitent des êtres fantastiques(I), où dansent des feux follets, où sautillent des gnomes, entraînés à la lueur du soleil par un tourbillon de poussière d'or(2). Écou- tons le sylphe, planant dans le firmament : Je suis l'enfant de l'air, un sylphe, moins qu'un rêve, Fils du printemps qui naît, du matin qui se lève, L'hôte du clair foyer, durant les nuits d'hiver, L'esprit que la lumière à la rosée enlève, Diaphane habitant de l'invisible éther. (V. Hugo, Ballades, II.) De ces hauteurs, où l'azur vu de près est gris, redescendons à terre, et consultons l'histoire. Les Pères de l'Église nous donnent sur l'angélologie quelques enseignements utiles à notre point de vue spécial. Saint Iré- née(3) résume les noms d'anges par les sept suivants : Ialdaboth le démiurge, Iao, Sabaôth, Adoneus, Eloeus, Oreus, Asta- pheus. Le premier nom seul est capital, et les suivants lui sont subordonnés (voir, dans notre seconde liste, l'article Ananel). Saint Épiphane w appelle Barbellon le «protoparent des Gnos- tiques». Or Passeri (5) l'explique par Balbois; les précédents proviennent, selon lui, des mots Idili, Sabao, Eulamo (pour Olam), Adonai, Oeoi (?), qu'il tire des mots Adonaï, Baraba, Les anges sont à moitié esprit, moitié matière : Talmud Β. , tr. Hagliiga, f. i6a; Beresithrabba, ch. xvi; S.Thomas, Summa theol., part, ι, quaest. L et LI. (S) Voir ci-après, prem. liste, aux mots ΝΠη et 12N3K1?. (3) Lib. I, cap. 34, selon Gori, Thesau- rus Gemmarum, II, 228. « Heeres., XXVI. (5) Dans Gori, Thesaurus Gemmarum, II, p. a35. [117] MÉMOIRES PRÉSENTÉS PAR DIVERS SAVANTS. Il Gabriel, Micael, Rafaël. Le commentaire n'est-il pas aussi ob- scur que le texte ? Entre temps, le pyn'o «livre de l'intuition», attribué à R. Hamaï Gaon, donne aux sept dernières des dix Sefiroth, ou «émanations» de la Divinité, des équivalences corporelles : ion et ΠΎΏ3, dit-il, sont les deux bras, droit et gauche; η-ικεη est le tronc; ns: et un sont les deux reins; no·· et niD^D sont les deux pieds. Le total est nommé : corps de la Schekhinah (Providence, Divinité) W. A la vérité, tout ce formulaire n'est que la suite, la consé- quence du langage biblique pour désigner Dieu par des expres- sions concrètes, pour rendre sa perception plus claire aux hommes. Ce sont toujours des anthropomorphismes qui ont créé ces confusions fâcheuses. Un historien de la philosophie^ va jusqu'à dire que Ray- mond-Lulle, le premier révélateur de la Kabbale devant l'Eu- rope, a puisé en elle la croyance à l'identité de Dieu et de la nature, comme selon Georges Wächter la Kabbale ne serait que de l'athéisme. Ces penseurs n'ont été frappés que des formes symboliques, dont l'abus a constitué le uploads/Science et Technologie/ vocabulaire 7 .pdf

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