Max WEBER (1864-1920) Essais sur la théorie de la science Premier essai : “L'ob

Max WEBER (1864-1920) Essais sur la théorie de la science Premier essai : “L'objectivité de la connaissance dans les sciences et la politique sociales ” (1904) Traduction de l’Allemand et introduit par Julien Freund Un document produit en version numérique par Gemma Paquet, bénévole, Professeure retraitée du Cégep de Chicoutimi Courriel: mgpaquet@videotron.ca Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://classiques.uqac.ca/ Une bibliothèque fondée et dirigée par Jean-Marie Tremblay, sociologue Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.ca/ Max Weber, Essais sur la théorie de la science. Premier essai (1904) 2 Cette édition électronique a été réalisée par Gemma Paquet, bénévole, professeure à la retraite du Cégep de Chicoutimi à partir de : Max WEBER Essais sur la théorie de la science [Un recueil d’articles publiés entre 1904 et 1917] Premier essai : “L'objectivité de la connaissance dans les sciences et la politique sociales ” (1904) Une édition numériques réalisée à partir de l’ouvrage Essais sur la théorie de la science. Traduit de l’Allemand et introduit par Julien Freund. Paris : Librairie Plon, 1965, 539 pages. Collection : Recherches en sciences humaines, no 19. Un recueil d’essais publiés entre 1904 et 1917. Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times, 12 points. Pour les citations : Times 10 points. Pour les notes de bas de page : Times, 10 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2004 pour Macintosh. Mise en page sur papier format : LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition complétée le 1er août 2006 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, Québec. Max Weber, Essais sur la théorie de la science. Premier essai (1904) 3 Premier essai 1 L'objectivité de la connaissance dans les sciences et la politique sociales Par Max Weber [1904] Retour à la table des matières 1 Les appels de notes avec des lettres en minuscules (a, b, c…) sont celles de Max Weber, les autres, en chiffres arabes, entre parenthèses, avec hyperliens (1, 2, 3), sont celles du traduc- teur. Nous avons regroupé les notes du traducteurs à la fin de chacun des essais JMT. Max Weber, Essais sur la théorie de la science. Premier essai (1904) 4 La première question * par laquelle on accueille d'ordinaire chez nous la paru- tion d'une revue de science sociale et surtout de politique sociale [147], ou encore un changement dans son comité de rédaction, est la suivante : quelle est sa « ten- dance » (2) ? Nous non plus, nous ne saurions nous dérober à cette question. Aus- si, à la suite des remarques exposées dans la Présentation (3), convient-il d'ouvrir ici un débat sur le problème des principes. Nous aurons- ainsi l'occasion de mettre en lumière, en de multiples directions, ce qui, à notre avis, constitue l'originalité du travail « scientifique » en général dans les sciences sociales. Cela peut être utile, sinon au spécialiste, du moins à maint lecteur peu familiarisé avec la pra- tique du travail scientifique, bien qu'il s'agisse ou, plutôt, précisément parce qu'il s'agit de « choses évidentes ». En plus de l'accroissement de nos connaissances dans l'ordre des « conditions sociales de tous les pays », donc des faits de la vie sociale, l'Archiv, depuis qu'il existe, s'est donné explicitement pour but d'éduquer aussi le jugement à porter sur les problèmes pratiques de la vie sociale, et de ce fait - dans la mesure à vrai dire bien modeste où l'on peut exiger un tel but de savants en tant qu'ils sont des hommes privés - de faire la critique du travail politico-social pratique, jusques et y compris celui des organes législateurs. Toutefois, dès l'origine, l'Archiv tenu à être une revue exclusivement scientifique, à ne travailler qu'avec les moyens de la recherche scientifique. Le premier problème qui se pose est donc le suivant : * Dans la première section de cette étude où l'on parle expressément au nom de la rédaction et où l'on fixe les tâches de l'Archiv, il ne s'agit évidemment pas des opinions privées de l'auteur de cet article, mais au contraire de déclarations qui ont été approuvées explicitement par le comité de rédaction. En ce qui concerne la deuxième section, la responsabilité pour la forme et le fond incombe uniquement à l'auteur de ces pages. L'Archiv ne glissera jamais dans l'ornière des opinions d'une école déterminée. On en trouvera la garantie dans le fait que les points de vue non seulement des collaborateurs, mais aussi des membres du comité de rédaction ne sont en aucune façon identiques, même en ce qui concerne les questions de méthode. D'un autre côté cependant, l'accord sur certaines con- ceptions fondamentales a été la présupposition commune des membres de la rédaction qui ont pris en charge la revue. Cet accord porte spécialement sur l'appréciation de la valeur de la connaissance théorique sous certains points de vue « unilatéraux » ainsi que sur l'exigence d'une construction de concepts rigoureux et d'une séparation stricte entre savoir empirique et jugement de valeur, telle qu'elle est préconisée ici -naturellement sans aucune prétention d'ap- porter quoi que soit de «neuf ». L'étendue considérable de la discussion (sub II ) et la répétition fréquente de la même idée sont exclusivement au service d'un même but : obtenir par ces explications le maximum possible de compréhension commune. A cet effet, nous avons passablement négligé - pas trop, espérons-le - la précision de l'expression et pour la même raison nous avons complète- ment abandonné l'idée d'une recherche systématique au profit d'une succession de quelques points de vue méthodologiques. Sinon nous aurions été amené à soulever une multitude de problèmes épistémologiques qui sont, en partie, beaucoup plus profonds que ceux que nous avons évoqués. Il ne s'agit pas ici de faire de la logique, mais d'utiliser à notre profit certains résultats de la logique moderne, pas plus qu'il ne s'agit de résoudre des problèmes, mais d'ex- poser clairement leur signification au profane. Quiconque connaît les travaux des logiciens modernes - je ne cite que ceux de Windelband, de Simmel, et, pour notre propre but, spécia- lement ceux de Heinrich Rickert - remarquera tout de suite que pour tout ce qui est essentiel nous leur avons emboîté le pas (1). Max Weber, Essais sur la théorie de la science. Premier essai (1904) 5 comment ce but se laisse-t-il concilier en principe avec cette limitation à des moyens purement scientifiques ? Lorsque l'Archiv permet à ses collaborateurs de juger dans ses colonnes des mesures législatives et administratives ou des propo- sitions pratiques en faveur de telles mesures, que signifie cela ? Quelles sont les normes de ces jugements ? Quelle est la validité des jugements de valeur que formule celui qui se pose ainsi en juge ou qu'allègue l'écrivain qui en fait le fon- dement des propositions pratiques qu'il recommande ? En quel sens se maintien- nent-ils encore sur le terrain de la discussion scientifique, puisqu'il faut chercher la caractéristique de la connaissance scientifique dans la validité « objective » de ses résultats considérés comme des vérités ? Dans la première partie nous expose- rons notre point de vue sur cette question pour pouvoir répondre dans la seconde à une autre, plus large - en quel sens y a-t-il des « vérités objectivement valables » dans le domaine de la vie culturelle en général - question que l'on ne saurait élu- der, vu le changement constant et la lutte ardente [148] concernant les problèmes en apparence les plus élémentaires de notre discipline, sa méthode de travail, sa manière de former ses concepts et la validité de ceux-ci (4). Nous ne nous propo- sons pas ici d'apporter des solutions, mais de présenter les problèmes - notam- ment ceux auxquels notre revue doit accorder son attention pour satisfaire aux exigences de son oeuvre passée et future. I Retour à la table des matières Nous savons tous que la science qui est la nôtre, de même que - à l'exception peut-être de l'histoire politique - toutes les sciences qui ont pour objet des institu- tions et des événements culturels humains, sont issues historiquement de considé- rations Pratiques. Élaborer des jugements de valeur sur certaines mesures de poli- tique économique, tel fut le but immédiat et, au départ, unique de notre discipline. Elle a été une « technique » à peu près au sens où les disciplines cliniques des sciences médicales le sont. Or, on sait comment cette situation s'est modifiée petit à petit, sans que l'on ait cependant réussi à établir une séparation de principe entre la connaissance de l. « étant » [Seeinde] et celle du « devant-être» [Seinsol- lende]. Une double opinion fit échec à cette distinction. Tout d'abord celle qui conçoit que des lois immuablement identiques régiraient les phénomènes écono- miques et puis celle qui croit qu'un principe univoque du développement les régi- rait et que, en conséquence, dans le premier cas, - le devant-être se confondrait avec l'étant immuable, - dans le second cas - avec le devenant [Werdende] inéluc- uploads/Science et Technologie/ weber-objectivite.pdf

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