Alan F. Chalmers Qu’est-ce que la science? Récents développements en philosophi
Alan F. Chalmers Qu’est-ce que la science? Récents développements en philosophie des sciences : Popper, Kuhn, Lakatos, Feyerabend Traduit de l'anglais par Michel Biezunski ÉDITIONS LA DÉCOUVERTE 1, place Paul-Painlevé PARIS V* 1988 What is this Thing Called Science? An Assessment of the Nature and Status of Science and its Methods. (University of Queensland Press, St Lucia, 1976 ; second edition 1982.) Si vous désirez être tenu régulièrement informé de nos parutions, il vous suffit d‟envoyer vos nom et adresse aux Editions La Découverte, 1, place Paul-Painlevé, 75005 Paris. Vous recevrez gratuitement notre bulletin trimestriel A La Découverte. © A.F. Chalmers, 1976, 1982. ® Editions La Découverte, Paris, 1987, pour la traduction française. ISBN 2-7071-1713-7 « Comme tous les jeunes gens, j‟étais bien parti pour devenir un génie, mais malheureusement, j‟ai appris à rire. » Cléa, Lawrence Durrell préface à la première édition Ce livre se veut une introduction simple, claire et élémentaire aux conceptions modernes de la nature de la science. En enseignant la philosophie des sciences aux étudiants de premier cycle de philosophie ou à des scientifiques qui souhaitent se familiariser avec les théories récentes sur la science, Je me suis aperçu qu ’il n ’existait pas un seul livre sur la question, pas même un ouvrage à recommander au débutant. Les seules sources disponibles sur ces conceptions modernes sont les sources originales. Elles sont souvent d’un accès difficile pour le débutant, et leur nombre est trop élevé pour qu ‘elles représentent un matériel maniable pour beaucoup d’étudiants. Ce livre ne saurait, bien entendu, remplacer les sources originales pour ceux qui désirent acquérir une connaissance approfondie du sujet mais J‘espère qu ’il pourra constituer un premier abord de la question, facile à comprendre, dont on n’aurait pu disposer autrement. Mon intention de rester simple dans la présentation s’est révélée réaliste pour environ les deux tiers du livre. Parvenu à ce stade, Je constatai avec surprise, après avoir commencé à critiquer les conceptions modernes, d’abord que mon désaccord était plus profond que Je ne le pensais, ensuite que ma critique donnait lieu à une autre conception assez cohérente. C’est ce dont traitent les derniers chapitres du livre. J’aime- 7 rais penser que la seconde moitié de ce livre ne contient pas seulement les résumés des conceptions actuelles de la nature de la science mais également un résumé des conceptions à venir. Mon intérêt professionnel pour l’histoire et la philosophie des sciences naquit à Londres, dans une atmosphère dominée par tes thèses du professeur Karl Popper. Ce que je dois, à l'homme et à ses écrits, à ses conférences et à ses séminaires, ainsi que plus tard à feu le professeur Imre Lakatos, apparaît clairement tout au long de ce livre. La forme de la première moitié du livre est inspirée du brillant article de Lakatos sur la méthodologie des programmes de recherche. L ‘école poppérienne se distinguait par l’exigence faite à chacun de clarifier le problème qui iintéressait et d’exprimer les conceptions qui lui étaient propres de la manière la plus simple et la plus directe possible. SI j’éprouve une dette envers Popper et Lakatos qui ont été exemplaires à cet égard, ta capacité que j’ai acquise de m’exprimer simplement et clairement vient surtout de mes contacts avec le professeur Heinz Post, qui fut mon directeur de thèse au Chelsea College lorsque je préparai mon doctorat au Département d’histoire et de philosophie des sciences. Je ne peux m'empêcher d’éprouver un certain embarras en pensant qu ’il va me retourner son exemplaire de ce livre en me demandant de réécrire les passages qu ’il n ’a pas compris. Parmi mes collègues de Londres, dont la plupart étaient étudiants à l’époque, à qui je dois beaucoup, je remercie particulièrement Noretta Koertge, qui enseigne aujourd’hui à l’université d "Indiana, pour son aide qui me fut fort précieuse. Plus haut j’emploie l’expression école poppérienne, et pourtant ce n’est que lorsque je quittai Londres pour Sidney que je pris conscience de l’importance qu’avait eue pour moi le fait d’avoir participé à ce qui fut une véritable école. Je découvris, à ma grande surprise, l’existence de philosophes influencés par Wittgenstein, Quine ou Marx qui pensaient que Popper faisait fausse route sur de nombreux points : d’aucuns allaient jusqu’à dire que certaines de ses conceptions n’étaient rien moins que dangereuses. Cette expérience fut éclairante. L’une des choses que j’appris fui que Popper se trompait effectivement sur un grand nombre de points, ainsi que je le montre dans la dernière partie de ce livre. Cela ne saurait 8 préface à h première édition cependant masquer le fait que l’approche de Popper est infiniment meilleure que celle en vigueur dans la plupart des départements de philosophie que je connais. Je dois beaucoup à mes amis de Sydney qui m'ont aidé à me secouer de ma torpeur. Je ne veux pas dire par là que je préfère leur point de vue à celui de Popper. D’ailleurs, Us le savent bien. Mais comme je n’ai pas envie de perdre mon temps dans des absurdités obscurantistes à débattre de l’incommensurabilité des domaines de référence (ici les pop- périens dresseront l’oreille), le fait d’avoir été confronté et de m’être opposé à mes collègues et adversaires de Sydney m ’a amené à comprendre les points forts de leurs conceptions et les points faibles des miennes. J’espère que je ne léserai personne en citant ici Jean Curthoys et Wal Suchting. Les lecteurs chanceux et attentifs repéreront dans ce livre une vieille métaphore empruntée à Vladimir Nabokov, et s’apercevront que je lui dois quelque reconnaissance fou des excuses). Je conclus en saluant chaleureusement ceux de mes amis qui ne se soucient pas de ce livre, ne le liront pas, mais qui eurent à me supporter pendant que je l’écrivais. Alan Chalmers, Sydney, 1976 Préface à la seconde édition Si j’en juge par les réactions à la première édition de ce livre, il semble que les huit premiers chapitres remplissent bien leur fonction d’« introduction simple, claire et élémentaire aux conceptions modernes de la nature de la science ». Tout le monde semble être tombé d'accord également sur le fait que les quatre derniers n’y sont pas parvenus. Par conséquent, dans cette nouvelle édition entièrement revue et augmentée, j’ai laissé les chapitres 1 à 8 pratiquement inchangés, et j’ai remplacé les quatre derniers chapitres par six chapitres entièrement nouveaux. L’un des problèmes que posait la dernière partie de la première édition était qu’elle avait cessé d’être claire et élémentaire. J’ai essayé de garder à mes nouveaux chapitres un caractère de simplicité, mais j’ai peur de ne pas y être entièrement parvenu, en particulier lorsque j’ai traité des questions délicates des deux derniers chapitres. Mais en tentant de conserver un niveau d’exposition simple, j’espère n’avoir pas coupé court à d’éventuelles controverses. L’autre défaut de la dernière partie de la première édition était son manque de clarté. Tout en étant convaincu que j’étais, en tâtonnant, sur la bonne voie, je reconnais n ’avoir pas réussi à exprimer une position cohérente et bien argumen- tée, comme me l’ont clairement montré ceux qui m’ont fait part de leurs critiques. Louis AUhusser y est pour quelque 10 préface à la seconde édition chose, car ses conceptions étaient fort en vogue au moment où j’ai écrit cette première édition, et l’on pourra encore discerner un peu son influence dans cette nouvelle mouture. J’en ai tiré des leçons et, dans l’avenir, je tâcherai de me garder de me laisser indûment influencer par le dernier cri de la mode parisienne. Mes amis Terry Blake et Denise Russell m’ont convaincu que les écrits de Feyerabend avaient une importance plus grande que celle que j’étais auparavant prit à admettre. Je lui ai accordé davantage d’attention dans cette nouvelle édition et j’ai essayé de séparer le bon grain de l’ivraie, l’anti- méthodisme du dadaïsme. J’ai été également obligé de séparer ce qui a un sens de « l’absurdité obscurantiste de l’incommensurabilité des domaines de référence». La révision de ce livre doit beaucoup aux commentaires de nombreux collègues, critiques et correspondants. Je ne tenterai pas de les nommer tous, mais je leur exprime ma dette et les en remercie. Alan Chalmers, Sydney, 1981 Introduction L'époque moderne tient la science en haute estime. La croyance que la science et ses méthodes ont quelque chose de particulier semble très largement partagée. Le fait de qualifier un énoncé ou une façon de raisonner du terme « scientifique » lui confère une sorte de mérite ou signale qu'on lui accorde une confiance particulière. Mais, si la science a quelque chose de particulier, qu‟est-ce donc ? Ce livre est une tentative d‟élucider cette question et d‟aborder des problèmes de ce type. On trouve dans la vie de tous les jours de nombreux signes de la haute considération dont jouit la science, même en dépit de quelques désenchantements liés aux conséquences dont on la tient pour responsable, comme les bombes à hydrogène ou la pollution. La publicité nous annonce souvent que tel ou tel produit a été montré scientifiquement plus blanc, plus puissant, plus uploads/Science et Technologie/chalmers-qu-x27-est-ce-que-la-science-ed1987-version-word-pdf.pdf
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- Publié le Jan 01, 2022
- Catégorie Science & technolo...
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