Sciences et langue française 2 CONTACTS Avenir de la Langue Française (ALF) ave
Sciences et langue française 2 CONTACTS Avenir de la Langue Française (ALF) avenirlf@laposte.net Défense de la Langue Française (DLF) dlf.contact@orange.fr Association Francophonie Avenir (AFRAV) afrav@aliceadsl.fr Association COURRIEL bureau@courriel-languefrancaise.org Le droit de comprendre (DDC) marcfavech@aol.com Cercle Littéraire des Cheminots (CLEC) m.lelous@orange.fr Association pour la Sauvegarde et l’Expansion de la Langue Française (ASSELAF) saintrob13@yahoo.fr 3 Pourquoi cette plaquette ? L’intrusion massive des anglo-américains dans les affaires de la République, consé cutive à la catastrophe de la seconde guerre mondiale, n’a pas épargné les pratiques linguistiques : appuyés sur une supériorité écrasante dans la recherche scientifique et ses applications industrielles, les Etats-Unis, secondés par la Grande-Bretagne, ont tra vaillé méthodiquement à imposer leurs codes, leurs règles, leurs méthodes et leurs pro duits dans tous les domaines scientifiques. Notre langue, notamment, qui jusqu’alors tenait une place honorable dans l’expression des progrès en ce domaine, en a été pro gressivement éradiquée : dans les années 80-90, on a recensé 73 articles, études, prises de position dénonçant cet état de fait… On pourrait attendre du gouvernement de la nation une saine prise de conscience des périls que la perpétuation et la généralisation de ces dérives entraîne à coup sûr : on le sait, une langue n’est pas qu’un instrument de communication, elle reflète l’essence même de la personnalité et du génie national. En 1992, on a pu penser qu’il en était ainsi : la place du français dans la vie de la nation a été constitutionnalisée, en 1994, la loi dite Toubon en a tiré certaines conséquences : son article 11 précise « La langue de l’enseignement, des examens et concours, ainsi que des thèses et mémoires dans les établissements publics et privés d’enseignement est le français ». Or, voici qu’à l’issue des assises de l’enseignement supérieur et de la recherche, large consultation des parties intéressées à la réforme de notre système universitaire et de recherche, un projet de loi a été élaboré sous la responsabilité de la ministre Mme Fio raso, qui de manière insidieuse rendrait caduc l’article 11 de la loi précitée. Avenir de la langue française, appuyée par six associations qui travaillent comme elle à la défense et à la promotion de notre langue, a souhaité éditer et diffuser large ment un manifeste très argumenté d’un membre de son Conseil d’administration, chercheur scientifique, complété par d’autres documents pertinents. Son vœu, hors de toute polémique déplacée, est de rappeler à l’opinion et aux déci deurs, et particulièrement aux hommes politiques qui ont actuellement la responsabili té de notre destin national, les enjeux énormes et irréversibles de la réforme envisagée. Avenir de la Langue Française Paris, avril 2013. 4 Sciences et langue française Déclaration de l’Académie des Belles Lettres (2010) Déclaration rédigée par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres qui rappelle dans quelles conditions le français doit être utilisé dans les manifestations scienti fiques qui ont lieu sur le territoire relevant de la législation française : L’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres constate une tendance croissante à user exclusivement de la langue anglaise dans les congrès et colloques de certaines sciences humaines organisés en France. Ce comportement est illégal, il est regrettable au regard de la position traditionnelle de la langue française, et il donne un fâcheux exemple aux francophones du monde entier. D’autre part, il est défavorable au progrès de la recherche. En effet, la langue n’est pas neutre : elle convoie inévitablement des formes de pensée, surtout dans le domaine des sciences humaines, où la diversité est une richesse. L’usage exclusif d’une seule langue a pour effet un appauvrissement. Il importe naturellement que les chercheurs français et francophones participent pleinement à ce qui se fait à l’échelle mondiale. Mais cela n’implique pas qu’ils renon cent à leur langue qui, au contraire, leur facilite la tâche et accroît leur productivité. Il n’est pas difficile de concilier le respect de la langue française et la nécessité de l’inter compréhension. L’Académie appelle à l’observance des règles suivantes, qui découlent de la législation en vigueur: Le français figure parmi les langues admises dans le programme de chaque ren contre organisée sur le territoire français, et il existe une version ou un résumé en français de tous les documents produits à cette occasion. Les participants français s’expriment oralement en français et, en cas de nécessité, distribuent ou affichent une traduction ou un résumé de leur communication en an glais ou dans une autre langue. Les participants non francophones, en cas de nécessité, s’expriment en une autre langue et distribuent ou affichent une traduction ou un résumé en français. Quant aux publications, l’Académie invite les chercheurs français à s’y exprimer en français, en accompagnant leurs textes, si nécessaire, d’une traduction ou d’un résumé en anglais ou dans une autre langue. 5 Déclaration de l’Académie française du 21 mars 2013 Le 22 mars 2013 Déclaration adoptée par les membres de l’Académie française dans sa séance du jeudi 21 mars 2013 Le Conseil des ministres a examiné le mercredi 20 mars un projet de loi relatif à l’enseignement supérieur et à la recherche qui contient une disposition propre à dégra der la situation de la langue française dans l’enseignement supérieur. L’actuel article L123-3II du Code de l’Éducation dispose que la langue de l’enseigne ment supérieur est le français, sauf deux exceptions justifiées par les nécessités pour l’enseignement des langues étrangères ou pour les enseignements des professeurs étrangers invités. Le projet de loi ajoute à cet article deux exceptions supplémentaires : • lorsque les enseignements sont dispensés dans le cadre d’un accord avec une institu tion étrangère ou internationale ; • ou dans le cadre de programmes européens. La première exception est beaucoup trop large. Dans sa rédaction actuelle, elle favo riserait le jumelage entre universités françaises et étrangères et le mécénat internatio nal de chambres de commerce ou d’institutions professionnelles en faveur d’universi tés françaises. Qui peut contester le bien-fondé d’une telle intention ? Mais avons-nous bien mesuré la contrepartie exigée : l’enseignement obligatoire en langue étrangère ? Ce ne serait plus une exception, mais une suspension du principe général. Il ne paraît donc ni opportun, ni même possible d’adopter pareille disposition de loi dont la valeur symbolique serait d’autant plus grande qu’elle serait plus vague, et qui inaugurerait de véritables franchises linguistiques dans les universités françaises. La deuxième exception constitue une menace tout aussi importante pour la situa tion de la langue française dans l’enseignement supérieur. 6 Sciences et langue française Sans nullement méconnaître les nécessités des adaptations et de l’ouverture aux langues étrangères, le principe constitutionnel selon lequel la langue de la République est le français ne doit souffrir, dans le domaine de l’enseignement supérieur, que des exceptions rigoureusement justifiées et précisées, donc limitées. Tel n’est pas le cas de l’exception mentionnée plus haut. Lier une exception en faveur des langues étrangères à un programme européen est un contresens et ouvre la porte à des interprétations dangereuses, et pas seulement dans le domaine de l’enseignement. Contrairement au terme « accord », précédemment utilisé, le terme « programme » est tellement général qu’il ne peut fonder à lui seul des dérogations en matière de langue. Les considérations qui précèdent relèvent d’une application pratique et de bon sens d’un principe fondamental auquel il ne doit être touché qu’avec une grande prudence. La disposition législative envisagée, de caractère général, présente le risque d’être uti lisée trop largement et, en dernier ressort, de porter atteinte au principe lui-même. L’Académie française, fidèle à sa vocation de gardienne de la langue et de son évolu tion, souhaite attirer l’attention sur les dangers d’une mesure qui se présente comme d’application technique, alors qu’en réalité elle favorise une marginalisation de notre langue. En conséquence, l’Académie française demande instamment au législateur de renoncer à introduire dans la loi une disposition portant atteinte au statut de la langue française dans l’Université. 7 Un manifeste de grands savants français pour sauvegarder l’emploi du français dans les sciences La communication scientifique en français est vitale pour notre avenir Depuis un an, les chercheurs ont pris l’opinion à témoin de leur inquiétude pour leur avenir et pour celui de la recherche scientifique en France, et demandé des moyens au Gouvernement. Au cours du débat public qui s’est tenu récemment, et dont il est permis d’espérer que la recherche soit revivifiée, de nombreux thèmes ont été abordés, mais il est frappant que l’un d’entre eux ait été tout à fait passé sous silence : la langue de la communication scientifique. Comme si pour tous il dût aller de soi que tout résul tat scientifique dût être rendu public uniquement en anglais. Les chercheurs français se sont si bien adaptés à l’usage général de l’anglais dans la communication scientifique qu’ils n’écrivent presque plus d’articles en français, et emploient très rarement leur langue, même dans les congrès organisés en France. Cet usage, comme toute norme, facilite bien des échanges, mais, parce qu’il est devenu quasiment exclusif, il a aussi des conséquences dommageables. Il incite à publier en fonction des « facteurs d’impact », suscite parfois suivisme et conformisme, et ne per met plus à la recherche française uploads/Science et Technologie/document-sciences-et-langue-francaise-avril-2013.pdf