1 CORTICOTHERAPIE LOCALE La corticothérapie locale est une thérapeutique majeur

1 CORTICOTHERAPIE LOCALE La corticothérapie locale est une thérapeutique majeure et couramment utilisée en dermatologie. PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES DES DERMOCORTICOÏDES • Activité anti -inflammatoire non spécifique : blocage des différents stades de l'inflammation avec vasoconstriction dont l'intensité est utilisée in vitro pour apprécier la puissance du dermocorticoïde. • Activité anti mitotique avec inhibition de la multiplication cellulaire de 1'épiderme et du derme. • Activité antisynthétique : inhibition de la synthèse de l'ADN, dépression de la mélanogenèse, de la synthèse de fibres de collagène, élastiques... • Activité immunosuppressive tant cellulaire qu'humorale. PHARMACOCINÉTIQUE Après application d'un dermocorticoïde, la couche cornée sert de réservoir et assure un passage continu et prolongé de la molécule dans le derme. Les facteurs influençant le passage de la barrière cutanée sont : • la puissance du dermocorticoïde, • le véhicule (excipient aqueux ou huileux), • la surface de peau traitée, • épaisseur de la peau variable suivant les régions du corps et selon l'âge, • une éventuelle occlusion (naturelle, par exemple au niveau des plis, ou volontaire par application de pansement ou de gants). Le phénomène de tachyphylaxie est à connaître : la répétition des applications entraîne une diminution de l'efficacité avec diminution de l'effet vasoconstricteur et une majoration de risques d'effets secondaires. Il est strictement inutile, voire dangereux, d'appliquer plus de deux fois par jour un dermocorticoïde. CLASSIFICATION DES DERMOCORTICOÏDES • Les dermocorticoïdes possèdent une structure de base commune aux dérivés hémisynthétiques de l’hydrocortisone ; ils diffèrent par les différents radicaux. • Il existe 4 classes de dermocorticoïdes définies en fonction de l'intensité de leur activité : classe I, classe II, classe III, classe IV. La classe d'un dermocorticoïde dépend de sa puissance d'activité (définie in vitro par le test de vasoconstriction). Cette activité vaso Constrictrice, donc l'intensité du 2 produit, dépend de la molécule mais aussi de la forme galénique, certaines formes galéniques comme les pommades augmentant l'absorption cutanée du principe actif. TABLEAU / Classification des dermocorticoïdes 3 INDICATIONS DES DERMOCORTICOÏDES Les indications sont multiples. Les dermocorticoïdes représentent une de choix dans :  L’eczéma contact et l'eczéma atopique ;  Les lichens plans ;  Les lichénifications et les névrodermites. Les dermocorticoïdes sont un des traitements envisageables dans de dermatoses en particulier psoriasis, lupus érythémateux chronique, kératodermie palmo- plantaire, certaines toxidermies, sarcoïdose cutanée, certaines toxidermies, sclérodermie en plaques, lichen scléro-atrophique vulvaire, pelade... CONTRE-INDICATIONS DES DERMOCORTICOÏDES • Les dermatoses infectieuses : - bactériennes (impétigo, folliculite, pyodermite), - virales (zona, herpès), - mycosiques (candidose ou dermatophytose), - parasitaires : gale. • Acné. • Rosacée. • Erythème fessier du nourrisson. EFFETS SECONDAIRES DES DERMOCORTICOÏDES Complications locales • Atrophie cutanée (peau fine, brillante avec visualisation du réseau vasculaire, télangiectasies, purpura ecchymotique, vergetures). L'atrophie cutanée régresse progressivement à l'arrêt du dermocorticoïde, mais ceci de façon inconstante ; • retard de cicatrisation ; • troubles de la pigmentation avec achromie ; • possibilité d'hypertrichose sur la zone d'application ; • acné cortisonique très monomorphe faite de papules érythémateuses inflammatoires régressant à l'arrêt du traitement ; • dermite péri-orale en cas d'applications répétées de dermocorticoïdes surtout fluorés sur le visage ; • granulome glutéal infantile consécutif à l'application de dermocorticoïdes sur la région fessière des nourrissons (éruption nodulaire faite de nodules brun violacé) ; 4 • allergie de contact toujours possible en raison de la présence d'un excipient ; le tableau est souvent abâtardi compte tenu de l'activité anti inflammatoire du dermocorticoïde ; • aggravation d'une dermatose infectée ; • effet rebond, l'arrêt trop brutal du traitement entraînant une réapparition de la dermatose et imposant impérativement l'espacement progressif des applications ou l'utilisation d'un dermocorticoïde moins puissant. Complications générales Ce sont les mêmes que celles de la corticothérapie générale. Elles sont rares, se rencontrent en cas d'utilisation trop fréquente ou trop prolongée d'un produit puissant sur de grandes surfaces de peau lésée responsable donc d'une absorption systémique importante. Ces complications générales sont très rares chez l'adulte et incitent grandement à la prudence chez l'enfant, chez qui la peau est très fine, le rapport surface cutanée sur poids élevé. RÈGLES DE PRESCRIPTION D'UN DERMOCORTICOÏDE Porter un diagnostic précis et porter l'indication d'une corticothérapie locale. Choisir la classe du dermocorticoïde en fonction de : la dermatose, la localisation de cette dermatose et l'âge. En effet si une plaque de lichénification peut bénéficier d'un dermocorticoïde de classe I, une dermatose aiguë comme un eczéma aigu bénéficiera plutôt d'un dermocorticoïde de classe II, voire III chez l'enfant. Les zones de peau fine (visage, paupières), les plis (par l'effet occlusif naturel de ces régions) ne doivent pas bénéficier d'une corticothérapie locale avec un dermocorticoïde de classe I ou avec un dermocorticoïde de classe II pendant un temps trop prolongé. Enfin, l'âge est important à considérer, la peau étant bien sûr beaucoup plus fine chez l'enfant et chez le vieillard. Le choix de la forme galénique dépendra du type de dermatose et de sa localisation. - Les lésions épaisses, chroniques peuvent bénéficier de l'application de pommade ; bien au contraire, les dermatoses aiguës suintantes avec rupture de la barrière cutanée seront traitées par des crèmes. - Les gels sont particulièrement adaptés au traitement des régions pileuses. - Les pommades ne sont pas indiquées dans les dermatoses des plis en raison du phénomène d'occlusion naturel présent dans ces régions. 5 L'ordonnance sera claire et précise - Le traitement d'attaque comportera une à deux applications par jour. - Ces applications seront progressivement espacées, ou le dermocorticoïde relayé par un dermocorticoïde de classe plus faible. - L'arrêt progressif est fondamental pour éviter l'effet rebond. - Il-est souhaitable de mentionner le nombre de tubes nécessaires ainsi que d'écrire la mention « ne pas renouveler » pour éviter les traitements prolongés de façon injustifiée. L'information du patient est très importante L'ordonnance est personnelle. On expliquera le danger potentiel en cas de non- respect de la prescription, en particulier l'explication de l'effet rebond et on indiquera au patient l'inutilité d'appliquer de grandes quantités de produit sur la peau concernée. En cas de risque de surinfection de la dermatose, il est indispensable d'associer un traitement antiseptique (exemple : l'eczéma en phase suintante). Les préparations contenant un corticoïde en association à un antifongique et ou à un antibactérien sont à proscrire. L'association d'un corticoïde avec un kératolytique (exemple acide salicylique) peut être utile dans certaines dermatoses très squameuses comme le psoriasis (exemple : Diprosalic®). uploads/Sante/ 08-2-corticotherapie-locale-dr-haoui.pdf

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  • Publié le Mai 08, 2021
  • Catégorie Health / Santé
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