Techniques multiattache A. Kerner, N. Montluc, I. Brandy, M. Dumitrache, E. Lej
Techniques multiattache A. Kerner, N. Montluc, I. Brandy, M. Dumitrache, E. Lejoyeux, R. Garcia Aujourd’hui, les orthodontistes disposent de multiples appareils thérapeutiques, qu’ils soient fixes ou amovibles. Les appareils multibague ou multiattache sont les plus utilisés, car ils permettent le contrôle tridimensionnel des déplacements dentaires. Parmi eux, le système Edgewise reste le plus répandu, et ce quelle que soit la conception orthodontique utilisée, Edgewise standard de Tweed Merrifield, techniques d’arc droit, technique linguale, technique segmentée. Ainsi, même si certaines différences existent entre ces méthodes, toutes tendent vers les mêmes principes : importance du diagnostic symptomatique et surtout étiopathogénique des dysmorphoses dentosquelettiques pour la réussite du traitement, prise en compte du contexte musculaire et fonctionnel du patient et utilisation de forces légères et continues dans le respect des lois de la biomécanique. © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Techniques multiattache ; Edgewise ; Technique segmentée ; Technique linguale Plan ¶ Introduction 1 ¶ Points de repère 2 ¶ Différentes familles d’Edgewise 2 Edgewise standard 2 Techniques d’arc droit ou « straight wire » 6 Technique linguale 7 Brackets autoligaturants 12 ¶ Techniques dites « de deuxième génération » 13 Segmentation des arcades 13 Technique bioprogressive 14 Technique de Burstone 17 Conclusion 21 ¶ Techniques de Begg et Tip-Edge 22 Technique de Begg 22 Tip-Edge 22 ¶ Conclusion 22 ■Introduction Ce qui constitue l’une des grandes richesses de l’orthodontie, c’est la multiplicité des procédés dont dispose le praticien pour corriger une malocclusion dentaire ou une dysmorphose squelettique. Une des classifications possibles de ces dispositifs consiste à distinguer les appareils amovibles, qui peuvent être ôtés de la bouche par le patient, des appareils fixes, par définition figés (scellés ou collés) sur les arcades dentaires pendant toute la durée du traitement. Longtemps appelés multibague, les appareils multiattache, comme il est plus juste de les nommer aujourd’hui, permettent le contrôle tridimensionnel du dépla- cement dentaire, en réponse à une force appliquée sur la couronne des dents. Il est communément admis que les résultats issus de ces appareils ne dépendent pas de la spécifi- cité d’une technique en particulier, mais de l’usage qu’en font leurs utilisateurs. Depuis les cinquante dernières années, les progrès continuels de la recherche et de l’industrie ont permis une modernisation des outils orthodontiques. Ainsi, les attaches sont passées du bracket monoplot au bracket biplot ; elles peuvent être propo- sées en alliage métallique (acier, titane), ou dans un matériau esthétique (céramique, résine), en essayant de les rendre le plus biocompatibles et le moins allergènes possible. Les ligatures peuvent être placées par le praticien ou bien être déjà incluses au sein du bracket qui est dit alors « autoligaturant ». L’orthodontiste dispose aujourd’hui d’un vaste choix d’allia- ges pour les arcs orthodontiques. Celui-ci se fait en fonction des propriétés mécaniques requises, ainsi que des caractéristiques des forces à appliquer : acier inoxydable, alliages à base de cobalt et de chrome (Elgiloy), de titane et de molybdène (TMA), de nickel et de titane (NiTi), ou alliages superélastiques à mémoire de forme sont ainsi disponibles en longueurs ou préformés, et ce dans différentes sections. L’amélioration permanente des systèmes de collage des attaches a également contribué à augmenter les performances des systèmes multiattache : depuis le premier collage direct d’un bracket par Newman en 1965, les nouvelles générations de systèmes d’adhésifs ont permis d’optimiser le collage des attaches en fonction de la nature du substrat (émail, céramique, amalgame, or, etc.) et de sa localisation (vestibulaire, linguale, secteur antérieur ou postérieur plus humide), tout en gardant des propriétés mécaniques, d’étanchéité et de biocompatibilité performantes. Les attaches sur les molaires sont ainsi de plus en plus utilisées en remplacement des bagues. De même, les techniques de collage indirect (pour la technique vestibulaire ou linguale) se développent de plus en plus. Évolution des attaches, évolution des arcs, évolution des systèmes de collage, évolution des systèmes de ligatures, l’orthodontie moderne est en perpétuelle évolution et n’est pas prête de s’enliser. ¶ 28-655-M-10 1 Médecine buccale . © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 27/02/2016 par CERIST ALGERIE (353213) ■Points de repère [1-7] De l’Antiquité jusqu’à la Renaissance, qu’ils soient scientifi- ques ou artistes, les hommes se sont toujours intéressés à l’environnement dentofacial. En 1728, dans son Traité des dents, Fauchard recommande déjà le limage des tissus dentaires en cas d’encombrement et décrit des moyens orthodontiques pour les déplacer. En Europe, au XIXe siècle, l’amélioration des connaissances au niveau physiologique conjuguée aux progrès techniques permet la création de nombreux dispositifs capables de délivrer des forces ou bien servant d’ancrage. Mais l’instabilité politique et économique du début du XXe siècle est peu propice au dévelop- pement de l’orthodontie. Malgré tout, les thérapeutiques dites « fonctionnelles » voient le jour, en France notamment sous l’égide de Robin qui met au point le premier monobloc. Elles continueront de se développer dans toute l’Europe grâce aux travaux d’Andresen, Bimler, Franckel, Balters, et Stockfisch. À la fin du XIXe siècle, les progrès techniques et industriels des entreprises américaines permettent à l’orthodontie de prendre un nouvel essor. Quelques inventeurs géniaux, que nous appelons encore aujourd’hui les « pères de l’orthodontie moderne », vont mettre au point les fondements de l’orthodon- tie d’aujourd’hui. De cette origine outre-Atlantique persiste d’ailleurs une grande partie du vocabulaire dédié à l’appareil multiattache. En premier lieu, Case utilise des tubes ouverts, en or ou en maillechort (alliage métallique de cuivre, zinc et nickel) ou bien soudés sur bagues (premier scellement de bague par Magill en 1871), dans lesquels il introduit un fil rond, mais ne permettant pas de déplacer l’apex dans le sens vestibulolingual. Il crée alors un second système, le contouring (1893) qui, à l’aide d’un levier et de deux arcs (un vestibulaire et un palatin), développe un couple de forces pour ainsi contrôler le torque incisif. Il est également un des premiers à préconiser les extractions dentaires dans certains cas (encombrement) et l’emploi des tractions intermaxillaires. À la même époque, Angle, grand admirateur de Dame Nature (qui selon lui « ne crée rien en vain »), cherche avant tout à obtenir l’alignement idéal des dents, mais il s’oppose vivement à Case car étant farouchement contre les extractions (premières querelles entre extractionnistes et non extractionnistes). Les idées d’Angle sont retenues par la majorité des praticiens. Il fonde, en 1887, la première école américaine d’orthodontie, qui verra figurer entre autres comme élèves Charles Brodie et Cecil Steiner. Angle propose donc ainsi différents systèmes d’expan- sion pour déplacer et surtout pour orienter les dents : l’« E- arch » (arc d’expansion) ne provoque que des versions ; le « Pin- and-Tube » (appareil à tenons et à tubes verticaux) se révèle difficile à manipuler ; puis, en 1913, arrive le Ribbon-arch (arc ruban) : c’est un arc de section .022 inch (.022″) × .036″ placé à plat, courbé sur le grand côté, inséré donc verticalement dans des attaches Ribbonwise à gorge rectangulaire ouverte en direction occlusale, et ligaturé par des épingles en cuivre. Ce sont les premières véritables attaches orthodontiques. L’ensem- ble permet d’appliquer un couple de forces dans le plan vestibulolingual. Mais ce dispositif présente également ses limites sur le contrôle du torque, et pas d’action mésiodistale. Secondé par ses étudiants Brodie et un certain Charles Tweed, Angle présente enfin, en 1925, l’appareil Edgewise (littéralement « par le petit côté ») : c’est un système préfabriqué, composé d’attaches et d’arcs, qui reste aujourd’hui, malgré d’incessantes modifications, le système le plus répandu au sein des techniques fixes. Il s’agit de brackets métalliques (appelés également consoles, verrous, ou attaches orthodontiques), munis d’une lumière rectangulaire horizontale, permettant l’insertion horizontale par le chant (petit côté) d’un arc rectangulaire, autorisant ainsi le parfait contrôle tridimensionnel de l’orienta- tion et du déplacement dentaire. Cependant, la grande défor- mabilité de l’appareil liée à la nature des alliages qui le constituent à cette époque (or ou maillechort) fait tomber cette innovation presque dans l’oubli... mais pas pour longtemps. En effet, Brodie et Steiner améliorent le système Edgewise qui gagne ainsi en rigidité. Après avoir appliqué pendant six années les conseils d’Angle, Tweed est peu satisfait des résultats esthétiques (profils qu’il trouve trop convexes) et constate l’instabilité des traitements par expansion. La céphalométrie récemment apparue lui permet d’analyser ces résultats. Il nie toute possibilité d’action sur les bases squelettiques et recommande donc d’adapter le contenu (les dents) au contenant (la face), en réalisant des compensa- tions dentoalvéolaires et conclut sur le rôle clé de la position de l’incisive mandibulaire. Il propose alors la possibilité d’extraire les premières prémolaires dans un but de stabilité et d’esthéti- que (correction des biproalvéolies). D’abord critiqué, il est ensuite rallié par la majorité des orthodontistes de l’époque. Il va transformer l’orthodontiste en « plieur de fil » et contribuer au développement du raisonnement biomécanique en introdui- sant la notion d’ancrage. Ses concepts sont enseignés à la Fondation Tweed (Tucson, États-Unis) : il utilise le système Edgewise d’Angle, mais modifie les phases mécaniques en fonction des extractions préconisées. Pendant la période économique faste succédant au deuxième conflit mondial, uploads/Sante/ 28-49187-plus.pdf
Documents similaires
-
24
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 03, 2022
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
- Taille du fichier 1.3626MB