ACTIVITÉS ET RESPONSABILITÉS DU PHARMACIEN DANS SES SECTEURS PROFESSIONNELS HAB
ACTIVITÉS ET RESPONSABILITÉS DU PHARMACIEN DANS SES SECTEURS PROFESSIONNELS HABITUELS ÉVOLUTION, SITUATION ACTUELLE, RAISONS A LA BASE DE CETTE SITUATION, PROPOSITIONS. Enquête réalisée, en 1999 – 2000, par l’Académie nationale de Pharmacie. Rapport rédigé par Francis PUISIEUX. 1 Au cours des dernières décennies, les activités du Pharmacien ont profondément évolué, quel que soit le secteur professionnel concerné : pharmacie d’officine ou hospitalière, biologie privée ou hospitalière, industrie pharmaceutique etc… Les causes, à la base de cette évolution, sont d’ordre à la fois scientifique, technique, social, réglementaire et économique. Dans certains domaines, les activités et les responsabilités du Pharmacien se sont accrues ; dans d’autres, elles ont eu tendance à se réduire. Dans la plupart des cas, elles ont, pour le moins , changé de nature. En février 1999, le Professeur Pierre DELAVEAU, Président de l’Académie nationale de Pharmacie, et François BOURILLET, Secrétaire général, souhaitant mieux connaître la réalité de cette évolution, m’ont proposé de lancer une enquête auprès des membres de l’Académie et d’un certain nombre de personnalités du monde pharmaceutique. Le présent rapport est divisé en trois chapitres : - situation et responsabilités du Pharmacien dans chacun des secteurs professionnels : histoire, évolution, situation actuelle ; - analyse des raisons à la base de la situation actuelle ; - principales propositions. Les éléments contenus dans chacun des ces chapitres sont d’abord le fruit des réponses adressées à l’Académie. Pour certains des thèmes abordés, il a cependant été nécessaires de faire appel à des articles ou ouvrages dont plusieurs ont été publiés par des membres de l’Académie nationale de Pharmacie. La liste des personnalités ayant répondu à l’enquête est indiquée en annexe, avec mention de celles ayant accepté de relire et de corriger le texte initial de ce rapport. Dans le texte lui-même, les noms des personnalités à l’origine des remarques ou propositions ne sont cités, selon le vœu de l’Académie, que lorsqu’il s’agit de propos ayant un caractère personnel. Je remercie très sincèrement le Président Pierre DELAVEAU et François BOURILLET, Secrétaire général, de l’intérêt qu’ils ont porté à l’ensemble de cette réflexion. J’adresse mes plus vifs remerciements à toutes les personnalités qui ont accepté de répondre à l’enquête et toute ma reconnaissance à celles qui ont bien voulu me faire part de leur avis et de leurs suggestions pour 2 les chapitres relevant de leur compétence particulière.* J’engage tous ceux qui recevront ce rapport à faire l’effort d’au moins le parcourir. Les informations qu’il contient, fournissent un bon éclairage de la situation du Pharmacien dans l’ensemble de notre système de santé et sont loin d’être défavorables à notre profession. Dans un monde où la pluridisciplinarité est la règle, le Pharmacien a souvent su tirer parti de son ouverture à un large éventail de disciplines. Homme d’interface, il a réussi, dans plusieurs secteurs, à asseoir sa légitimité en assurant le minimum de « miscibilité » entre les différentes disciplines représentées. Il est ainsi devenu un élément nécessaire à leur synergie et l’un des hommes-clés du système de santé français. Francis PUISIEUX * Mes remerciements vont également à Madame Catherine Bulté qui a dactylographié ce rapport ainsi qu’aux personnels du laboratoire de Pharmacie Galénique (Professeur P. Couvreur) de la Faculté de Pharmacie de Châtenay-Malabry, qui ont assuré la multiplication. 3 1. Situation et responsabilités du Pharmacien dans chacun des secteurs professionnels : histoire, évolution, situation actuelle. 1-1 PHARMACIE D’OFFICINE 1-1-1- Histoire et évolution L’histoire et l’évolution de l’officine ont été présentées en détail dans différents ouvrages, parmi lesquels « La pharmacie française, ses origines, son histoire, son évolution » de G. DILLEMANN, H. BONNEMAIN et A. BOUCHERLE, édité en 1992 par Tec-Doc, ou encore « La profession de pharmacien à travers les siècles » de J. VAYSSETTE (Bulletin Ordre N°350, Mars 1996, p 111 à 117). Jusqu’au Xème siècle, l’art de guérir fut l’apanage d’un seul personnage à qui revenait tout à la fois la récolte des « simples », leur transformation en préparations administrables à un patient et le traitement de ce dernier. On appelait ce personnage « l’apothecarius » (apotec = boutique, lieu de dépôt). Au XIIème siècle, la fonction médicale fut séparée de la fonction pharmaceutique mais les apothicaires n’obtinrent pas pour autant leur autonomie ; ils furent intégrés dans l’ensemble des marchands de produits végétaux qu’on appelait soit des « espicyaires » soit des « apothicaires » suivant qu’ils vendaient surtout des épices ou surtout des remèdes. En 1258, Saint Louis accorda un statut particulier aux apothicaires mais c’est à l’ensemble des espicyaires et des apothicaires que Charles VII imposa, en 1494, le régime des corporations. Au cours des siècles suivants, les apothicaires perfectionnèrent leur art et leur technique et firent un effort particulier pour développer leur formation. C’est en 1576 que Nicolas Houël jeta les bases de l’enseignement pharmaceutique à Paris, en créant un hôpital destiné à préparer des orphelins au métier d’apothicaire. Ce n’est qu’au XVIIIème siècle qu’intervint la séparation entre épiciers et apothicaires. Elle fit l’objet de la Déclaration royale du 25 avril 1777 qui donna aux apothicaires le monopole de la 4 dispensation et leur conféra l’appellation de Maîtres en Pharmacie. Sur la base de ce texte, les apothicaires de Paris se réunirent en une seule corporation, le « Collège de Pharmacie », et promulguèrent, dans ce cadre, deux des principes qui régissent encore l’exercice de la Pharmacie d’officine : le principe de « l’exercice personnel » de la profession et celui de « l’indivisibilité » de la propriété et de la gérance de l’officine. Le début du XIXème siècle fut marqué par la promulgation d’une des lois majeures concernant la profession pharmaceutique : celle du 9 Germinal an XI. Due, pour l’essentiel, à FOURCROY et signée par BONAPARTE, 1er Consul, cette loi modifia sérieusement l’organisation générale de la pharmacie. Le monopole pharmaceutique fut confirmé mais le régime corporatif fut supprimé. A la surveillance collégiale de la profession, fut substituée celle de l’État à qui revint dorénavant la formation des pharmaciens et l’inspection des pharmacies. Par ailleurs, la loi de Germinal an XI : - créa un Codex national qui se substitua aux formulaires régionaux et dont la première édition, rédigée en latin par FOURCROY et VAUQUELIN, parut en 1818 ; - exigea la présence, dans les pharmacies, d’un lieu sûr et séparé pour la détention des substances vénéneuses et la tenue d’un registre pour la délivrance de ces dernières ; - interdit la vente des remèdes secrets. Quelques points de la loi Germinal an XI furent amendés au cours des années qui suivirent mais, pour l’essentiel, cette loi resta en vigueur jusqu’au début des années 1940. La réforme, inscrite dans la loi du 11 septembre 1941, fut promulguée par le Gouvernement de Vichy. Elle comportait de nombreux points majeurs particulièrement importants pour l’exercice officinal : - le maintien du monopole pharmaceutique qui se vit même renforcé par la suppression de la profession d’herboriste et la limitation du nombre de médecins propharmaciens ; - la confirmation de l’exercice personnel de la profession : le fonds de commerce de l’officine devait appartenir à un pharmacien qui devait y être présent pour exercer sa 5 profession lui-même ; - la limitation du nombre des officines. Événement majeur :la loi définit, pour la première fois, le médicament destiné à l’usage de la médecine humaine : « toute drogue, substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines et conditionnée en vue de la vente au poids médicinal ». L’ordonnance du 5 mai 1945 valida, pour l’essentiel, la loi du 11 septembre 1941 mais rétablit les syndicats pharmaceutiques supprimés par la dite loi. Elle instaura, de plus, l’Ordre national des Pharmaciens. L’ordonnance du 23 septembre 1967 apporta d’intéressantes modifications à la définition du médicament. Complétée par les lois du 31 décembre 1971 et des 29 mai et 10 juillet 1975, elle est encore à la base de la définition actuelle : - « toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales ainsi que tout produit pouvant être administré à l’homme ou à l’animal en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions organiques » 6 L’évolution des activités du Pharmacien, au cours des dernières décennies, est parfaitement décrite dans les diverses réponses de l’enquête de l’Académie nationale de Pharmacie notamment celles de R. BAPTISTE, M. BAUMGARTEN, G. BESSE, P. BOURRINET, P. CASAURANG, J. DREANO, M.N. ESTRADE, M. FAYOLLE, J. HENON, J.P. LOUSSON, Ch. MARCIANO et J. ROBERT. Elle est le fruit de plusieurs événements majeurs : l’industrialisation de la fabrication du médicament conduisant au remplacement progressif des préparations magistrales et officinales par les spécialités ; la volonté progressivement affichée par les Etats de maîtriser les dépenses de santé ; le besoin de sécurité de plus en plus exprimé par la société dans le domaine sanitaire comme dans tout autre domaine ; la prise de conscience de l’atout que constitue pour le Pharmacien d’officine, dans le domaine médical et social, sa proximité particulière du public. uploads/Sante/ academie-2.pdf
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- Publié le Sep 03, 2021
- Catégorie Health / Santé
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