ANNEE 2008 APPORT DE L’HYPNOSE MEDICALE DANS LA CONCEPTION D'UN PROJET DE SOIN

ANNEE 2008 APPORT DE L’HYPNOSE MEDICALE DANS LA CONCEPTION D'UN PROJET DE SOIN DU RESIDENT EN EHPAD Mémoire de Diplôme Universitaire de Médecin Coordonnateur en EHPAD Université René Descartes – Paris V Faculté Cochin – Port Royal Directeur de Thèse: Pr Anne-Sophie Rigaud par le Dr Gérard GOLDSCHMIDT 2 SOMMAIRE I- INTRODUCTION.............................................................................................................. 3 II- HISTORIQUE.................................................................................................................... 5 III- NOTIONS SUR L'HYPNOSE MEDICALE..................................................................... 7 IV- MODES DE FONCTIONNEMENT ET BASES PHYSIOLOGIQUES ACTUELLES ..11 V- APPORTS THEORIQUES DANS LE SOIN DE LA PERSONNE AGEE EN EHPAD..18 VI- APPORTS PRATIQUES DANS LE PROJET DE SOIN INDIVIDUALISE DU RESIDENT.............................................................................................................................. 20 VII- L'INTEGRATION DE L'HYPNOSE MEDICALE DANS LE SOIN EN EHPAD....... 27 VIII- CONCLUSION.............................................................................................................. 29 BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................... 30 3 I- INTRODUCTION Comment définir un projet de soins individualisé pour un résident en EHPAD ? Pour constituer des racines solides à cette réflexion, considérons simplement que l’évolution de la prise en charge médicale spécifique du grand âge ne diffère pas de l’évolution générale des consultations de médecine générale. Les praticiens ont consacré leurs efforts pendant plusieurs siècles à diagnostiquer et traiter les maladies aiguës ou chroniques avant de s’orienter depuis quelques décennies sur la prévention. Plus récemment le souci du mieux-être physique et psychique motive de plus en plus de patients à nous consulter et nous devons répondre à cette demande fonctionnelle de la vie courante. Le projet de soins pour nos plus anciens peut ainsi se formaliser en trois objectifs principaux. Le premier objectif est de prévenir, dépister, évaluer et traiter les pathologies aiguës ou chroniques de nos résidents. Ce principe constitue le socle de tout projet de soins individualisé. Le deuxième objectif est de prévenir l’évolution péjorative des pathologies chroniques du grand âge en mettant en place les moyens nécessaires au maintien des capacités physiques et psychiques de chaque personne âgée. Ce chapitre est également très vaste, de mieux en mieux étudié mais les moyens manquent souvent au médecin coordonnateur pour les mettre en œuvre en institution. Le troisième objectif tend à cette notion plus récente de mieux-être physique et psychique. Nous ne sommes plus uniquement dans l’organique mais dans l’ambition d’un meilleur fonctionnement physique et psychique permettant l’accès à la notion de qualité de vie. Cet objectif est bien sûr subordonné à la réalisation des deux premiers principes mais inversement peut participer à lutter contre les maladies et à maintenir le potentiel moteur et cognitif. La qualité de vie peut simplement être définie par la perception plus positive du fonctionnement de notre corps et de notre esprit. Nous mesurons déjà dans cette notion simple l’importance de la lutte contre la douleur. La perception positive du corps s’entend donc en termes de sensations physiques confortables. La perception positive de l’esprit s’entend en ressenti agréable des émotions et des affects en rapport avec le fonctionnement du corps mais aussi avec l'environnement. Comment comprendre, évaluer et améliorer ces perceptions? Quels sont les interactions entre le ressenti émotionnel et les phénomènes douloureux corporels? Quand la démence détruit la partie lucide et consciente de notre psychisme, comment concevoir un vécu sensoriel mais aussi affectif et émotionnel souvent préservé? Comment appréhender le double fonctionnement cérébral capable de nous transmettre dans le même temps les informations de notre conscience consciente et de notre conscience automatique et inconsciente des ressentis? Pouvons nous faire l’expérience d’une dissociation entre le fonctionnement cérébral lucide et conscient et le fonctionnement automatique et inconscient basé sur l’expérience vécue et le ressenti émotionnel et affectif? Cette dissociation est tout simplement le fondement de l’expérience hypnotique. Cet état de conscience particulier interpelle de plus en plus les neurophysiologistes qui peuvent s’appuyer sur les avancées de l’imagerie cérébrale pour lui donner des bases plus scientifiques. Les praticiens formés à l'hypnose peuvent-ils influencer ces perceptions inconscientes pour soulager ou guérir des dysfonctionnements ou des douleurs morales ou physiques? 4 Ce mémoire se propose donc après un rappel historique, d’évoquer les notions théoriques et pratiques récentes sur l’hypnose médicale et de considérer ses apports possibles dans un projet de soins individualisé du résident en EHPAD en particulier dans la lutte contre la douleur, en soins palliatifs et en fin de vie. 5 II- HISTORIQUE Nous évoquerons quelques aspects historiques de l'hypnose pour mieux comprendre l'interprétation équivoque de sa pratique jusqu'à nos jours et l'accouchement difficile d'une véritable hypnose médicale. Le mot hypnose est chargé de beaucoup de significations. Demandez autour de vous ce que ce mot évoque. Vous obtiendrez des réponses intéressantes : transe hypnotique, regard hypnotique, hypnose de music hall, domination de l’hypnotiseur, sommeil profond de l’hypnotisé, manipulation pendant la transe, résumé des concepts qui hantent l’esprit des personnes non informées sur la réalité de l’hypnose. Si nous reprenons ces idées reçues, nous pouvons facilement les expliquer, car elles correspondent au parcours évolutif de l’hypnose au fil des âges. La transe hypnotique est employée depuis l’aube de l’humanité par les chamans qui utilisent, inconsciemment, le processus hypnotique dans leurs interventions thérapeutiques. La transe permettant de créer le lien entre le chaman, les forces ou les divinités de la nature et les personnes souffrantes. Cette hypnose chamanique est encore employée de nos jours dans certaines régions du monde, Amérique du sud, Afrique, Sibérie. En 1529 Paracelse, médecin alchimiste, expose une théorie appelée «système de la pensée sympathique». Selon lui, chaque individu possède son magne, son fluide, émané des astres. Le magne des personnes saines attire celui des personnes malades et est susceptible d'agir sur leur constitution. Messmer, médecin allemand formé à Vienne, reprendra cette théorie deux siècles plus tard dans son ouvrage «Message sur la cure magnétique» (1775) pour définir la notion de «magnétisme animal» et de « fluide animal» et mettre en place des séances spectaculaires autour d'objets métalliques magnétisés dans un baquet que les participants touchaient fébrilement pour provoquer leur guérison. Messmer pouvait ainsi provoquer par le regard, ou par des passes ou des attouchements sur les zones sensibles du corps de ses patients de véritables «crises nerveuses ». Le marquis de Puysegur, émule de Messmer, ne parvint pas à se détacher de cette notion de fluide même s'il découvre le pouvoir de la parole et parle d'état somnambulique. L'abbé Faria en 1819 allait bouleverser les théories en cours et fut le premier à affirmer que le fluide magnétique n'existait pas. Faria utilisait la suggestion directe pour mettre en valeur le pouvoir de l'imagination.. Le premier, il montra que le sommeil provoqué n'est qu'un demi- sommeil qu'il nommera « sommeil lucide ». La guerre reprit alors de plus belle entre les partisans de l'existence d'un fluide et les non fluidistes. En 1841 un chirurgien anglais James Braid, devait reprendre et améliorer les théories de Faria. Il nie la présence d'un fluide et affirme que la parole, le regard, les gestes sont les seuls à pouvoir transmettre la volonté du magnétiseur à son sujet. Il propose le terme d '« Hypnotism » et donne à cette pratique des bases qu'il veut scientifiques. Pour Braid un individu peut s'hypnotiser tout seul en fixant, par exemple, un objet brillant. Le braidisme prend une vigueur nouvelle en 1866 avec le Dr Liébault, médecin généraliste, de la banlieue de Nancy qui fonde sa thérapie sur la suggestion verbale. « Il endort par la parole, 6 il met dans le cerveau l'image psychique du sommeil, il cherche à y mettre l'image psychique de la guérison. » L'époque suivante verra l'affrontement de deux courants d'idées. Charcot, médecin à la Salpétrière, pensait que le sommeil hypnotique est une névrose qui se développe uniquement chez les sujets hystériques. Cette névrose comprendrait trois états: léthargie, catalepsie, et somnambulisme formant ensemble « le grand hypnotisme ». La renommée de Charcot attira le jeune Sigmund Freud qui passera six mois à ces côtés. Bernheim, à Nancy, s'opposera à la théorie du grand hypnotisme et démontrera que l'état hypnotique est un phénomène psychologique normal. Il soignera dans son service hospitalier, les pathologies les plus diverses: sciatique, eczéma, épicondylite, aphonie mais aussi des symptômes hystériques. Il juge l'état hypnotique secondaire et attribue tout le pouvoir thérapeutique à la suggestion et à la capacité du sujet à être suggestionné. Il recevra également la visite de Freud qui écrira à son propos: « Je fus témoin des étonnantes expériences de Bernheim sur ses malades et c'est là que je reçus les plus fortes impressions relatives à la possibilité de puissants processus psychiques, demeurés cependant cachés à la conscience de l'homme ». A Vienne, le neuropsychiatre Joseph Breuer, ami et correspondant de Freud, utilise l'hypnose pour faire disparaître des symptômes en rapport avec un traumatisme affectif et nomme ce phénomène catharsis. Freud utilisa l'hypnose et les suggestions directes mais trouva cette méthode à l'époque trop autoritaire dans sa pratique. Il fonda alors sa propre technique la psychanalyse suite à un transfert affectif d'une de ses patientes « sans rapport avec son pouvoir de séduction personnelle ». En France, après la mort de Charcot, l'hypnose connait une période de déclin. Il faut attendre 1912 pour voir Schultz , professeur de neuropsychiatrie, élaborer une technique de relaxation utilisant l'hypnose: le training autogène. L'école soviétique se développe de 1922 à 1960 uploads/Sante/ apport-de-l-hypnose-medicale-dans-la-conception-d-un-projet-de-soin-du-resident-en-ehpad-memoire-de-gerard-goldschmidt.pdf

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  • Publié le Mar 10, 2021
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
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