HALTE À LA VIOLENCE CONTRE LES SOINS DE SANTÉ LES SOINS DE SANTÉ EN DANGER EXPO

HALTE À LA VIOLENCE CONTRE LES SOINS DE SANTÉ LES SOINS DE SANTÉ EN DANGER EXPOSÉ D’UNE URGENCE Comité international de la Croix-Rouge 19, avenue de la Paix 1202 Genève, Suisse T +41 22 734 60 01 F +41 22 733 20 57 E-mail: shop@icrc.org www.cicr.org © CICR, août 2011 Photo de couverture : Atef Safadi Nuage de gaz lacrymogènes dans une ambulance lors d’une manifestation. LES SOINS DE SANTÉ EN DANGER EXPOSÉ D’UNE URGENCE 4 UN PROBLÈME D’IMPORTANCE VITALE POUR LE MOUVEMENT INTERNATIONAL DE LA CROIX-ROUGE ET DU CROISSANT-ROUGE L’après-midi du 7 janvier 2009, des ambulanciers du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de la Société du Croissant-Rouge palestinien font une terrible découverte dans une maison du quartier de Zeitoun, à Gaza, bombardée quatre jours plus tôt : douze morts gisent sur le sol et quatre jeunes enfants, trop faibles pour tenir debout, sont étendus à côté du corps sans vie de leurs mères. Les soldats d’un poste de contrôle non loin de là ne sont pas intervenus pour prêter assistance aux victimes et ont interdit aux ambu- lanciers d’aller les secourir, le jour du bombardement. Lorsque les secouristes reviennent sur les lieux, ils reçoivent à nouveau l’ordre de rebrousser chemin, mais cette fois, ils décident de désobéir et de porter secours aux survivants. Moins d’un mois plus tard, dans le nord de Sri Lanka, c’est l’hôpital de Puthukkudiyiruppu, dans la région de Vanni, qui se retrouve sous les bombes : parmi les 500 patients qui reçoivent des soins dans cet hôpital, le dernier encore en activité dans cette région déchirée par la guerre, beaucoup sont tués ou blessés. Après avoir été la cible de deux frappes directes, l’établissement doit être évacué, et les patients sont transférés dans un centre communautaire dépourvu d’eau potable. En septembre de la même année, dans la province afghane de Wardak, des soldats s’introduisent en pleine nuit dans l’hôpital Ghazi Mohammed Khan, à la recherche d’un combattant ennemi blessé. Ne le trou- vant pas, ils rassemblent les membres du personnel et leur ordonnent de leur signaler tous les « combat- tants ennemis » présents dans l’établissement. Lorsque ceux-ci refusent d’obéir au nom de l’éthique médicale, les soldats braquent leurs armes sur eux et menacent de les tuer s’ils ne s’exécutent pas. Après cet incident, plusieurs collaborateurs quitteront leur emploi, terri- fiés à l’idée de retourner sur leur lieu de travail. Enfin, en décembre 2009, un kamikaze se fait exploser lors d’une cérémonie de remise de diplômes dans la capitale somalienne de Mogadiscio, tuant des étudiants en médecine qui ont travaillé dur pour aider leur pays à sortir de la souffrance et du désespoir où l’ont plongé deux décennies de guerre civile. Cette tragédie prive le peuple somalien de médecins qui lui font cruellement défaut, d’autant que c’est seulement la deuxième pro- motion de diplômés en médecine depuis vingt ans. Ces incidents, qui se sont tous produits en 2009 dans le cadre de quatre conflits différents, ne sont pas des faits isolés : les attaques contre les structures médica- les, les personnels de santé et les véhicules sanitaires, et les obstacles qui entravent l’accès des blessés et des malades aux services de santé sont en effet devenus monnaie courante dans les situations de conflit et de troubles internes, partout dans le monde. Ces actes ont en outre d’importantes conséquences indirectes : des agents de santé abandonnent leur travail, des hôpitaux ferment leurs portes et des campagnes de vaccination sont interrompues. Ces répercussions multiples et dé- sastreuses privent des communautés entières d’accès à des services adéquats. La violence dirigée contre les patients et les personnels ou les structures de santé, qu’elle se manifeste par des actes ou des menaces, est ainsi l’un des défis humanitaires majeurs auxquels le monde fait face aujourd’hui. Et pourtant, elle passe souvent inaperçue. 5 Christopher Morris/VII Réaffirmer le rêve d’Henry Dunant Porter assistance aux blessés, quel que soit leur camp, telle est l’idée qui a donné naissance au Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge il y a plus de 150 ans, sur le champ de bataille ensang­ lanté de Solférino, en Italie. En juin 1859, Henry Dunant, un commerçant suisse, est témoin de ce terrible car- nage. Horrifié par tant de souffrances, il fait appel aux habitants des environs pour qu’ils viennent en aide aux blessés, Autrichiens ou Français, sans distinction aucune. « Tutti fratelli », tous frères, c’est la devise des secouristes improvisés qui s’emploient à ce que les 40 000 soldats blessés ou agonisants soient traités avec la décence que mérite tout être humain : qui de distribuer un peu d’eau pour étancher la soif, qui d’ap- pliquer un bandage propre sur une blessure, ou encore de recueillir quelques dernières paroles, pour qu’une mère, une épouse ou un enfant puisse savoir ce qu’il est advenu de son fils, de son mari ou de son père. C’est sur ces bases modestes que le droit international humanitaire verra le jour, affirmant le droit des com­ battants comme des civils à ne pas endurer des souf- frances excessives lors de conflits armés, et à recevoir une assistance. Pour traduire cette idée dans la pratique, il faut aussi que les personnels de santé, les structures médicales et les véhicules sanitaires bénéficient d’une protection : toute attaque à leur encontre est interdite, tant que la neutralité de leur fonction est préservée et que tous les patients sont traités équitablement, sans considération de leur appartenance politique, reli­ gieuse ou ethnique. Les emblèmes protecteurs tels que la croix rouge, le croissant rouge et le cristal rouge sont alors adoptés afin d’identifier clairement les structures médicales, les personnels de santé et les véhicules sanitaires en tant qu’entités protégées. Consacrées par les quatre Conventions de Genève de 1949, leurs Protocoles additionnels et le droit international cou- tumier, ces dispositions lient le droit de recevoir des soins de santé à l’obligation pour toutes les parties à un conflit de rechercher et de recueillir les blessés après le combat, et de leur faciliter l’accès aux struc­ tures médicales. Quant au droit des droits de l’homme, il protège les soins de santé en tout temps, y compris dans les situations de troubles internes. Il s’agit là de normes juridiques contraignantes pour tous les États et toutes les parties à un conflit partout dans le monde. Pourtant, elles ne sont pas toujours respectées. En 2008, le CICR a lancé une étude pour déterminer l’incidence de la violence sur la fourniture des soins de santé dans 16 pays où il menait des opérations. Des informations faisant état d’incidents ont été collectées auprès de diverses sources, dont des organisations actives dans le domaine de la santé, des collaborateurs de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et des médias. Les données recueillies ont été analysées pour recenser les formes de violence les plus graves, qui sont pré- sentées dans les pages suivantes. Or, si les statistiques révèlent que les attaques contre les patients, les person­ nels de santé, les structures médicales et les véhicules sanitaires sont fréquentes, elles parviennent cependant difficilement à rendre compte de toute l’étendue du problème, en particulier dans les régions auxquelles les organisations humanitaires et les journalistes ne peuvent pas accéder, comme c’est souvent le cas au Pakistan et en Afghanistan. En outre, les statistiques ne montrent pas les effets multiplicateurs indirects qu’ont ces attaques, par exemple lorsque des établis- sements de santé ferment leurs portes et que leurs employés désertent leur poste. Pour donner toute la mesure du problème, la présente publication s’attache tout d’abord à examiner les principales perturbations que subissent les services de santé lors de conflits armés ou de troubles civils, avant d’étudier de façon plus détaillée certains types de violence spécifiques. 6 LES COÛTS MULTIPLES DE LA VIOLENCE La violence perturbe les services de soins de santé au moment où on en a le plus besoin. D’une capacité de 12 lits, l’hôpital d’Abobo Sud, à Abidjan, a pris en charge plus de 130 patients lors des violences post- électorales de 2011. Peter DiCampo/VII Mentor Program Les conflits armés et les troubles internes, tels que les manifestations violentes ou les émeutes, font des blessés dans les rangs de ceux qui y participent directement et parmi ceux qui en subissent les effets. Les personnes gravement blessées doivent recevoir des soins au plus vite. Or, c’est précisément lorsque les besoins sont les plus importants que les services de santé risquent le plus de subir des perturbations, des entraves et des attaques. La violence, sous forme d’actes ou de menaces, compromet la fourniture des soins de santé de plusieurs manières. Tout d’abord, lorsque des combats se déroulent à proximité de structures médicales, ils entravent l’ac- cès des blessés et des malades, des personnels de santé et des véhicules qui transportent des médica- ments et du matériel médical de première nécessité vers ces établissements. Les affrontements peuvent en outre perturber l’approvisionnement en eau et en électricité, ainsi que la fourniture de carburant pour les générateurs de secours. C’est ce qui est arrivé à Abidjan, la capitale ivoirienne, en mars uploads/Sante/ les-soins-de-sante-en-danger-expose-d-x27-une-urgence.pdf

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  • Publié le Jul 15, 2022
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
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