En quoi les nouveaux indicateurs mesurent-ils mieux le bien-être que le PIB ? D
En quoi les nouveaux indicateurs mesurent-ils mieux le bien-être que le PIB ? Dès 1968, Robert Kennedy soulignait que « le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut d’être vécue ». En 2007, peu de temps après son élection à la Présidence de la République Nicolas Sarkozy installe une commission présidée par Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie en 2001, et composée d'économistes et de spécialistes de sciences sociales. L’objectif de cette enquête est de trouver des indicateurs afin de mesurer le progrès social et le bien-être des individus. Le rapport remis à Nicolas Sarkozy en septembre ouvre alors le débat sur une nouvelle mesure des performances économiques. Si le PIB n'est pas contesté par la commission, celle-ci recommande de l'accompagner de nouveaux indicateurs, renseignant sur le progrès social et le bien-être des individus que l’on peut définir comme les moyens dont on a besoin pour vivre bien (tel que : l’argent pour satisfaire les besoins matériels, la santé, du temps pour les loisirs et les relations affectives saines, etc.).Les limites du PIB en tant qu’indicateur de bien-être imposent de recourir à d’autres indicateurs, qu’ils soient monétaires ou synthétiques. I. Les limites du PIB en tant qu’indicateur de bien-être Le PIB est un indicateur purement quantitatif qui a été construit dans une période où la seule préoccupation était de produire plus et pas mieux. Vivre mieux signifiait avoir toujours plus. Or cela se révèle faux aujourd’hui. A. Le PIB, un indicateur purement quantitatif … 1. Un indicateur monétaire … Le PIB représente la richesse monétaire créée une année donnée dans un territoire donné. Il se définit comme la valeur des biens et services produits dans une économie et qui sont disponibles pour les emplois finals. Au sens strict, il correspond à la somme des valeurs des biens et services issus de la production d’unités résidant à l’intérieur d’un territoire, et qui sont disponibles pour des emplois finals (éventuellement les évoquer rapidement : consommation, investissement, exportation, etc.). Il a donc une expression monétaire. 2. …Que l’on peut calculer de 3 manière Il existe trois façons de le mesurer, qui correspondent à trois manières de décrire l’activité économique. La première est de se placer du côté de la production (Production) : il est égal alors à la somme des valeurs ajoutées brutes des différents secteurs institutionnels ou des différentes branches d’activités. La deuxième est l’optique Dépense :on observe comment ont été utilisés ces produits (Dépense) : il est égal à la somme de ce qui a été consommé, investi, stocké et exportés, moins les importations. La dernière optique est celle du revenu : on évalue les revenus distribués lors de la production. Le PIB est ainsi égal à la somme de la rémunération des salariés, impôts sur la production et les importations nets des subventions, excédent brut d’exploitation et revenu mixte brut. B. …Créé dans un contexte donné Le PIB est l’agrégat principal de la comptabilité nationale. Il a donc été établi lors de la création de la Comptabilité nationale après la seconde guerre mondiale. La logique de la comptabilité nationale est double car elle répond aux exigences de l’époque. 1. Une conception macroéconomique … Le premier aspect de la comptabilité nationale est d’adopter une vision macro-économique en présentant différents agrégats. En effet, après la seconde guerre mondiale, les idées keynésiennes sont dominantes : la crise de 1929 a mis en évidence les limites de l’analyse micro-économique développée par les auteurs libéraux. 2. …Dans un contexte de pauvreté La deuxième caractéristique du PIB est de donner une définition monétaire et quantitative de la richesse. En effet, dans les années 50, la population connaît des conditions de vie difficiles du fait des conséquences de la guerre : logements en faible nombre et de mauvaise qualité, rationnement de la nourriture, …Dans ces conditions, l’objectif de la population est d’avoir plus de biens et de richesses pour satisfaire des besoins essentiels. Ainsi, l’analogie entre richesse matérielle et bonheur va apparaître. C. Qui n’est plus adapté aujourd’hui Or la croissance des 30 Glorieuses va rendre caduque cette idée. 1. L’augmentation du PIB n’est plus considérée comme source de bien-être L’augmentation du PIB entraîne une augmentation du niveau de vie qui permet à la population de satisfaire ses besoins essentiels. Inglehart note alors un changement de valeurs : de matérialistes, elles deviennent immatérielles. La population recherche l’égalité, la santé, l’éducation. Or , une augmentation du PIB ne se traduit pas toujours par une réduction des inégalités (doc 2B) : les Etats-Unis, classés 3° pour le PIB/hab est à la 31° place pour les inégalités. L’Australie et l’Irlande sont dans la même situation. C’est le cas contraire pour la Suède : elle est classée 10° en terme de PIB/hab, mais à la 6° place pour les inégalités. 2. L’augmentation du PIB peut aussi générer moins de bien-être Ainsi, l’augmentation du PIB ne se traduit pas toujours par une amélioration de la situation de la population, voire peut même générer une détérioration du bien-être. Ainsi, une partie de de ce qui est compté comme richesse monétaire correspond à des activités destructrices de composantes de bien-être (ex : la construction d’un aéroport à la place d’un parc naturel) ou juste à des réparations de dégâts causés par des activités destructrices (les activités de dépollution sont comptabilisées comme créatrices de richesse). (ex : la construction d’un aéroport à la place d’un parc naturel) ou juste à des réparations de dégâts causés par des activités destructrices (les activités de dépollution sont comptabilisées comme créatrices de richesse). C’est ce qu’on appelle les coûts défensifs. Ainsi, les Etats –Unis ou l’Australie , très bien classés pour le PIB/hab (3° et 6°) sont aussi des pays fortement émetteurs de CO2 : ils sont classés respectivement à la 31° et à la 26° place pour les émissions de CO2 dues à la combustion d’énergie en % (doc 2B) Le PIB n’apparaît donc plus comme une mesure pertinente du bien-être ; il faut alors trouver de nouveaux indicateurs. II. La nécessité de nouveaux indicateurs A. Deux grands types d’indicateurs. On distingue alors deux grands types d’indicateurs : les indicateurs synthétiques et les indicateurs monétaires. 1. Les indicateurs monétaires Ceux-ci partent d’un agrégat classique de la comptabilité nationale, le plus souvent le PIB pour le corriger. Sont soustraites des estimations monétaires de dépréciations de capitaux (pas seulement au sens du capital fixe, capital naturel, social, humain, etc.) et des estimations monétaires de dégradations environnementales (pollutions, eau, nuisances liées au bruit), de coûts de « pathologies sociales » (criminalité, divorce, chômage, suicides, etc.). En revanche sont ajoutées des estimations monétaires de la valeur d’éléments contribuant au bien-être (production domestique, activité bénévole, éléments naturels, liens sociaux, etc.). Cette méthode présente l’avantage d’écarter le problème de la commune mesure d’éléments hétérogènes – la monnaie est posée comme unité d’homogénéisation valide De nombreux indicateurs relèvent aujourd’hui de cette logique : le PIB vert, l’Indicateur de Progrès Véritable ou l’Epargne Véritable de la Banque Mondiale. 2. Les indicateurs synthétiques Les indicateurs monétaires permettent ainsi d’avoir une meilleure information sur le bien-être que le PIB. En revanche, ils sont difficiles à calculer car cela nécessite de pouvoir évaluer des facteurs non monétaires. C’est pour cela que d’autres indicateurs, des indicateurs synthétiques ont été créés. Ces indicateurs sont non monétarisés. Lorsque l’on opte pour un indicateur synthétique non monétaire, on se retrouve avec des variables avec des unités de mesure différentes. L’agrégation est alors nécessaire et plusieurs méthodes de réduction à une échelle commune – n’ayant pas de sens en soi – sont disponibles. L’intérêt de ces indicateurs est de pouvoir ajouter des variables de nature différente pour donner une image plus riche du bien-être. B. Une meilleure appréciation du bien-être Cette batterie d’indicateurs permet une meilleure évaluation du bien-être que le PIB, car elle introduit des éléments ignorés par le PIB : la satisfaction de besoins essentiels, la réduction des inégalités et la perpétuation des ressources naturelles. Ces indicateurs montrent aussi que le bien-être est une notion qualitative et subjective. 1. Une meilleure appréciation de la satisfaction des besoins essentiels a. L’IDH L’IDH veut être la mesure du développement humain entendu au sens où les besoins fondamentaux sont couverts.Il ne se contente donc pas de prendre le PIB/ hab en PPA, mais rajoute d’autres éléments plus représentatifs du bien-être. Il se calcule à partir de la combinaison de 4 critères : l’espérance de vie, comprise entre 25 et 85 ans, le taux d’alphabétisation des adultes, le nombre moyen d’années d’études, le niveau de PIB/habitant en PPA . L’IDH résulte de leur combinaison puisque c’est la somme pondérée selon les coefficients fixés par le PNUD des 4 valeurs . Les indicateurs PIB réel par habitant ajusté et espérance de vie à la naissance pèse chacun pour un tiers dans l’IDH, le taux d’alphabétisation des adultes et la moyenne des années d’études respectivement pour 2/9 et 1/9. b. Une meilleure mesure du bien –être Les écarts entre les classements entre PIB/hab et IDH montrent alors que l’IDH est un meilleur indicateur de la uploads/Sante/ correction-dissertation-en-quoi-les-nouveaux-indicateurs-mesurent-ils-mieux-le-bien-etre-que-le-pib.pdf
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- Publié le Apv 13, 2021
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