Raphaël LECA UFRSTAPS Dijon E2 CAPEPS 2015 Sujet : « Créer les conditions de la

Raphaël LECA UFRSTAPS Dijon E2 CAPEPS 2015 Sujet : « Créer les conditions de la réussite scolaire et permettre aux élèves d’acquérir les compétences nécessaires à des choix libres et responsables en matière de santé » (Didier Jourdan, responsable ministériel à la santé en milieu scolaire) représentent deux intentions éducatives justifiant l’utilité de la discipline. Comment l’enseignant peut-il concevoir son enseignement et le mettre en œuvre pour poursuivre cette double intention ? Contextualisation Les enquêtes récentes montrent que chez les jeunes, la sédentarité et l’inactivité gagnent du terrain, associées à une mauvaise alimentation et à une consommation excessive d’alcool et de tabac. Une étude de 2009 publiée par l’Afssa montre que moins d’un adolescent de 15-17 ans sur deux (43%) atteint un niveau d’activité physique entrainant des bénéfices sur la santé, avec une forte différence entre les deux sexes (six garçons sur dix contre moins d’une fille sur quatre). Cette même étude révèle que les adolescents aujourd’hui sont 40% moins actifs que ceux d’il y a trente ans, notamment en raison du développement des transports et de la toute-puissance des écrans avec l’arrivée du numérique. A cela s’ajoute une augmentation de la prévalence du surpoids et de l’obésité (enquête ObÉpi-Roche, 2009). Parallèlement, la dernière enquête PISA montre qu’en France, les inégalités à l’Ecole se creusent et qu’en quinze ans, le fossé s’est accentué entre les bons élèves et ceux déjà en difficulté. L’école française formerait toujours une élite brillante, mais elle produirait aussi de plus en plus d’échec scolaire. Cette même étude montrerait par ailleurs que les élèves français seraient plus anxieux que la moyenne de l’OCDE. Santé, réussite scolaire : voilà deux intentions éducatives à très fort enjeu pour l’avenir. Que peut faire l’EPS ? Définition des concepts-clés La réussite scolaire peut d’abord s’envisager sous l’angle des résultats scolaires et des diplômes, c’est-à- dire la construction d’un parcours de formation correspondant aux aspirations des élèves et permettant de créer les conditions d’une qualification professionnelle choisie et non subie. A terme, la réussite scolaire permet de choisir un métier pour s’y épanouir. Elle peut aussi s’envisager sous l’ange des contenus, avec notamment pour la scolarité obligatoire la maîtrise du Socle commun de connaissances, de compétences et de culture (2015). Elle correspond alors à un processus de développement personnel et social et d’acquisition de compétences qui s’étend au-delà de la scolarité, et dont l’aboutissement se manifeste par des capacités accrues d’apprendre, d’être autonome et libre, ouvert sur le monde, responsable et pleinement impliqué dans la vie de la société. La réussite scolaire peut enfin s’envisager sous l’angle de ses bénéfices « collatéraux » en termes de construction personnelle, d’estime de soi, et de confiance en soi. La réussite en EPS est un élément de la réussite scolaire. Elle se concrétise par la maitrise d’un ensemble de compétences attendues organisées par niveaux, et structurées en compétences propres qui sont les « grandes catégories d’expériences les plus représentatives du champ culturel des APSA » (Programme du Collège, 2008). Ces compétences enrichissent le répertoire des élèves d’un ensemble de nouveaux pouvoirs moteurs, pour être plus efficace dans l’environnement physique et humain. Le contraire de la réussite en EPS, c’est l’éternel débutant. Nous verrons qu’au-delà de la seule réussite en éducation physique, notre discipline contribue aussi à la réussite scolaire perçue de façon globale, en interagissant avec les autres matières d’enseignement et/ou en développant des capacités requises pour réussir à l’Ecole. Les compétences sont des qualités stables, acquises par l’apprentissage, finalisées, et résultant d’un ensemble d’éléments en interaction dynamique (des ressources pour D.Delignières et G.Garsault, des attitudes, des capacités et des connaissances pour les programmes). Ces qualités supposent un pouvoir d’action et/ou de compréhension sur le réel susceptible de s’appliquer à une catégorie de tâches réunies par un problème commun (ou une « famille de situations » d’après les textes). Par définition, les compétences offrent la possibilité de faire des choix, car être compétent, ce n’est pas seulement savoir « comment faire », c’est aussi savoir « quoi faire », et savoir « quand » le faire. Les compétences supposent la mise en jeu des fonctions effectrices, mais aussi la mise en jeu des fonctions décisionnelles : être compétent, c’est avoir les moyens physiques, cognitifs, et psychoaffectifs de choisir. Appliquées à la santé, ces choix concernent la recherche d’ « un état de total bien-être physique, mental et social » (OMS, Charte constitutive, 1946). Enseigner « les compétences nécessaires à des choix libres et responsables en matière de santé » (D.Jourdan), c’est clairement viser une éducation à la santé. D’après la circulaire Orientations pour l’éducation à la santé et au collège en effet « l'éducation à la santé vise à aider chaque jeune à s'approprier progressivement les moyens d'opérer des choix, d'adopter des comportements responsables, pour lui-même comme vis-à-vis d'autrui et de l'environnement. Elle permet ainsi de préparer les Raphaël LECA UFRSTAPS Dijon E2 CAPEPS 2015 jeunes à exercer leur citoyenneté avec responsabilité, dans une société où les questions de santé constituent une préoccupation majeure » (1998). L’éducation à la santé, c’est la capacité à faire des choix pour autogérer son capital santé : prendre en charge, de façon autonome et avec expertise, sa propre santé pour construire un « habitus santé » (Delhemmes & Mérand, 1985). Nous étudierons donc aussi comment les procédures d’enseignement (conception didactique et mises en œuvre pédagogiques) peuvent être de nature à aider les adolescents à faire des choix en matière d’habitudes et d’attitudes de pratique ou de vie, en matière de préservation, d’entretien, et de développement de soi. Questionnement En quoi l’éducation à la santé est-elle d’abord une éducation au choix ? Comment éduquer aux choix pour des comportements éclairés, lucides et responsables en matière de santé ? N’est-il pas parfois dangereux de laisser les élèves faire des choix ? Comment « didactiser » l’enseignement des choix le long du parcours de formation ? Comment sensibiliser les adolescents à leur propre santé, alors que chez eux cet enjeu prend généralement de l’importance beaucoup plus tard ? En quoi et comment l’EPS peut-elle contribuer à la réussite scolaire ? Quelles capacités « transversales » peut- elle développer ? Sur quels leviers du succès peut-elle agir ? Quels freins à la réussite peut-elle lever ? Quels sont les liens à rechercher entre réussite et éducation à la santé ? Est-il possible de créer entre ces deux intentions un cercle vertueux ? Problématique 1 En partant du principe que l’EPS est une discipline « à part entière et entièrement à part » (A.Hébrard, 1986), nous montrerons que réussir en EPS, c’est améliorer ses conduites motrices pour disposer de nouveaux pouvoirs moteurs, mais c’est aussi enrichir ses ressources et se doter d’un ensemble de connaissances, capacités et attitudes susceptibles de déborder le cadre strict de notre discipline. Beaucoup de ces transformations « rejaillissent » sur la réussite scolaire comprise au sens global, et elles forment à la prise en charge autonome de se propre santé par des choix éclairés, libres, et responsables. Nous verrons aussi qu’un élève en bonne santé et qui sait préserver sa santé a plus de chances d’être un élève en réussite scolaire, et qu’inversement un élève qui rencontre le succès à l’Ecole est un élève qui jouit souvent d’un meilleur bien-être physique, mental, et social. Problématique 2 (plus engagée) Nous défendrons l’hypothèse selon laquelle ce qui réunit la contribution de l’EPS à la réussite scolaire et sa contribution à la santé par une éducation aux choix, c’est le principe de rendre les élèves « acteurs de leur propre formation » (Mission du professeur, 1997). En apprenant d’une certaine façon en éducation physique, une façon qui permet « d’apprendre à apprendre » seul ou avec les autres, les adolescents construisent un certain nombre de compétences transversales d’une matière d’enseignement à l’autre (domaine 2 du socle). Nous insisterons aussi sur la réussite en EPS, qui en relançant la confiance en soi, peut jouer le rôle de « levier » envers l’engagement scolaire, et « réconcilier » certains élèves à risque de décrochage avec leur place à l’Ecole. En impliquant les élèves et en leur déléguant un certain nombre de décisions, cette façon d’enseigner est aussi la plus efficace pour préparer les élèves à la gestion de leur propre capitale santé, car l’éducation à la santé se construit toujours dans l’action et dans l’expérimentation, surtout chez les adolescents dont les choix sont relativement hermétiques aux « leçons », aux recommandations, ou encore aux mises en garde. Plan 1 : entrée par les deux commandes du sujet  Partie 1 : la contribution de l’EPS à la réussite scolaire  Partie 2 : la contribution de l’EPS à l’éducation à la santé par une éducation aux choix  Partie 3 : le cercle vertueux entre réussite scolaire et éducation à la santé. Plan 2 : entrée par une typologie inspirée de la déclinaison de la santé selon l’OMS  Partie 1 : éducation à la santé et réussite scolaire vues sous l’angle physique  Partie 2 : éducation à la santé et réussite uploads/Sante/ corrige-reussite-scolaire-et-choix-sante-2 1 .pdf

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  • Publié le Mar 01, 2022
  • Catégorie Health / Santé
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