curiologie n.f. Être curieux de tout, mais pas n'importe comment. Ceci n’est PA
curiologie n.f. Être curieux de tout, mais pas n'importe comment. Ceci n’est PAS un traitement miracle Esprit critique Journalisme Santé / Médecine Covid19 & chloroquine : à propos d’une étude très fragile, et d’un dangereux emballement médiatique et politique ! 22 mars 2020 " @curiolog # 142 Commentaires Depuis plusieurs jours, la chloroquine, un traitement antipaludéen, est présenté à l’envi dans de nombreux médias comme source de tous les espoirs contre le Covid19. Dans les laboratoires et les hôpitaux, l’utilisation et l’évaluation de ce traitement correspond à une réalité (voir par exemple dans ce vaste essai clinique annoncé ce 22 mars)… Mais la « vie médiatique » de la chloroquine est très loin de cette réalité-là. En France – et désormais aux Manuel de curiologie Recherche par type d’articles Sélectionn er une cat égorie Recherche par date Sélectionn er un mois Recherche par mots biologie bullshit cancer cds charlatanisme chronique TV conflits d'intérêts croyances curiosité désinformation effet placebo enigme.blog.lemonde.fr ACCUEIL SANTÉ / MÉDECINE SCIENCES ESPRIT CRITIQUE ∠ DOSSIERS TOUT AUTRE CHOSE À PROPOS contre le covid-19, et son intérêt dans le traitement de la maladie n’est PAS démontré à cette heure. Ne faites pas les cons… États-Unis – la chloroquine subit un traitement médiatique absurde, et une starification complètement irresponsable. La raison est peut-être, en partie, à chercher du côté des fausses représentations des journalistes qui traitent actuellement le dossier Covid19, et d’un manque de compréhension de la méthode scientifique, handicaps que nous avons abondamment analysés par ailleurs [1]. L’emballement médiatique autour de la chloroquine, liée à une étude française pourtant très problématique, peut en effet se comprendre par des mécanismes hélas très classiques : présupposé erroné selon lequel un chercheur parle nécessairement au nom de la communauté scientifique ; présupposé erroné selon lequel un chercheur au passé prestigieux est forcément toujours à la pointe de la recherche, respectueux des bases de la méthode scientifique, et insoupçonnable d’inconduite scientifique ; présupposé erroné selon lequel un chercheur isolé qui crie victoire a de bonnes raisons de le faire, et ne saurait être victimes de biais ou d’illusions ; désintérêt pour les signaux d’alerte relatifs aux points précédents ; inculture quant à la nature et la qualité variables des études scientifiques ; incapacité de lire les études ou d’analyser les données ; Un acteur clef de la médiatisation, bénéficiant d’un certain capital confiance Interroger l’hypermédiatisation de la chloroquine va nécessiter de revenir plusieurs fois sur les prises de position, les annonces et les travaux de l’infectiologue et microbiologiste Didier Raoult. Il s’agit d’un chercheur aux travaux longtemps très respectés, et qui a su accumuler les honneurs et prix décernés par de grandes institutions. Dix ans après avoir reçu une médaille de l’Inserm pour l’ensemble de sa carrière, la crise du covid19 ramène le esprit critique France 5 homéopathie idées reçues inexploré ? mon oeil ! jeu journalisme Magazine de la santé message de service médecine médecines complémentaires médiation scientifique mésinformation méthode scientifique pipologie placebo pseudo-médecines pseudo-sciences pseudo-thérapies pédagogie recherche santé sciences Sciences de la Vie Sciences sociales SSDOTG vidéo Vitry sur Science vulgarisation zététique énigme éthique été Pour soutenir le blog « Endgame », vraiment ? chercheur tout au-devant de la scène médiatique. Disons-le sans attendre : cet article n’est en rien une attaque à charge contre une personne. Nous ne cherchons pas à dresser le portrait de l’homme, ni même du chercheur. Le cas n’est intéressant, à cette heure, que des points de vue scientifique, journalistique et politique. Il s’agira pour nous d’exposer brièvement quelques faits médiatisés, d’interroger leur médiatisation, ses conséquences, et ses enjeux. Dans les épisodes précédents… Dans un précédent billet, nous avons évoqué quelques éléments de la controverse actuelle. Rappelons-en à nouveau quelques épisodes significatifs. Si vous avez déjà suivi un peu l’affaire, ou si vous souhaitez aller à l’essentiel, vous pouvez directement sauter (magie du HTML) à ses derniers développements. Comme beaucoup d’autres – qui revendiquaient toutefois moins d’autorité en la matière – le Pr Raoult a longtemps minimisé la crise en cours et les risques à venir. « Ce n’est qu’une infection respiratoire virale de plus » (France 3, 31 janvier 2020)… « Ce coronavirus n’est pas si méchant […] Sans être devin, je doute que le virus chinois fasse augmenter de manière très significative, chez nous tout au moins, les décès par pneumonie. » (JDD, 1 février 2020). Plus tard dans le mois, l’expert persiste et signe : le virus « n’est pas plus dangereux » que ceux impliqués dans les épidémies de grippe saisonnière (La Marseillaise, 26 février). L’erreur est humaine. Mais dans le cas d’une personnalité jou(iss)ant d’une aura d’expert international sur la question des épidémies [2], cette cécité interroge. Elle aurait à tout le moins dû inciter gouvernements et médias à plus de prudence à l’égard des sorties ultérieures du professeur marseillais [3]. Pour ne manquer aucun article Saisissez votre adresse e- mail pour vous abonner, et recevoir une notification par mail quand il y a du nouveau ! Adresse e-mail (cliquez ici pour valider) er Mais la vraie controverse naît, ou aurait dû naître, lorsque l’IHU Méditerranée Infection – institut dont il est le directeur – diffuse une interview intitulée « Coronavirus : fin de partie ! » Rien de moins [4]. Raisons d’un tel triomphalisme ? D’une part, une étude in vitro (« dans la verrerie », par opposition à « sur le vivant ») suggérant un effet d’une molécule connue sur des cellules infectées par le virus SARS-Cov-2 responsable du Covid19. D’autre part, une lettre d’une page envoyée par des chercheurs chinois à une revue scientifique, relayant un communiqué de presse du gouvernement affirmant – sans fournir le moindre détail – l’existence de bénéfices à une thérapie intégrant ce traitement. Et, fondamentalement, rien de plus [5]. Cette déclaration du Pr Raoult, au nom de son institut, était donc parfaitement effarante. Jamais une seule étude, encore moins menée en éprouvette, ne suffit à valider l’efficacité et la sécurité d’une molécule pour l’être humain. Pointé du doigt pour cette très coupable légèreté par plusieurs journalistes, dont nos confrères du Monde, le titre de la fameuse vidéo sera modifié. Chloroquine et molécules analogues [6] – le traitement assurant prétendument la « fin de partie » – sont bien connues des chercheurs en virologie, puisqu’elles entravent la fusion entre la membrane de certains virus et celle des cellules du corps humain. Elles ont ainsi été testées par le passé dans de nombreuses crises épidémiques, « au cas où » (ce qui est parfaitement rationnel [7]). Malheureusement, essentiellement sans succès au-delà de l’in vitro. Autrement dit, un succès de laboratoire avec la chloroquine est, bien souvent, prélude à une déception (ce que ne manquent pas de rappeler d’autres chercheurs… [8]). Un enthousiasme inexplicable, mais communicatif… Comment expliquer un tel manque de précaution dans les médias ? Par le poids de la « lettre » chinoise, publiée dans une revue scientifique ? On l’a dit, ce n’est pas une étude, une simple communication qui ne donne aucun élément d’analyse utile ou pertinent sur les cas. Par le fait que la molécule fait parler d’elle ailleurs qu’en France ? En effet, de façon pragmatique – c’est-à- dire faute de mieux et faute de preuves – plusieurs pays intègrent déjà (ou utiliseront rapidement) la chloroquine dans l’arsenal des traitements administrés aux cas les plus extrêmes. Le médicament est à marge thérapeutique étroite (ce qui signifie les surdosages peuvent survenir rapidement, avec des conséquences excessivement graves dans les cas d’importants surdosages [9]), mais il est bien connu des médecins du monde entier. Il n’est pas administré à la légère, et toujours dans l’espoir d’une synergie avec des autres traitements, dans des cas qui n’ont rien de bénins. Ce recours à la chloroquine dans les situations d’urgence laisse croire à certains que son efficacité est déjà avérée. Pour certains observateurs extérieurs mal avisés, les médecins auraient identifié une molécule efficace et l’emploieraient de façon pragmatique sans attendre que les chercheurs n’aient fini de mener d’enquiquinants essais simplement destinés à connaître le pourcentage de soignés, ou d’autres choses bien inutiles en temps de crise. En réalité, personne ne sait alors si la molécule joue un rôle réellement significatif, notable et pertinent. L’étude de Marseille : un cas d’école Nous arrivons au cœur du problème. Le 18 mars, le Pr Raoult présente en avant-première les résultats d’un essai clinique, résultats qu’il présente comme la preuve qu’une combinaison d’azithromycine et d’hydroxychloroquine permet de faire disparaître le virus du corps de 75% de patients en six jours. Ces résultats sont accueillis avec un enthousiasme déroutant par de nombreux titres de presse. Pourquoi déroutants ? Parce qu’au vu des quelques données présentées, l’annonce semble extrêmement spéculative. Menée sur très peu de patients (entraînant une variabilité statistique énorme [10]), avec apparemment peu de précautions méthodologiques, cette étude semblait très fragile. Raison pour laquelle, avec de nombreux confrères, nous avons enjoint à beaucoup de prudence (sinon de méfiance) face à l’emballement. Las : une fois le détail de l’étude publiée, nos craintes s’avèrent Encadrés en rouge, uploads/Sante/ covid19-amp-chloroquine-a-propos-d-x27-une-etude-tres-fragile-et-d-x27-un-dangereux-emballement-mediatique.pdf
Documents similaires
-
32
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 22, 2022
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
- Taille du fichier 0.8739MB