réalités Cardiologiques Revues Générales Recommandations ESC 1 Recommandations
réalités Cardiologiques Revues Générales Recommandations ESC 1 Recommandations de la Société européenne de cardiologie sur les maladies péricardiques ➞ F . DELAHAYE Service de Cardiologie, Hôpital Louis Pradel, BRON. graphie transthoracique, et du dosage des biomarqueurs d’inflammation (pro- téine C-réactive [CRP]) et d’une atteinte myocardique (CPK, troponine), est recommandée en cas de suspicion de péricardite aiguë. Il n’est pas obligatoire de rechercher la cause de la péricardite chez tous les patients, en particulier dans les pays à faible prévalence de la tuberculose, du fait de l’évolution relativement bénigne des péricardites dues aux causes les plus fréquentes et de la performance relative- ment faible des investigations diagnos- tiques. Il doit donc y avoir un tri des patients (fig. 1). Toute présentation cli- nique suggérant une cause sous-jacente – par exemple une maladie inflammatoire systémique – ou avec au moins un pré- dicteur (majeur ou mineur) de mauvais pronostic justifie une hospitalisation et une recherche étiologique. S’il n’y a pas ces caractéristiques, la prise en charge peut être ambulatoire, avec un traite- ment anti-inflammatoire empirique et une consultation une semaine plus tard pour évaluer la réponse au traitement. [ Étiologie des maladies péricardiques Elle est présentée dans le tableau I. Dans les pays développés, les virus sont les agents étiologiques les plus fréquents des péricardites, alors que la tuberculose est la cause la plus fréquente de maladie péricardique dans le monde, notamment dans les pays en voie de développement où cette maladie est endémique. Dans ce cas, la tuberculose est souvent associée à une infection par le VIH. [ Syndromes péricardiques 1. Péricardite aiguë C’est un syndrome péricardique inflam- matoire, avec ou sans épanchement péri- cardique. Le diagnostic et les définitions sont donnés dans le tableau II. D’autres signes et symptômes peuvent être pré- sents selon la cause sous-jacente. La réalisation d’un ECG, d’une radio- graphie thoracique, d’une échocardio- Les recommandations de la Société européenne de cardiologie sur les maladies péricardiques ont été présentées et publiées en septembre 2015 (www.escardio.org). Les précédentes dataient de 2004. Les maladies péricardiques peuvent être soit des maladies isolées, soit un des éléments d’une maladie systémique. Les principaux syndromes péricardiques sont la péricardite (aiguë, subaiguë, chronique et récidivante), l’épanchement péricardique, la tamponnade cardiaque, la péricardite constrictive et les masses péricardiques. réalités Cardiologiques Revues Générales Recommandations ESC 2 Causes infectieuses l Virales (fréquentes) : entérovirus (coxsackie, écho), herpès (cytomégalovirus, virus Epstein-Barr, human herpes virus-6), adénovirus, parvovirus B19. l Bactériennes : Mycobacterium tuberculosis (fréquente ; autres bactéries : rares), Coxiella burnetii, Borrelia burgdorferi ; rarement : Pneumococcus spp., Meningococcus spp., Gonococcus spp., Streptococcus spp., Staphylococcus spp., Haemophilus spp., Chlamydia spp., Mycoplasma spp., Legionella spp., Leptospira spp., Listeria spp., Providencia stuartii. l Fongiques (très rares) : Histoplasma spp. (plus probable chez les patients immunocompétents), Aspergillus spp., Blastomyces spp., Candida spp. (plus probable chez les patients immunodéprimés). l Parasitaires (très rares) : Echinococcus spp., Toxoplasma spp. Causes non infectieuses l Auto-immunes (fréquentes) : maladies systémiques auto-immunes et auto-inflammatoires (lupus érythémateux disséminé, syndrome de Sjögren, polyarthrite rhumatoïde, sclérodermie), vascularites systémiques (granulomatose éosinophilique avec polyangéite ou granulomatose allergique, autrefois appelée syndrome de Churg-Strauss, maladie de Horton, maladie de Takayasu, syndrome de Behçet), sarcoïdose, fièvre méditerranéenne familiale, maladies intestinales inflammatoires, maladie de Still. l Néoplasiques : tumeurs primitives (rares ; surtout mésothéliome péricardique) ; tumeurs métastatiques secondaires (habituelles ; surtout cancers du poumon et du sein, lymphome). l Métaboliques : urémie, myxœdème, anorexie mentale ; autres : rares. l Traumatiques et iatrogéniques : – début précoce (rares) : blessures directes (blessures thoraciques pénétrantes, perforation œsophagienne) et indirectes (blessures thoraciques non pénétrantes, radiations) ; – début retardé : syndromes d’atteinte péricardique (fréquents) tels que le syndrome post-infarctus du myocarde, le syndrome post- péricardotomie, les syndromes post-traumatiques, incluant les formes après trauma iatrogène (par exemple, intervention coronaire percutanée, insertion de sonde de stimulateur cardiaque, ablation par radiofréquence). l Médicamenteuses (rares) : lupus-like syndrome (procaïnamide, hydralazine, méthyldopa, isoniazide, phénytoïne) ; médicaments anticancéreux (souvent associés à une cardiomyopathie, ils peuvent causer une péricardiopathie) : doxorubicine, daunorubicine, cytosine arabinoside, 5-fluorouracile, cyclophosphamide ; pénicillines : péricardite d’hypersensibilité avec éosinophilie ; amiodarone, méthysergide, mésalazine, clozapine, minoxidil, dantrolène, practolol, phénylbutazone, thiazides, streptomycine, thiouraciles, streptokinase, acide para-amino-salicylique, sulfa-drogues, ciclosporine, bromocriptine, plusieurs vaccins, granulocyte-macrophage colony-stimulating factor (GM-CSF), anti-tumor necrosis factor agents (agents anti-TNF). l Autres (fréquentes) : amylose, dissection aortique, hypertension artérielle pulmonaire, insuffisance cardiaque chronique. l Autres (peu fréquentes) : absence congénitale partielle ou totale de péricarde. Tableau I : Étiologie des maladies péricardiques. Péricardite Définition et critères diagnostiques Aiguë Syndrome péricardique inflammatoire diagnostiqué s’il y a au moins deux des quatre critères suivants : – douleur thoracique péricarditique ; – frottement péricardique ; – nouveau sus-décalage de ST diffus ou sous-décalage de PQ sur l’ECG ; – épanchement péricardique (nouveau ou s’aggravant). Données supplémentaires : – élévation des biomarqueurs d’inflammation (CRP, VS, globules blancs) ; – preuve d’une inflammation péricardique par une technique d’imagerie (scanner, IRM). Incessante Péricardite durant plus de 4 à 6 semaines mais moins de 3 mois sans rémission. Récidivante Récidive de péricardite après un premier épisode documenté de péricardite aiguë et une période sans symptôme de 4 à 6 semaines ou plus (habituellement moins de 18-24 mois, mais une limite supérieure précise n’est pas établie). Chronique Péricardite durant plus de 3 mois. Tableau II : Définitions et critères diagnostiques des péricardites. réalités Cardiologiques 3 Le dosage de la CRP doit être envisagé pour guider la durée du traitement et évaluer la réponse au traitement (IIa, C). Des corticoïdes à faible dose, associés à la colchicine, doivent être envisa- gés en cas de péricardite aiguë avec une contre-indication ou un échec de l’aspirine/des AINS/de la colchicine, et quand une cause infectieuse a été exclue, ou quand il y a une indication spécifique telle qu’une maladie auto- immune (IIa, C). La limitation de l’exercice physique doit être envisagée chez les non-athlètes jusqu’à la résolution des symptômes et médicaments principaux de la péri- cardite aiguë (tableau III et fig. 2). La dose initiale doit être poursuivie jusqu’à la résolution des symptômes et la normalisation de la CRP, puis une décroissance posologique doit être envisagée. L’aspirine et les AINS sont recommandés en traitement de première intention de la péricardite aiguë, associés à une pro- tection gastrique (I, A). La colchicine est recommandée en trai- tement de première intention d’une péricardite aiguë, en association au trai- tement par aspirine/AINS (I, A). La principale recommandation non pharmacologique est la restriction de l’activité physique, avec une vie séden- taire ordinaire, jusqu’à la résolution des symptômes et la normalisation de la CRP . Pour les athlètes, il est recommandé que le retour au sport de compétition se fasse seulement une fois que les symptômes ont disparu et que les tests diagnostiques (CRP, ECG, échocardiographie) ont été normalisés. Selon le consensus des experts, l’arrêt de l’activité sportive chez les athlètes doit être d’au moins 3 mois après le début de la péricardite. L’aspirine et les autres anti-inflamma- toires non stéroïdiens (AINS) sont les Un prédicteur de mauvais pronostic est suffisant pour identifier un patient à haut risque. Les critères majeurs ont été validés par une analyse multivariée, les critères mineurs sont basés sur des opinions d’experts et la littérature. Les patients sont à risque modéré lorsqu’ils n’ont pas de prédicteur de mauvais pronostic, mais une réponse incomplète ou pas de réponse aux AINS. Les patients sont à bas risque lorsqu’ils n’ont pas de prédicteur de mauvais pronostic et ont une bonne réponse aux AINS. Péricardite ? (examen clinique, ECG, radiographie thoracique, échocardiographie, CRP, troponine) Non Critères diagnostiques non satisfaits Chercher un diagnostic alternatif Oui Une cause spécifique est fortement suspectée ou il y a au moins un prédicteur de mauvais pronostic Oui Non Essai empirique d’un AINS Majeurs ● Fièvre > 38 °C ● Début subaigu ● Épanchement péricardique abondant ● Tamponnade cardiaque ● Absence de réponse à l’aspirine ou aux AINS après au moins une semaine de traitement Mineurs ● Myopéricardite ● Immunosuppression ● Trauma ● Traitement anticoagulant oral Prédicteurs de mauvais pronostic Haut risque Hospitalisation et recherche étiologique Non à haut risque Pas d’hospitalisation ni recherche étiologique Réponse aux AINS ? Non Oui Risque modéré Hospitalisation et recherche étiologique Bas risque Suivi en ambulatoire Fig. 1 : Triage en cas de péricardite aiguë, selon l’épidémiologie et les prédicteurs de mauvais pronostic à l’admission. réalités Cardiologiques Revues Générales Recommandations ESC 4 Médicaments Dosage habituel Durée du traitement Décroissance Aspirine 750-1000 mg toutes les 8 heures 1 à 2 semaines Diminution de 250-500 mg toutes les 1-2 semaines Ibuprofène 600 mg toutes les 8 heures 1 à 2 semaines Diminution de 200-400 mg toutes les 1-2 semaines Colchicine 0,5 mg 1 fois/jour (poids < 70 kg) ou 0,5 mg 2 fois/jour (poids ≥ 70 kg) 3 mois Non obligatoire ; 0,5 mg 1 jour/2 (< 70 kg) ou 0,5 mg 1 fois/jour (≥ 70 kg) durant les dernières semaines Tableau III : AINS habituellement prescrits pour une péricardite aiguë. Les corticoïdes à faibles doses sont envisagés lorsqu’il y a une contre-indication aux autres uploads/Sante/ delahaye-juillet-maladies-pericardiques.pdf
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- Publié le Aoû 22, 2022
- Catégorie Health / Santé
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