1 : Haut Comité de la Santé Publique : Rapport pour une politique nutritionnell

1 : Haut Comité de la Santé Publique : Rapport pour une politique nutritionnelle de santé en France. DGS (Paris), 1999, p. 227. Vaincre le diabète par l’alimentation La révolution de la nutrition scientifique Les plus hauts responsables de la nutrition française sont-ils devenus fous ? Je me suis à nouveau posé la question en relisant récem- ment les recommandations qu’ils adressent à la population française pour, paraît-il, l’aider à être en meilleure santé. L’un des principaux objectifs du Pro- gramme national nutrition santé (PNNS) est, je cite « d’augmenter la consommation de glu- cides afin qu’ils contribuent à plus de 50 % les apports énergétiques journaliers en favorisant la consommation des aliments source d’ami- don. » 1 A l’unisson, les experts de l’ex-Afssa (aujourd’hui Anses) recommandent que l’es- sentiel des calories glucidiques soit apporté par « le pain, les céréales et produits céréaliers, pommes de terre, légumes secs ». Du pain et des patates. Voilà avec quoi le ministère de la santé a décidé de vous garder en forme. Certes, à celles et ceux qui ne sont pas familiers des choses de la nutrition la pro- messe pourrait paraître raisonnable. Après tout, les produits céréaliers ne sont-ils pas pré- sentés à longueur de spot télé par l’industrie agro-alimentaire comme des aliments sains ? Et les diététiciens n’assurent-ils pas en chœur que ce qui fait grossir, ce n’est pas le pain, mais ce qu’on met dessus ? Et la pomme de terre n’est-elle pas un légume « riche en glu- cides complexes » ? Ce qu’on ne vous dit pas La vérité, c’est que ces aliments sont proba- blement sans danger pour vous si vous courez l’équivalent d’un marathon chaque semaine. Mais si ce n’est pas votre cas, et que vous sui- vez les recommandations officielles, soit 800 à 1200 calories quotidiennes sous la forme de pain, de pâtes (qui sont dans 80% des cas à base de farine blanche) ou de purée, vous pourriez plus ou moins vite rejoindre la co- horte des diabétiques et pré-diabétiques. Par Thierry Souccar Suite page 2... Thierry Souccar est un des meilleurs spécialistes français de nutrition et de biologie du vieillissement. Il est membre de l'Ame- rican College of Nutrition et auteur de nombreux livres dont le best-seller "Santé, mensonges et propagandes", avec l'avocate Isabelle Robbard. Il a créé la première rubrique de nutrition dans Sciences & Avenir et dans le Nouvel Observateur. Dossier spécial Thierry Souccar La plus ancienne description du diabète date du IVème siècle avant J-C. Des médecins in- diens constatent que des fourmis se pressent autour de l’urine de certains malades. Cette nouvelle affection est baptisée Madhumeha. Au cours du premier siècle après J-C, Arateus de Cappadoce, qui vit en Asie Mineure, dé- taille lui aussi une maladie rare qui affecte cer- tains de ses concitoyens : il lui donne le nom de diabète (en Grec : excès d’urine). Six siècles plus tard, le diabète fait son apparition en Chine. Les symptômes en sont parfaitement décrits par le médecin Chen Chhuan. Aujourd’hui, l’incidence du diabète aug- mente partout. En France, la situation sera bientôt hors de contrôle : entre 2000 et 2006, le nombre de nouveaux diabétiques a aug- menté de 27 % chez les hommes et de 14 % chez les femmes. On estime que 3 à 4 % de la population, soit près de 3 millions de per- sonnes souffre de diabète. Le record est at- teint à l’île de la Réunion, avec 7 % des hommes et 10 % des femmes diagnostiqués diabétiques. Si la situation est plus qu’inquiétante en France, elle est carrément explosive aux Etats- Unis, où on estime qu’un Américain sur trois aujourd’hui en bonne santé finira diabétique. Attardons-nous un instant sur la situation américaine parce qu’elle illustre bien la res- ponsabilité du pain, des pâtes, des céréales, des pommes de terre dans l’épidémie de dia- bète. Dans ce pays, la proportion de nouveaux cas a été multipliée par plus de 4 entre 1960 et 2010. Que s’est-il passé dans ce laps de temps pour que le diabète prenne de telles propor- tions ? Ce qui s’est passé, c’est que des chercheurs américains rentraient de Chine. Ils n’y avaient vu que des gens minces. Et que mangeaient ces Chinois ? Beaucoup de riz (un glucide), très peu de graisses ! A leurs yeux, la preuve était faite que c’était là la bonne formule pour maigrir. Tous les nutritionnistes l’ont cru et le croient encore. Sur ce principe erroné ont été élaborées les fameuses recommandations vi- sant à « manger moins gras », et « des féculents à chaque repas », qui sont suivies par des mil- lions de personnes. C’est en partie à cause de cette méprise que la planète devient diabétique. Un exemple édifiant : ce qui s’est passé aux Etats-Unis A partir de 1961, le ministère de la Santé des Etats-Unis a mis sur pied des campagnes de sensibilisation : les Américains devaient doré- navant manger moins gras, et privilégier le pain, les pommes de terre, et le riz. Comme en Chine. A cette époque, un Américain consommait 375 grammes de glucides par jour et moins de deux sur cent avaient un diagnos- tic de diabète. En 1970, la part des glucides – céréales, fé- culents - avait augmenté pour atteindre un peu moins de 400 grammes par jour. A ce mo- ment, 2,5 % de la population est diabétique. En 1980, le gouvernement américain expli- qua aux citoyens qu’il leur fallait aller plus loin. Manger encore moins gras, et toujours plus de céréales et de féculents. Comme ces aliments étaient encensés par les nutrition- nistes, les industriels de l’agro-alimentaire en ont inondé le marché : pains de mie, croissants et viennoiseries, céréales du petit déjeuner, biscuits et gâteaux, crackers, frites surgelées, 2 : Salmeron J, Manson JE, Stampfer MJ, Colditz GA, Wing AL, Willett WC: Dietary fiber, glycemic load, and risk of non- insulin-dependent diabetes mellitus in women. JAMA 277 :472– 477,1997. 3 : Salmeron J, Ascherio A, Rimm EB, Colditz GA, Spiegelman D, Jenkins DJ, Stampfer MJ, Wing AL, Willett WC: Die- tary fiber, glycemic load, and risk of NIDDM in men. Diabetes Care 20 :545– 550,1997 . pommes de terre en flocons, riz instantané, pop-corns, galettes de blé soufflé, barres cé- réalières chocolatées. Forcément bons pour la ligne puisque dépourvus de graisses ! Pour couronner le tout, les graisses des ali- ments courants ont été en partie éliminées et remplacées par des glucides (bien pires, on va le voir), comme dans le yaourt où des amidons ont pris la place des graisses saturées, 0 % oblige ! Parti des Etats-Unis, le mouvement a gagné la planète. En 1980, chaque Américain mangeait en moyenne 410 g de glucides par jour. Pourtant, au fur et à mesure que les Américains se rap- prochaient du modèle idéal chinois préconisé par les nutritionnistes, une chose bizarre a commencé d’apparaître. Ils ne perdaient pas un gramme. Non seulement ils ne maigrissaient pas, mais ils grossissaient et étaient de plus en plus malades. Plus de 4 % de la population était diabétique. En 2000, les Américains mangeaient un demi-kilo de glucides : des produits sucrés, mais surtout des produits céréaliers et des pommes de terre. Un régime pour chevaux ! Ils étaient alors plus de 30 % à être obèses contre 13 % seulement en 1960. Le diabète touchait 6 % de la population. L’an dernier, 8,3 % des Américains étaient diabétiques. Je pense que les recommanda- tions nutritionnelles en faveur des céréales et des féculents ont contribué à multiplier en 50 ans la proportion des obèses par deux et demi et celle des diabétiques par qua- tre ! L’exemple des Etats-Unis est corroboré par les très nombreuses études épidémiologiques qui montrent que les personnes en bonne santé qui consomment le plus de céréales raf- finées, de pommes de terre, de produits sucrés – et le moins de fibres ont par la suite un risque plus élevé que les autres de développer un diabète de type 2. Par exemple, dans l’étude américaine dite des Infirmières conduite depuis 1986 par l’université de Harvard, le risque de diabète chez les femmes qui suivent un régime riche en pain blanc, pâtes, riz, produits sucrés est supérieur de 50 % à celui des femmes qui consomment peu de ces aliments. 2 Dans l’étude dite des Professionnels de santé, ce risque est augmenté de 37 %. 3 Pourquoi les pouvoirs publics continuent- ils à défendre un modèle alimentaire qui nous conduit droit dans le mur ? La triste vérité, comme je l’ai montré dans « Santé, mensonges et propagande », le livre que j’ai écrit avec Isa- belle Robard, c’est que la plupart des respon- sables de la nutrition officielle ont des liens trop étroits avec l’industrie agro-alimentaire pour tenir un discours objectif sur ces ques- tions. Ils sont leurs alliés, leurs conseils, leurs obligés. Et ils nous roulent littéralement dans la farine ! Ce qui se passe dans le corps quand vous mangez pendant des années des céréales uploads/Sante/ ds2-diabete.pdf

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  • Publié le Jul 24, 2021
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
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