Copyright Dr JP de Mondenard 1 ÉTUDIANTS « On ingurgite des tonnes de données e
Copyright Dr JP de Mondenard 1 ÉTUDIANTS « On ingurgite des tonnes de données en accéléré mais la mémoire n’imprime rien… » 1930 - AMPHÉTAMINES - Pour mieux respirer et avoir l'esprit alerte Dans les années 30 alors que les amphétamines étaient prescrites médicalement en inhalations pour les coryzas et les rhinites aiguës, de nombreux étudiants employaient cette drogue pour avoir l'esprit plus alerte la veille des examens. A ce moment-là, les amphétamines n'étaient pas encore employées comme stimulants pour améliorer les performances sportives. Les amphétamines et leurs dérivés furent utilisés par les soldats alliés (Anglais, Américains…), les Allemands et les Japonais pour retarder la fatigue et pour accomplir plus facilement les exploits qu'exigeaient les missions dangereuses. En conséquence du retour des démobilisés dans les universités américaines, l'usage de pilules à base d'amphétamines se répandit, sur une assez grande échelle, dans les milieux sportifs, scolaires et universitaires, et rapidement s'étendit aux clubs professionnels. 1938 - ALLEMAGNE - Expérimentation de psychostimulants sur des officiers médecins : bon pour lutter contre la fatigue sans effets positifs sur les fonctions cognitives Le professeur Otto F. Ranke, médecin major de la Wehrmacht s’intéresse aux effets de la Pervitine®. C’est le journaliste Norman Ohler qui rapporte les faits : « Ranke a ainsi fait de la lutte contre la fatigue son domaine de prédilection et quand, en 1938 – soit un an et demi avant l’entrée en guerre – il entend le Dr Fritz Hauschild dans les pages de la Klinische Wochenschrift chanter les louanges de la Pervitine® qui permettrait d’accroître le volume respiratoire de 20% tout en augmentant le taux d’oxygène absorbé, il décide de vérifier ces affirmations. Il organise donc des expériences d’abord sur quatre-vingt-dix puis sur cent cinquante élèves officiers médecins, tous volontaires, auxquels il donne de la Pervitine® (P), de la caféine (C) ou un placebo (S). Il leur demande ensuite de résoudre des problèmes mathématiques ainsi que d’autres exercices durant toute la nuit (la seconde expérience dure même de 20h à 16 h le lendemain). Les résultats sont apparemment sans appel : au petit matin, les individus du ‘’groupe S’’ gisent sur les bancs tandis que les ‘’P’’ continuent leur travail, presque maniaques mais avec un « visage frais (…) physiquement et intellectuellement vifs » ainsi qu’on peut le lire dans le compte rendu d’expérience. Même après plus de dix heures d’efforts et de concentration, ils se sentent assez bien « pour avoir envie de faire une sortie ». Cependant, Ranke ne voit pas que des choses positives à l’examen. Les activités qui exigent des efforts d’abstraction soutenus posent des difficultés particulières aux sujets sous Pervitine®. Le calcul mental se fait certes plus rapidement mais avec plus de fautes. En outre, pour un individu aux prises avec des tâches complexes, aucun accroissement notable des facultés de concentration et d’attention n’est observé, seulement une hausse marginale pour les opérations les plus abrutissantes. Aucun doute : la Pervitine® préserve le sommeil ; elle ne rend pas plus Copyright Dr JP de Mondenard 2 intelligent. Idéal pour le soldat, conclut très sérieusement le rapport de ce qui reste la première expérimentation systématique de drogues dans l’histoire militaire : « Un excellent moyen pour galvaniser des troupes fatiguées (…). On comprend aisément que réussir à éliminer, pour un moment donné et par des mesures médicales, la fatigue naturelle des troupes peut jouer un rôle de première importance militaire le jour du combat (…). Une substance militairement précieuse. » [Norman Ohler. – L’extase totale. – Paris, éd. la Découverte, 2016. – 255 p (pp 58-59)] Norman Ohler – L’extase totale, éd. la Découverte, 2016 Texte du journaliste Norman Ohler : « Rien d'étonnant donc si la réputation de cette vitamine aux effets fulgurants parvient rapidement aux oreilles des jeunes élèves officiers. Soumis par leurs études à une pression constante, les aspirants médecins attendent du médicament qu'ils fassent des miracles. Ils en consomment toujours plus, en véritables précurseurs des étudiants de nos universités actuelles où les pilules dynamisantes comme la Ritaline® et les dérivés d'amphétamine sont monnaie courante. Ranke entend bientôt parler de cette mode qu'il a lui-même contribué à lancer par ses expériences. Quand il apprend qu'on a aménagé une salle à l'université de Munich pour les « cadavres à Pervitine® », autrement dit une cellule de dégrisement pour les étudiants en surdose, il ne peut plus ignorer les dangers du produit. Force est de constater que, dans sa propre Académie de médecine, la prise de Pervitine® à haute dose en période d'examens est d'ores et déjà l'usage. Les effets obtenus laissent plus qu'à désirer et un de ses collègues, soucieux, lui écrira même plus tard : « Les résultats d'examen des étudiants ayant avoué en avoir pris étaient si mauvais qu'on pouvait bien se douter qu'une personne dans un état normal n'aurait jamais tenu de propos aussi absurdes. » [Norman Ohler. – L’extase totale. – Paris, éd. la Découverte, 2016. – 255 p (p 62)] 1941 - AMPHÉTAMINES – Pr Victor Demole (SUI) : les insomnies du lendemain Commentaires du docteur Victor Demole, professeur à la faculté de médecine de Lausanne : « Effet sur le travail intellectuel : à faible dose, le Pervitin agit principalement sur le cerveau. Les idées sont plus vives, la sensation de fatigue disparaît. Le travailleur intellectuel est étonné de passer sa nuit sans voir baisser la qualité de sa mémoire. Le travail est aisé, rapide. Mais il paiera ces avantages par une prochaine nuit d'insomnie (p 196) (…) « Quelques étudiants se dopent avant les examens. Ceux qui réussissent ne s'en vantent pas. Chez les autres le procédé a souvent des effets déplorables. L'énervement empêche la réflexion, la mémoire est en défaut, l'imagination est précaire. Lorsque ces candidats lisent la déception et les reproches sur le visage de l'examinateur, ils cherchent à l'apitoyer. Arguments usuels maladie, épuisement nerveux, deuil tragique, soucis d'argent, fiancée infidèle, nuits blanches... et toujours "le café noir qui n'a pas réussi » (p 197) [Victor Demole . - Médecine sportive et doping in « Contrôle médico-sportif et fatigue », recueil des travaux présentés au cours de médecine sportive tenu à Lausanne du 16 au 18 octobre 1941 .- Lausanne (SUI), éd. Librairie de l'Université F. Rouge, 1941 .- 205 p (pp 183-202)] Victor Demole . - Médecine sportive et doping in « Contrôle médico-sportif et fatigue » Librairie de l'Université F. Rouge, 1941 Copyright Dr JP de Mondenard 3 1949 - AMPHÉTAMINES – Laurette Cottance (16 ans) prépare le bac stimulée au café et à l’Ortédrine® (une amphet française) Paris Match du 9 juillet 1949 nous fait vivre par le texte et les photos la préparation finale pour le jour J du bac d’une adolescente parmi les 100 000 candidats de la première partie : Paris Match, 1949, n° 16, 9 juillet, pp 26-27 Paris Match, 1949, n° 16, 9 juillet, pp 26-27 1955 - AMPHÉTAMINES – Examens : les pics de vente grimpent en juillet et septembre Texte de la journaliste scientifique Monique Senez : « La vente des amphétamines montent en pointe à l'époque des examens. Des chiffres officieux affirment que l'une des marques les plus connues vend 100 000 boîtes au mois de juillet contre une moyenne mensuelle de 15 000 à 20 000 boites. Les deux villes universitaires les plus touchées semblent être Paris et Lille. Le ministère de la Santé Publique enquête actuellement pour essayer de mesurer de façon précise ces ravages chez les étudiants. En 1951, des sondages officieux effectués par le Gouvernement permettaient de s'apercevoir que la consommation était montée en pointe en octobre, au lieu d'atteindre comme d'habitude son maximum en septembre, mois des examens; or, c'était l'année Copyright Dr JP de Mondenard 4 de la grève du baccalauréat, et les épreuves avaient été retardées d'un mois. A la Cité Universitaire, on déclare que sur 17 000 consultations médicales enregistrées en 1954, 1 500 intéressaient la psychiatrie - et les amphétamines en étaient la plupart du temps responsables, la dépression qui suit un long "doping" s'accompagnant en effet de troubles mentaux parfois très graves. » [Monique Senez .- Attention au doping .- Science et Vie, 1955, n° 457, octobre, p 46] Une amphétamine spécialement destinée à booster le QI (mis sur le marché en 1955 et retiré en 1970) 1955 - AMPHÉTAMINES - Uniquement sur ordonnance : en raison de l’ampleur des abus commis par les étudiants « Jusqu'à présent et depuis 1946, la vente des amphétamines était libre. Seulement les ampoules injectables étaient réglementées. Mais un décret tout récent, paru au « Journal officiel » du 24 juin 1955, vient de décider que dorénavant les amphétamines ne seront plus délivrées que sur ordonnance. Cette décision a été prise devant l'ampleur des abus commis par les étudiants; le Gouvernement espère ainsi freiner l'accroissement des troubles mentaux que signalent de nombreux rapports de psychiatrie. » [Monique Senez . - Attention au doping .- Science et Vie, 1955, n° 457, octobre, p 49] Science et Vie, 1955, n° 457, octobre, p 47 1963 – DIAZADAMANTAN – uploads/Sante/ etudiants-devraient-eux-aussi-passer-au-controle-ad.pdf
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- Publié le Sep 26, 2021
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
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