Les arythmies cardiaques Brochure d’information à l’intention du patient Active

Les arythmies cardiaques Brochure d’information à l’intention du patient Active contre les maladies cardiaques et l’attaque cérébrale Fondation Suisse de Cardiologie 2 Introduction Le cœur est le moteur de la circulation. Chez une personne en bonne santé, il bat sans relâche 60 à 90 fois par minute, environ 30 à 50 millions de fois par an. Sans une parfaite coordination du travail de ses milliers de cellules musculaires qui se contractent et se relâchent en cadence, il ne pourrait pas pomper comme il le fait quelque 10 000 litres de sang par jour dans l’organisme. On appelle troubles du rythme cardiaque ou arythmies des battements cardiaques trop lents, trop rapides ou irréguliers. Si certaines arythmies passent inaperçues, d’autres peuvent donner lieu à des sensations de battements manquants ou de palpita- tions ou encore d’essoufflement, de faiblesse, voire entraîner un évanouissement. Les troubles du rythme cardiaque peuvent aussi porter atteinte à la fonction de pompe du cœur. Une arythmie peut se déclarer à tout âge sans crier gare. En général, elle ne représente pas un danger immédiat et peut se soigner par des médicaments ou une intervention par cathéter cardiaque. La plupart des patients peuvent mener une vie tout à fait normale, souvent même sans médicaments. Dans cette brochure, nous souhaitons vous expliquer ce que signifient les arythmies. Sa lecture ne vous permettra pas de poser un diagnostic ou de choisir le traitement qui convient, mais nous espérons qu’elle vous aidera à mieux comprendre cette affection. Votre Fondation Suisse de Cardiologie La formulation au masculin implique naturellement les deux sexes. 3 Le cœur et son circuit électrique Le cœur se compose d’une partie droite et d’une partie gauche, ainsi que de quatre valves qui obligent le sang à couler dans la bonne direction (figure 1, page 4). Du côté gauche comme du côté droit, on distingue une oreillette (ou atrium, la cavité supé- rieure) et un ventricule (la cavité inférieure). Le sang pauvre en oxygène est transporté par les veines de l’ensemble du corps vers l’oreillette droite. Celle-ci dirige le sang vers le ventricule droit. À chaque battement de cœur, le ventricule droit chasse le sang dans les vaisseaux pulmonaires où les globules rouges vont se rechar- ger en oxygène avant de traverser l’oreillette gauche pour parve- nir au ventricule gauche. Ce dernier, le plus épais, éjecte le sang dans les artères et donc à travers tout le corps. On peut sentir la pression qui en résulte en tâtant le pouls au poignet. Pour que le cœur pompe efficacement le sang, il faut que des milliers de cellules musculaires des oreillettes et des ventricules se contractent de manière synchronisée. Cette action est déclenchée par une impulsion électrique. Le chef d’orchestre ou stimulateur naturel du cœur est le nœud sinusal, situé dans la paroi de l’oreil- lette droite, à l’embouchure de la veine cave supérieure. C’est là que se forme l’impulsion qui passe ensuite dans les oreillettes. Le passage des oreillettes aux ventricules est assuré par le nœud atrio-ventriculaire ou nœud AV (atrio vient d’atrium, l’oreillette). Il établit la liaison électrique entre les oreillettes et les ventricules. Si jamais le nœud sinusal ne fonctionne pas, le nœud AV peut en partie se charger de délivrer l’impulsion électrique. Après avoir passé le nœud AV, l’impulsion électrique est guidée vers les ven- tricules et le muscle cardiaque tout entier par ce que l’on appelle le faisceau de His et les fibres conductrices. L’activité électrique du cœur est enregistrée par l’électrocar- diogramme (ECG). Il s’agit du premier examen réalisé pour détec- 4 Figure 1: Anatomie et système de conduction cardiaque L’oreillette et le ventricule gauches (en rouge sur l’illustration) reçoivent le sang que les pou- mons ont enrichi en oxygène. Le sang pauvre en oxygène, en provenance des veines, arrive dans l’oreillette et le ventricule droits (en bleu sur l’illustration). Pour que le sang puisse être pompé, les cellules du muscle cardia que doivent se contracter. Cette contraction est déclen- chée par une impulsion électrique que délivre le nœud sinusal. Cette impulsion traverse suc- cessivement le nœud atrio-ventriculaire, le faisceau de His et les branches gauche et droite pour atteindre les ventricules et le muscle cardiaque tout entier. 1 2 3 5 7 6 8 4 9 10 11 12 13 14 15 1. Aorte 2. Veine cave supérieure 3. Nœud sinusal 4. Oreillette gauche (atrium) 5. Oreillette droite (atrium) 6. Valve tricuspide 7. Veine cave inférieure 8. Ventricule droit 9. Valve aortique 10. Nœud atrio-ventriculaire (AV) 11. Valve mitrale 12. Faisceau de His 13. Branches droite et gauche 14. Ventricule gauche 15. Muscle cardiaque (myocarde) 1 2 3 5 7 6 8 4 9 10 11 12 13 14 15 5 ter une arythmie et en déterminer le type. Un ECG normal pré- sente des déflections qu’on appelle des ondes (figures 2a et 2b, page 6). Entre deux battements de cœur, le système de conduc- tion se recharge, tout comme le myocarde qui, après chaque bat- tement, se décontracte et se remplit à nouveau de sang. Chaque battement de cœur (systole) est donc déclenché par une impulsion électrique. C’est la répétition de ces phénomènes qui donne le rythme cardiaque. Normalement, le nœud sinusal dicte la fréquence cardiaque. Il s’adapte aux besoins de l’orga- nisme: grâce à sa sensibilité aux signaux nerveux et aux hormones (par exemple l’adrénaline), le nœud sinusal est capable de ralen- tir le pouls au repos et de l’accélérer lors d’une activité sportive. La fréquence cardiaque au repos d’une personne physiquement très bien entraînée peut être de tout juste 40 à 45 battements par minute. En cas de fièvre ou de vive émotion, le pouls peut au contraire dépasser 100 battements par minute. Normalement, le pouls d’une personne en bonne santé est le plus souvent de 60 à 90 battements par minute. Un effort physique accélère égale- ment le pouls. Un effort maximal peut faire brièvement monter la fréquence cardiaque à 150 à 180 par minute, voire davantage. Le rythme cardiaque n’est donc pas un chiffre fixe, il réagit aux influences internes et externes. Qu’est-ce qu’une arythmie et pourquoi la ressent-on? La distinction entre variation du rythme cardiaque normal et arythmie n’est pas toujours facile. Les modifications de la fré- quence cardiaque sont bien souvent normales et non des troubles. L’arythmie survient lorsque l’impulsion électrique naît ailleurs que dans le nœud sinusal, par exemple dans l’oreillette, le nœud AV ou directement dans un ventricule, ou encore lorsque la décharge électrique ne suit pas le chemin prévu. Si un battement 6 Figure 2a: Processus de l’activation électrique du cœur L’impulsion électrique se répand comme une vague dans tout le cœur. L’électrocardiogramme (ECG) permet de visualiser sur papier les ondes électriques qui parcourent les oreillettes et les ven tricules (figure 2b). Figure 2b: L’ECG Le tracé de l’onde P correspond à la contraction des oreillettes. Les ondes QRST surviennent lors de la contraction des ventricules. 7 de cœur supplémentaire en résulte, c’est ce que l’on appelle une extrasystole. Souvent, elle est suivie d’une pause ressentie comme une brève interruption ou un «saut». Si la fréquence cardiaque est durablement trop rapide, cela entraîne une chute de la tension artérielle qui peut se faire sentir par des vertiges ou des faiblesses. Un autre symptôme d’arythmie peut être une désagréable sensation de palpitations, perçue le plus souvent soit dans la poitrine, soit dans la gorge. Certains troubles du rythme cardiaque sont plus graves que d’autres parce qu’ils influencent les performances du cœur. Par- fois, un cercle vicieux se produit: le cœur trop sollicité déclenche une arythmie, celle-ci entrave à son tour encore plus la fonction cardiaque. Types d’arythmie courants Les extrasystoles se produisent occasionnellement chez toute per- sonne en bonne santé, mais peuvent être anormales si elles sont fréquentes. On classe les arythmies en fonction de leur lieu de formation et de leurs effets sur le rythme cardiaque. Si le trouble se situe au-dessus des ventricules, c’est-à-dire dans les oreillettes ou le nœud AV, on parle d’arythmie supraven- triculaire, s’il a son origine dans les ventricules, on l’appelle aryth- mie ventriculaire. Si l’arythmie accélère la fréquence cardiaque, on parle d’une tachycardie (tachy = rapide), si elle la ralentit, d’une bradycardie (brady = lent). L’extrasystolie supraventriculaire L’extrasystolie supraventriculaire se forme dans les oreillettes et est parfois occasionnée par une maladie de cœur. Par exemple, il se peut que l’hypertension artérielle sollicite exagérément le myocarde et provoque une distension des oreillettes qui ensuite 8 provoquent des arythmies. L’insuffisance cardiaque peut aussi être la cause de l’extrasystolie supraventriculaire. L’extrasystolie ventriculaire L’extrasystolie ventriculaire est causée par des régions du ventri- cule qui ne suivent pas la cadence de l’activité du cœur et se déchargent prématurément (figure 3). La tension nerveuse, un déséquilibre de la teneur en sels minéraux de l’organisme (par exemple par une consommation prolongée de laxatifs), la fièvre ou une maladie des artères coronaires peuvent favoriser l’appari- tion de l’extrasystolie ventriculaire. L’apparition d’extrasystoles accompagnant une maladie cardiaque doit être soigneusement examinée. Il faudra le cas échéant soigner la maladie sous-jacente. Figure 3: L’extrasystolie Dans le cas de l’extrasystolie, uploads/Sante/ herzrhythmusstoerungen-fr-web.pdf

  • 49
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Jul 17, 2021
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
  • Taille du fichier 3.3288MB