Dossier Dr Michel Lallement Chirurgien-cancérologue, le Dr Michel Lallement a e

Dossier Dr Michel Lallement Chirurgien-cancérologue, le Dr Michel Lallement a exercé en Centre Anticancéreux durant plus de vingt ans. Ses travaux portent actuellement sur la prise en charge globale des maladies chroniques et dégénératives et des pathologies liées à l’environnement, auxquelles il a consacré trois livres : Les clés de l’alimentation santé : l’essentiel à savoir dans votre cas (2017), Les 3 clés de la santé (2014) et Les clés de l’alimentation santé (2012). 12 Métaux lourds : la pollution invisible qui « plombe » votre santé 12 Métaux lourds : la pollution invisible qui « plombe » votre santé P ourquoi les métaux toxiques sont-ils nocifs pour notre santé (le terme de métaux lourds, largement utilisé, ne pos- sède en réalité pas de définition précise) ? La réponse est à la fois simple et complexe : ils intoxiquent nos cellules et prennent la place d’oligo-éléments essentiels pour de nombreuses fonctions vitales. La vie pourrait se définir comme un ensemble de réactions chimiques permettant à tout organisme, même unicellulaire, de grandir et se repro- duire : ces réactions sont regroupées sous le terme de biochimie. Même une « simple » bactérie, malgré sa taille infime (2 à 3 millièmes de millimètre de long) est en réalité le siège de milliers de réactions biochimiques qui lui permettent de respirer (échanger avec les gaz de son environnement), se nourrir, éli- miner ses déchets et se diviser. Voici l’occasion de dire que tout ce qui est vivant possède une réalité chimique : les parois des cellules et leur contenu sont constitués de milliards de molécules chimiques : acides gras (en particulier pour les parois des cellules et du noyau), sucres (notamment pour fournir l’énergie), et protéines (pour stocker l’information, l’« identité » cellulaire et la transmettre via des enzymes qui vont contrôler le métabolisme). Cette notion que « tout est chimique » est importante, car souvent mes pa- tients me demandent de leur prescrire des compléments alimentaires « non chimiques », ce qui est impossible ! La vitamine C, même 100 % naturelle, est de l’acide L-ascorbique ; la forme active naturelle de la vitamine D est la 25-hydroxy-cholécalciférol (vita- mine D3), etc. Ainsi, pour désigner ce qui n’est pas naturel, il est plus juste de parler de synthétique, ce qui sous-entend : produit par synthèse chimique industrielle et non par un organisme vivant. Les mécanismes d’intoxication L’immense majorité des réactions chimiques qui se produisent au sein de tout organisme vivant sont contrô- Métaux lourds : la pollution invisible qui « plombe » votre santé Aluminium, arsenic, cadmium, chrome, nickel, mercure, plomb… notre exposition aux métaux lourds est permanente. Or, même à faible dose, elle peut être à l’origine de pathologies neurologiques graves (Alzheimer, sclérose en plaques, neuropathies) et perturber le système immunitaire. On lui attribue même l’explosion des maladies auto-immunes dont la fréquence ne cesse aujourd’hui d’augmenter. 13 Métaux lourds : la pollution invisible qui « plombe » votre santé lées par des substances appelées enzymes, qui sont un peu comme des « interrupteurs chimiques » : en l’absence de telle enzyme, telle réac- tion n’a pas lieu (ou très peu), en sa présence la réaction se produit. Les enzymes sont sous la dépendance plus ou moins directe des gènes qui renferment le patrimoine génétique : ainsi, un œuf de grenouille donnera une grenouille et non un bœuf ! Au sein d’un même organisme, les pro- grammes chimiques contenus dans l’ADN de l’individu seront activés ou non en fonction des différents tissus : une cellule de foie fera un travail de foie, et non de rein, etc. L’immense majorité des enzymes possèdent dans leurs molécules un ou plusieurs ions métalliques : on parle pour cette raison de métal- lo-enzymes. Les ions concernés sont nombreux : le calcium, le sodium, le potassium, le cuivre, le fer, le zinc, le magnésium, le soufre, l’iode, le silicium, le sélénium, le chrome, et plus rarement le molybdène, le bore, le vanadium, le nickel, et même l’étain et l’arsenic, utiles en faibles quantités. Une carence en tel ou tel minéral entraînera donc le ralentissement, voire l’arrêt complet des activités enzymatiques qui en dépendent. Mais les métaux toxiques, en prenant la place des minéraux physiolo- giques, vont perturber également leur action. Il existe une sorte de compétition électrochimique entre les ions bénéfiques et les autres : si l’ion fixé par l’enzyme n’est pas le bon, celui-ci ne remplira pas correctement sa fonction. Il existe également un effet dose. À faible concentration, aucun métal n’est vraiment toxique, même l’arsenic intervient dans certaines réactions chimiques normales. À l’inverse, les « bons » minéraux en excès peuvent devenir toxiques : c’est le cas en particulier du cuivre, du fer, du chrome, du manganèse, etc. Des métaux lourds dans les sols agricoles Il est fondamental de prendre conscience que ce qui est vrai pour nos cellules l’est aussi pour tous les organismes vivants ! C’est ce méca- nisme de perturbation enzymatique qui est ciblé par la grande famille des pesticides, fongicides et autres désherbants, qui contiennent presque tous des métaux toxiques : arsenic, cadmium, mercure, nickel... En per- turbant les réactions biochimiques normales de tout ce qui est vivant, ces produits aboutissent à une mor- tification des sols. À court terme, c’est le but recherché : disparition des maladies et des prédateurs de nos cultures agricoles. Mais à moyen terme, les consé- quences sont immenses : les micro-organismes présents à l’état naturel dans les sols fabriquent des substances utiles aux plantes qui y poussent : vitamines, etc. Ces der- nières seront appauvries si les sols sont stérilisés. Avec le temps, les organismes plus complexes seront contaminés et fragilisés : en par- ticulier les vers de terre ! Or nous commençons tout juste à prendre conscience de l’importance de ces derniers dans la vie des sols : tous les jours, chaque ver creuse plu- sieurs mètres de galeries dans la terre, ce qui aère les sols et les rend perméables. Cela permet une bonne irrigation des racines des plantes, ce que savent tous les jardiniers : « un binage vaut deux arrosages » ! Certes ce travail de labourage naturel par les vers peut être remplacé au niveau superficiel par les machines agri- coles, mais à terme la raréfaction des vers de terre rend les sols de moins en moins perméables, avec pour conséquence le ravinement des eaux de pluie, qui ne s’infiltrent pratique- ment plus. Dès lors, en cas de fortes pluies (de plus en plus fréquentes du fait du dérèglement climatique) le risque d’inondation augmente, alors que dans le même temps les nappes phréatiques sont de moins en moins alimentées, d’où des sécheresses de plus en plus préoccupantes. Ces phénomènes font de plus en plus souvent la une de l’actualité ; malheureusement les médias ne s’ar- rêtent qu’aux constats, avec même souvent un certain voyeurisme (les drames sont vendeurs...) au lieu de faire un travail d’information et de sensibilisation qui pourrait être fort utile. Car en effet, pour en revenir aux pesticides et aux métaux lourds, la diminution de leur utilisation ne pourra se faire par des décisions po- litiques, les enjeux étant mondiaux. Par contre, chacun à son niveau peut participer à leur réduction en ache- tant en priorité des aliments « bio » qui n’utilisent pas ces produits. La loi de l’offre et de la demande est univer- selle : n’achetez plus tel produit, et il disparaîtra de la vente !!! Si toutes les victimes des inondations avaient été sensibilisées à ces notions, ces drames auraient été moins vains... Enfin, ces ravinements provoquent chaque année la disparition de 5 à 10 millions d’hectares de terres agricoles dans le monde du seul fait de l’érosion, ce qui correspond à une perte de plusieurs millions de tonnes de production céréalière chaque année. On le voit : les pesticides ont des conséquences désastreuses à long terme... Pollution et contaminations des sols aux métaux lourds causés en partie à l’agriculture intensive et le recours aux pesticides 14 Métaux lourds : la pollution invisible qui « plombe » votre santé Des métaux lourds dans nos intestins… et jusqu’à notre ADN. Pour en revenir à notre santé, les métaux contenus dans les pesticides se retrouvent en grande partie dans les végétaux cultivés, et donc in fine dans nos intestins. Là, leur rôle antimicrobien se poursuit, avec une action perturbatrice sur notre flore intestinale : nous sommes tous por- teurs, dans nos intestins, d’une flore essentiellement microbienne qui représente environ deux kilos de poids ! Ces bactéries sont indispen- sables à notre vie car elles participent grandement à la digestion des ali- ments et produisent des nutriments qui nous sont indispensables (un peu comme les micro-organismes du sol sont utiles aux plantes). Les métaux toxiques, en altérant les flores utiles, vont favoriser le développement de flores pathologiques : bactéries in- désirables, mais aussi champignons (candida albicans) et parasites. Ces mauvaises flores agressent la paroi intestinale qui devient enflammée (d’où les « colites »), voire mi- croporeuse (d’où les intolérances alimentaires au lait et au blé, de uploads/Sante/ intoxication-aux-metaux-lourds-sce.pdf

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  • Publié le Jul 05, 2022
  • Catégorie Health / Santé
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