LA PHÉNOMÉNOLOGIE CHEZ MARTIN HEIDEGGER Author(s): Bernard DELFGAAUW Source: Le
LA PHÉNOMÉNOLOGIE CHEZ MARTIN HEIDEGGER Author(s): Bernard DELFGAAUW Source: Les Études philosophiques, Nouvelle Série, 9e Année, No. 1 (Janvier/Mars 1954), pp. 50-56 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20841628 Accessed: 31-08-2017 12:42 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Les Études philosophiques This content downloaded from 154.68.24.5 on Thu, 31 Aug 2017 12:42:30 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms LA PHENOMENOLOGIE CHEZ MARTIN HEIDEGGER II n'y a pas d*?cole phenomenologique. II y a seulement des penseurs qui sont plus ou moins profondement marques par la phenomenologie de Husserl. Parmi eux la position de Martin Heidegger est des plus remarquables. On a beaucoup discute la question de savoir si la phenomenologie de Husserl est une simple methode qui introduit dans la philosophic ou bien une methode qui fait deja partie de la philosophic elle-meme. La phenomeno logie est-elle une propedeutique ou bien deja une ontologie philo sophique ? Quelles que soient les difficultes qui se presentent quand on veut donner une reponse adequate a cette question, concernant la phenomeologie de Husserl, elles disparaissent aussi tot quand on considere la phenomenologie de Heidegger. ? L'onto logie n'est possible que comme phenomenologie ? (Sein und Zeit, p. 33). ? Ontologie et phenomenologie ne sont pas deux disciplines differentes, qui font, parmi d'autres, partie de la philosophic Ces deux noms caracterisent la philosophic elle-meme, selon son objet (Gegenstand), et selon sa methode (Behandlungsart) ? (p. 38). Cela suffit pour indiquer que, pour Heidegger, la phenomenologie n'est pas seulement la methode philosophique par excellence, mais la methode philosophique comme tellc La philosophic a a etre phe nomenologique, sinon elle n'est pas une vraie philosophic Mais ces reflexions ne sont que purement formelles. Elles ne signifient rien tant que nous ne savons pas ce que veut dire, pour Heidegger, le mot philosophic Ceci nous conduit aux questions suivantes : 1? Quelle est la signification dans l'oeuvre de Heidegger des mots ? philosophic ?, <c ontologie ?, cc metaphysique ? ? 2? Dans quelle perspective philosophique se situe chez Heidegger le sens de la methode phenomenologique ? 1? En ce qui concerne la premiere question, nous nous contenterons de quelques remarques. II y a une difference termi nologique entre les ouvrages de Heidegger d'avant 1930 et ceux d'apres 1930 : ? C'est pour se distancer hettement de cette derniere (la metaphysique classique) que Heidegger a cesse, depuis 1930, de nommer metaphysique son explication de l'etre. Quant a la This content downloaded from 154.68.24.5 on Thu, 31 Aug 2017 12:42:30 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms B. DELFGAAUW - PHENOMENOLOGIE DE HEIDEGGER 51 notion d'ontologie fondamentale telle qu'on la trouve dans Sein und Zeit, elle n'a pas pour but de justifier ou de prolonger les ontologies classiques, mais, au contraire, de preparer leur depas sement. Pour eviter toute confusion, cette expression ne survivra pas non plus au livre sur Kant ? (1). Avant 1930, le mot metaphysi que designe pour Heidegger la recherche de l'etre comme tel. Le mot ontologie indique, comme pour Husserl, la recherche des differentes regions de l'etre, c'est-a-dire des differentes categories des etants, par exemple c< l'ontologie de la nature ?, ? l'ontologie de l'histoire ?, ? Tontologie de la langue ?, etc. L'expression ? ontologie fondamentale ? est employee pour les recherches conduites dans Sein und Zeit, c'est-a-dire pour l'analytique exis tentiale de l'homme (du Dasein). L'analytique du Dasein est le point de depart de la metaphysique : ? La question explicite et lucide sur le sens de l'etre (Sinn von Sein) demande d'avance une explication exacte d'un etant (du Dasein) quant a son etre ? (Sein und Zeit, p. 7). La philosophic est la recherche qui trouve son centre dans la metaphysique. Apres 1930, Heidegger veut depasser la metaphysique (le mot depassement de la metaphysique, Uberwindung der Metaphysik, apparait pour la premiere fois dans la Nachwort de la 4e edition de Was ist Metaphysik ?, 1943). II est convaincu que la metaphysi que, qui a ses origines chez Platon et Aristote, n'a etudie que I'etant comme etant, comme Aristote l'a formule, et qu'elle a ? oublie ? la recherche de l'etre comme tel. La metaphysique a trouve sa fin chez Hegel et Nietzsche. La philosophic a toujours ete metaphysique (qu'on se reporte a la fin de Platons Lehre von der Wahrheit, 1942). On ne trouve de philosophic ni avant Platon ni apres Nietzsche. L'origine de la philosophic chez les Presocra tiques est une pensee qui n'est pas encore philosophique, non parce qu'elle est ? primitive ?, mais parce que la verite est pour elle autre chose que pour la philosophic La ? philosophic ?, apres Hegel et Nietzsche, n'est plus philosophic, parce qu'elle s'enferme dans le cadre de la metaphysique, et que ce cadre n'existe plus depuis son achevement chez Hegel et sa destruction chez Nietzs che. C'est pour cela que Heidegger ne veut plus indiquer ni la pensee presocratique, ni sa propre pensee comme metaphysique (1) Alphonse De Waelhens et Walter Biemel, dans l'introduction de leur traduction de Kant et le probleme de la metaphysique, Paris 1953, p. 44. 4 * This content downloaded from 154.68.24.5 on Thu, 31 Aug 2017 12:42:30 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 32 les Etudes philosophiques ou philosophique , mais seulement comme pensee (Denken), ou bien pensee poetique (dichterisches Denken, Einfuhrung in die Metaphysik, Tubingen 1953, p. 110, dite de la pensee de Parmenide et de Heraclite, opposee et en meme temps apparentee a la poesie pensante, denkerisches Dichten (ib.), dite de la poesie des trage diens grecs). La vraie pensee est comme la vraie poesie : instaura tion (Stiftung). La pensee presocratique fonde un acces a l'etre, autrement dit: elle est une ouverture de rhomme a l'etre. Cest cette ouverture a l'etre que la pensee de Heidegger s'efforce d obte nir a nouveau. Qu'on ne pense pas que les changements terminolo giques trahissent un changement de pensee. La pensee s'est appro fondie, on pourrait dire qu'elle s'est radicalisee, mais elle est restee fidele a elle-meme (qu'on compare notre Heidegger et Holderlin, dans les Actes du XI6 Congres International de Philosophic, Tome XIV). Notre premiere question, d'apparence purement terminologi que, nous a conduit au coeur de la pensee de Heidegger. II s'agit maintenant de preciser les limites et le langage de notre etude. Cest seulement dans Sein und Zeit que Heidegger parle explicit tement de la phenomenologie. Cest la raison pour laquelle nous suivrons la terminologie de Sein und Zeit Nous parlerons done de philosophic, d'ontologie et de metaphysique et nous prendrons ces termes dans le sens qu'ils ont dans Sein und Zeit. Mais cela ne nous empechera pas de sortir de temps en temps des limites de Sein und Zeit dans une certaine perspective. Nous avons deja effleure cette perspective : e'est la perspective de la verite. 2? Heidegger parle de la methode phenomenologique dans le ? 7 de Sein und Zeit. Ce paragraphe expose la methode suivie dans ce livre. Ce so*nt quelques pages tres denses, mais qui ne trouvent leur sens ultime que dans le ? 44 sur Dasein, Erschlos senheh (ouverture) et Wahrheit (verite). II s'agit dans notre expose avant tout de la methode, mais cette methode ne sera comprise que dans la lumiere de la theorie de la verite. Cela veut dire que nous exposerons le ? 7 dans la perspective du ? 44 et ulterieurement dans la lumiere de Platans Lehre von der Wahrheit (1942), de Vom Wesen der Wahrheit 1943) et de la Einfuhrung in die Meta physik (1953). This content downloaded from 154.68.24.5 on Thu, 31 Aug 2017 12:42:30 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms B. DELFGAAUW - PHENOMENOLOGIE DE HEIDEGGER 53 Nous trouvons dans le terme phenomenologie les deux mots grecs phai'nomenon et logos. Phai'nomenon est le participe de phalnestha'i : se montrer. Phai'nomenon veut dire par consequent: ce qui se montre, ce qui est devoile (offenbar). Le phenomene est ce qui se montre soi-meme. Les phenomenes, ta phai'nomena, veut dire la totalite de ce qui peut etre devoile, de ce qui se montre soi-meme. On pourrait dire, qu'ici deja, au commencement du developpement des recherches sur la verite, se montre chez Heidegger une certaine arnbigui'te. Ta phai'nomena, c'est ce qui peut etre devoile, ce qui se montre soi-meme. II n'y a pas une contradiction entre ces deux ? definitions ? du phenomene, mais en tout cas une antithese. ? Ce qui peut etre devoile ? met l'accent sur le Dasein qui devoile l'etant ; ? ce qui se montre soi meme ? met l'accent sur l'etant qui se devoile au Dasein. Ici dans Sein und Zeit, uploads/Sante/ la-phenomenologie-chez-martin-heidegger.pdf
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- Publié le Mar 04, 2022
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
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