Diplôme Universitaire Hypnose médicale et clinique Université de La Réunion Ann

Diplôme Universitaire Hypnose médicale et clinique Université de La Réunion Année 2013-2014 Place des mots dans la pratique de l’hypnose en médecine générale Dr Christophe COPPIN, médecin généraliste Directrice de mémoire : Isabelle Célestin-Lhopiteau, psychologue 1 Remerciements Au Dr Guy Chedeau, qui, par la richesse de son enseignement, m’a fait découvrir l’hypnose médicale. Au Dr Fabrice Lakdja, qui, au-delà de son brillant enseignement sur la douleur, par son amour des mots, m’a apporté de précieux conseils. Au Dr Fatmah Timol, pour sa disponibilité, ses conseils et son écoute toujours attentive. A Monsieur Axel Gauvin, qui m’a offert de son temps pour un riche échange sur la langue créole réunionnaise. A toute l’équipe pédagogique du D.U. d’hypnose médicale et clinique et tout particulièrement au Dr Frédérique Mohy, amie de longue date et sans qui ce D.U. n’aurait pu voir le jour. A Isabelle Célestin-Lhopiteau qui m’a fait l’honneur d’accepter la direction de ce mémoire. A Cécile, pour son soutien et sa précieuse contribution dans la relecture. A mes chers enfants, Ulysse, Eléonore et Timothée, pour leur soutien attentif et affectueux. 2 Table des matières 2 INTRODUCTION 4 REVUE DE TRAVAUX 6 1. Le mot et le langage 7 1.1 Etymologie 7 1.2 Des origines du langage à nos jours 7 1.3 Aspects philosophiques et linguistiques du langage 8 1.4 Bases neuro-psychologiques du langage 9 1.5 Aspects linguistiques de la langue créole réunionnaise 13 2. Le mot dans la relation médecin-patient 16 2.1 Aspects historiques du discours médical 16 2.2 Bases de la communication 21 2.3 Place des mots dans la relation 22 2.4 L’impact négatif des mots 24 2.5 Spécificités de la médecine générale 25 2.6 Spécificités de la langue créole réunionnaise 27 3. Le mot et l’hypnose 30 3.1 Histoire et définitions de l’hypnose 30 3.2 Le langage hypnotique 32 3.2.1 Généralités 33 3.2.2 Philosophie et langage hypnotique 34 3.2.3 La rhétorique hypnotique 35 3.2.4 Le langage figuratif 38 3.2.5 Imagination, hypnose et neuro-sciences 39 4. Particularités de l’hypnose médicale en médecine générale 42 METHODOLOGIE 45 DONNEES CLINIQUES 48 1. Cas clinique n°1 49 2. Cas clinique n°2 50 3 3. Cas clinique n°3 51 4. Cas clinique n°4 51 5. Cas clinique n°5 52 6. Cas clinique n°6 54 7. Cas clinique n°7 55 8. Cas clinique n°8 56 9. Cas clinique n°9 57 10. Cas clinique n°10 60 DISCUSSION 66 1. Discussion théorico-clinique 67 2. Discussion éthique 73 CONCLUSION 75 BIBLIOGRAPHIE 77 ANNEXES 80 Annexe I : « Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites » 81 Annexe II : « Le mot et la chose » 82 Annexe III : Devinette n°1 sur le corps 83 Annexe IV : Devinette n°2 sur le corps 85 4 Introduction Installé en médecine générale dans un cabinet de groupe depuis 1992, dans les hauts de l’ouest de La Réunion, ma pratique quotidienne m’a donné à réfléchir sur la relation médecin- patient. Le dualisme corps-esprit dans lequel ma formation initiale m’a enseigné ses principes, a eu pour effet de me faire prendre petit à petit conscience des travers d’une médecine centrée sur la maladie, d’une médecine pouvant donner l’illusion d’une toute puissance. Le développement d’une compétence en algologie par un enseignement universitaire, a de toute évidence renforcé ce sentiment que seule une approche globale, une approche d’écoute attentive et bienveillante, était adaptée à la relation médecin-patient. La médecine générale amène sur sa route le cortège de la vraie vie, dans sa diversité, dans sa richesse. Je pense mon métier aujourd’hui comme une chance de pouvoir vivre toutes ces expériences humaines. J’ai pu bénéficier d’une formation en hypnose médicale en 2003. L’hypnose Ericksonienne est venue doucement prendre position dans l’arsenal thérapeutique du médecin généraliste que je suis et plus particulièrement dans la prise en charge de la douleur. Une sorte de décantation lente de cet apprentissage et de son intégration à la pratique de la médecine générale au quotidien, me permet de vivre une transformation de ma relation avec le patient. Partant d’une réflexion qu’impose la pratique de l’hypnose médicale et son impact sur cette relation, je propose dans ce mémoire, de porter mon étude sur la place du mot et donc de la parole dans cette rencontre singulière. Depuis les philosophes de l’Antiquité, le langage donne à réfléchir sur son développement, son usage et son pouvoir. 5 Nous chercherons à mettre en lumière, comment les mots de la communication hypnotique, font de ce mode de relation, un formidable vecteur de changement pour le patient même si bien sûr, le mot n’est qu’un maillon de la chaîne phénoménologique du processus hypnotique. C’est au travers de la pratique en médecine générale, que nous tenterons de poser le rapport hypnotique, comme une philosophie de la relation au patient qui devient alors plus une posture qu’un outil. A chaque degré de réflexion, un regard tout particulier sera posé sur la place de la langue créole réunionnaise, en abordant l’aspect linguistique et les spécificités qu’elle entraîne dans la relation médecin-patient. Avant d’illustrer cela par l’exposé de quelques rencontres, nous aborderons le mot dans ses aspects linguistiques puis sa place dans la relation soignant-soigné ainsi que dans la pratique de l’hypnose médicale. 6 REVUE DE TRAVAUX 7 « Les mots sont les passants mystérieux de l’âme » (Victor Hugo, Les Contemplations) 1. Le mot et le langage 1.1 Etymologie « Mot », dérivé du latin muttum, il n’est alors à l’origine qu’un grognement ! Ce n’est qu’en 1690, dans le Dictionnaire Universel d’Antoine Furetière, qu’il prendra sa réelle place linguistique, pour devenir, comme le définit le Dictionnaire Larousse : Elément de la langue, composé d’un ou de plusieurs phonèmes participant au fonctionnement syntactico-sémantique d’un énoncé Cette unité sémantique entre dans la constitution du langage, capacité d’exprimer et de communiquer. 1.2 Des origines du langage à nos jours Malgré l’usage des techniques modernes en archéologie et en anthropologie, il n’est pas possible à ce jour d’être précis sur cette origine. Il est supposé que l’élaboration des premiers outils soit il y a environ 1,8 millions d’années ait contribué à sa naissance. La création du feu il y a 500000 ans puis des premiers rites funéraires il y a environ 200000 ans ont certainement amplifié ce processus d’élaboration. Le sumérien, la plus ancienne langue écrite connue, s’est parlée entre 5000 et 2000 av.JC. Actuellement, l’Unesco reconnaît 6000 langues vivantes, mais le processus de mondialisation crée une accélération de la disparition des langues. Les philosophes puis avec eux, les linguistes, se partagent depuis des siècles, l’analyse de l’évolution du langage. 8 1.3 Aspects philosophiques et linguistiques du langage Dans l’Antiquité, la « rhétorique » est définie comme une technique pratique, s’exerçant à l’art de bien parler et de bien écrire. Une partie des philosophes dont Platon, est alors entrée en conflit avec les Sophistes, prenant ces derniers pour des orateurs perdus dans leurs discours et s’éloignant ainsi de la vérité. Paul Ricoeur1 nous rappelle ce conflit rhétorique et philosophie : « la rhétorique devient son plus vieil ennemi et son plus vieil allié ». Il soulève avec la métaphore, un des aspects de ce conflit avec la philosophie. Il porte son intérêt sur le pouvoir figuratif du langage, permettant de faire passer le sujet, « du texte à l’action ». Pour d’autres, la métaphore se perdant dans le langage imaginaire serait alors vue comme un des artifices de la rhétorique, la regardant comme un jeu d’adresse technique. On retrouve cette opposition plus tard entre Nietzche et Kant. Ce dernier qualifie la rhétorique dans sa Critique du jugement, d’art de faire servir les faiblesses humaines à ses intentions propres et « digne d’aucune estime ». Nietzche est l’un des partisans de la rupture de la transparence entre les mots et les choses : « C’est bien après coup, c’est tout juste maintenant que les hommes commencent à se rendre compte de l’énorme erreur qu’ils ont propagée avec leur croyance au langage ».2 Descartes s’oppose bien sûr à la rhétorique car elle ne montre que le vraisemblable et défend l’usage d’idées claires contre l’usage des émotions et la subjectivité du locuteur. Parmi les philosophes des lumières, Rousseau3 tient comme Descartes, à redonner au langage, sa juste place dans la raison : « parler, éclairer et savoir sont, au sens strict, du même ordre ». Le linguiste suisse Ferdinand de Saussure, dans son Cours de linguistique générale (1913), pose des bases rigides au langage en lui attribuant le statut de « système de signes », signes que sont les mots désignant la chose aboutissant au concept de signifié = représentation mentale de la chose, et de signifiant = image acoustique du mot. Noam Chomsky, linguiste et philosophe américain répond à Ferdinand de Saussure par une théorie linguistique qui réhabilite la parole comme acte créateur, performance supposant une compétence du locuteur4. Si Hegel tend à montrer qu’il n’y a pas véritablement de pensée avant le langage, Bergson5 prend le contre-point en s’attachant à montrer que derrière le langage se dissimule de l’indicible qui fait la richesse de notre vie intérieure donc de uploads/Sante/ christophe-coppin.pdf

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  • Publié le Aoû 04, 2022
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
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